OXANA/SOFIA ❝ It's time to regain our friendship. ❞

Je me figeais presque sur place et mes yeux se posaient sur son visage. Oxana. Je venais de tomber nez-à-nez avec elle, ici, en pleine rue. Je restais silencieuse face à elle. Je ne savais même pas quoi lui dire. J'étais de retour à Cambridge depuis quelques jours. J'avais passé deux semaines loin de là, avec Calhen. Un voyage qui n'avait pas été de tout repos, puisque qu'il s'était avéré être une cure de désintoxication. Moi qui avait cru pouvoir "m'échapper" de mes problèmes, je m'étais bien trompée. J'y avais été confrontée. Ça avait été vraiment éprouvant pour moi et d'ailleurs, ça l'était encore. Il serait tellement facile pour moi de replonger dans cette addiction, de prendre les cachets "magiques" qui me permettaient d'affronter mes démons... ou du moins de ne pas les affronter vraiment justement. Maintenant que j'étais "clean" je devrais faire face à tout cela et je n'étais pas sûre d'être capable d'être assez forte pour le gérer. C'était bien pour ça que j'avais fini par prendre des comprimés, parce que je n'avais pas su affronter ce qui m'arrivait. J'en avais terriblement honte maintenant, moi qui m'étais promise de ne jamais me droguer. Depuis mon retour, je n'étais pas beaucoup sortie. J'avais besoin de me reposer et d'essayer de me remettre de tout cela. Je vivais désormais seule dans le loft. Presley avait quitté la colocation pour vivre avec Ethan et Oxana était partie aussi, vu les tensions qu'il y avait entre nous. On avait pas véritablement eut de conversation depuis notre dispute. Elle avait tout découvert pour mon agression et mon addiction, m'avait menacée pour que j'aille en désintoxication et puis, le contact avait été comme rompu entre nous. Je n'avais pas apprécié qu'elle me menace de me dénoncer à l'administration d'Harvard. Je lui en avait beaucoup voulu, mais je ne la pensait pas capable de faire une telle chose. Et puis, mon sentiment de culpabilité était bien plus fort que la rancune. Je n'avais pas été correcte avec Oxana lorsque j'étais sous l'influence des médicaments. Je l'avais même frappée et j'étais incapable de me le pardonner. C'était pour ça que je ne savais même pas quoi lui dire, là, maintenant. Je n'étais pas à l'aise du tout et je supposais qu'elle m'en voulait. Je n'avais pas été au top en tant que meilleure amie ces derniers temps et elle, elle m'avait tout de même aidé puisque c'était elle qui avait appelé Calhen. Oh bien sûr, j'avais détesté l'idée sur le coup et je m'étais sentie piégée. Je ne voulais pas me passer des médicaments, mais je savais maintenant que Calhen et Oxana avaient eut raison. Il était temps que je lui dise quelque chose, je n'allais pas rester plantée là à la regarder - " Je pense qu'il est temps d'avoir une conversation, non ? " - Dis-je sur un ton calme tout en affrontant son regard.

with Sofia ✿ It's time to regain our friendship

Je m'étais enfin décidée à acheter quelques « trucs » pour le bébé. A vrai dire, je ne savais pas trop ce que je devais prendre, alors j'y allais un peu au feeling. Je ne m'étais pas fixée de budget mais je ne comptais pas trop dépenser non plus. Je ne comptais plus sur l'argent de ma famille. Et j'avais d'autres choses plus importantes à payer. Bref, je me baladais dans Inman Square. J'y avais vu quelques boutiques pour bébés mais je n'étais jamais entrée à l'intérieur. Je m'étais habillée simplement aujourd'hui. Il faisait trop chaud pour que je me casse la tête devant ma garde-robe. Je portais une jupe longue blanche en lin ainsi qu'un top bustier de la même couleur, noué autour de mon cou. Mes cheveux étaient noués en un chignon haut, de quoi ne pas avoir trop chaud. Je m'étais arrêtée à un glacier pour m'offrir une glace à l'italienne, vanille fraise. Et je flanais devant les boutiques quand j'ai remarqué plus loin, une sihouette familière. Sofia. Je ne m'attendais pas à la voir. Bien que je savais qu'elle était rentrée à Cambridge parce que Calhen m'avait appelé. Mais je ne l'avais pas croisé depuis son retour. Je supposais qu'elle avait besoin de temps et qu'elle avait besoin de se reposer. Calhen m'avait semblé crevé au téléphone et vu ce qu'il s'était passé, je supposais que ce voyage avait du être éprouvant. Sofia avait ses yeux posés sur moi. Je pense qu'il était temps d'arrêter de s'éviter. En même temps, je ne savais pas si une conversation pouvait arranger les choses. Je n'avais pas envie de me disputer avec elle. Je l'observais avant qu'elle ne prenne la parole. Apparemment, elle ne voulait plus fuir les autres. C'était déjà une bonne chose. « Je crois aussi.... » Elle semblait aller mieux. Elle n'était plus pâle comme autrefois. Elle avait des rougeurs aux joues. Je lui montrais ma glace et je proposais: « Tu en veux une? J'invite. » J'esquissais un sourire. Ça c'était une chose qui n'avait pas changé. Je mangeais toujours. J'étais à présent à cinq mois de grossesse et j'avais appris à manger pour deux même si je faisais attention à ce que je mangeais. Ma gynécologue m'avait dit que j'avais un bon poids et que tout allait bien, ce qui me rassurait un peu. Même si cela ne voulait pas dire que j'allais faire sans cesse des écarts, niveau nourriture. Mais là il faisait chaud et puis c'était bon, une bonne glace bien fraiche et onctueuse. HUM!

Nous ne nous étions jamais retrouvées dans une telle situation. Certes, il nous était arrivé de nous disputer, mais jamais de cette façon. Il n'y avait jamais eu un tel froid entre nous. J'ignorais si les choses pouvaient s'arranger désormais. Je ne savais pas si Oxana avait envie d'avoir à faire à moi et surtout, je ne savais pas à quel point elle m'en voulait. Je suppose qu'il serait difficile de faire redevenir les choses à la normale. Enfin, au moins, Oxana ne semblait pas fermée à l'idée d'avoir une conversation avec moi. C'était déjà ça. Nous nous étions suffisamment évitées ces derniers temps - " Oui, je veux bien, merci." - Je souriais légèrement à mon tour. Je constatais qu'Oxana n'avait pas changé en tout cas. Toujours aussi gourmande, mais vu qu'elle était enceinte, ça se comprenait. Elle mangeait pour deux maintenant. Et puis, qui ne se laisserait pas tenter par une glace de cette chaleur ? Il faisait tellement chaud que j'avais sorti une robe d'été. Une robe de style vintage/rétro. Celle-ci m'arrivait au-dessus des genoux, les bretelles étaient attachées au niveau du cou et une ceinture marquait ma taille. Quant à mes cheveux, je les avais attachées en queue de cheval - " Je... j'imagine que Calhen t'a appelé..." - Je n'avais contacté personne depuis mon retour, mais j'imaginais que le photographe avait donné des nouvelles à Oxana. Après tout, c'était elle qui était venue le chercher pour lui parler de mon problème. J'étais un peu tendue parce que je ne savais pas quoi dire à ma meilleure amie, ni par quoi commencer. J'avais déconné à un tel point, il faut dire et je ne me voyais pas parler de tout ça en plein milieu de la rue.

with Sofia ✿ It's time to regain our friendship

Je me dirigeais avec Sofia jusqu'au glacier où quelques minutes plus tôt, j'avais pris un cornet avec une crème italienne onctueuse. Je la laissais choisir le parfum puis je donnais un billet au vendeur. Une fois la glace en main, je me tournais à nouveau vers elle, m'éloignant des passants un peu trop proches de nous. Je me doutais que la danseuse voulait me parler et je préférais éviter les oreilles indiscrètes. Appréciant la glace à mon tour, je reportais mon regard bleuté sur elle. A sa question, j'acquiesçais de la tête. Je supposais à présent, qu'elle devait savoir que c'était moi qui avait fait appel au Dunster. Je n'avais pas envie de la voir se détruire sous mes yeux. Et puis, elle restait ma meilleure amie. Celle qui me connaissait aussi bien qu'une sœur pourrait me connaître. Et je n'avais pas envie qu'elle bousille sa vie à cause de cette addiction. Je savais qu'elle m'en voulait pour l'avoir menacer de la dénoncer à l’administration mais je m'en fichais. Je ne l'aurais pas fait de toute façon mais je voulais lui donner un électrochoc, ce qui n'avait pas fonctionné comme je le voulais. Calhen était mon dernier recours. « Oui. Il m'a appelé quand vous êtes rentrés. Vous étiez à Denver je crois. » Je l'observais. Je lui en voulais encore de la façon dont elle avait agi avec moi. Pas une seule fois, elle n'avait compris que je faisais ça pour elle. J'avais du mal à accepter qu'elle pensait que j'étais ce genre de filles. Mais bon, je suppose qu'elle n'avait pas vraiment les neurones correctement en place. Puis je lui disais. « Je suis contente de voir que tu vas bien, enfin mieux. »

Devant le stand du glacier, je choisissais le parfum de ma glace : Vanille. J'en étais une adepte. Je remerciais une nouvelle fois Oxana et ne perdais pas un instant pour gouter à cette glace. Nous nous éloignions un peu des passants pour plus de tranquillité. J'écoutais ma meilleure amie reprendre la parole. Comme je l'avais deviné, Calhen l'avait bel et bien appelé. Il l'avait sans doute informé et mon état. Je n'étais plus "droguée" c'était déjà ça, mais cela ne voulait pas dire que j'allais bien - " Tu te trompes si penses que je vais mieux, Oxana. Je ne vais pas mieux. Je suis clean, c'est tout. " - Cela n'arrangeait pas les choses. J'étais désormais obligée d'affronté mes démons. Mon esprit était bien souvent rempli de trop de pensées et je ne parvenais même plus à dormir convenablement. Il m'arrivait de ne pas parvenir à fermer l’œil de la nuit. Quand j'y arrivais, je faisais des cauchemars la plupart du temps. Et bien sur, je ne pouvais plus prendre de cachets quand il m'arrivait de paniquer en pleine nuit. Je regrettais déjà les cachets, même si je devais admettre que ce n'était pas la meilleure des solutions. Il fallait juste que j'essaie de me concentrer sur autre chose, sur la revanche par exemple. Celle que je comptais bien avoir contre le flic pourri qui m'avait agressée. Je reprenais la parole après un instant de silence : " Le seul point positif, c'est qu'être clean me permet de me rendre compte que j'ai vraiment déraillé. Quoi que ça me fait honte et que ça serait plus facile de ne pas m'en souvenir. " - Il y eut un nouveau blanc dans la conversation - " J'ai vraiment honte de la façon dont je t'ai traitée... " - J'avais été méchante et violente avec elle, puisque j'avais été jusqu’à la gifler. J'avais même crut qu'elle pouvait réellement me dénoncer. Je l'avais considérée comme une ennemie alors qu'elle voulait m'aider, parce que j'étais son amie - " Je sais que tu m'en veux et tu as raison de m'en vouloir. "

with Sofia ✿ It's time to regain our friendship

Je posais mes yeux bleus sur Sofia. Je m'étais décidée à être un peu plus cool avec elle donc je ne relevais pas ses premiers mots. Je voulais lui montrer que j'étais capable de faire des efforts. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de dire: « Clean c'est déjà une bonne chose. Ça  t'évitera de me gifler à nouveau. » Je n'oubliais pas ce qu'elle avait fait, même si je mettais son geste sur le compte du manque. Et il fallait dire que j'avais tout fait pour qu'elle pète un plomb et se rend compte enfin qu'elle était sur la mauvaise voix. Je marchais en sa compagnie jusqu'au parc. Je mangeais ma glace tout en marchant. Aux nouvelles paroles de Sofia, je reposais mon regard sur elle. Je l'observais. Cela faisait du bien de voir qu'elle se rendait compte qu'elle avait royalement merdé. Je suppose que j'y avais contribué. Mais je l'avais fais exprès et je ne regrettais pas. Si c'était à refaire, je le referais sans hésiter. Je prenais place sur un banc qui était libre avant de reprendre la parole. « Je ne t'en veux pas. J'aurais pu t'en vouloir mais non. Je sais que tu n'étais pas dans ton état habituel. » Je la regardais un instant avant de reprendre la parole. « Par contre, je ne comprends pas pourquoi tu ne m'as rien dit. Et arrête avec ton couplet de « Je ne voulais pas te déranger. Je n'aime pas parler de mes problèmes. » Tu ne penses pas que j'aurais pu dire la même chose pour ce qui s'est passé avec Dmitri? Et pourtant je t'en ai parlé parce que tu étais ma meilleure amie. » Je soupirais en me rappelant combien sa « trahison » m'avait blessé. Je lui avais toujours tout dis alors qu'elle m'avait caché des choses, malgré toutes mes questions. Et elle, elle avait préféré garder le silence. « C'est ça qui me déçoit. »

Je baissais les yeux, honteuse, lorsqu'elle évoquait la gifle. Je restais silencieuse. Elle avait toutes les raisons de m'en vouloir et de me faire des reproches. Je n'allais pas la contredire. Pourtant, elle ne m'en voulait pas. Elle arrivait à mettre ça sur le compte de mon état à ce moment là. Oui enfin, ça ne justifiait rien. Je n'aurais pas dû la traiter comme je l'avais fais. Je n'allais pas mettre ça sur le compte du "j'étais droguée" - " En tout cas moi, je m'en veux." - Avouais-je. Le fait qu'elle ne m'en veuille pas n'allait pas apaiser ma conscience pour autant - " Je comprends que tu sois déçue, mais je ne voulais pas en parler. Je n'étais pas prête à aborder le sujet et ensuite, tu m'as dit ce qui s'est passé avec Dmitri. Je me voyais pas venir vers toi et te raconter mon histoire après ça. Tu avais déjà assez de problèmes. " - Oxana traversait des choses difficiles et je n'avais pas voulu en rajouter une couche. Je n'avais rien dit pour son bien - " C'était surement une erreur, mais je n'ai rien dit parce que je pensais que c'était mieux pour toi aussi." - Ajoutais-je. Mon regard bleu ne la quittait pas. J'osais de nouveau affronter son regard. Je continuais de manger ma glace avant qu'elle ne se mette à fondre. Je reprenais la parole après un nouveau silence :  " Je sais que tout ce que tu as fait était dans mon intérêt et je t'en remercie. Calhen m'a beaucoup aidé même si c'était très dur. Par contre, je ne comprends pas pourquoi tu lui as aussi parlé de l'agression. Je pensais que... je pensais que ça resterait entre nous. Pourquoi est-ce que tu l'as mêlé à ça ? Il n'avait pas besoin de savoir." - Dis-je doucement, sans aucune agressivité dans le ton de ma voix. J'étais déçue qu'elle lui ait révélé une chose pareille. J'avais déjà eu du mal à lui dire à elle. Je lui en avait parlé parce qu'elle ne m'avait pas laissé le choix, mais je pensais qu'elle garderait le secret, tout comme j'avais gardé pour moi ce qu'elle m'avait dit. J'avais été choquée d'apprendre que Calhen était au courant de l'agression. Ce qui m’inquiétait le plus, c'est que le photographe voudrait m'aider à faire enfermer ce type. Je ne voulais pas qu'il s'en mêle surtout que mon agresseur était un policier.