c’était pas impossible que depuis plusieurs jours, tu ne rentrais pas tout de suite du boulot. les journées se raccourcissaient et les nuits s’allongeaient. les ténèbres revenaient coda pour te nourrir et à chaque fois, tu traînais de plus en plus dehors pour chasser le mal qui t’habitait. délaissant par la même occasion la couche de ton amant, pour trouver refuge dans les recoins sombres de la ville. tu restais ce gosse shooté à l’adrénaline, aux cheveux blanchis par l’astre lunaire. pourchassant le moindre frisson qui te ferait vibrer. et les ombres t’accompagnaient, te protégeaient, comme elles t’apportaient la sécurité longtemps désirée pendant tes années de réclusion. loin de la chaleur d’un lit. tu t’habituais à cette nouvelle distance, incapable de chasser l’homme à jamais marqué par la privation et les durs traitements. mais dès que les premiers rayons de soleil t’illuminaient et faisaient briller ta tignasse, tu te rappelas sa présence dans ta vie. comme s’il t’appelait, pour vite revenir auprès de lui, parfois juste avant qu’il ne se réveille. n’avais-tu pas déjà tout ce que tu désirais avec lui ? malgré ça, tu détestais lui dissimuler cette part de ta vie. tu t’en voulais de ne pas t’ouvrir entièrement, comme il le faisait avec toi, ou de lui expliquer ces escapades. tu ne voulais pas prétendre être quelqu’un d’autre plus longtemps, sauf qu’il pourrait comme les autres disparaître de ta vie par enchantement. mais c’était une autre préoccupation qui te tiraillait en ce jour : son état d’esprit lorsque tu l’avais ignoré volontairement alors qu’il partait comme tous les matins pour l’université. tu n’avais pas oublié le jour de son anniversaire coda, t’attendis même pas midi pour te poster dans un coin ombragé. presque à l’affût, tu détaillais les visages. tu crus même un instant qu’il t’avait vu et cherchait à t’éviter. impossible car le voilà accompagné de ses camarades, souriant à pleines dents, parfaitement dans son élément. tu te dévoilas en pleine lumière pour l’intercepter. — où est-ce que tu cours comme ça ? avançant vers lui, tu t’arrêtas à bonne distance pour savourer la surprise qui devrait se lire sur son visage.
(Coda Weaver)
; I just wanna live. Don't really care about the things that they say. Don't really care about what happens to me.