(flashforward) I'm not supposed to be the only one. ► ft Caitlyn

Quand on a neuf ans, ou même quand on est enfant tout simplement, on vit encore la vie comme une aventure formidable, avec inconscience et émerveillement. On est souvent loin de se douter de tout les malheurs qui touchent nos proches, même ceux que l'on aime le plus au monde. C'est mon cas, je ne suis pas une exception. J'étais encore loin de me douter de ce qui s'était passé un peu avant ma naissance, et même durant et après ma naissance. Je n'en avais jamais vraiment parlé avec mes parents. Bien sûr j'avais déjà regardé des photos de famille des dizaines de fois, et pourtant je ne m'imaginais pas la souffrance que le joli sourire de maman pouvait cacher. J'étais assise par terre, sur le tapis du salon. La boîte à photos était ouverte à côté de moi, et j'avais éparpillé des photos un peu partout. J'adorais ça, regarder les photos de moi bébé. Et je n'avais jamais vu celles-ci au par avant. Je les regardais une par une, attentivement. Et je tombais sur une photo, que je n'aurais probablement dû ne jamais voir, ou pas maintenant. L'image d'une échographie. J'étais encore jeune et je ne savais pas encore exactement ce que cela représentait. Mais j'étais curieuse, et je voulais savoir. Je me levais et j'allais vers maman, qui était assise dans un transat sur la terrasse, elle profitait du soleil que nous n'avions pas encore eu la chance de voir beaucoup ce printemps. « Maman. C'est quoi ça ? » demandais-je innocemment en lui tendant l'image.

Je me trouvais actuellement sur la terrasse entrain de boire un verre de limonade citronnée jusqu'à ce que j'entende la voix de ma fille me demandant ce que c'était. N'étant pas à ses côtés, je ne compris pas tout de suite de quoi elle voulait parler. J'allai donc très rapidement jusqu'au salon où je la trouvais assise par terre, des tas de photos étalées devant elle, je m'approchais pour voir ce qu'elle avait en main et je restais quelques minutes sans voix, ne sachant pas quoi dire. A vrai dire, j'avais encore du mal et je ne savais pas comment aborder ce sujet, celui de sa sœur jumelle qui nous avait quittée avant même qu'elle ne soit née, je ne m'en étais toujours pas remise et à vrai dire, je crois que ce ne sera jamais possible. Je pris l'échographie dans ma main, la regardant longuement avant de m'asseoir par terre à côté de Maria, « Eh bien ça c'est toi ma puce et là c'est ... », je lui montrais le deuxième fœtus que l'on pouvait à peu près voir. J'avais comme une boule au ventre, « C'est ... ta sœur jumelle ! ». Je ne pouvais pas aller plus loin dans les explications même si j'imaginais déjà les questions qu'elle allait me poser. Ce n'était vraiment pas évident de parler de ce genre de chose à son enfant, surtout à une enfant de cet âge, elle était si jeune, je la voyais encore comme un tout petit être fragile et je ne savais pas comment elle réagirait face à cette nouvelle.

J'avais beau être jeune, très jeune, je n'étais pas stupide ou ignorante, bien au contraire. Je savais pertinemment ce que le mot "jumelle" signifiait. D'ailleurs j'avais deux amies à l'école qui étaient soeur jumelles, c'est à dire qu'elles étaient nées en même temps. Et pourtant je ne compris pas les explications que ma mère me donnait sur la photos que je lui montrais. Je fronçais les sourcils, signe d'incompréhension. Je n'avais pas de soeur jumelle moi, en tout cas, pas à ma connaissance. Pourquoi n'était-elle pas à la maison avec nous dans ce cas ? Vivait-elle ailleurs, cachée quelque part en attendant que je la trouve ? L'idée d'avoir une soeur jumelle ne me déplaisait guère. Bien au contraire même. J'avais toujours rêvé d'avoir des frères et soeurs. J'avais Matys, mon demi-frère par adoption, mais ce n'était pas exactement pareil puisque je le voyais seulement quand j'allais chez mon père. Je regardait la photo encore un moment avant d'observer le visage de maman qui s'était assise à côté de moi. Elle paraissait si triste tout d'un coup. « Mais maman.. Elle est où alors ? Pourquoi elle ne vit pas avec nous ? » demandais-je. J'avais envie de connaître la vérité, mais je n'étais pas sûre d'être prête, ou plutôt d'avoir envie de l'entendre.