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forgive the lies
Vendredi, jour de réunion. Rappel de ma mère à 8 heures du matin ; “Bonjour mon poussin - j’espère que tout va bien aujourd’hui, et que la réunion se passera bien. Tiens moi au courant, appelle au besoin ; je t’embrasse. Prends soin de toi.” Mon poussin. J’ai 26 ans, ça fait bien 16 ans que ma mère m'a pas appelé comme ça ; mais je sais pas, il faut croire que les événements récents m’ont fait régresser à l’âge de 10 ans.
Mais franchement, ça va. Ça va, tout roule. Forcément, la routine n'est pas la même, j’essaye encore un peu de figurer un quotidien différent du temps où j’étais étudiant. Mais… J’ai le temps. Faut que je prenne ce temps - de me poser, de réfléchir, tout ça.
Bref - je me suis levé, ai vu ce message. Et vraiment, franchement, je me sens bien. Ca va, tout roule. Pas envie - ou même besoin, si vous me demandez - d’y aller, à cette réunion. J’ai cuisiné un casse-dalle, mangé, m’en suis grillé une en buvant un café, tout en checkant les actus ciné. Un matin pépère, tranquille, franchement.
Et là, message d’Achlan. “On se voit tout à l’heure ?”
Merde. Allez pas me demander pourquoi, mais ce message, là, il me percute beaucoup plus que celui de ma mère. Je regarde l'écran pendant plusieurs secondes. Je me tâte à répondre - un truc du style “Je peux pas aujourd’hui, j’ai…” … J’ai quoi, exactement ? Rien, en vrai, juste l’envie de rester seul, juste l’envie de rester loin de ce cercle où il faut se confier, parler de tout. Je suis bien là, seul, à chiller. La flemme, vraiment, pas envie de voir tous ces gens, j’en ai pas besoin. Mais Achlan. Achlan, je l’aime bien, vraiment. Elle a cette douceur, cette innocence, ce truc dans lequel j’ai envie de l’aider à se réparer, un truc irrépressible. Du coup, je me dis que je peux me pointer plus tard. Genre après la réunion.
C’est ce que je fais ; sur les coups de midi - pile poil quand la réunion fini, ce que j’imagine être deux heures de conversation lourde, je me pointe devant la salle de rencontre. J’attends, tranquillement, en fumant. Je la vois sortir, saluer les autres. Je lui fais un signe de la main, et même un sourire. “Hey.” je dis, tout en écrasant ma cigarette. “Désolé, pas pu venir aujourd’hui.” Je sais qu’elle sait. Je sais qu’elle a vu que j’avais laissé son message en vu, vers 9 heures du matin. “J’ai bossé sur une maquette toute la nuit, une idée de décor sur laquelle je voulais bosser.” Je feins un bâillement, et lui souris, de façon que je veux vraiment tendre ; “Comment ça s’est passé ?”
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