Eugénie. C’est ainsi que tes parents, Anne et Etienne, t’ont prénommée lorsque tu es née en ce 15 Mars de l’année 1991. Eugénie Constance Philomène de Boissieu-Déan de Luigné. Tu viens d’une famille noble française. En effet, arrière petite fille du général Charles de Gaulle, que tu n’as jamais connu, puisque mort 21 ans avant ta naissance, tu viens d'une famille puissante.
Paris, Rive Gauche. Ton grand frère et toi avez grandi dans cet hôtel particulier, au cœur du 7ème arrondissement parisien. Telle une petite princesse, tu as tout, tu ne manques de rien. Tu es belle, tu as les cheveux blonds de ta mère, et les yeux bleus de ton père. Tu as également hérité de la classe et du raffinement de ta famille, c’est pourquoi tu as le gout des belles choses, le gout de la perfection. La jeune fille de sept ans, au serre-tête perlé, vêtue d’une robe Dior enfant et chaussée de mocassins noirs vernis, c’est toi. Tu as le regard confiant car tu sais que dans quelques années, tu auras de grandes responsabilités. Alors tu commences tôt. Tu t’occupes de ramener les meilleures notes, d’exceller en escrime, piano et danse classique, comme une enfant modèle.
Adolescente, t’étais redoutable. Tu savais très bien choisir tes amis comme on te l’avait appris, de toute façon, tu n’avais pas le choix, scolarisée dans une école sélecte pour filles, le tri social était déjà fait. Constamment entourée de tes fidèles amies d’enfance Astrid et Cassandre, vous régniez sur le collège, et aviez un charmant petit cercle d’amis très fermé, ou se joignaient également quelques garçons du collège pour garçons affilié. Vos parents étaient tous issus de la même classe sociale et étaient amis entre eux depuis longtemps. Vous faisiez partie de la jeunesse dorée parisienne, et bien que tu fusses la jeune fille modèle que tous parents rêvaient d’avoir, tu ne t’interdisais aucunement quelques petits écarts d’une adolescente normale. Normale … Bien grand mot pour une jeune fille de bonne famille destinée à un avenir brillant. Ces soirées auxquelles tu allais en robe Valentino ressemblaient à celles qu'on voit dans Gatsby le Magnifique. Que des filles et fils de, habillés par les plus grands couturiers, coupes de champagnes à la main, des rires aristocratiques, des étoiles pleins les yeux, vous étiez merveilleux. Oui vous étiez tous parfaits : beaux, intelligents et fortunés, et comme dans ces grandes familles, pour les enfants qui déraillaient, tant que les apparences étaient sauves, tout allaient bien.
When my heart started to beat ...
1er décembre 2007
Un soir comme les autres ? Pas tout à fait. Ce soir a lieu le gala annuel de fin d’année où évidemment est conviée toute la bourgeoisie française, et sans compter certaines familles nobles venues d’ailleurs. Le carton d’invitation à la calligraphie sophistiquée, sur le rebord de marbre de la cheminée de ta chambre, tu t’en vas le lire avant de poser tes yeux sur ce paquet déposé sur ton lit à baldaquins. Tes deux copines te suivent finalement dans ta chambre, « Il faut que je sois rayonnante, Stanislas sera là ce soir. » sortit Cassandre, en vous servant un verre de Cognac cinquante ans d’âge que tu bois en deux gorgées. « J'suis sure et certaine qu’il est sur toi ! … Oh ! On pourra prendre les bouteilles de champagne et s’éclipser dans la suite de mes parents ! Comme autrefois … » continua Astrid. Tu souris rien qu’à cette idée. Tu te souviens ô combien de souvenirs vous aviez dans cette suite. Enfin. Il est 18 heures passé, et vous devez rapidement vous préparer pour ce soir. Après votre toilette, les filles défilèrent en riant devant le grand miroir de ton dressing. Tu défis alors tranquillement ton paquet avant de découvrir la somptueuse Oscar de la Renta que maman a fait mettre de coté pour toi. Tu l’enfila délicatement, chaussa des talons du même créateur à tes pieds avant de rejoindre tes amies dans la pièce d’à côté. Déjà vêtues de magnifiques robes longues, elles te scrutèrent avec émerveillement. Tu finis par observer ton reflet dans le miroir avant de constater qu’en effet, ce soir tu seras parfaite.
Le chauffeur venait juste de vous déposer à l’hôtel Crillon, où avaient lieu les festivités. Une fois à l’intérieur, tu aperçois la table de tes parents, où sont déjà assis tous les parents de tes amis. Ta mère se lève de table, te regardant avec un grand sourire, afin de te présenter un couple d’amis dont tu n’avais jamais encore eu l’honneur de faire la connaissance, jusqu’à présent. « Bonsoir ma chérie ! Alors ta robe te plait ? » Te demande t-elle. « Oui maman, merci mille fois, elle est somptueuse. » Te contentes-tu de lui répondre d’un sourire radieux, passant de son visage à tous ceux de la table qui t’observent. Cassandre et Astrid sont déjà parties rejoindre les autres à la table d’à côté, puis ta mère reprend. « Je te présente Monsieur et Madame Von Hohenzollern. Il sont venus spécialement de Munich avec leur fils pour les fêtes de fin d’année » Ces derniers se levèrent en te souriant avec grâce, et tu leur réservas ainsi ton plus beau sourire, leur serrant chaleureusement la main. « Enchantée, je me prénomme Eugénie, et je suis ravie de vous savoir à Paris en cette joyeuse fin d’année. » « Merci Eugénie. Je ne pense pas que vous connaissez notre fils, Xaver. Il est ici avec nous. » Te dit Madame Hohenzollern. Tu pris une expression intriguée et curieuse à la fois, alors que le chef de famille appela son fils qui était déjà assis à ta table, près de tes amis. Ce grand brun arriva alors vers ses géniteurs « Oui, père ? » « Nous voulions simplement vous présenter à Eugénie, la fille de Monsieur et Madame de Boissieu-Déan de Luigné. » « Nous dînons chez eux demain soir. » Enchaîna sa mère. A cet instant, le jeune homme tourna son visage vers le tien, et ton cœur fit un gros boum dans ta cage thoracique. C’était bien la première fois que cela t’arrivait, et vous restâtes tous deux quelques secondes sans rien dire avant que la tablée se mette à rire aux éclats, voyant bien un coup de foudre se produire devant leur yeux attendris de parents. Xaver finit par prendre délicatement ta main feignant d’y déposer ses lèvres comme tout garçon de bonne famille. « Xaver Von Hohenzollern, ravi de vous rencontrer mademoiselle. » Tu rougis. « Enchantée de même Xaver, et heureuse de savoir que je partagerais également votre prochaine soirée. Je vois que vous avez déjà rencontré mes amis, j'en suis ravie » Après avoir adressé vos respects à votre table voisine, vous alliez finalement joindre la votre, t’asseyant entre Charles et Astrid, en face de ta nouvelle connaissance.
14 Avril 2009
« Sérieusement Eugénie ! Les relations à distance, ça ne marche jamais ! Laisse tomber Xaver. » « Ouais, et puis cet Armand n’est vraiment pas mal du tout ! » « Tu rigoles Astrid ?! Il est carrément canon ! Et puis il est mature … 24 ans, quand même ! Moi à ta place, je me le ferais bien sur le champ. » Tes amies déblatéraient pour toi au sujet de tes relations amoureuses alors qu’allongée sur ton lit à baldaquins, tu ne songeais qu’à Xaver. Tu étais toujours amoureuse de lui. Folle, même. Mais il fallait te rendre à l’évidence, c’était perdu d’avance. Ton cœur balançait entre lui, et ce charmant jeune homme qui te courtisait depuis des mois de cela maintenant. Il avait vraiment tout pour plaire, c’était clair. Très bon parti, courtois, intelligent, quant à son physique, il n’était pas loin de ressembler à un hybride entre un mannequin Abercrombie et un dieu grec. Mais même si cet être parfait t’avait avoué ses sentiments plus tôt, les tiens allaient vers un autre homme qui demeurait à Munich. Si loin de toi. Les yeux fermés, tu entendais les voix de tes amies qui jouaient le rôle de la raison alors que pour une fois tu jouais celui du cœur. Tes doigts tripotaient nerveusement la soie de ton peignoir crème, puis tu te levas brusquement. « Je vais dire à Xaver que tout est fini entre nous, et j’épouserais Armand. » Les filles te regardèrent d’un air béat. Tu n’étais même pas encore fiancée, mais tu savais pertinemment qu’il demanderait ta main, bien que tu aies longtemps secrètement rêvé de devenir un jour Madame Von Hohenzollern. A vrai dire, tu le faisais plus pour te forcer à oublier Xaver. C’était mieux pour toi, tu souffrais trop de son absence. Ses lettres ne te suffisaient plus, et il fallait que tu retournes à la raison que tu avais trop délaissée depuis que t’étais tombée amoureuse de lui. Tu savais que tu choisissais la facilité. Tu te disais que tu avais bien tenu deux ans ainsi, pourquoi pas plus, mais non tu n’y arrivais plus. Secrètement, tu voulais le faire réagir … mais il était trop tard. « Comme ça !? » s'esclaffa Cassandre. Tu gardais un ton sérieux et neutre. « Comme ça. »
« Meine sehr geliebte Eugénie,
Cela fait bien longtemps que je vous ai pas écrit. J’en suis des plus désolé, je vous l’assure. J’espère que vous vous portez bien et que les choses se passent à merveilles dans votre demeure parisienne.
Je dois vous avouer que notre dernière conversation m’a un peu laissé perplexe et sous le choc. Je suis ravi d’entendre pour vos fiançailles et espère du plus profond que vous êtes heureuse.
Au plaisir de vous revoir bientôt,
Votre aimable Xaver. »
Tu lis et relis ces mots, qui pour toi, cèlent la fin de votre amour. Tu fermes les yeux, froissant le papier de la lettre entre tes mains, et te mords la lèvre inférieure, te retenant de pleurer. Mais c’est fini maintenant. Inutile de revenir en arrière, tu es fiancée à Armand, et tu as tout de même des sentiments pour lui. Du moins c’est ce que tu te fais croire depuis des mois pour faciliter ton détachement de Xaver. Car Xaver, lui, tu l’as réellement aimé, et tu l'aimes encore. C’était si fort, si intense, si merveilleux, que tu as l’impression que ce n’était qu’un rêve. Tu ré-ouvres les yeux, et ton regard se pose sur ta bague de fiançailles au diamant scintillant. Tu te rends comptes que tu ne t’es occupée de rien pour ce mariage, tu n’as ni choisis ta robe, ni la pièce montée, pourtant tu as choisi cette situation. Alors que tu es perdue dans tes pensées, quelqu’un frappe à ta porte.
« Entrez. » C’est ton frère. Il s’approche doucement de ton lit, voyant la lettre et ton regard triste.
« Je suis venue voir comment allait la future mariée » dit-il avec un ton plein de compassion. Tu haussas les épaules, baissant les yeux. A vrai dire, il était le seul à savoir que tu étais encore éprise de Xaver.
« Eugénie … je sais que c’est dur, mais Armand est quelqu’un de bien. Il saura prendre soin de toi, et tu finiras par oublier ton chagrin, c’est sur. Moi je serais toujours là, ne t’en fais pas. » Tu l’observas avec une petite moue avant de tomber dans ses bras brisée
« J’aurais tant aimé que ça soit lui … Xaver. »
9 Mai 2013
Quatre ans de mariage, et tu as l’impression que le temps t’as filé entre les doigts. Comment peut-on ne pas oublier son premier amour après tant d’années ? Tu es stupide, Eugénie. Voilà quatre années que tu es mariée à sans doute l’homme le plus parfait au monde, et tu es toujours amoureuse de Xaver. Tu viens de demander le divorce à l’homme qui s’attendait déjà à avoir un premier enfant de toi au cours de cette année. Vous auriez pu être heureux tous les deux. Vous étiez si beaux ensemble. Armand t’a offert un nombre incalculables de bijoux d’or et de diamants, de roses, de robes de tes créateurs préférés, et t’as même achetée une demeure familiale à Long Island, uniquement pour que tu reviennes. Et toi, pauvre idiote, ne penses qu’à partir pour Cambridge, étudier à Harvard, seulement pour retrouver Xaver. Parce que tu penses qu’il t’as attendue en quatre ans ? Penses tu au moins qu’il se souvient encore de toi ? Aah Eugénie … Toi qui n’écoutais que la raison jadis, te voilà aussi perdue que ces pauvres filles emprisonnées par la passion. Pourtant tu as décidé, tu as fait ton choix, et c’est avec joie qu’Harvard t’as acceptée en Master, alors tes parents cèdent une énième fois à ton caprice en t’achetant une villa non loin du campus pour que tu puisses t’y épanouir dans les meilleures conditions. Et c’est ainsi que tu fais tes bagages ... pour quitter Paris.