Bitch, what do you want? (Lassa & Eugénie)

Je me promenais dans tout Harvard depuis maintenant quelques heures, comme ça, sans réelle raison. Je n'avais ni cours, ni examens, ni autre chose, et je n'arrivais pas à trouver le sommeil, comme d'habitude. L'insomnie faisait partie de ma vie depuis que j'avais eu des idées suicidaires et que j'avais tenté de les mettre en oeuvre, ce qui n'avait pas réellement fonctionné. Je ne sais plus trop aujourd'hui pourquoi j'avais voulu me suicider. Peut-être la pression d'avoir une famille aussi connue, alors que je ne voulais pas l'être moi-même et qu'on me suivait partout simplement pour cette popularité. Maintenant, ça passait. J'avais eu de l'aide, mon grand-père était mort et ma mère était sur la fin de son contrat de mannequinat. J'avais toujours autant d'argent en poches, et le nom de mon grand-père toujours aussi connu, mais on me demandait moins de...faveurs. Bref, je marchais entre les maisons d'Harvard et les immenses salles de cours, un écouteur dans une oreille, écoutant de la musique. Tout allait bien, jusqu'à ce que je la vois. Eugénie. Eugénie de B-D de Luigné. Cette fille que j'haissais tellement parce qu'elle avait réussi à me faire vivre l'enfer au moment où j'étais plutôt vulnérable, soit au moment de mes tentatives de suicide. On ne se connaissait pas, mais on se lançait toujours des insultes par-ci et par-là dès qu'on se croisait. Elle était très attirante, tout de même... Mais je ne voulais pas la voir. Pas du tout. Je me retournai donc pour faire demi-tour, espérant qu'elle ne m'ait pas vu. Après tout, je n'avais pas besoin de passer par ce chemin, alors pourquoi le prendre si c'était pour me faire insulter sans raison?

Étant quelqu'un de mystérieux et de plutôt solitaire, je détestais qu'on vienne tenter de s'infiltrer dans ma vie. Bon, je n'étais pas si solitaire que ça, puisque j'avais de nombreux amis que j'aimais bien et qui m'aimaient bien, mais je préférais souvent me tenir éloigné des trop gros groupes de gens. Non par peur, mais par choix et par personnalité. Lorsque j'avais vu Eugénie, c'était comme si elle était en fait un groupe de plusieurs personnes : je ne voulais pas y aller, me fondre dans le tas. Je voulais juste partir et retourner chez moi, par exemple. Mais non. Il fallait qu'elle revienne vers moi en courant, au lieu de s'occuper de sa vie et de ses potes tous aussi prétentieux les uns que les autres, et me lance une nouvelle insulte, comme elle en avait l'habitude depuis qu'elle m'avait vu dans un état abominable. " Salut Lassa ! Alors on a abandonné les bouteilles de détergent ? " Je me figeai sur place, arrêtant complètement de marcher. De quel droit elle me lançait ça, ein? Ça faisait longtemps que je n'avais plus des envies suicidaires, alors pourquoi revenait-elle là-dessus? Parce qu'elle se trouvait intéressante? Elle ne l'était pas, comme ça. Mais pas du tout. « Dégage, Eugénie. T'as pas tes ongles de fausse princesse à aller faire? » Je repris ma marche, même si elle m'avait contourné et qu'elle était devant moi. Je la contournais à mon tour pour avancer un peu plus rapidement. " Oooh voyons arrête cette petite mine renfrognée de suicidaire .. La joie de vivre, tu connais ? " Pouvait-on m'expliquer comment il était possible qu'une belle fille aux allures d'ange comme elle pouvait être aussi détestable et écoeurante? À mes yeux, elle avait bien beau être super jolie et sexy, elle restait une garce. Je lui jetai un regard noir. « Ouais, non, je vais très bien tu sauras. Sauf quand t'es dans les parages. Alors fait de l'air. » Elle m'énervait. Vraiment!

Autrefois, je devais avouer que j'étais le petit mec con populaire sans raison qui avait tout l'argent qu'il voulait parce que sa famille était célèbre. À mon arrivée à Harvard, j'étais le mec invisible qui était encore riche aux as grâce à son grand-père et sa mère, mais j'étais toujours aussi con parce que je n'arrivais plus à avancer. Aucune raison n'expliquait cela, mes anciennes envies suicidaires. Seulement, je n'arrivais plus à aller de l'avant, et j'avais tenté d'en finir, sans succès. Maintenant, j'étais le mec plus con du tout, qui s'assumait totalement, heureux et bien dans sa peau, mystérieux, toujours aussi riche, qui avait perdu son grand-père, mais qui n'était ni trop connu à Harvard, ni trop inconnu. Juste quelqu'un de normal, en somme, avec le tas d'argent à volonté en extra. Eugénie, elle, avait tout l'argent qu'elle voulait, la perfection également, mais s'amusait à faire la garce finie sans raison. Elle aurait tellement pu mettre l'effort dans autre chose plutôt que de tenter de ruiner la vie des autres. Sans succès avec moi d'ailleurs. Elle était pitoyable et minable à ce niveau, à mes yeux. " Non, mes ongles sont parfaits tu vois, avoue tu les aimes ! D'ailleurs, il n'y a pas que ça que tu aimes chez moi ... " Elle venait de me tendre les mains pour me démontrer une nouvelle fois à quel point elle s'aimait elle-même. Pathétique. Je pris à peine le temps de regarder ses ongles que j'affichai un sourire sarcastique, regard noir en plus, et lui lançai : « Attention, on a ici un cas de narcissisme extrême. Et puis tu te trompes royalement. J'aime mieux les blondes pas intelligentes comme dans les blagues, que les blondes idiotes, connes et pitoyables comme toi. Ouais, je pensais ce que je disais, même si elle était grave sexy et que je ne pouvais le nier intérieurement. J'étais dégouté comme j'étais attiré. Bizarre, non? " Oh, mais ça tombe merveilleusement bien ! Je te trouve tellement sexy quand tu ne vas pas bien ! Tu fais .. plus viril ! [...] Sauf bien sur quand ça va jusqu'au suicide ! Là tu fais plus tapette, cela va sans dire ! " Je m'arrêtai de marcher de nouveau. Tapette? Et elle en riait? Quelle idiote! Si elle avait été un mec, je lui aurais direct offert un poing au visage. Mais c'était une fille. J'avais beau la détester, je n'allais pas la frapper au visage. Je m'aprpochai donc d'elle très lentement en prenant une grande respiration. Elle portait des talons. Une idée me vint en tête. Je fis comme si je venais approcher mes lèvres des siennes, mais au lieu de ça, je la poussai assez fort pour qu'elle tombe au sol, directement sur les fesses. Outch! Profitant du fait qu'elle soit sonnée et au sol, je lui enlevai ses talons hauts, reprenant ma marche, et arrivé près d'une poubelle en métal, je cassai ses talons dessus. Voilà. Je lui criai derrière, espérant qu'elle ne revienne tout de même pas me suivre encore une fois. « Désolé, mais ces souliers ne t'allaient pas du tout. J'irai les donner à Cendrillon. Et au fait, merci d'me trouver viril, ça me flatte! »

" Ça ne m'étonne pas de toi Lassa ! Personnellement, je préfère être idiote, conne et pitoyable à tes yeux, plutôt que de manquer de matière grise. Mais c'est vrai que pour toi ça tombe sous le sens ! Tu aimes la médiocrité, les blondes inintelligentes, la mort ... Tu aimes quoi d'autre dans l'genre ? " Putain, mais ce qu'elle avait le don de m'énerver profondément! Autrefois, ses insultes m'auraient touché et m'auraient blessé, mais maintenant je m'en foutais juste carrément. Sauf que, il restait que ça ne se disait pas, et qu'elle méritait d'être dans un trou pour dire des trucs horribles dans ce genre. À moi ça ne faisait rien, mais qui dit qu'elle ne disait pas des trucs semblables aux autres qui en souffraient peut-être? Fallait l'arrêter, cette meuf, elle avait aucun but! « Ouep, exactement. J'aime la médiocrité. C'est pour ça que j't'aime autant. » Je lui offris un sourire sarcastique tout en levant les yeux au ciel. Elle allait visiblement pas lâcher prise sur moi, ein. J'avais profité d'un moment de silence pour «passer à l'attaque» et la faire chier, la mettre en colère un peu. Ça serait marrant. J'étais pas comme ça en tant normal, mais elle se moquait bien de moi, alors pourquoi ne pas me moquer d'elle un peu aussi? Ses talons cassés et jetés à la poubelle, je reprenais mon chemin, elle derrière moi. J'espérais qu'elle ne reviendrait pas me voir, mais mes espoirs furent vain. " C'est bien Lassa ! Je te dis une phrase méchante, tu me pousses au sol, et tu m'auras prouvée une chose : tu n'as aucune répartie. " Attend, elle était sérieuse, ou elle rigolait? Je me retournai vers elle en m'arrêtant. Non mais quoi, elle était vraiment conne, après tout, cette blonde. « Tu te fous de ma gueule là? Aucune répartie? Bien sûr que non... Tu fais ta conne à m'insulter à propos d'un truc qui pourrait me pousser au suicide encore une fois. T'aurais une mort sur la conscience, et j'suis à peu près sûr que tu serais même capable d'en avoir plusieurs sur la conscience, mais tu t'en foutrais carrément. Fais juste fermer ta gueule, ou j't'arrange le portrait. » J'avais été sec, direct, et clair. Pour qui elle se prenait? Elle n'en avait que pour sa paire de talons brisés. Mort. De. Rire. Non mais sérieusement. "Bravo, t'as réussis à me détruire une paire d'escarpins, ça te ravi ? Pourtant c'est pas grand chose ... " J'éclatai d'un rire satisfait et sarcastique à la fois en hochant la tête. « Oh que ouais, ça me ravi. À voir ta face, c'est peut-être pas grand chose pour moi, mais toi ça te fait carrément chier. Pauvre souliers... Va les chercher dans la poubelle, c'est là que t'as pris ta personnalité de merde. »