Capri - 1988
Je suis née en 1988 à Capri, en Italie, de deux parents qui ne vivaient peut-être pas aisément, mais qui n'étaient pas pauvres. Ils travaillaient pour obtenir ce qu'ils avaient. C'était peut-être difficile, mais ils y parvenaient. Lors de ma naissance, le bonheur fusait dans toute la maison. On m'a nommée Malvina Edessa. Mon enfance s'est déroulé à merveille, sans accroche, sans problème, sans cris et pleurs, sans colère, sans difficultés, bref : parfaitement bien. Mes parents s'occupaient de moi, étaient toujours présents même s'ils travaillaient. J'étais le bébé et la petite fille la plus heureuse du monde, et les parents les plus heureux sur Terre.
Capri - 1992
En 1992, j'étais alors âgée de 4 ans. Ça a commencé à changé dès cette année là. Premièrement, il y a eu la grossesse et puis la naissance de Valentin, mon petit frère. Un garçon dans la famille, ça aurait sûrement fait du bien, mais bien que mes parents ne soient pas pauvre, il commençait à être difficile d'arriver à tout gérer avec deux bouches à nourrir. Enfin, ce n'était pas si pire que ça, puisqu'ils y parvenaient encore une fois. À 4 ans, je ne réalisais pas vraiment tout ce qui se passait autour de moi. Je savais simplement que j'avais un petit frère bébé, tout mignon, qui pleurait à un rien quand il avait faim ou qu'il désirait voir ses parents. Je ne pouvais rien faire avec lui pour le moment, étant trop jeune, mais je me promis de m'occuper de lui et de jouer avec ce nouveau petit frère quand je serais plus grande.
Capri - 1994
En 1994, j'avais 6 ans. J'avais un peu plus conscience de ce qui se passait autour de moi, principalement dans ma famille puisque c'est là que j'étais tout le temps. Mon petit frère Valentin avait alors 2 ans, et puis...malheur : ma mère est tombée enceinte. Oui, c'était un malheur, parce que ce bébé n'était pas souhaité. Et pas souhaitable. Pas que mes parents n'aimaient pas les enfants, mais ils n'en voulaient pas d'autres. Ils ne pouvaient en avoir d'autres. Pas même juste un seul. Une troisième bouche à nourrir, un troisième corps à vêtir, c'était impossible pour les revenus que mes parents faisaient. Ils ont commencé à disparaître, en fait. Ils ne s'occupaient plus de nous, pas même de leur nouveau bébé, et même du haut de mes six ans, je comprenais pourquoi ils ne pouvaient pas. Au fil des années, ma nouvelle petite soeur non-désirée grandissait, et j'aurais dû m'en occuper pour combler le manque de nos parents. Mais non, je ne voulais pas. J'avais d'autres choses à «faire». J'étais encore une enfant, alors pourquoi m'occuper d'une autre? Oui, ma mentalité commençait à changer. Je m'étais promis de m'occuper de mon petit frère, mais je ne l'ai pas fait. C'est plutôt lui qui a commencé à s'occuper de notre soeur. J'arrivais pas à m'y faire. Je me disais que si nos parents étaient partis et nous avaient abandonnés de la sorte, c'était de sa faute à elle, à Natalina, ma petite soeur. Je ne m'en suis jamais réellement occupée, en réalité, je n'en avais rien à faire. Certes, elle faisait partie de ma famille et je l'aimais au fond, elle et Valentin, mais je ne voulais pas m'occuper d'elle. De toute façon, mon frère a commencé à changer dès le jour où Natalina l'a appelé Papa. Mes parents se sont rendus comptes qu'ils n'étaient pas là. J'étais contente de leur retour, vraiment contente, contrairement à mon frère. C'étaient MES parents à moi. Je les avais eu la première, alors qu'eux, surtout Natalina, n'avait pas été désirée.
Capri - 2004
En 2004...que dire? J'avais alors 16 ans. Mon frère Valentin 12 et ma petite soeur 10. Nous avions tous l'âge de raison, quand même, même si moi j'étais plus mature. Je commençais à sortir, à prendre conscience de ma beauté, parce que oui, dans la famille Spinelli nous étions tous très beaux. Je sortais, soit quand mes parents me le permettaient, soit dans leur dos. J'avais tout plein de potes, j'étais connue. J'avais même un groupe d'amies et j'en étais LA chef. Personne d'autre ne pouvait l'être. J'aimais être la leader, la chef. Je me suis forgé un caractère, une personnalité, qui me restait même quand je revenais à la maison. J'étais combattante, je savais ce que je voulais, et quand je le voulais, je l'obtenais. C'était aussi simple que ça. Je détestais quand on me tenais tête. Vraiment. Surtout quand c'étaient des filles qui tentaient de se mettre contre moi. Bon après, elles ne réussissaient jamais, mais c'était bien marrant de les voir tenter. À la maison c'était un peu pareil, je me mettais plutôt seule contre les autres. Pas que je n'aimais pas ma famille, mais j'étais comme ça. Entre temps, il y a eu plein d'histoires. Mon frère a poignardé quelqu'un. Je n'ai pas été là pour lui, même si une grande soeur aurait dû l'être. Je ne sais pas exactement pourquoi je suis comme ça, mais c'est ça.... Vers 2010, mon frère a perdu sa copine, qui ne l'aimait pas. Encore une fois, je ne l'ai pas supporté là-dedans. Mes parents avaient renié Valentin, et voilà tout ce qui se passait dans notre famille. Dès qu'on faisait une erreur, nos parents ne nous aimaient plus. Et ça été comme ça pour Valentin...
Capri - 2011 à 2013
2011... J'avais alors 22 ans. J'ai rencontré LE mec trop beau, trop gentil, trop adorable, trop parfait quoi. Je crois que ça a été ma seule faiblesse en 22 ans de vie, jusqu'à maintenant. Une faiblesse que je n'aurais jamais dû avoir. Je suis tombée amoureuse de lui bien assez vite. Il ne semblait pas succomber à mes charmes, pourtant. J'étais belle, leader, combattante, j'avais du caractère comme lui, que voulait-il de plus? J'étais toujours vierge et j'étais prête à lui offrir ma virginité, à lui, parce que je l'aimais. Mais voilà, je me suis totalement trompée sur son compte. Vers 2012, alors qu'on était en soirée, il m'a demandé de sortir dehors avec lui pour m'avouer un truc important. Dans ma tête, c'était une déclaration d'amour. Mais c'était pas ça... Arrivés dehors, il m'a arraché mes vêtements. Il m'a mise complètement nue et m'a volé ma virginité oui, en me violant. Ça faisait mal. Je pleurais, j'avais peur, je me détestais tout à coup alors que jamais ça n'aurait dû arriver. Lorsqu'il a eu terminé avec ce qu'il voulait avoir - parce qu'il l'avait obtenu -, il me laissa là, nue, au sol, avec mes vêtements déchirés. Je suis retournée chez mes parents en retenant mes larmes pour ne pas qu'ils voient dans quel état j'étais. Mais quelques semaines plus tard, j'ai appris que j'étais enceinte. Le ciel me tombait sur la tête. J'étais effrayée, je ne voulais pas de bébé... Je l'ai avoué à mes parents. J'aurais jamais dû. Ils m'ont jetée en dehors de chez moi, comme ils l'avaient fait avec mon frère. Je ne savais plus où aller. J'étais enceinte de quelques semaines, voire un mois, et je n'avais plus de toit, ni de maison. Je suis allée chez une amie, une vraie amie, qui m'a donné assez d'argent pour fuir le pays. J'ai appelé mon frère Valentin, qui était avec ma petite soeur Natalia à Harvard. À mon grand étonnement, sous mes pleurs et ma voix tremblante, alors que je n'avais jamais rien fait pour eux, jamais, il me dit de venir les rejoindre à Harvard, et qu'ils verraient ce qu'ils pourraient faire tous les deux... C'est donc aux États-unis, à Cambridge, que je suis allée en premier, et avec les diplômes que j'avais obtenu aux États-unis, j'ai réussi à entrer à Harvard, en médecine, avec l'aide de mon frère et de ma soeur. C'est un miracle, peut-être. Mais je veux réussir dans la vie malgré ma grossesse. Et à ce propos, je fais encore des cauchemars à cause du viol, je suis effrayée, et je ne sais pas encore ce que je veux faire du bébé...