GREDEL SWANN ► Freya Mavor

Ces souvenirs, ces flashbacks, me reviennent sans cesse, heurtent mon esprit lorsque je m'y attends le moins, me font sentir si mal. Pourtant je lutte. J'ai toujours lutté, je ne me suis jamais permise d'abandonner. Je n'ose même pas décrire ces images horribles, je n'ai jamais osé le dire à voix haute, ma bouche se fermait automatiquement à chaque fois que je voulais exprimer ce que je ressentais par des mots, c'est à cet instant précis que tout devient flou, ce sentiment de culpabilité me submerge, me ronge et je deviens vulnérable. Je préfère donc oublier et me focaliser sur mon futur au lieu de revenir à mon passé. J'ai vécu les quinze première années de ma vie tranquillement avec des parents aimants, à New York, j'étais plutôt du genre solitaire, à vouloir me retrouver avec moi-même pour réfléchir. A l'âge de dix ans, je préférais rester à la maison lorsque les autres membres de ma famille sortaient. Je restais donc chez nos voisins, parce que mes parents jugeaient nécessaire que je me retrouve avec quelqu'un pour "veiller" sur moi au lieu d'être toute seule à la maison. Cette période de ma vie est bien enfouie en moi, car mon conscient a choisi d'oublier toutes ces horribles choses auxquelles j'ai été témoin. Je préfère simplement ne pas en parler et ne pas m'en souvenir, faire comme si rien ne s'était passé, me mentir à moi même.. A l'âge de quinze ans, mes parents décident d'aller s'installer à Cambridge dans le Massachusetts. Ils m'ont inscrite dans un lycée privé, où j'ai pu me faire beaucoup d'amis et oublier ces incidents passés. J'ai appris à être beaucoup plus sociable, à me mêler à la foule. C'est d'ailleurs à ce moment là et après une rencontre avec une fille qui deviendra par la suite ma meilleure amie que j'ai découvert un nouveau monde, celui de la mode. Je m'y suis complètement plongée, commençant à faire du shopping, à m'intéresser aux vêtements, c'est là où j'ai rencontré ce jeune homme, vendeur dans un magasin de vêtements, sûrement pas le type de garçons que mon père voudrait que je fréquente, mais c'était un peu comme un coup de foudre, on a fini je ne sais comment par se recroiser, on a sympathisé, flirté et puis il est devenu ensuite mon petit ami officiel. Celui avec qui je suis restée le plus longtemps.. deux ans ensemble. Deux longues années de bonheur, quelques prises de tête, mais je l'aimais et j'étais prête à passer le reste de ma vie avec lui, mais du jour au lendemain tout a disparu. J'ai appris sa mort au téléphone, un accident de voiture. J'ai été vraiment chamboulée, et j'ai déprimé durant une certaine période, je venais d'avoir mon diplôme d'étude secondaire et ça s'est passé durant les vacances d'été. Comme j'avais déjà posé ma candidature pour intégrer Harvard, j'ai reçu ensuite une lettre d'admission. Je me serais bien réjouie de cette nouvelle, mais je pensais toujours à la mort de mon petit ami. J'ai décidé de suivre des études de psychologie, parce que ce domaine m'a toujours fasciné. J'ai en même temps commencé à consulter un psychologue après le décès de mon petit ami.

« Eh bien.. ehm.. j'étais seule, enfin mes parents avaient l'habitude de m'emmener chez les voisins lorsqu'ils ne pouvaient pas être à la maison. De toute façon, je m'amusais bien à jouer avec leurs filles. Alors, un week-end, j'ai passé la nuit chez eux. Il devait être minuit ou plus, j'étais censée dormir, mais j'entendais du bruit au sous sol, j'ai toujours eu l'ouïe fine, et j'aurais préféré ne rien entendre en fait. Un peu trop curieuse, j'ai décidé de descendre pour aller voir d'où venait ce bruit bizarre. Je descendais les escaliers, j'avais aussi une vue du jardin par la fenêtre, c'est là où j'ai aperçu le voisin entrain d'enterrer un.. un corps. Un.. un être humain, mort probablement. J'ai ensuite décidé de remonter rapidement dans la chambre, leur fille était entrain de dormir paisiblement. J'ai fais la même chose, sauf que je n'ai pas pu dormir, j'ai gardé les yeux ouverts durant toute la nuit, à réfléchir et à revoir sans cesse ces images. Quelques jours après, la disparition d'un collègue de mon père a été signalé, et ils n'ont découvert son corps que plusieurs années après, dans ce même jardin. Je n'ai rien dis pendant tout ce temps, j'ai tout gardé au fond de moi, et je m'en suis toujours voulu. » C'était ma cinquième séance chez un psychologue, et elle a été plutôt concluante, j'ai enfin pu lui faire part de mon secret que j'avais tellement enfouie, tellement que je commençais même à l'oublier. Il suffisait juste d'une hypnose pour que je revive tout. Que j'arrive enfin à comprendre mon comportement de solitaire, presque autiste qui ne parlait jamais. Maintenant, je suis plus épanouie, je souris très souvent et je suis pleine d'énergie. Presque trois ans que j'étudie à Harvard et j'ai pu me faire beaucoup d'amis, personne n'est au courant pour cette histoire, et je trouve qu'ils n'ont pas besoin de la connaître.