T'arrives en Moonwalk comme ça , tutututu. [JamieChoo]

" Tu peux partir, tu sais ..." Son père la regarde, oui celui là est encore dans ses pattes. Au lieu de faire comme un parent normalement constitué , Monsieur s'éventre à accompagner sa fille jusqu'a Cambridge. Faut croire qu'il a plus dépensé d'argent ces temps ci entre Paris et Boston et pour leur éducation. Le père Morrighan porte ses valises, il sourit comme à son habitude, enfin surtout quand Rose se sent mal à l'aise. " AH J'ai oublié de te dire que tu vivra chez Jamie. Avec l'argent que je lui donne , il s'est acheté un grand appartement. Et comme tu ne veux pas retourner chez les Dunster, tout est réglé." Tout d'un coup Rose comprend pourquoi il souriait bêtement. Elle capte, qu'il ne se rend pas compte ce qu'il fait. Jamie et Rose ? " Je comprend pas, tu sais très bien qu'il ne me supporte pas." Son père fait un signe négatif de la tête, tout en gardant son sourire. Il pose les valises de la Morrighan. Non c'est pas possible ils sont déjà arrivés ? " Raison de plus, pour que vous vous entendiez bien à présent. Et puis je te l'ai dit, c'est parce que tu as perdu ton temps avec ce Ethan. " Rose   est presque habituée à ce genre de discours totalement incroyable par sa stupidité et par sa méchanceté gratuite par ailleurs. " Je suppose, que je n'ai pas le choix et je vais devoir vivre avec lui ? " Dans le fond, la pauvre, elle est désespérée car elle sait très bien que son père a tout manigancé pour qu'aucun échappatoire soit envisageable. " Eh bien, si tu aimes dormir à la belle étoile , pourquoi pas ? Là il fait bon. En février j'en suis pas si certain. Et puis j'ai dis à Jamie que s'il refusait, ne sait on jamais. Je lui retire tout, la voiture, l'appart, l'argent. " Rose n'y croit pas , la voiture elle pensait que c'était du bluff. Vraiment. " Je sais qu'on n'a pas de problème d'argent , mais en arrivé là ..." Il esquisse un sourire et rajoute en déposant les valises sur la pallier " La faim justifie les moyens. Bon Courage, je te laisse , je présume que je n'aurais pas de nouvelles de toi ? Mais de t'inquiète pas , j'en demanderai à Jamie. " Elle ne soulève même pas ce qu'il venait de dire, de toute manière, ce n'est pas pour rien qu'elle le déteste.  Elle sonne, un peu hésitante, drôlement hésitante et paniquée. Jamie ouvre. Putain. Elle bloque complètement. Il lui a tellement manqué , elle ne sait pas vraiment quoi dire. Elle prend ses valises , oui il est hors de question que Jamie les porte.  " Je suis désolée, après tout ce que t'a enduré, c'était pas vraiment le moment que je débarque. Je prendrais le moins de place que possible." Bon pour le " tu m'a manqué. " , " j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps tellement j'avais peur pour toi." On repassera. Elle regarde tout autour d'elle, le père Morrue n'avait pas fait ses fourberies à moitié. Elle avance et trébuche sur son skate. La honte. Mais la honte. " Ça commence bien."

Lorsque l'on sonne à la porte, je me doute que ce n'est pas Jeff qui a oublié ses clés. A vrai dire, je sais très bien qui c'est, mon père s'est occupé de faire passer le message. Je soupire et ouvre. Elle est bien là, Rose, en chair et en os. Au fond, je suis content de la voir. Vous ne savez pas à quel point j'ai envie de la prendre dans mes bras et lui dire qu'elle m'a manqué. Mais il y a un mur entre nous, depuis des années. Et puis je lui en veux toujours un peu de s'être tirée alors que j'étais entre la vie et la mort, il y a mieux comme preuve d'amour. Je me contente de m'éloigner de la porte pour la laisser passer. Elle bloque puis finit par prendre ses valises et rentrer dans l'appartement en s'excusant de sa présence, enfin je dois dire que je n'écoute pas vraiment, je suis juste trop occupé à l'observer, la détailler. J'essaie de voir si notre père ne l'a pas blessée, si elle a l'air d'aller bien, si elle n'est pas traumatisée, enfin n'importe quoi. Ce n'est que quand elle trébuche que je m'avance vers elle pour lui prendre ses valises des mains et lui adresser mes premiers mots depuis près d'un an. " Donne moi ça, sois pas bête. " Je sais qu'elle est trop fière pour accepter mon aide -on n'est pas frère et soeur pour rien, alors je ne lui laisse simplement pas le choix. Je l'abandonne dans l'entrée et emmène ses affaire directement dans sa nouvelle chambre, en me disant que ça lui laisse quelques minutes pour se remettre les idées en place. Je reviens ensuite vers elle et, de peur qu'un blanc ne s'installe, je reprends rapidement la parole. " Fais comme chez toi, ta chambre est au fond, les toilettes c'est la première porte à droite, celle d'après, c'est la salle de bain. " Je hausse les épaules et ajoute rapidement. " Ah et j'ai un colocataire aussi, Jeff, tu verras il est sympa. " J'estime avoir dit tout ce que j'avais à dire alors je la ferme et m'assois sur le comptoir de la cuisine. J'ai été un peu froid mais je pense que mon accueil est tout de même meilleur que ce qu'elle avait pu imaginer, moi qui ne suis à la base pas bavard, j'aurais pu simplement rester silencieux. Et puis, si elle sait lire entre les lignes, elle aura compris le "tu m'as manqué, je suis content que tu ailles bien".

Rose bloque totalement. Il est vrai que le fait de vivre avec Jamie l’a laissait perplexe mais cette année à Paris aux côtés de son père n’avait pas été des plus simples. Alors quand elle s’excuse auprès de Jamie, elle le pense vraiment. Après tout peut-être que ça ne l’enchantais pas plus que ça, vu qu’il n’avait pas vraiment le choix d’après leur père.  Elle avance et trébuche, manquait plus que ça, franchement.  Rose allait lui dire que non, non il n’a pas à prendre ses affaires. Sauf qu’elle n’a pas eu le temps, Jamie était déjà partit.  Elle détaille l’entrée, se demandant si elle et le Morrighan du premier nom, ça va passer. Elle ne sait pas en fait, elle va tout faire pour. Elle va essayer de ne pas faire les mêmes erreurs, comme l’attaquer dès qu’il arrive. Lui lancer des piques parce qu’elle fait semblant qu’il est insupportable alors qu’au fond son arrogance envers Jamie signifie juste qu’elle ne sait pas comment l’aimer. Jamie revient. Elle essaye de décrypter ce qu’il se passe dans sa tête en ce moment. Mais elle n’y arrive pas vraiment, alors elle espère ne pas se tromper dans ces paroles. C’est fou comme elle a peur de le blesser ou de son jugement.  Il lui dit qu’elle peut faire comme chez elle.  Elle ne sait pas vraiment quoi penser, il est sincère, elle le sent. Elle est étonnée à vrai dire. Elle répond d’un signe positif de la tête en rajoutant un « D’accord. Merci. » Elle pense que ce n’est pas fameux, dans le sens où c’est Jamie, son frère, son sang et elle se rend compte qu’elle lui répond comme si c’était un étranger, une personne qu’elle venait de connaître et dont elle est intimidée.  Jamie lui indique qu’il réside avec un colocataire. Elle ne sait pas trop quoi penser, si cela est bien ou non qu’importe, elle n’est ni enjouée par l’idée, ni réfractaire. A vrai dire elle s’en fou, tant qu’il ne lui pose pas de question et qu’il évite de l’énerver cela pourra passer. Son frère ne dit plus rien, elle en conclut qu’il a dit ce qu’il avait à dire et point. Ce n’est pas ce qu’on pourrait dire l’accueil le plus détente qu’il soit, mais elle est surprise car Jamie à l’air de vouloir qu’elle se sente à l’aise et ça elle ne l’espérait vraiment pas.  Elle le fixe, sans se rendre compte que cela peut paraitre bizarre en fait, enfin plutôt flippant. Elle repense à ce que sa mère lui avait dit, comme quoi Jamie lui manquait plus que tout. Elle secoue la tête, pour échapper à ce qu’elle vient de penser. Sa mère lui manque, Jamie lui manque aussi. Oui il est à côté, mais c’est plutôt leur relation qui lui manque à vrai dire. De la rancœur elle en a toujours. Le fait qu’il fuguait n’est pas encore passé, tout simplement car elle n’a jamais pris le temps d’en discuter avec lui. Elle sort enfin de ses pensées , pensant que toute manière il est clair, qu’il faut qu’elle fasse des efforts. «  Pourquoi t’a accepté tout ça ? » Ouais, l’appart est super grand, la voiture, tout, ça ne lui ressemble tellement pas. Elle aurait toujours parié que Jamie crevant de faim, il n’acceptera jamais la moindre de chose de leur père. «  Je te dis ça parce qu’il cache quelque chose, c’est sûr. Il s’amuse à jouer au père. » En fait elle a peur. Ce n’est peut-être pas pour rien que juste d’en parler, elle en tremble. Le fait d’être restée aussi longtemps à Paris, il a eu le temps, de reprendre son jeu favoris. Fragiliser Rose.

Rose acquiesce et me remercie. J'esquisse un léger sourire plus poli qu'autre chose et nous restons là, silencieux, l'un en face de l'autre. J'ai bien du mal à réaliser qu'elle est là. A vrai dire, je me retiens de la toucher, de lui tirer les cheveux, pour voir si c'est pas un fake. Mais je prends sur moi, je me pince les lèvres, signe évident que je commence à être mal à l'aise, et je la regarde. En fait, elle me regarde, alors je ne peux pas faire autrement que de la regarder moi aussi, ne supportant pas d'avoir le regard fuyant. Je me demande bien ce à quoi elle pense. Je paierai cher pour le savoir même. Elle secoue la tête, je ne comprends évidemment pas pourquoi. Je la questionne du regard, mais elle n'a pas l'air de le remarquer, j'en déduis qu'elle est prise dans ses pensées et qu'elle me regarde sans me voir. Alors j'attends. Je finis par me demander si je n'ai pas fait quelque chose de mal, si je n'aurais pas du être plus avenant. En même temps, je sais qu'elle me connait, elle a bien du voir que j'étais au maximum. Du coup, je n'ose pas parler. En même temps, j'ai beau me creuser la tête, je ne trouve rien à lui dire qui en vaille la peine. A mon grand soulagement, elle finit par reprendre la parole en premier. Je m'attendais un peu à cette question. Je savais qu'elle allait trouver ça bizarre. Après tout, après tant d'efforts, je suis finalement entré dans le jeu de mon père, me laissant manipuler. Je lui suis surtout devenu redevable, chose que je n'aurais jamais pu ne serait-ce qu'imaginer auparavant. Lorsqu'elle me dit qu'il s'amuse à jouer au père, je hausse les épaules. Honnêtement, son emprise, je n'en ai rien à faire. Je ne vois pas quel chantage il pourrait me faire. Tant que la voiture et l'appartement sont là j'en profite, si un jour il veut me les enlever, je m'en passerai. Ce n'est pas un problème. Si j'ai accepté le chantage pour Rose, c'est parce j'en avais envie. Malgré le mur entre nous, je me dis que vivre ensemble pour de vrai, ça va peut être marcher pour me racheter de toutes mes absences pendant notre adolescence. Mais évidemment, je ne vais pas lui répondre ça. " J'ai réfléchi, et je me suis dit que ce serait con de pas profiter du peu qu'il a à offrir. " Quand je pense à elle, toute seule, là-bas, je me sens mal. Je sais à quel point elle a pu mal le vivre quand je fuguais parce qu'elle se retrouvait seule alors se dire qu'elle y a passé une année de plus, ça me rend fou. " Pourquoi t'y es retournée ? " Pendant des mois, notre père s'était bien gardé de me dire qu'elle était là-bas, je m'inquiétais, en me demandant où elle pouvait bien vivre. Et honnêtement, quand j'ai appris la vérité, ça n'a pas du tout été un soulagement. Me dire que j'étais à Paris, quelques jours auparavant sans savoir qu'elle y était, me frustre encore d'avantage. Je ne sais pas si je serais allé la voir, même en le sachant, mais je me serais senti moins con.

Tout d'un coup Rose se rappelle, du Summer Camp. Le soir où elle était avec Aby, le soir du malaise. Le soir où elle a vraiment commencé à avoir des  doutes même si elle se voilait la face. Car voir sa meilleure amie enlacé son frère, alors qu'ils n'étaient que soi-disant des connaissances, c'est un peu gros . Pourtant elle y a cru, enfin elle a voulu y croire. Elle se sentait mal à l'aise, elle en voulait à Abygaelle. Elle se disait qu'elle lui avait volé son frère et que d'un autre côté Jamie fuguait et retrouvait Abygaelle, c'était trop. Sa jalousie était au plus haut point. De nature, elle n'aime les personnes possessives, jalouses et tout le tintouin, pourtant à ce moment précis c'est ce qu'elle ressentait. Elle se remémore qu'elle avait raconté l'histoire de l'orage à Aby'. Ouais l'histoire de l'orage est symbolique pour Rose. Elle avait peur, ils étaient en Irlande. Il y avait de l'orage, Jamie et elle étaient hauts comme trois pommes, mais déjà casse cou. A se promener partout comme si c'était déjà des grands. Rose elle suivait Jamie partout, d'ailleurs elle disait toujours, " si je me perds je fais comment sans toi ? " et elle se rappelait que Jamie lui tapais la tête en lui disant qu'elle était bête, elle était bête de penser qu'il pouvait un jour la perdre. Alors elle souriait parce qu'elle l'aimait son grand frère. Elle l'aime toujours d'ailleurs. Évidement elle souffre de tout ceci, et ne pas l'avoir vu depuis un an, sachant son état n'était pas chose facile. Non elle ne compte pas lui dire, qu'à cause de tout ce qui s'est passé elle ne mangeais plus, ne parlais plus et ne sortais plus. Elle se contente de le regarder. Il est beau quand même Jamie. Il ressemble à leur père c'est sur, les yeux marrons, la barbe, et d'ailleurs elle songe que comme Ethan sa doit peut-être lui peser ? De lui ressembler, rien qu'un peu ? Rose elle a eu de la chance, elle ressemble à sa mère, si fragile , les yeux bleus. Elle le regarde et lui demande pourquoi avoir accepté tout ça ? Jamie lui réponds que tant qu'a faire, il vaut mieux prendre ce que l'autre malade peut donner. Elle n'est pas vraiment d'accord, ni contre. Elle se méfie seulement. " La seule chose qu'il a à offrir c'est du poison point." Bon ça venait du coeur, c'était pas vraiment pour lui, il le savait. Jamie devait s'en douter qu'un an , à ses côtés ça n'a pas du être facile, alors le fait de vivre dans un appart' payé par l'autre l'enchantait pas plus que cela. Jamie lui demande pourquoi est-elle retournée dans ce qu'elle appelait l'enfer. Elle ne savait pas par où commencer. Lui dire que lorsqu'il était dans le coma , elle était dans tout ses états, et cela à jouer ? Ce n'est pas vraiment une bonne idée. " Je sais pas ... j'ai paniquée et lui aussi, quand il a su ... il en a profité. C'est quand même de ma faute.Mais il a utilisé dix mille excuses, comme quoi Maman en était malade, et etc. Et puis avec la mort d'Ethan ..." Elle savait qu'il ne l'aimait pas, mais elle se sentait obligé de dire son nom, après tout c'était après la mort d'Ethan qu'elle s'était dit que s'en était trop. En ce qui concerne son silence, elle espère qu'il ne posera pas la question. Elle lui révéler qu'elle a dû passer chez un psy, elle aurait trop honte. Espérons. Elle le fixe, elle hésite à poser la question qui lui trotte dans la tête, depuis trop longtemps. Elle se lance, de toute manière ils ont tout les deux besoins de réponses.  "Pourquoi tu ne m'avais rien dit pour Abygaelle ?"

Je l'écoute me répondre que la seule chose que notre père a à offrir, c'est du poison. Je hoche la tête, je suis d'accord, c'est clair. Mais si Rose est là aujourd'hui, si elle vit avec moi maintenant, alors je lui suis finalement reconnaissant pour quelque chose. Au fond, j'espère sincèrement que ça va nous rapprocher, nous remémorer des choses de l'époque où l'on vivait vraiment ensemble, avant que je ne fugue constamment. Je m'en veux de l'avoir abandonnée, c'est indéniable. Mais à l'époque, je n'avais pas d'autre choix. M'éloigner était la seule solution envisageable et cela impliquait des sacrifices, dont Rose. Aujourd'hui, je me dis que j'aurais du rester, affronter la situation. Mais je n'étais qu'un adolescent. Et puis je n'ai pas si mal fini, me voilà maintenant à Harvard... acceptant l'argent de mon père. Tout ça pour ça finalement. Je sais que Rose ne comprend pas, je ne suis pas sur moi même de comprendre les vraies raisons de tout ça. C'est juste qu'à un moment, je me suis retrouvé vraiment seul, sans plus aucune attache à mon passé. Plus de Rose, d'Aby, de Solweig, ni même d'Ethan, plus de nouvelles de mes parents, rien. C'est ce que je croyais avoir toujours voulu. mais finalement, ça m'a peut être fait peur, de me dire que dans l'histoire, c'était mon père le salaud et moi qui me retrouve seul. Alors j'ai pas de vraies explications, je n'admettrai jamais rien de tout ça, mais après la fuite, j'avais trouvé une toute autre solution. Alors je n'ajoute rien à la remarque de Rose, je pense qu'elle sait ce que je pense de notre père de toute façon, ça, ça n'a pas changé. Je l'écoute ensuite justifier son retour en France, et je me dis que ouais, comme quoi, il n'y a pas que moi qui n'ait pas d'explication finalement. Je ne relève pas quand elle parle de la mort d'Ethan, même si je sais maintenant qu'il est encore en vie. Je me dis que pour moi, ça ne change rien, alors ce n'est pas à moi de le lui dire. Au fond, j'ai envie qu'elle réalise à quel point il ne mérite pas son attention et son amour puisqu'il ne prend même pas la peine de la mettre au courant de sa fausse mort. Peut être que j'ai fugué, beaucoup, trop, mais je ne l'ai jamais abandonnée de la sorte. Alors ouais, je suis jaloux qu'elle s'entende mieux avec lui, qu'en quelques mois, il soit devenu un frère à part entière, qu'en vingt-et-un ans, je n'ai jamais réussi à faire pareil. J'ai envie qu'elle le déteste autant que moi, qu'on montre à tout le monde que c'est nous deux contre la terre entière. Parce que c'est ma soeur, et que même si je ne le lui dis jamais, je l'aime, plus que n'importe quelle autre personne sur cette planète. Et que même si on ne s'entend pas toujours bien, qu'elle m'en veut pour avoir fugué, que je lui en veux pour m'avoir laissé seul dans le coma, sans nouvelles pendant de longs mois, elle passera toujours avant tous les autres. Elle n'a qu'à cligner des yeux.
Elle me sort de mes pensées en me posant une question qui pour le coup me prend de court. A propos d'Abygaëlle. Je grimace en entendant son prénom. Je pense qu'elle ne sait pas le tournant qu'ont pris les choses entre nous deux. Je baisse la tête et regarde le sol en réfléchissant à ce que je pourrais bien répondre à ça, en étant honnête, sans trop en dévoiler. " J'imagine que je savais que ça te blesserait. Ce n'était pas ce que je voulais. " Pour le coup, j'étais déjà très amoureux d'Aby, il m'était impossible d'arrêter de la voir, comme il m'était impossible de le dire à Rose. Je ne voulais en blesser aucune des deux, et puis évidemment, j'ai fini par tout foirer. Regardez le résultat, aujourd'hui je les ai perdues toutes les deux. " T'aurais préféré être au courant ? " Je doute sérieusement de la réponse, selon moi, le mieux était encore qu'elle ne soit au courant de rien, qu'elle n'ait pas la moindre idée de ce que je faisais lorsque je la laissais. Elle m'en aurait probablement encore plus voulu, ou elle aurait culpabilisé, ou elle en aurait voulu à Aby. Enfin, je ne pense pas que sa réaction aurait été positive. Et puis je réalise que je ne le lui ai jamais dit en fait, que si elle avait un doute, je viens juste de le lui confirmer. " C'est Aby qui t'a tout dit ? "

" Tu sais, en fait je t'en ai toujours voulu." Ouais, elle ne lui a jamais vraiment dit, enfin si surement mais surement comme un putain d'reproche. A vrai dire elle pense qu'elle aurait dû lui dire " Tu sais, en fait je t'en ai toujours voulu, parce que j'ai l'impression que je t'aime trop et toi pas assez, peut-être même pas du tout, vu au stade où on en est." Rose songe que jamais cela aurait pu une seule seconde sortir de sa bouche, car elle ne sait pas comment faire avec lui, elle ne sait plus. " Tu sais, je ne suis pas jalouse." Faux , archi faux plus faux on ne trouverai pas, elle ne sait pas se contenir quand c'est à propos de lui. Au fond tout ce que fais Jamie est à ses yeux comme la suite d'une musique favorite. On l'a connait par cœur ça s'est sûr, mais on n'est toujours étonné de l'aimer autant. " Tu sais , je préfère largement Ethan " Encore une fois, vous avez tout faux. Il est clair que Rose s'entend mieux avec Ethan pour la simple raison, qu'Ethan contrairement à Jamie exprime plus facilement ses sentiments. Alors là Morrue elle ne doute pas, puisque tout lui est apporté sur un plateau d'argent, le problème avec Jamie c'est qu'elle feint qu'ils n'ont aucun point commun alors que c'est tout le contraire. Jamie et Rose, c'est des étincelles, pures . C'est de l’acharnement à se fuir pour mal s'aimer. Au fond Rose est épuisée, Jamie elle voudrait pouvoir lui parler sans que sa parte dans des discussions farfelues, des reproches à foison qui datent de leur adolescence. Elle voudrait lui raconter sa vie, quand elle est mal , elle voudrait savoir la dernière chose qu'il a mangé, le dernier morceau qu'il a joué. D'ailleurs elle n'a pas le souvenir de l'avoir entendu une fois jouer au piano alors qu'elle à apprise qu'il était plus que doué. C'est navrant, mais c'est du Morrighan. " Tu sais pour Aby , j'pourrais en crever tellement je t'en veux . J'ai juste l'impression que t'es passé par toutes mes amies, Normal quoi. C'est ce qu'elle se disait au début et puis le psy avait raison. Elle imaginait comment avait pu être la première copine de Jamie. Elle l'imaginait brune, charismatique, le sourire constant aux lèvres. Abygaelle était l'évidence, c'était un Jamie au féminin. Elle lui en voulait mais pas tellement, cette place dans son cœur elle préférait qu'elle appartienne à Aby plutôt à une inconnu lambda, une paysanne ... Alors elle arrête de penser trois secondes et pose la question fatidique, pourquoi il ne lui avait pas parlé d'Abygaelle ?Il grimace, parce que nous savons très bien que le sujet d'Aby est épineux.  Jamie lui réponds ce qu'elle pensait, il ne voulait pas la blesser, c'était raté. " Au final ça a donné le même résultat"  Elle n'a envie de se disputer avec lui, loin de là, sauf qu'elle ne mâchera pas ses mots, elle dira ce qu'elle pensera et tant pis si il aurait voulu autre chose. Il lui demande si elle aurait préféré être au courant ? Honnêtement, les gens sont des hypocrites, il y'a des vérités qu'il ne faut pas entendre, enfin qu'on n'accepte pas d'entendre. Sauf qu'en son fort intérieur Rose se dit qu'elle l'aurait accepté, tôt ou tard elle aurait été contente pour Jamie ainsi que pour sa meilleure amie. " J'aurais préféré ne pas m'inquiéter de savoir où tu étais." Elle ne répondais pas vraiment à la question, quoi qu'elle songeais qu'il devait surement savoir la réponse, elle insinuait juste que si il lui avait dit " Je suis chez Aby" jalousie ou pas, elle aurait été plus apaisée. Le Morrighan du premier nom lui demande si c'est la Rousseaux qui lui a tout dit. En fait elle a honte, elle ne se souvient plus du comment ça s'est passé . Elle se rappelle qu'elle les a vu dans la maison où ils avaient organisés l'anniversaire de Solweig ... Et après elle se rappelle, des cris , des pleurs et qu'elle s'est cassé pour fuir tout ça . " Je crois ... Enfin je sais plus, je l'écoutais pas , je lui en voulais ..." " Tu sais, je pense qu'en fait tu me manques surtout beaucoup."

Je me demande ce qui se passe dans sa tête. Elle reste silencieuse un long moment. Alors forcément, de nombreuses questions se bousculent dans la mienne. Je me demande notamment si un jour, on arrivera à se comporter normalement, comme un frère et une soeur qui s'aiment. Parce qu'on s'aime, à n'en pas douter, mais peut être qu'on se déteste tout autant. Ou plus exactement, qu'on a trop de rancoeur l'un envers l'autre, trop de choses à se reprocher l'un à l'autre. Et vu qu'on n'aborde jamais les sujets qui fachent, ils restent omniprésents et prennent de plus en plus d'ampleur. J'espère que nous ne sommes pas encore arrivés à un point de non retour. Je ne sais pas ce qui nous retient. C'est juste que ça a toujours été comme ça. Vu que j'ai souvent fuit face aux problèmes, elle doit peut être se dire que c'est ce que je ferais si elle décidait de m'affronter une bonne fois pour toute. Même si aujourd'hui j'ai changé, elle n'en sait rien. Après tout, comment elle le saurait ? Pour une fois, je m'ouvre un peu. Je me dis que si on doit vivre ensemble, autant faire des efforts dès maintenant. Si on met les choses un minimum au clair maintenant, peut-être qu'avec le temps, au fil de petites améliorations, notre relation pourrait devenir bonne, ou au moins meilleure. C'est ce que j'espère en tout cas. Et c'est pour ça que je réponds honnêtement, sans mentir. Mais apparemment, une fois de plus, j'ai tout faux. Sa réponse est sans appel. " Au final ça a donné le même résultat. " Ca a le mérite d'être clair. Je détourne le regard et me pince les lèvres, me sentant légèrement mal. J'ai l'impression d'avoir toujours tout fait de travers -et de continuer. De toute manière, ce qui est fait est fait, je ne peux pas réécrire le passé -même si ce n'est pas l'envie qui m'en manque. Enfin, je me dis ça, mais si c'était à refaire, je ne sais même pas ce que je changerais, comment je pourrais faire les choses autrement. Je ne vais pas m'excuser, parce qu'on ne s'excuse pas, c'est comme ça. On sait quand on fait quelque chose de mal, mais on fait avec, c'est tout. Il faut savoir lire entre les lignes. " J'imagine qu'à ce moment là, c'était la seule possibilité envisageable. " Quand je lui demande si elle aurait préféré être au courant, une fois de plus, sa réponse touche pile là où ça fait mal, ses mots sont tranchants. " J'aurais préféré ne pas m'inquiéter de savoir où tu étais. " Une fois de plus, je me dis que j'ai simplement vraiment tout mais tout fait de travers. Je ne sais pas quoi répondre à ça. Elle a raison, je le sais. Et c'est une des rares fois où elle met vraiment des mots sur ce qu'elle ressentait à l'époque, comme de l'inquiétude. Je déglutis doucement. " Je rentrais toujours.. " Pour toi. Mais cette partie de la phrase est à deviner. Je suis curieux de savoir si c'est Aby qui lui a tout dit. En fait, je suis sur que c'est elle puisque je ne vois pas qui d'autre proche de Rose était au courant. Mais je me demande comment elle s'y est pris. Pourquoi. " Je crois ... Enfin je sais plus, je l'écoutais pas , je lui en voulais ..." Je la regarde maintenant franchement. " Ce n'est pas à elle que tu devrais en vouloir. " Bien sûr, pour être en couple, il faut être deux, on est aussi responsables l'un que l'autre. Mais j'imagine que c'est plus facile qu'elle remette la faute sur moi, puisque de toute façon, elle m'en veut déjà. Alors qu'Aby.. La dernière chose que je souhaite, c'est ruiner leur amitié. Je sais à quel point elles tiennent l'une à l'autre, et je crois savoir qu'Aby a souffert du départ de Rose, mais j'espère que ça va s'arranger. Même si j'ai un petit doute, les Morrighan, ils sont plutôt tenaces dans le genre.

Rose songe à comment tout ceci aurait pu se passer si elle et Jamie s'entendaient normalement . Elle ne peut s'y en empêcher , les gens on beau dire qu'il ne faut jamais imaginer ce qui aurait pu se passer puisque de toute manière cela fait trop de mal et puis qui nous garantie qu'à la fin on n'aurait été heureux ? Sauf que ces gens là, et bien elle les emmerde bien loin, elle sait très bien ce qui se serait passé. Ils seraient surement toujours en train de se chamailler, Rose aurait su qu'il était passionné de musique comme elle , ils auraient soutenu leur mère ensemble, elle lui aurait surement caché ses histoires de garçons et Jamie aurait dit en souriant , qu'il les connaissait ce genre de garçon, qu'elle fasse attention. Elle aurait sourit et lui aurait dit que de toute manière ce n'était pas ses histoires et il aurait répondu que bien sur que c'était ces histoires, on ne touche pas à sa petite soeur, il n'y a que lui qui compte . Et elle aurait éclaté d'un rire franc même si au fond il avait raison , il n'y avait que lui qui comptait . Elle aurait aussi imaginé si Jamie lui avait dit pour Aby, au fond elle aime   se dire qu'elle aurait été contente, peut-être qu'elle aurait été dubitative au début mais personne ne sait si elle aurait fini par l'accepter. Et c'est bien pour cela qu'elle lui répond que de toute manière dans tout les cas il a merdé. Il détourne le regard, et elle ne sent coupable car elle à l'impression d'installer constamment cette sorte de gêne entre eux mais elle ne peut s'empêcher de penser profondément ce qu'elle lui a dit . " J'imagine qu'à ce moment là, c'était la seule possibilité envisageable. " Elle soupire , le regardant fixement , " Justement si ça s'appelle possibilités c'est qu'il y'en avait plusieurs . " Rose Morrighan futur prof de Philo ? Enfin bref , au fond c'était pas si simple que ça, mais voilà elle voulait insinuer que c'est facile de dire qu'il y'avait qu'une solution et qu'alors il s'est précipité dessus, par facilité, par peur, ou on ne sait quoi . Elle lui en veux point . " Je rentrais toujours.. " Elle sait très bien que c'était pour elle, mais franchement si Rose savait communiquer avec Jamie ça fait longtemps qu'ils auraient eu cette discussion . "  Pour combien de temps ? Je savais pas quand tu revenais , quand tu partais . T'étais qu'une ombre , et quand tu revenais les disputes étaient amplifiées . Je sais très bien que je parfois j'exagère mais toi aussi . Dire que tu rentrais c'est un peu comme me dire que ça ne suffisait pas mais c'est déjà ça ..." Tout ce qu'elle lui dit , elle devait le faire, ça fait bien trop longtemps qu'ils n'ont pas sérieusement parlés et c'était presque urgent à vrai dire. " Même , si au fond c'était déjà ça , de te revoir à chaque fois . " ça lui va pas d'être aussi sentimentale , elle est presque mal à l'aise pour le coup . Jamie lui demande comment elle a su pour lui et byby , alors elle lui répond vaguement et que de toute manière avec Aby ça n'allait pas fort .  " Ce n'est pas à elle que tu devrais en vouloir. " Au fond elle ne lui en voulait pas tant que ça , elle se sentait surtout seule parce que personne ne lui avait dit . Elle esquisse un sourire car elle ne se voit pas lui recracher encore et encore des reproches , alors elle plaisante car elle est fatiguée et que les heures de vols , plus supporter son père c'est beaucoup trop pour elle. " Non non , tu m'as juste volée la femme de ma vie. " Elle lui prend la casquette qu'il a sur la tête et la met sur la sienne . Elle va faire des efforts, elle en a envie .