(sackson) enfants kidnappés, rançon demandée

Séance de dix huit heures, j'ai pris le premier film de la liste mais impossible de vraiment me concentrer en le regardant. J'fais que penser à notre conversation, son "laisse moi" qui était plus que clair. J'peux même pas la sms, parce que j'ai laissé mon portable à la maison. Le film est même pas terminé à dix neuf heures que je quitte le ciné, parce que ça tourne trop dans mon esprit. Je rentre à la maison et je suis surpris que les petites racailles ne me sautent pas dessus. C'est silencieux, je présume que Sage n'est pas là. Je m'assoie dans le canapé, soupire en frottant mon visage entre mes mains avant de voir l'écriture de Sage sur le mot que je lui avais laissé. "enfants kidnappés, rançon demandée", qu'il est écrit. "Sage ?", que je demande en me levant, sans trop savoir si elle est vraiment là ou pas.

29.10.2023 — après ta journée shopping avec ta sœur, qui a clairement tourné au vinaigre au vu de ta dispute avec jackson, t’es passée chez matian ; une heure et demie tout au plus, le temps de jouer, de vous poser, d’essayer d’oublier ce qui a bien pu se passer plus tôt dans la journée. mais t’y arrives pas. t’es à cran, t’as la boule au ventre et t’arrêtes pas de regarder l’écran de ton téléphone comme si l’un de ses messages allait finir par s’afficher. mais non, sage. t’as été claire, tu voulais qu’il te laisse ; et c’est la première fois que tu lui as demandé ça. tu pensais pas qu’il le prendrait au pied de la lettre. arrivée chez vous, ton regard s’est immédiatement arrêté sur ce mot et, les enfants dans les pattes, tu t’es dit que t’allais jouer la carte de l’humour pour tenter de te faire pardonner. un mot écrit à la vitesse de l’éclair en entendant un bruit sur ce qui te semble être vos marches extérieures et tu cours dans les étages pour t’abriter avec les poilus dans votre dressing que tu fermes à clé une fois tous à l’intérieur. assise par terre, t’essayes de tendre l’oreille sans rien entendre pourtant, le temps te semblant affreusement long à cet instant.

Ça me semblerait logique qu'elle soit là, surtout avec les enfants. Raison pour laquelle ils ne sont pas venu me dire bonjour quand je suis rentré. Je fais toutes les pièces du rez-de-chaussé, avant de monter à l'étage pour voir où elle pourrait bien se cacher. J'ouvre la porte de toutes les chambres, de la salle de bain, mais rien. Pas de Sage, mais pas de Petpet, Courage ou d'Harry et Lloyd non plus. J'entends alors la respiration (bruyante) de Petpet à travers le dressing. Je m'approche, essaie d'ouvrir, mais c'est fermé. Alors je me laisse glisser contre le mur, près de la porte, pour finir par m'assoir à terre. Je sais qu'elle est là-dedans, mais j'sais pas quoi dire. Elle a voulu que je lui dise ce que j'pensais, ce que je ressentais, j'l'ai fait et j'ai l’impression d'avoir été puni pour ça. Ça me fait de la peine, parce que ça fait que accroitre mon stress face à la situation.

tu l’entends. t’entends ses pas, les portes qui s’ouvrent, petunia qui vous trahit. tu tends l’oreille, tu viens même la plaquer contre la porte du dressing, mais rien. il parle pas. est-ce qu’au moins il est là ? et si c’était pas lui à l’étage ? grande inspiration que tu prends en t’écartant de la porte à quatre pattes pour attraper du papier et le feutre que t’as emmené pour dessiner en l’attendant. une feuille que tu déchires en plusieurs parties, un bonhomme triste que t’y dessines avant de faire glisser le papier sous la porte. quelques secondes à peine et tu reprends ton feutre pour dessiner un « me + you = ♡ ? » que tu fais à nouveau passer sous la porte sans un bruit.

Les genoux pliés, les bras enroulant mes jambes, je regarde devant moi sans savoir quoi dire. J'aime pas ce genre de situation, ça me tord l'estomac et ça me torture l'esprit. Le truc, c'est qu'on a besoin de parler de ce genre de chose, mais c'est compliqué, surtout quand on aborde ce sujet. Je regarde la feuille glissée sous la porte avec le bonhomme triste et ça me fait me sentir encore plus mal. Le deuxième morceau de papier qui suit me tire un sourire. Un sourire triste. Je me lève pour aller dans notre bureau histoire de récupérer un feutre et je reviens m'installer à terre. Je rajoute quelques larmes sur son bonhomme triste et je lui fais passer sous la porte. Je transforme le ? pour lui envoyer « me + you = ♡ ♡ ». Bien sûr que je l'aime. Si y'a bien une chose dont j'suis sûr et certain, c'est ça.

t’as eu que ça comme idée pour lui parler malgré le silence pesant, sans réellement avoir les bons mots sur le bout des lèvres. quand le premier papier te revient, ça te fend un peu plus le cœur, tu sens instantanément tes épaules peser trois tonnes et ta gorge se nouer. évidemment que tu détestes cette situation ; tu détestes toutes les fois où vous vous disputez. parce que la communication devient soudainement difficile, parce que tu sais plus comment faire pour pas vous blesser tous les deux. mais le second papier finit par suivre et tu souris doucement, une larme qui vient perler au bord de ton œil et menacer de s’écouler. le papier que tu retournes pour écrire un simple « sorry » que tu reviens faire glisser sous la porte, un papier vierge que tu fais suivre pour lui permettre d’écrire lui aussi.

Je me dis que c'est un bon début. Peut-être que faire retomber la pression n'a pas été une si mauvaise chose, même si ça nous a probablement tous les deux torturés l'esprit pendant des heures et des heures. Je souris légèrement quand je vois son "sorry" passer, et une deuxième feuille vierge qu'elle fait glisser ensuite sous la porte. A mon tour, j'écris "me too", suivit de "how much?", en référence à la fameuse rançon dont elle parlait dans son mot initial.

t’es désolée, terriblement désolée. comme tu l’as été bien des fois déjà au vu de ton incapacité à réagir correctement lors de vos disputes. mais t’es sincère, réellement. t’as eu mal au cœur quand t’as eu la sensation qu’il remettait en question votre couple, quand il te donnait l’impression que le simple fait d’être présente pour matian pouvait le faire partir lui. ton corps tremble légèrement, le froid qui le parcourt par peur de ce qui pourrait te revenir sur ces petits papiers ; pourtant, lui aussi s’excuse. et à côté de son « how much ? », tu notes rapidement « 4 k » pour le lui renvoyer. second papier que tu fais glisser avec noté « 1 k each ».

Je pouffe de rire quand je vois le 4K. Puis, le deuxième papier qui me revient avec précisé "1K each". Je réfléchis à ce que j'ai envie d'écrire, mais la vérité, c'est que j'ai juste besoin de la voir, là. Je remets le capuchon du feutre que je pose à terre et je fais glisser le bout de mes doigts sous la porte du dressing. Juste un peu, cherchant juste un mini contact avec elle. On s'est pas beaucoup vu ce week-end et l'idée qu'on se fasse la gueule là, ça me rend vraiment malade. "Tu veux bien m'ouvrir..?", que je finis par demander, brisant le silence dans lequel nous étions plongés depuis de longues minutes.

allongée le ventre au sol, t’attends le retour d’un des papiers ; mais rien. tu vois pourtant le bout de ses doigts qui passe sous la porte, ton visage qui se plaque au sol pour tenter de le voir là-dessous alors que tes doigts viennent toucher les siens. la sensation d’être retombée en enfance, sauf que t’as jamais fait ça quand t’en avais l’âge. et puis, sa voix vient briser le silence et t’abandonnes ses doigts pour te mettre sur tes genoux, te décaler et déverrouiller la porte en restant là, à genoux, les billes braquées dans son axe, à attendre qu’il vienne à vous.