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Pour une fois, je devais bien avouer que je n'avais pas passé une mauvaise journée - en tout cas pour le moment, après tout il n'était que seize heures et tout pouvait donc encore basculer. Mais l'heure avait bien tourné et je ne m'étais accroché avec personne, ce qui relevait du miracle. Je passais à côté sans les voir, me rendant d'un cours à l'autre, révisant entre deux leçons et mangeant avec Jersey et Acideen sans vraiment être avec eux. Il fallait que je me ressaisisse, que je cesse d'avoir ce comportement bizarre, je le savais mais ce n'était pas facile, ça m'obsédait et me faisait me sentir mal. Foutue Saint-Valentin, si seulement je ne m'y étais jamais rendu...
Alors que je marchais dans les couloirs avec mes deux meilleurs amis, Jersey me redemanda si j'allais bien. Je ne leur avais pas expliqué, et je ne le ferais pas, seule Charlotte était au courant et personne d'autre ne devait savoir. J'annonçai alors à mes amis que j'avais besoin d'être un peu seul et que je les retrouverais dans le salon de notre maison dans la soirée, cela avant de presser le pas et bifurquer à la première intersection pour attendre la sortie du bâtiment. Il fallait que je prenne l'air, que je marche et que je me change les idées, voilà tout, ça irait mieux ensuite.
Je marchai un moment sans but précis, le sac sur l'épaule et les mains dans les poches de mon jean. Je marchais dans le Cambridge Common lorsque je percutai quelqu'un ; le choc ne fut pas bien violent, mais j'étais tellement distrait qu'il me parait plus fort qu'il ne l'était réellement et je faillis en perdre l'équilibre. Je relevai les yeux vers la jeune femme avec qui la collision avait eu lieu - encore une ? Comme si Leah ne me fonçait pas suffisamment dedans - pour constater une longue chevelure rousse et de grands yeux, fronçant les sourcils. C'était étrange, j'avais le sentiment de l'avoir déjà vu quelque part, celle-là.
« Tu pourrais pas regarder où tu mets les pieds ? »
Oui c'est le propre d'Andy McDougall de rejeter la faute sur les autres ; j'étais peut-être perturbé par ce que j'avais fait, mais je n'étais pas encore suffisamment déglingué dans mon cerveau pour m'excuser et lui demander si elle ne s'était pas fait mal. J'ajustai mon sec sur l'épaule en la regardant de haut en bas, lèvres pincées. C'était fou comme elle me disait quelque chose... mais où je l'avais vue ?
« J'espère au moins que tu t'es fait mal, ça t'apprendra. »
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