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Interruption (Mia & Lexie 9)

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Captive de l’éternelle insatisfaction de son reflet, depuis plusieurs heures, Lexie scrute d’un œil critique et pour la centième fois, sa tenue dans le miroir. Et ses lèvres s’étirent, une fois de plus, en une moue désespérée. Non, en effet, elle n’arrive pas à se décider. Rien ne semble lui convenir. Et vraiment, elle se demande bien ce qui peut se passer dans son esprit, d’habitude peu revêche quant au choix de ses vêtements et de sa coiffure. Les réelles raisons de cette hésitation frustrante se dessinent sur les lèvres de son double dans la glace et se font un chemin jusqu’à son oreille, de façon très désagréable, alors qu’il lui murmure une vérité effrayante :
C’est parce que tu veux tellement lui plaire, et ça c’est parce que tu développes des sentiments plus forts qu’un simple crush, ou qu’une simple attirance physique ; car, soyons honnêtes, si ça avait été un simple crush, il aurait fini par s’estomper au bout de quelques temps et si t’avais juste voulu tirer ton coup, tu aurais certes fait matcher tes sous-vêtements, comme aujourd'hui, mais tu n’aurais pas passé autant de temps à choisir quelle couleur d’eye-liner irait le mieux avec la tenue que t’as déjà changée 3 fois !  

L’horreur la frappe. Putain c’est plus grave que ce qu’elle pensait. Lex’ serre la mâchoire, en jetant un oeil sur son portable, posé sur le lavabo de la salle de bain, pour vérifier l’heure. Ce dernier diffuse avec une ironie parfaite, November Rain des Gun’s & Roses, chanson fétiche de sa mère, qui vient appuyer, comme une preuve décisive lors d’un procès, la plaidoirie de ce reflet maléfique. COUPABLE ! Lui hurle son corps entier, alors que le morceau chante le vers : « I know it's hard to keep an open heart ». Elle appuie sur pause, avec un agacement non feint en lançant un « Oh ta gueule !» au chanteur Axl Rose qui commence sérieusement à lui taper sur le système avec ses phrases si niaises, et si… justes ?
Pfff des belles conneries tout ça... Elle ne ressent pas ce genre de chose, parce que... parce que de toute façon c'est impossible ! « An open heart » et puis quoi encore ! Hors de question de laisser ce palpitant plein de doutes venir chambouler sa philosophie de vie du carpe diem.  

Il est l’heure de partir car Lexie refuse catégoriquement d’être à la bourre.
Une nouvelle preuve, Votre Honneur ! Un clou supplémentaire dans le cercueil de l’accusée ! Non, simplement un principe qu’elle s’efforce de suivre... C’est beau l’auto persuasion. C’est pour ça que t’arrives en retard dans 80 % des cours ? Sauf celui de Mia d’ailleurs tiens, quelle coïncidence !
Bordel, mais faites taire cette voix !

Elle se mire une dernière fois dans la glace : un débardeur top blanc, un pantalon fin, d'été, rouge pastel, une chemise muscade, ouverte par cette chaleur, et des baskets blanches... bon c’est ni trop, ni pas assez n’est-ce pas ? Rhaaa ! Lex’  fronce les sourcils face à son reflet dans le miroir. Celui-ci tente encore de la retenir, en lui soufflant que ses cheveux seraient mieux attachés, mais en vaillante résistante, elle se libère de cette emprise, se saisit de son sac et sort de l’appartement.



Lorsqu’elle est venue chez Mia, la fois précédente, enfin la seule et unique fois en fait, elle avait certainement 3 grammes dans le sang. Aussi, Lexie aurait été incapable de retrouver le chemin, si son amante ne lui avait pas renvoyé l’adresse par texto. Le temps de passer acheter de quoi ne pas se pointer les mains vides, elle a sauté dans le bus, et là voilà, à l’heure, devant la porte. Dans sa main gauche, une bouteille de thé glacé, conçu artisanalement par une petite commerçante, dont la boutique est dissimulée dans une petite impasse du centre-ville, la droite se stoppe dans son mouvement. Doit-elle frapper ou sonner ?
Putain on s’en fout ! Oui c’est pas faux. Une arrivée bien annoncée lui sied forcément davantage : Elle sonne.  

La porte s’ouvre, et Lex’ offre un sourire, mi charmeur mi amusé, à la sublime hôtesse qui lui fait face, s’appuyant contre le chambranle de la porte.

« Bonjour, je me demandais si vous aviez le temps pour parler de Jesus Christ notre sauveur… mais en vous regardant, je conclus que vous devez bien le connaître étant donné que vous avez la beauté divine d’un ange tombée du ciel »

Oh boy… mais tu vas arrêter avec tes phrases de loveur toutes claquées au sol ?! Rhoo, ça va ! c’est pas comme si elle lui avait sorti celle du père magicien qui a mis des étoiles dans ses yeux ! Encore heureux !


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Les dernières semaines t'ont appris une chose : avoir une relation cachée n'est pas de tout repos. Il a fallu désactiver l'option des SMS qui apparaissent sur l'écran d'accueil à leur arrivée, histoire d'éviter qu'Aaron tombe malencontreusement sur un message de Lexie. Il a également fallu inventer une excuse pour ton absence de la dernière fois, lorsque vous avez passé la journée à la plage... mais heureusement, Aaron est trop obnubilé par son boulot pour vraiment faire attention à tes allées et venues.

Aujourd'hui annonce le début d'une semaine où Aaron ne sera pas à la maison, pour cause de déplacement à New York pour une affaire particulièrement compliquée. Une semaine entière où la demeure sera à ta disposition... et même si l'idée d'inviter Lexie à remettre les pieds chez vous est probablement risquée (les voisins ont des yeux et des oreilles partout, c'est bien connu), tu ne voulais pas gâcher une si belle occasion de vous retrouver. Tu l'as donc invitée à te rejoindre pour un atelier pâtisserie, suivi d'un film et... vous improviserez la suite, n'est-ce pas ? Comme toujours, ces derniers temps, tu préfères te concentrer et profiter de l'instant présent... car l'avenir et ses incertitudes est un terrain miné, qui, tu le sais intimement, ne va pas tarder à exploser de toutes parts.

Vêtue d'une robe d'été surmontée d'un tablier fleuri, tu essuies tes mains farineuses sur ce dernier avant d'aller ouvrir la porte d'entrée. Petit saut dans ta poitrine à la vue de sa chemise ouverte sur un débardeur blanc qui contraste avec son teint légèrement hâlé, suivi d'un rire que tu t'empresses d'étouffer.

T'es bête. Entre !

Tu t'écartes pour la laisser passer, refermes la porte derrière elle après un regard alentour, puis la verrouilles, juste au cas où. Sourire aux lèvres, tu fais volte-face avant d'aller accrocher tes poignets à son cou pour déposer un baiser sur ses lèvres.

Ça m'avait manqué.

Tes doigts s'agrippent aux siens alors que tu l'entraînes vers la cuisine, où règne l'odeur typique de pâte à gâteaux. Tu la débarrasses de sa carafe avant de vous servir dans deux grands verres décorés d'un petit parasol en papier.

Hmm... du thé glacé ?

Deux rangées de cupcakes dorés attendent sur le plan de travail, à côté d'un plateau recouvert de tout le nécessaire pour les décorer : copeaux et pastilles colorées, paillettes (alimentaires, évidemment), pistons et pâte à sucre de différentes teintes.

J'espère que tu es créative...

(c) mars.
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Il lui faut quelques secondes pour réaliser la vision qui s’offre à elle. Cette robe d’été est certes couverte d’un tablier quelque peu enfariné, mais l’ensemble lui semble, de façon surprenante, très sexy sur l’instant et Lexie ne peut empêcher cette sensation étrange de faire irruption dans son ventre.
Le rire de Mia vient ensuite enchanter son âme amoureuse, déjà simplement conquise par le fait de pouvoir poser les yeux sur elle après ces quelques jours sans se voir.

« Tu dis ça, mais tu me fais quand même rentrer. C’est que ma technique fonctionne et que les témoins de Jeovah devraient s’en inspirer.» plaisante-t-elle en pénétrant dans la demeure, un sourire amusé flottant sur sa bouche. Sourire qui vient s’échouer sur les lèvres de Mia, lorsque celle-ci enlace son cou pour l’embrasser et l’attirer dans un flot hors de l’espace et du temps. Comme à chaque baiser échangé avec son amante, Lex’ se laisse surprendre par cette vague qui la renverse aussi bien qu’elle la transporte doucement vers ces contrées libres. Son parfum emplit immédiatement ses narines et vient faire courir un léger frisson sur sa peau, malgré la chaleur. Elle sent le gâteau, de quoi rendre Lex’ complètement ivre. D’ailleurs grisée par cette étreinte aussi fugace qu’alléchante, elle met une fraction de seconde avant de répondre avec un sourire tendre : « ça m’avait manqué aussi. ». Mais alors qu’elle aurait aimé serrer davantage ce corps chaud contre le sien qui le réclame depuis des jours et prolonger encore un peu ce contact, elle se laisse entraîner dans la cuisine où Mia s’empresse de leur servir deux verres. L'étreinte qu'elle désire si ardemment attendra un peu.  Lex’ rit doucement à sa remarque

« Ouais je me  suis dit que si j’apportais encore du champagne, tu risquais de croire que j’étais alcoolique… alors que c’est quelque chose que j’essaie de cacher. » rétorque-t-elle en lui tirant la langue.
Puis elle observe le verre dont elle se saisit rapidement, assoiffée.« Sympas, les petits parasols… la plage te manque non ? » Après avoir lancé un clin d’oeil complice à Mia, Lexie avale une gorgée fraîche : son trajet en bus l’ayant laissée complètement déshydratée et la gorge sèche ! Et ça n’a rien à voir avec la chaleur qu’elle a ressenti quelques secondes plutôt, le corps de Mia collé contre le sien ! Non clairement, riiieeen à voir c’est sûr…
Elle jette un coup d’œil aux cupcakes disposés en rangées, aux accessoires et ornements posés à proximité puis repose son verre, avant de s’approcher davantage de la pâtissière.  

« Oh je peux me montrer créative dans beaucoup de domaines. » Lance-t-elle avec un sourire sans équivoque sur le coin des lèvres, avant que ses mains ne retrouvent une de leur place favorite : les hanches de sa belle, qu’elle caresse ensuite. « Cependant, y’en a dans lesquels je suis meilleure que d’autres ». Elle vient goûter de nouveau cette bouche, qu’elle avait quittée depuis déjà trop longtemps. Lex' se laisse alors le temps de se délecter de ce baiser, d'en apprécier chaque caresse, chaque seconde, chaque saveur, soupirant de plaisir. Oui en effet ça lui a manqué... Puis, par peur de manquer d'air, elle se détache légèrement, sans retirer ses mains de la taille de son amante.  Le regard pétillant de malice plongé dans les prunelles de Mia, dans lesquelles elle aurait bien envie de se noyer tout de suite, Lexie poursuit : « T’es pas prête pour ma créativité…. En pâtisserie j’entends bien sûr…. »


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Un sourire en coin pendant que tu joues avec ses doigts.

En général, les témoins de Jéhovah n'ont pas l'avantage d'être aussi canon... ça joue.

Des problèmes d'alcool ? Elle plaisante. Bien sûr qu'elle plaisante. Quoique... les étudiants qui font la fête sans arrêt et se bourrent la gueule chaque soir pour échapper à leurs responsabilités et oublier qu'ils sont en burn-out, ce n'est pas si rare que ça. Rien que l'an dernier, une élève est venue te demander conseil après s'être rendu compte qu'elle était incapable de résister à la pression de son groupe de potes et que ça commençait à influencer ses résultats scolaires.

On gardera le champagne plus tard, chérie.

Oups. C'est sorti tout seul. L'habitude avec Aaron, sans doute... ou tout simplement, l'affection que tu portes à Lexie qui est en train de te dégouliner par tous les pores. Espérons qu'elle n'y ait pas fait attention. Tu sirotes le thé glacé en hochant la tête. La plage te manque, oui - la fin de l'été annonce déjà des journées moins chaudes et ensoleillées. La rentrée approche petit à petit... mais heureusement, on n'en est pas encore là.

Ce nouveau baiser te fait perdre ta concentration... vous parliez de quoi, déjà ? La pression de ses mains sur tes hanches te souffle des envies créatives, toi aussi. Mais vous pouvez vous retenir pendant une heure au moins, le temps de décorer les cupcakes, non ? Non ?! Tu n'en es plus si sûre, maintenant que tu es blottie entre ses bras.

Oh, j'ai hâte de voir ç...

Ta phrase est interrompue par un bruit de clés dans la porte d'entrée. Tes yeux s'agrandissent subitement et les fils s'emmêlent dans ta caboche. What the HELL? Ça ne peut être qu'Aaron : vous n'avez pas d'employé de ménage et c'est le seul à avoir les clés - à part ta mère. Et pour la première fois de ta vie, tu espères que ce soit elle et pas ton mari.

Merde, merde, merde...

Tu relâches Lexie, portes ton regard autour de vous comme pour lui trouver une cachette express. Mais à moins de l'enfermer dans le cagibi, les options sont limitées. Ton cerveau de prof réfléchit à vitesse maximum, et tu attrapes une poche à douille que tu fourres dans sa main avant d'en attraper une à ton tour, regagnant ton poste derrière l'îlot. Des bruits de pas et... Aaron apparaît à l'entrée de la cuisine, vêtu d'un costume trois-pièces.

Chériiii... qu'est-ce que tu fais là ?

Son regard étonné te jauge avant de se poser sur ton invitée.

— Oh, bonjour. Tu as de la compagnie ? Le train a été annulé. On se rend à New York demain.

La présence de Lexie ne semble pas le déranger outre-mesure et il se dirige vers toi pour coller un bisou sur ton front avant d'attraper un cupcake, qu'il fourre dans sa bouche.

— Tu donnes des cours de cuisine, maintenant ?

OUI. Tout à fait. Je t'en avais parlé, tu ne te souviens pas ? Aaron, voici Lexie. Lexie... mon mari, Aaron.

Oh, bordel. Le malaise.

(c) mars.
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Lex’ laisse son ego se repaître de ce compliment, tout en réprimant, avec peine, cette fierté qui l’embrase, comme une simple étincelle déclencherait un feu de forêt en pleine canicule, et dont les restes viennent s'esquisser dans ses yeux, tandis qu’elle rétorque.  

« Encore heureux que tu ne les trouves pas tous canons alors, sinon tu te serais retrouvée avec une assemblée de religieux sectaires dans ton salon, certes beaux comme des dieux, mais alors… bonjour l’angoisse.» Puis elle ajoute avec un soupir dramatique : « Et Je ne sais pas si c’est vraiment un avantage d’être canon …être obligée de fuir constamment les hordes de nanas qui veulent mon numéro de téléphone c’est usant tu sais…  »

Entraînée dans la cuisine, Lex’ laisse Mia leur servir deux grands verres.

Chérie ?! Efface ce sourire stupide de ton visage. C’est très certainement un lapsus. Sans doute. Mais Lexie a bien senti son cœur louper un battement. Et cet interruption du chef a totalement mis en déroute le reste de l’orchestre. Ses jambes se sont stoppées, durant un quart de seconde, une chaleur a envahi ses joues et une sensation à la fois étrange et familière est venue chanter une partition exquise, dont elle a l’impression que les notes résonnent dans le creux de son ventre. Et toujours ce sourire niais sur les lèvres ! Mais elle ne relève pas, se contentant de savourer le surnom affectueux. Lapsus ou pas, elle prend !

Complètement imprégnée de cette ambiance, dont la température semble avoir grimpé de quelques degrés depuis qu’elle a attiré Mia contre elle, Lex’ ne saisit pas immédiatement la raison de la lueur de panique dans les yeux de son amante, qui la repousse rapidement. Elle n’a pas le temps de demander ce qu’il se passe, que Mia lui fourre un objet non identifié dans la main. Un truc pour décorer les gâteaux non ? Putain c’est pas le moment de t’interroger là-dessus ! En effet, la porte d’entrée ne s’ouvre malheureusement pas sur un témoin de Jehovah, mais sur un type à l’air terriblement ahuri.

Lexie n’a pas besoin de se demander de qui il s’agit. Il a les clefs et… Mia vient de l’appeler chéri. Exactement comme elle venait de le faire quelques instants plus tôt en s’adressant à elle. Ses dents se serrent, tout comme son palpitant lorsqu’elle réalise le parallèle et la partition harmonieuse se transforme en une mélodie dissonante et insupportable !
Elle observe l’homme sans rien dire, la mâchoire se crispant davantage (comme si c’était possible), lorsqu’il vient naturellement déposer un baiser sur le front de son épouse. Oui… c’est sa femme Lex’, il n’allait pas lui taper un check hein ! Et… il mange le cupcake même pas décoré ! Vous l’aurez compris tout l’exaspère dans cet homme ! Ab-so-lu-ment TOUT, alors qu'il est dans la pièce, depuis quoi, dix secondes ?

Des cours de cuisine ?? Oh ! c’est pour ça que Mia lui a calé ce truc entre les doigts ! Bien vu Sherlock ! Ben au moins elle n’aura pas besoin de feindre son noviciat en la matière hein.

Au bout de quelques secondes de silence, Lexie se rend compte que c’est à elle de parler. Putain, ça la débecte tellement de devoir saluer Aaron, qu’elle songe durant quelques instants à lui faire croire qu’elle ne parle pas l’anglais, mais Mia s'étant adressée  à elle devant lui,  est venue niquer son plan. Plan foireux si tu permets à ta conscience de s’exprimer, tu aurais prétendu parler quoi d’autres comme langue ? Le seul truc que tu sais dire en Espagnol c’est Tortillas, Mojito et Playa, on aurait été loin avec ça ! Bref pas le choix. Elle arme ses lèvres d’un sourire poli, préparée à affronter cet échange.  

« Bonjour, enchantée. »

La facilité avec laquelle elle a réussi à mentir la surprend elle-même. Car « enchantée » n’est pas le mot. Horrifiée, dégoûtée, furieuse auraient été des termes plus appropriés à son sentiment actuel. Il l’horripile là, à mâcher allègrement le gâteau qu’ELLES étaient censées décorer, puis manger ensuite.
Et Lexie tend la main vers celui qui est venu interrompre leur petit rendez-vous, qui avait si bien commencé et se demande si ça vaudrait le coup d’essayer de lui broyer les doigts, juste comme ça, par vengeance personnelle. Elle voudrait ne pas mettre Mia dans la merde, plus qu’elle ne l’est déjà, et en même temps recouvrir la face de ce mec de chantilly. Heureusement, Mia gagnera toujours le moindre duel dans son esprit : Laisse tes pensées intrusives de côté et contente toi de jouer l’élève attentive, tu sais faire normalement non ?
Normalement, mais y’a rien de normal dans leur situation là !

"Je débute juste, mais Mia est une excellente prof !"

Quoi de mieux deux vérités pour cacher un gros mensonge ! Allez ça ne devrait pas être bien compliqué de tenir cette mascarade le temps nécessaire ! Puisqu'il faut en passer par là... Si Aaron ne l'agace pas trop, Lexie devrait arriver à garder ce rôle, puisque techniquement c'est le sien habituellement, dans un autre contexte bien sûr. Oh gosh, j'ai peur...


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Des hordes de nanas ? C'est mignon, cette fausse arrogance. Ça a même quelque chose de terriblement sexy... car tu es parfaitement consciente que Lexie dit ça juste pour titiller ta jalousie. Tu aurais bien aimé en profiter plus longuement, mais malheureusement, l'arrivée surprise d'Aaron met tous vos projets à l'eau.

Il y a un moment de battement, pendant lequel tu pries le Ciel de ne pas vous tomber sur la tête, parce que c'est réellement l'impression qui te traverse lorsque ton cher époux se met à mâcher bruyamment un de vos gâteaux et que Lexie l'observe d'un œil... hostile ? Puis, enfin, le verdict. Enchantée. Tu doutes qu'elle le soit vraiment, vu les circonstances, mais tu soupires discrètement de soulagement en l'entendant prononcer le mot magique. Tu retiens une grimace en les voyant échanger une poignée de mains.

— Et pourtant, elle a jamais réussi à m'apprendre ! ricane-t-il, la bouche pleine.

Pourquoi il s'enfonce comme ça, lui ? Il peut pas juste... la fermer et aller bosser ?

Hem, du coup, tu vas retourner au bureau, ou...?

Tes grands yeux le fixent en cillant, l'air de dire "ou tu vas nous faire chier toute la journée ?" Il semble capter l'avertissement puisqu'il lève les deux paumes devant lui.

— Aucune chance ! J'ai mon aprem de libre et je compte bien en profiter pour regarder le match. Mais... j'serai au salon. Je vous dérangerai pas. Continuez !

Il recule vers ledit salon en t'adressant un clin d'œil complice. Une partie de toi a envie de hurler, l'autre se demande quand même comment il peut croire à une telle mascarade. Si Lexie était un garçon, sans doute qu'il aurait plus de soupçons... et c'est aussi dérangeant que rassurant. Une fois Aaron disparu de la cuisine, tu te retournes vers Lexie avec une moue déconfite.

Je suis. Tellement. Désolée.

C'est quoi la suite ? Vous faites vraiment semblant d'être en plein tutorat cuisine ? Sans pouvoir vous toucher ou parler franchement ? Non... tu ne veux pas lui infliger ça. D'un autre côté, tu n'as aucune envie qu'elle parte.

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Ne lui broie pas les doigts, ne lui broie pas les doigts, reste cordiale, civilisée….

— Et pourtant, elle a jamais réussi à m'apprendre !

« Ben c’est peut-être juste que t’es trop con hein. » c’est ce qu’elle aurait eu envie de répondre, si elle s’était autorisé le roues libres et si cette remarque ne l’avait pas complètement sonnée. Comment peut-il sous-entendre comme ça, sans pression, l’incompétence de son épouse ? Cette phrase vient allumer un incendie dans le regard de Lex’ et elle se trouve incapable de rétorquer quoi que ce soit, la colère ayant paralysé ses membres, son corps et son esprit, par sa soudaine montée en puissance. C’en est déroutant et une étincelle saute pour enflammer un brasier nouveau en son sein, laissant les flammes d’une furieuse envie de monter à l’assaut, afin de défendre l’honneur de Mia, la submerger alors. Sa mâchoire contractée et ses épaules tendues sont les seuls signes visibles, qui pourraient révéler le combat qui se joue en elle, entre ses émotions et sa conscience, qui tente d’éteindre ce feu, par tous les moyens.

Occupée à contenir tout ça, elle n’écoute que d’une oreille la conversation du couple. « Le couple », pourquoi ce mot  vient tirailler douloureusement sa poitrine, comme un coup de poignard dans son coeur ? Pourquoi aujourd’hui surtout ? Alors que, jusqu’ici elle était pertinemment consciente que Mia était mariée. La réponse est évidente, mais Lex’ n’est pas prête à l’entrevoir ou l’imaginer car elle serait beaucoup plus violente à encaisser que tout le reste. Elle voit bien ce que son coeur, son corps, son être entier essaient de lui crier, mais c’est tellement plus simple d’ignorer. Juste un peu de répit un peu, encore un peu. On verra ensuite...

Son attention s’éloigne subitement de son esprit : Comment ça il compte rester là?! Sérieusement ?! C’est chez lui Lex’ encore une fois… techniquement c’est toi l’intruse dans cette maison. Cette dernière en a conscience et c’est bien ce qui lui est difficile à supporter.  Elle suit des yeux Aaron, alors qu’il quitte la pièce. Si un regard pouvait tuer, il serait certainement mort sur place, foudroyé. Mais la voix de Mia parvient aux oreilles de Lex’ et vient doucement apaiser toute cette amertume, et toute cette fureur qui hurlaient en elle, comme une douce pluie tombe sur un feu de camp, pour en diminuer les flammes. Lexie reporte alors son attention sur elle, et offre un pauvre sourire à la moue déconfite de son amante.

« Tu pouvais pas prévoir t’inquiète. C’est pas de ta faute si son train a été annulé. » Elle perd son sourire et soupire, agacée à cette simple pensée. Et maintenant ? La raison lui soufflerait de partir, mais la prudence lui rappelle qu’elles sont censées avoir un cours de cuisine. L’idée de rester ici la répugne au plus au point, parce qu’elle le sait présent, parce qu’elle le voit encore déposer ses lèvres sur le front de Mia, parce qu’elle ne peut pas faire de même là tout de suite, tandis qu’elle en meurt d’envie.  Mais… en même temps, elle ne souhaiterait pour rien au monde quitter ces yeux, ce regard dans lequel elle aime se perdre et qui la fixe en pleine expectative.

« Si je pars maintenant il va se douter de quelque chose… » et si je reste et qu’on gaffe ce sera pire… pense-t-elle. « Après tout, il a bien sous-entendu que t’étais pas capable de lui apprendre un truc en cuisine. »

Non, t'es pas sérieuse là ?!

Elle raffermit sa prise sur le… truc ? que Mia a fourré dans sa main quelques minutes plus tôt, le regarde quelques instants avant de reposer ses yeux sur elle, et arrive à esquisser un petit sourire en coin :  « On lui montre que ta pédagogie est parfaite ?» Putain, c’est complètement dingue… Rester ici est la pire idée du siècle, mais partir mettrait Mia dans une situation plus qu’embarrassante et Lexie ne veut pas lui infliger ça. Elle ne peut pas la laisser, pas comme ça et si ça implique de supporter encore son mari et ces visions insupportables de leur affection, malgré la peine que ça semble lui infliger, (alors que ça ne devrait pas d'ailleurs), très bien ! Lexie est prête !



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Non, ce n'est pas de ta faute - on pourrait aller jusqu'à dire que ce n'est la faute de personne, sinon celle de ce foutu Univers qui a décidé de vous mettre des bâtons dans les roues. C'est peut-être le karma, hein... ou ta mauvaise conscience qui se manifeste dans ces imprévus désagréables, comme pour t'empêcher, encore et toujours, d'être heureuse.

Il a oublié de mentionner qu'il n'a ni la patience ni le talent pour apprendre.

Et toc ! Dans les dents, le Aaron ! Ce n'est pas comme si tu n'avais jamais essayé de lui enseigner quelques recettes... mais à part votre amour commun des films de science-fiction et des jeux de société, finalement, les intérêts partagés se comptent sur les doigts d'une main. Mais c'est déjà plus que pour la plupart des couples qui sont ensemble depuis aussi longtemps que vous, non ? On se rassure comme on peut...

Le contexte ne pourrait pas être pire. Tu es coincée dans ta propre cuisine avec ton amante (et élève) alors que ton mari est affalé dans le salon devant la TV. Mais... Lexie a raison. Autant profiter de ce moment à deux, autant pour vous que pour lui en boucher un coin.

Sur un hochement de tête déterminé, tu récupères la poche à douille et entreprends de montrer à Lexie comment réaliser de jolis motifs sans déborder. La blonde s'applique telle l'étudiante zélée qu'elle est toujours, et visiblement, son désir de prouver à ton mari qu'il a tort la rend encore plus concentrée et déterminée. Les arabesques sont jolies, précises et bien dessinées, cependant... ses mains sont pleines de pâte à sucre, ainsi que le plan de travail de son côté.

Après une bonne demi-heure de labeur, tu saisis doucement ses doigts pour en porter un à ta bouche, que tu suçotes légèrement pour le débarrasser de la pâte bleutée. T'es complètement folle... il est dans la pièce à côté. Juste à côté. Et pourtant, l'idée ne fait qu'amplifier les battements dans ta poitrine. Ton apprentie te fixe, ahurie, une lueur étrange luisant au fond de ses pupilles.

— Qui aurait cru que Mia Campbell aimait le risque ? souffle-t-elle avant de poursuivre avec un sourire en coin, tu sais que si tu continues de faire des trucs pareils, j'suis pas sûre de contrôler mes prochains gestes…

Sa gourmandise ne t'étonne plus, or même si tu as le goût du risque depuis que tu la connais, tu n'en es pas au point de la laisser aller plus loin... car tu la connais désormais assez pour savoir qu'elle n'aurait pas peur, elle.

C'était juste... un avant-goût. De ce qui t'attend la prochaine fois qu'on se verra. En privé, ajoutes-tu en haussant un sourcil.

Tu relâches son poignet en imitant son sourire, et presque au même moment, des pas se font entendre dans le couloir.

— Allumeuse, a-t-elle le temps de répliquer avant de refermer la bouche aussitôt.

Aaron doit avoir un radar, c'est pas possible... il refait irruption dans la cuisine, désormais vêtu d'un T-shirt et d'un jogging.

— Le cours se passe bien ? (Il passe en revue les cupcakes décorés, avant de s'attarder sur le plan de travail.) Ah ouais... j'espère que tu apprends aussi à tes élèves à nettoyer après eux, chérie.

Son clin d'œil te hérisse le poil. Il le fait exprès... et tu sais très bien pourquoi. Ce Aaron désagréable n'apparaît que dans deux scénarios : quand une de ses équipes favorites vient de perdre un match, ou... lorsqu'il est jaloux. Vu qu'il était devant la télé, impossible de savoir laquelle de ces deux raisons est en cause.

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Tour de contrôle nous avons perdu le contact depuis une minute, réveillez-vous ! Tour de contrôle !

Il faut dire que son cerveau a complètement déconnecté le système, quand Mia a décider de vriller en bravant le danger et en venant mettre son doigt dans sa bouche. T’as une mauvaise influence sur elle, tu sais ça ? Et cette pensée ravit son esprit rebelle au plus au point ! Puis... la promesse sexy de son amante a achevé Lexie !  
 
Heureusement, enfin façon de parler, la remarque d’Aaron vient rallumer l’ensemble des connexions dans l’encéphale de l’étudiante. Non mais vraiment pour qui il se prend ?! Il n’a pas participé (encore heureux) et se permet une remarque, même pas adressée à la concernée en plus !  Cette dernière dissimule son agacement dans un sourire crispé et tente au mieux de contrôler les mots qui sortent de sa bouche…

« L’élève n’a pas vraiment besoin de cette leçon là, à vrai dire vous nous avez interrompues, pile au moment où Mia m’a intelligemment suggéré de me laver les mains d’abord... » . S’il savait ce que son épouse venait de faire pour…. « Nettoyer » ses doigts.

- Vous m’avez l’air d’avoir fini non ? Il observe les plateaux recouverts de cupcakes

Ouais et sans ton aide hein ! pense-t-elle

Mais Lex’ n’a pas le temps de commenter quoi que ce soit, qu’il félicite son épouse et l’embrasse sur les lèvres. Aïe ! Quel pincement bizarre au coeur ... Elle détourne le regard, refusant d’être témoin de cet acte d’affection, qu’elle même ne peut se permettre. Encore une fois, elle ne comprend pas cette douleur et veut la refuser, parce qu’elle en a honte ou ne s’en sent pas légitime. N’est-elle pas censée être au courant que Mia est mariée ?... Mais il y a une différence entre le savoir et faire comme si ce n’était pas le cas, et voir se jouer ces scènes terribles devant ses yeux.

- Merci. Bon match ?

Le fait que son amante semble expédier ce baiser vient quelque peu réchauffer son coeur en une maigre consolation… Mais le pincement dans sa poitrine demeure en une douleur sourde.

- Un désastre, j’ai besoin d’un remontant. Je peux ?

Il accroche son regard avec celui de Lex’. Woah il demande ?! Depuis quand son avis semble compter ? mais… on va pas s’en plaindre hein.
Elle empêche son sourire de se fendre en un rictus sardonique et renchérit : « Ah je sais pas, pour avoir droit d’y goûter faut avoir participé. Mais vous tombez bien, il manquait justement plus que la partie vaisselle... » dit elle en désignant tous les ustensiles à nettoyer. 

Et vlan ! Allez ! NON mais t’es pas bien ?! Rhooo ça va, c’est lui qui a commencé avec sa remarque sur le nettoyage !
Mais il ne semble pas mal le prendre puisqu’il émet un petit rire, que Lex’ trouve diablement agaçant mais moins que la réponse qu’il lui donne :

- Je pense que ma participation à l’achat des ingrédients compte amplement.

Il se saisit d’un cupcake, croque dedans à pleine bouche, et lui dédie un sourire qu’elle a envie de faire disparaître de sa tête d’abruti. Mais heureusement pour la survie de ses dents ou de son ego, il quitte la pièce, les laissant de nouveau seules.

« « Je pense que ma participation à l’achat des ingrédients compte amplement » » l’imite-t-elle agacée  « c’est pas parce que t’achètes la lessive, que tu participes à laver le linge hein pffff ! »

Lex entend le soupire de Mia, reporte son attention sur elle et se sent immédiatement coupable de ressentir cette colère… après tout, celle qui se trouve dans la pire des situations, c’est bien elle. Bon sang quelle égoïste, elle fait !

— Il a été exécrable... il est toujours comme ça quand son équipe perd. Je suis désolée. Encore.

Lexie l’observe se frotter les yeux, comme si elle était épuisée par cette altercation. L’étudiante se rapproche de son amante pour la saisir par les épaules et l’inviter à soutenir son regard.

« Mais, tu vas arrêter de t’excuser à sa place ? T’es pas sa mère hein. Et c’est… moi qui suis désolée d’avoir répondu à ses provocations, c’était… débile de ma part. »

Immature surtout.

— Non, c'était plutôt... amusant.

Mia relève le regard vers elle, sourire en coin. Ce sourire est contagieux et  Lex’ le laisse glisser sur ses propres lèvres et rétorque en passant une main dans ses cheveux toujours quelque peu embarrassée. « Amusant ? Je ne vois pas en quoi, mais heureuse de voir que tu ne m’en veux pas. »

Son amante soupire ce pendant.
- Cette journée ne s’est pas passée comme je l’avais imaginée.

Oui... ça, Lexie s'en doute, mais elle n'en veut pas à Mia, pas le moins du monde. Elle en veut au karma, au destin, à la compagnie des transports ferroviaires, à Aaron, mais pas à Mia...

« ça ne se passe JAMAIS comme on l’imagine Mia Campbell, c’est un peu ce qui fait de la vie une aventure. Bon même si là j’avoue que j’aurais aimé que l’aventure se termine autrement… » rit-elle doucement. Puis Lexie caresse son épaule en un signe de réconfort.  « Mais on rattrapera le coup. Je peux te proposer de venir chez moi. J'vis seule, mes voisins n’ont rien à voir avec l’université et la seule personne qui viendra toquer à la porte sera le livreur de pizzas, ou de suhis, ou de ce que tu voudras manger...enfin si tu veux bien sûr. »

Son amante fait mine de réfléchir puis accepte :

— Marché conclu. J'apporterai la pizza pour me faire pardonner.

« Parfait alors ! On se tient au jus ! »
Elle se baisse pour saisir son sac dans l’entrée, se relève, fixe alors la bouche de Mia, qu’elle voudrait tellement venir capturer, mais… n’ont-elles pas déjà pris beaucoup trop de risques pour aujourd’hui ? Pourtant qu’est-ce qu’elle en meurt d’envie !

Elle mordille doucement sa propre lèvre inférieure et murmure : « Sache que j’ai terriblement envie de t’embrasser pour te dire au revoir là… »

Son amante met un index contre sa propre bouche avant de lui envoyer un baiser soufflé. Lex’ sourit avant d’ouvrir la porte et de se diriger vers l’allée.

« On rattrapera ça au prochain cours de cuisine... » lance-t-elle avec un clin d’oeil en reculant dans le jardin.
Après un dernier signe de la main, elle se retourne et quitte la propriété, un sourire aux lèvres, mais une nouvelle blessure au coeur, qu'elle décide pourtant d'ignorer.


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