les pas suspendus (haven)

monter à cheval est vraiment une activité qui m'apaise. qui me fait du bien. découvrir la région en bateau avec les autres ne m'intéressait pas. j'avais envie de me retrouver un peu seul même si je ne suis clairement pas le seul à avoir eu cette idée. tout un petit groupe s'est formé. nous étions plusieurs à tenter cette activité cet après midi. on est parti à plusieurs mais le groupe s'est rapidement divisé. je suis parti de mon côté. à toute vitesse sur la plage, je partage un bon moment avec ce cheval. les cheveux au vent, on se croirait presque dans une publicité pour du parfum. je prends une grosse bouffée d'air frais. ne pense à rien. ça me fait un bien fou. j'en oublie le temps. je trace ma route jusqu'à te voir au loin. je vois presque la scène au ralenti. ton cheval se cabre et tu tombes en arrière. il se barre en furie. fugue. sans doute a-t-il eu peur de quelque chose. la personne qui était avec toi se lance à la poursuite du cheval parti à toute vitesse. tu te retrouves seul(e) sans doute amoché ? j'en sais rien, le sable a certainement dû amortir ta chute. je continue de me rapprocher de toi jusqu'à me retrouver à ton niveau. « hé ça va ? » je descends de ma monture, prends les rênes pour éviter que le mien ne s'échappe également. je m'avance jusqu'à toi, m'accroupis. « rien de cassé ? c'était assez impressionnant comme chute »

Aujourd’hui c'est une balade en cheval. Un sport que tu affectiones particulièrement même si tu ne l’as pas beaucoup pratiqué étant originaire de New York, c’était pas l’endroit idéale pour avoir un cheval. Le tien se trouvait non loin de votre maison de vacances ou tu avais l’habitude de faire des balades perdues en pleine campagne. Un vrai bonheur, mais ton cheval est malheureusement décédé il y a deux ans, depuis tu n’étais pas remonté. Aujourd’hui est donc ta première fois depuis deux ans. Tu te balades au galop reprenant le plaisir que tu avais dans le temps. Tu lâches même la sangle pour te donner comme la sensation de flotter dans le vent, te sentir libre. Le groupe s’est plutôt éclaté pour les cavaliers expérimentés. Alors que tu es de retour au trot entrain de discuter avec la femme à tes côtés du plaisir que c’est de pouvoir profiter de cette promenade, ton cheval se cambre te propulsant la fasse contre terre. « AHHH ! » tu essayes tant bien que mal d’amortir ta chut alors que ton cheval s’enfuit. Il te faut un peu de temps pour te relever sonnée par la chutte que tu viens de faire, instinctivement tu lèves les yeux vers celui qui vient de te parler. « Comme après une chute de cheval ! » Tu n’as l’air d’avoir rien de cassé au premier abord. « A croire que je m'entraîne pour devenir cascadeuse !  » c’est pas vraiment le métier que tu souhaites faire. Tu passes une main dans tes cheveux pour te recoiffer, toujours être à son avantage, sauf que très vite tu grimaces quand une forte douleur vient pointer le bout de son nez dans ton poignet. « Crétin de cheval !  »

j'assiste à ta chute au ralenti, sans pouvoir appuyer sur pause pour la freiner. l'arrêter. je ne sais pas comment tu fais ton compte mais tu finis la tête dans le sable. je dévie la trajectoire de mon cheval pour arriver jusqu'à toi. le temps que j'arrive, t'es déjà debout. mes pieds regagnent le sable. je prends soin de bien prendre les rênes, histoire que le mien ne se barre pas non plus. petit coup d'oeil au loin, on ne voit presque plus l'autre fille partie à la poursuite du cheval fuguant. à sa place, j'aurais plutôt aidé la fille que rattraper le cheval mais bref, chacun ses priorités. « va falloir revoir tes techniques d'atterrissage si tu ne veux pas finir aux urgences à chaque cascade » fin sourire qui se veut rassurant. tu m'assures n'avoir rien de cassé pourtant je te vois grimacer de douleur. le cheval en prend pour son grade. « t'as mal où exactement ? » je ne suis pas médecin donc en soi, je ne peux pas t'aider beaucoup. « il s'est passé quoi, il a eu peur d'un truc ? » mes yeux se posent sur mon cheval puis dérivent de nouveau vers toi. « ça va aller pour grimper ? je te ramène »

La chute fut plus que rude même si tu essayais de ne pas le montrer car il ne faut jamais montrer que l’on est faible. Sans attendre tu te relèves pour vérifier que tout va bien et que tu n’as rien de cassé, il manquerait plus que ça puisque tu es arrivée il y a littéralement deux jours sur le continent d'amérique du Sud. Les urgences tu as hâte d’y aller mais plutôt en ayant une magnifique blouse blanche et un stéthoscope autour du cou. Vraiment aucune envie de finir avec de la bouffe dégueux et une blouse ou tu as les fesses à l’air. « Je vais changer de métier c’est trop dangereux.  » D’ailleurs chapeau aux cascadeurs mais très peu pour toi. Tes yeux se baissent vers ton poignet douloureux, en même temps amortir la chute avec les mains n’étaient peut être pas la meilleure des solutions. « Au poignet gauche » alors que tu le maintien avec ton autre main pour éviter de le mouvoir au minimum. Tu as déjà eu plusieurs blessures en cheval mais rien de très grave jusqu’à aujourd’hui. « Je sens mon pouls battre dans mes doigts. Je suis pas sur que ce soit normal » Tu n’as pas commencer tes études de médecine mais normalement tu ne le sens pas ici, est ce que c’est un signe que quelque chose ne va pas? « Je sais pas, y avait une bête sur le côté, je crois que c'était un paresseux, il c’est juste cambré mais il semble très capricieux, je comprend même pas qu’on me l’ai donné. Je peux te juré que si je me suis fracturé le poignet, ils vont m’entendre !  » Tu n’as jamais monté un cheval aussi capricieux toi qui normalement est en harmonie avec ton cheval tu as d’ailleurs fait de la voltige équestre plus jeune, tu n’as pas peur de sortir les avocats, 3 ans de droit à ton actif et un nom de famille qui impressionne, ils vont devoir payer dommage et intérêt. « Fais moi la courte échelle! je ne peux pas utiliser mon poignet. Je passe devant » Tu finis par monter sur le cheval non sans difficulté après avoir remis tes lunettes de soleil. « Tu sais vers où est l’hôpital ? » Vaut mieux pas attendre on sait jamais.

je ne te connais pas mais à entendre ta façon de parler, de t'exprimer, j'ai l'impression de te cerner. j'espère me tromper. pitié. flemme de te trimballer une princesse capricieuse. je donne déjà assez dans mon quotidien. je suis en vacances là les gars. laissez moi tranquille. je supporte de moins en moins ce monde. je l'ai en horreur. en angoisse. mais je ne montre rien. jamais. je reste de marbre et tente de me focaliser sur toi. sur ton poignet qui semble avoir prit. « t'arrive à le bouger un peu ? à faire ça ? » je mets le mien mouvement délicatement pour que tu le reproduises. je ne suis pas un expert ou un médecin mais j'ai toujours entendu dire qu'un poignet est cassé si la personne n'arrive plus à le bouger. si la douleur est trop forte pour cette simple rotation. tes menaces me confirment ce que je pensais depuis le début. haussement d'épaule. « tu ne l'as pas senti nerveux quand t'es monté dessus ? ils ne sont quand même pas aussi stupides pour donner un cheval capricieux à des touristes ... sauf si tu leur as dit que t'avais l'habitude » ce qui est fortement possible. t'étais à l'aise sur ton cheval avant qu'il ne s'enflamme et ne te fasse tomber. tu dois avoir de la pratique derrière. peut-être que t'as voulu te lancer dans un défi, j'en sais rien et en toute franchise, je m'en fou un peu. t'es tombée, il faut agir au plus vite avant que ça ne s'aggrave. « vas-y » je te fais la courte échelle. je me permets même de t'aider pour pas que tu tombes dans ton élan. une fois installée sur le cheval, tu me demandes si je connais le chemin de l'hôpital. « mh non, on est dans un petit village, je ne sais pas où se trouve l'hôpital le plus proche » on est un peu dans un bled perdu au milieu de nul part. « je te ramène au village, il doit surement y avoir un médecin dans les coins »

Tu n’es pas nouvelle dans le sport de l’équitation même si tu n’es pas montée depuis pas mal de mois, mais c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Tu n’as pas misé sur le bon poulain et pouf une Haven en morceau alors que tu viens à peine d’arriver. Bouger ton poignet, tu y arrives mais grimace face à la douleur qui te lance. « J’y arrive mais ça fait une douleur de chien. » d’ailleurs tu arrêtes bien vite car tu te mets à transpirer à cause de la douleur sentant le malaise arriver. Tu aurais peut-être dû choisir la plage, les cocotiers car finalement vous en êtes bien loin et vue la météo tu vas passer ta fin d’été dans le froid et maintenant blessé. Tu relèves la tête incrédule, c’est pire qu’un interrogatoire, il devrait peut-être interroger le cheval. «J’ai l’habitude, je monte à poney depuis l’âge de 6 ans. Et j’ai pratiqué la voltige équestre pendant plusieurs années. » Peut-être qu’il arrêtera de te juger. Tu fronces les sourcils, tu as presque l’impression qu’il t’accuse. Tu vas passer outre car il est venu t’aider et surtout tu es blessée sinon tu serais probablement parti avec son cheval et tu l'aurais abandonné, pas fan de son air accusateur. Tu n’aimes pas ça mais peut-être que tu interprètes mal les choses et que tu es saoulée à cause de ta blessure. Une fois installée, tu démarres « C’est pas le retour à cheval auquel je m'attendais. » Tu t’accroches tant bien que mal, il manquerait plus que tu tombes. « J’espère qu’ils sont compétent » Y avait pas l’air d’avoir grand chose dans le village à tous les coups le médecin est aussi policier & cuisinier. Tu pourras toujours appeler ta soeur ou Reese. Après plusieurs minutes de silence (au moins deux) « Tu sais où on va au moins ?» Toi sans GPS ou carte tu es vite perdu et tu ne reconnais pas le chemin.

entre nous, j'ai envie de rire quand tu me parles de la voltige à cheval que tu as pu faire dans le passé. j'ai envie mais je ne le fais pas. je ne laisse même pas transparaitre que ça me fait rire. j'avais jamais entendu ça. c'est hyper original comme pratique. pourquoi la voltige sur un cheval ? je n'ai jamais compris le principe. voilà une discipline bien curieuse. intrigante même. « je ne sais pas si c'est bon signe ou pas » j'y connais absolument rien. que dalle. mais tu arrives à le bouger et j'ai l'impression que c'est une bonne chose. si c'était cassé, tu n'aurais pas pu faire tous ces mouvements. le choc a dû être brutal pour que tu aies mal ainsi. tu grimpes, non pas sans difficultés, sur le cheval. « et moi dont ! » je ne m'attendais pas non plus à un tel retour. mais faut qu'on fasse vite. mon visage se tourne vers toi quand tu me demandes si je sais où on va. « il me semble que le village est par là, je ne suis pas certain à 100% » il faut bien partir dans une direction. t'as l'air d'être aussi perdue que moi. si j'ai bonne mémoire, c'est dans ce sens. je sors mon portable pour checker. « j'ai pas encore de réseau. dès que j'en ai j'appelle la réception de l'hôtel, ils pourront surement nous renseigner » je ne vois pas d'autre solution dans l'immédiat. tu as un plan b ? ça m'arrangerait.

Bon signe ? tu ne penses pas mais tu préfères être optimiste, tu as commencé à regarder les bouquins d’anatomie et de pathologie, ce qui t’intéresse le plus d’ailleurs. Tu préfères être dans le déni, si ça se trouve c’est juste la douleur liée au choc mais bon ce n’est jamais bon signe d’avoir mal. Tu te mords la lèvre alors que tes pensées sont en train de cogiter à 200 à l’heure dans ton cerveau sur tout ce qui va suivre. Tu n’aimes pas ne pas avoir le contrôle sur les choses et là c’est une grosse perte de contrôle. « Tu fais quoi comme étude toi ?  » tu présumes qu’il est étudiant car il est encore jeune, peut-être 23 ans, pas loin de ton âge. S’il te sort architecte c’est sûr que ça ne va pas vous aider. Au fil des années tu as appris à jouer la comédie et il faut dire que ça te sert bien, poker face et tu retiens tes larmes, ne jamais pleurer en public ou montrer que tu es faible, mais ça fait un mal de chien surtout que tu ne ménage pas tes gestes, bouger pour pas que la douleur s’installe mais si ça se trouve tu es en train d'aggraver les choses.  « Manquerait plus que ton cheval soit blanc et on aurait pu se croire dans un compte de fée. » Tu n’as jamais cru à  ses conneries mais c’est très cliché, le prince sorti de nul part qui vient secourir la princesse tomber de son cheval. Tu n’arrives pas à réfléchir où prendre tes repères, ça te lance plus que tu ne laisses paraître, l’adrénaline disparaît pour juste te laisser la douleur. « Je te fais confiance » c’est que tu vas plus que mal, pour faire confiance à un inconnu et en plus le laisser au commande, il le sait probablement pas et faut dire que tu n’as jamais été doué en orientation,  en plus toi tu luttes surtout pour ne pas t’évanouir.