troublemakers (Émile)

05/08/2023

Cambridge, Massachusetts ☽ Vendredi 11 août 2023 ☽ Soir ☽ TW : alcool, mention de morts, de visions et de fantômes

Ce soir tu ne travaillais pas et tu te voyais mal rester chez toi sans rien faire. L'oisiveté ce n'était pas du tout ton truc alors il fallait t'occuper. Tu voulais juste anesthésier ton esprit qui carburait, annihiler tes pensées, juste faire taire ce brouhaha épouvantable qui résonnait dans ton crâne. Tu ne voulais pas voir Sarah ni toutes les ombres qui l'entouraient, tu voulais être normal pour une fois, juste ordinaire, d'un ennui a pleurer. Cela faisait plusieurs jours que tu avais cette sensation d'étouffer, l'angoisse qui te tordait les tripes. Tu t'étais habitué à ce mal de tête qui te vrillait les tempes, tu t'en accommodais tant que cela ne dégénérait pas en migraines qui te clouaient au lit. Tu donnerais cher pour pouvoir dormir d'une traite, sans rêves, sans cauchemars. Tu avais la gueule à l'envers et des cernes énormes qui te donnaient l'air d'être au bout du rouleau, mais tu mettais ça sur le compte de ton rythme de vie effréné, tu travaillais trop et négligeais ton repos. Tu étais seulement en train d'envisager de rentrer chez toi quelques jours, pas vraiment pour recharger les batteries mais pour aller voir ta famille, tout du moins celle de Sarah parce que tu n'étais même pas certain que tes parents seront là. En attendant de rejoindre ton Nebraska natal, tu occupais tes journées et tes nuits comme tu en avais l'habitude. Il te tardait que tout le monde commence à rentrer du summer camp pour retrouver tes potes ainsi que ces filles que tu côtoyais intimement. En attendant, tu t'occupais comme tu pouvais, gardant contact avec ceux qui étaient loin et sortant avec ceux qui étaient tout près. Émile, en l'occurrence, était quelqu'un que tu connaissais depuis peu, tu l'avais rencontré dans une librairie et vous aviez plus ou moins commencé à sympathiser, chose étonnante quand on connaissait ton caractère quelque peu irascible aux premiers abords. Tu lui avais donné rendez-vous dans un bar à jeux pour commencer la soirée. Ça se situait dans le même coin que le Hocus Pocus, ça restait un périmètre connu et tu pouvais réagir si quoi que ce soit arrivait. Mais il n'y avait aucune raison qu'il arrive quelque chose, n'est-ce pas? On ne sait jamais après tout, comme Émile n'avait pas l'habitude de sortir de son trou il fallait s'attendre à tout. Tu étais tout de même très mauvaise langue parce qu'un bar à jeux c'était complètement inoffensif. Tu attendais donc Émile, te demandant s'il allait se pointer. Tu avais posé ta veste en cuir sur le dossier de ta chaise et tu avais déjà commencé à grignoter quelques trucs. Quand tu vis ton nouveau pote arriver tes lèvres s'étirèrent en un sourire narquois. "Jusqu'au dernier moment je pensais que tu allais te dégonfler." Tu lanças en guise de salutations, le mettant au défi d'emblée. "Alors, qu'est-ce que tu en penses?" Tu travaillais dans le coin alors tu connaissais les tuyaux, puis l'endroit était un temple des jeux de société alors ce n'était pas rare que quelques Kirkland s'y retrouvent pour se détendre après les cours. "Ne me dis pas que tu avais peur de ce que je te réservais?" Il faut dire que tu avais été très mystérieux et tes surprises n'étaient pas toujours bonnes, tout dépendait en réalité si tu avais envie d'emmerder le monde. Ton sourire satisfait ne quittait pas tes lèvres. Tu t'étais bien gardé de lui dire qu'après, éventuellement, tu avais l'intention de le traîner autre part, peut-être dans une boîte qu'il y avait dans le coin si tu n'avais pas la flemme à ce moment là. Après tout, chaque chose en son temps.

@Emile Mitchell

(Landon Fabre-Spencer)

Les yeux rivés sur mon téléphone, l'heure fatidique approchait. J'avais redouté toute la journée cette soirée, j'avais même hésité à envoyer un message à la dernière minute pour inventer une excuse d'un possible empêchement. Comme à mon habitude, je regrettais d'avoir accepté, je me sentais complètement emprisonné par mes propres choix, impossible de m'en défaire, pris dans la peur d'y aller, mais de la honte d'annuler après m'être engagé. Mon cerveau fonctionnait à cent à l'heure. Alors, ni une, ni deux, je m'emparai de mes affaires pour sortir de mon appartement. Le seul moyen de faire taire ces voix dans ma tête, c'est d'agir sans réfléchir. Je le sais, je connais l'attitude à avoir pour combattre cette anxiété, mais c'est tellement plus facile à dire qu'à faire. Plus je marchais en direction du lieu du rendez-vous, plus je craignais de ce qui m'attendait. La fameuse peur de l'inconnu, car au final je ne le connais pas tant que ça ce fameux Landon. Dans quoi je m'embarquais encore...

Je pris une grande inspiration avant de pénétrer dans ce lieu. Il n'avait pas menti dans son message. Il avait l'air plus à l'aise que moi sans aucun doute. Je souriais en me rapprochant pour le saluer. "Nan, mais pour qui tu me prends ?" riais-je. Oui j'avais eu l'intention de me dégonfler c'est bien ça le pire dans l'histoire. Je jetai un coup d'oeil sur tout ce qui m'entourait. A ma petite échelle, j'étais impressionné du lieu. "Moi ?! pas du tout voyons !" Mon regard croisait le sien. Je savais qu'il savait. "Bon ok peut-être un peu, mais en même temps ce n'est pas comme si on se connaissait depuis longtemps tu aurais pu être un psychopathe, we never know" fis-je sur le ton de la blague. "Et du coup c'est dans ce dit endroit que tu comptes perdre ?" Un petit pic tout ce qu'il y a de plus innocent. "Tu as l'air de connaître cet endroit ou je me trompe ?" Quelque chose me dit que je pars avec un léger désavantage dans ce début de soirée.

(Invité)

05/08/2023

Cambridge, Massachusetts ☽ Vendredi 11 août 2023 ☽ Soir ☽ TW : alcool

Tu étais visiblement très fier de ton coup et tu ne cherchais pas vraiment à le dissimuler. Ton sourire narquois parlait pour toi. Tu ne pouvais pas t'empêcher de titiller Émile dès son arrivée. C'était comme un rite de passage, tu testais quiconque rentrait dans ta vie, les mettais à l'épreuve de façon plus ou moins subtile. Tu voulais savoir comment ils allaient se comporter sur le long terme, pour que tu saches si ça valait la peine de les garder dans ton entourage, sinon cela reviendrait à te faire perdre du temps et tu détestais perdre ton temps pour quelque chose - ou quelqu'un- qui n'en valait pas la peine. Tu étais beaucoup trop sélectif dans tes relations interpersonnelles, qu'il s'agisse de relations amicales ou amoureuses pour traîner avec quelqu'un juste comme ça. "J'avoue que j'aurais été déçu." Tu répliquas, en tournant ta paille dans ton verre rien que pour écouter les glaçons tinter contre le verre. "Les gens sont tellement prévisibles de nos jours." C'était une façon polie de dire que les gens lisses et sans surprises étaient à mourir d'ennui. Tu appréciais les personnes plus franches, avec du caractère, parfois très différentes de toi pour te challenger sur le plan intellectuel. Ton sourire s'élargit en entendant la suite. "Un psychopathe?" C'était surprenant comme réponse mais pourquoi pas? En tout cas Émile faisait preuve d'une certaine franchise en avouant sans ambages qu'on ne savait jamais sur qui on pouvait tomber. Tu hochas la tête. "En effet, ce n'est pas marqué sur la tronche des gens sinon ils seraient plus faciles à repérer et à éviter, tu ne crois pas?" Les vrais psychopathes étaient presque impossibles à détecter car ils donnaient le change en société et on pourrait leur donner le bon dieu sans confession - ce qui n'était clairement pas ton cas car tu avais la flemme de jouer un rôle pour plaire aux autres, en réalité tu t'en fichais de l'opinion que les gens pouvaient avoir de toi. C'était à prendre ou à laisser et si ça ne matchait pas, tant pis, ça ne t'empêchera pas de dormir pour autant. Tu haussas un sourcil quand il osa te piquer, faisant écho à votre échange de messages. "C'est que tu prends la confiance en plus." Ça commençait à t'amuser, et à t'intriguer. Tu avais envie de gratter un peu, de le pousser dans ses retranchements, de voir ce qu'il avait dans le bide. "Mais oui, je connais bien cet endroit, j'y viens souvent avec d'autres membres de ma confrérie. " Tu haussas un sourcil. "J'étudie à Harvard." Tu précisas alors. "Je suis en stratégie d'entreprise." Ce n'était pas tant pour te vanter que pour remettre les choses dans le contexte que tu donnais toutes ces informations, parce ce truc de confrérie, ça ne parlait pas forcément à ceux qui ne côtoyaient pas les grandes universités. Tu aspiras un peu de ta boisson. "Redis moi ce que tu fais dans la vie, déjà?" Émile allait devoir s'y habituer, tu posais toujours des tas de questions. Tu voulais simplement comprendre la personne que tu avais en face de toi, ce n'était pas de la curiosité mal placée. Tu ne faisais que collecter des informations, rien de plus.

@Emile Mitchell

(Landon Fabre-Spencer)

❊FAITH

But that was just a dream, that was just a dream.

Je n'étais pas des plus à l'aise dans cet endroit qui me sortait complètement de ma routine. Je ne savais pas si cela pouvait se faire ressentir, mais je tentais de prendre sur moi afin de ne laissait paraître aucune gêne ou faiblesse qui pourrait faire en sorte que mon interlocuteur se moque de moi ou décide de passer sa soirée en meilleure compagnie qu'avec une personne inintéressante. Oui, je n'étais pas la personne la plus intéressante de Boston, je me qualifiais même de quelqu'un d'ennuyant et vraiment pas fun, alors lorsqu'il évoqua les gens trop prévisibles, je ne pus m'empêcher d'avoir l'air légèrement plus crispé tout en essayant de ne rien laisser paraître. Ma vie entière était prévisible. La même routine tous les jours, suivi des mêmes activités et des mêmes conversations. Une part de moi mourrait d'envie de pimenter tout ça, mais mes démons prenaient le dessus bien trop souvent, ce qui m'empêchait de vivre.

"J'avoue que ce serait bien que ça soit marqué sur leur front, ça nous éviterait bien des malheurs" Je m'imaginais à l'instant si tout le monde portait une étiquette sur le front qui les mettrait dans une catégorie précise afin qu'on puisse en une fraction de seconde, cerner le personnage. En y réfléchissant bien, je n'étais pas sûr que cette histoire soit en ma faveur. "Prendre la confiance ? Je suis juste réaliste" fis-je sur le ton de l'humour, alors que j'étais tout le contraire de quelqu'un de confiant.

Je prenais place à ses côtés. "Toi qui viens souvent, tu me conseilles un truc à boire ?" c'était plus facile pour moi de faire aiguiller plutôt que de devoir faire un choix. Si je devais y glisser un billet, autant que je choisisse bien et étrangement, je lui faisais confiance à ce niveau là. Tout en l'écoutant, je fronçais les sourcils, pas sûr de saisir le sens de sa phrase avant qu'il y apporte des explications. "Je pensais que tu faisais partie d'une secte, j'ai eu peur" Ce monde était tellement inconnu pour moi. L'université, je ne voyais ça que dans les séries. C'était très étrange de rencontrer un étudiant qui sortait tout droit d'Harvard. J'avais l'impression d'être le personnage d'un des romans que j'aimais lire, tant cela me paraissait trop....irréel. "Wow...Harvard quand même ..." j'étais impressionné par ses études et son école. J'étais conscient qu'il n'était pas facile de faire partie de cette élite prestigieuse. "Je travaille au Discovery café" Mon ton avait été un peu hésitant, car après une telle annonce, j'avais limite l'impression que mon travail se résumait à faire la manche auprès des clients. "Ouais, c'est beaucoup moins waouh" Je riais, préférant faire de l'humour autour de la situation dans laquelle je n'étais pas à mon avantage.

@Landon Fabre-Spencer

(Invité)

05/08/2023

Cambridge, Massachusetts ☽ Vendredi 11 août 2023 ☽ Soir ☽ TW : alcool

Ton regard aiguisé capta la légère tension du jeune homme qui se trouvait face à toi. Toujours aussi imperturbable, tu portas ton verre à tes lèvres pour en boire une longue gorgée. Cela pouvait sembler anodin mais tu avais tiqué sur le terme de psychopathe, non parce que tu sentais vexé parce que l'on t'avait qualifié ainsi mais parce que force est de constater que tu cochais presque toutes les cases. Toi aussi tu étais solitaire, avec des passe-temps un peu bizarres, doté d'une intelligence particulièrement avancée qui impliquait que tu ne parlais pas le même langage que les autres, sans compter ton indifférence, voire ton mépris pour les émotions des autres que tu qualifierais volontiers de sensibleries. Pourtant, quand bien même tu avais tes secrets, tu n'avais pas ce genre de déviances, tu avais eu une enfance ordinaire et tu n'avais pas vécu de traumatisme particulier. Sauf Sarah. Devinant que tu t'aventurais sur un terrain dangereux, tu chassas cette idée aussi loin que tu pus. Tu t'interrogeais toujours sur ce terme quand la réflexion d'Émile te tira de tes pensées. Physiquement, tu étais présent, mais mentalement c'était autre chose. Tu ne perdais pourtant pas une miette de cette conversation. Tu disséquais chaque mot, chaque expression du jeune homme qui était face à toi, pour ensuite les digérer et te faire ta propre idée. Il faut dire qu'entre ce que les gens affirmaient et ce qui était avéré il y avait tout un monde. "Réaliste, vraiment?" Tu t'enquis avant de croiser tes mains sur la table, te penchant légèrement pour occuper le plus d'espace possible, t'imposer. "Ils ont des cocktails assez sympa, il faut bien se montrer créatif pour susciter l'intérêt d'une bande de geeks." Des cocktails, il y en avait pour tous les goûts, du plus classique comme le cosmopolitan aux créations originales qu'on ne retrouvait pas ailleurs. Dis-moi ce que tu bois et je te dirai qui tu es. "Les confréries sont un peu des sectes quand on y pense." Tu dis tout en appelant un serveur pour que vous puissiez commander. "Chacune à son mode de fonctionnement qui lui est propre, et ce qui s'y passe n'en sort pas, ce qui leur donne tout de suite un côté attrayant, mystérieux." Sans compter les abus qu'il y avait eu les années précédentes, conduisant les maisons historiques à leur extinction pour être remplacées par d'autres. Bref. Tu pris exactement la même boisson que d'habitude et tu laissas Émile choisir la sienne. "Il n'y a pas de sot métier." Tu fis remarquer quand Émile te dit que c'était moins waouh que étudier à Harvard. "Je nettoie bien la merde des autres pour gagner ma vie parce que ma bourse seule ne suffit pas à couvrir les frais de scolarité et tout ce qu'il y a à côté." Tu entendais par là les sorties, les activités, ou même les séjours comme le summer camp ou le spring break auxquels tu ne pouvais pas participer faute de moyens. Tu tournas l'agitateur dans ton verre. D'humeur salée, tu avais opté pour un bloody Mary et tu avais mis la dose de tabasco pour relever le goût du jus de tomates. "Et donc, pourquoi le Discovery Café? Je ne connais pas, quelle ambiance on peut y retrouver si on décide d'aller là bas?" Tu étais curieux de savoir comment il décrivait son lieu de travail, ce que ça lui inspirait. Tu étais à peu près certain que c'était plus glamour que balayer par terre ou nettoyer les chiottes au Hocus Pocus, même si en contrepartie tu pouvais faire des spectacles de magie.

@Emile Mitchell

(Landon Fabre-Spencer)

❊FAITH

But that was just a dream, that was just a dream.

Réaliste, je ne l'étais pas vraiment. J'essayais juste d'avoir un semblant de confiance en moi face à ma nouvelle connaissance, mais avouer ce qu'il en était vraiment le ferait fuir à tous les coups. Qui voudrait passer une soirée avec ma personne ? Je n'étais pas la compagnie la plus fun de Boston, d'autant plus que je n'aimais pas faire perdre un temps précieux aux autres. Sensation que j'avais pour ainsi dire presque tout le temps. Cette impression d'être toujours de trop ou bien de déranger. Néanmoins, ce soir-là, j'avais décidé de prendre sur moi et d'essayer de faire en sorte que mes pensées intrusives me fiche la paix le temps d'une soirée. J'avais conscience que l'alcool n'était pas la solution pour passer outre cela, mais j'avais besoin d'un petit coup de boost et dieu seul sait que l'alcool aide pas mal dans ces cas là. Je pris un entre deux, une boisson ni trop forte -ne sachant quel degré d'alcool je pouvais supporter puisque je buvais uniquement des bières à quelques rares occasions- ni trop douce -afin d'être un minimum désinhiber- "ça m'a toujours un peu fait flipper toutes histoires de sectes. Tu sais, avec tout ce qu'on entend, ces histoires de bizutage" Je comprenais l'envie de faire tout et n'importe quoi pour appartenir à un groupe -j'aurais d'ailleurs foncé la tête baissée dedans si j'avais eu la chance de faire des études- "et quelle est ta secte du coup ? Enfin ta confrérie je veux dire" j'étais curieux d'en apprendre plus sur un monde qui m'avait toujours intrigué et qui pourtant m'était totalement inconnu.

Nos boissons arrivées sur la table, je pris mon verre en le levant comme pour dire "à la tienne" avant d'y tremper mes lèvres et de faire la grimace. Je n'avais vraiment pas l'habitude de boire des trucs forts. "la plénitude, le calme, le côté apaisant de pouvoir juste se poser avec son café, discuter avec ami sous une musique plutôt chill" j'avais réussi à sortir tout ça malgré la gorge qui brûlait légèrement. "Tout va bien" j'étais amusé de moi-même et de mon peu de tolérance à l'alcool. Je suis vraiment trop fragile parfois, je me fatigue moi-même. "J'ai juste plus l'habitude de boire des bières" dans tous les cas, j'avais bien l'intention de le finir quoi qu'il m'en coûte. Fort heureusement, je ne travaillais pas demain, j'avais donc tout le temps pour m'en remettre, ne sachant pas ce que me réservait la suite de cette soirée.

@Landon Fabre-Spencer

(Invité)

05/08/2023

Cambridge, Massachusetts ☽ Vendredi 11 août 2023 ☽ Soir ☽ TW : alcool

N'importe qui pourrait tuer pour rentrer à Harvard. Pour certains, c'était le rêve de toute une vie, la consécration. Comme tu le disais si bien, ça t'en tapait une sans faire bouger l'autre d'y étudier. Tu songeais même à abandonner pour faire autre chose, quelque chose qui te correspondait vraiment. Cela faisait longtemps que tu ne te sentais pas à ta place parmi tous ces gosses de riches qui se pavanaient dans les couloirs de l'université, comme si tout leur était dû. En fait tu les méprisais profondément. Ce n'était pas de la jalousie, ça non. Tu ne voudrais surtout pas leur ressembler et perdre de vue qui tu étais. Tu appartenais simplement à un autre monde. Ce n'était pas la première fois que tu te sentais à part, comme étranger au monde qui t'entoure. Tes parents, soucieux de donner l'illusion de la normalité, s'étaient inquiétés de ton intelligence émotionnelle proche de zéro, de ton indifférence face aux autres - alors qu'à côté de ça, tu avais des amis imaginaires, c'était tout du moins ce qu'ils avaient conclu en te voyant discuter avec des personnes qui n'existaient pas. Alors un peu plus, un peu moins...tu n'avais jamais fait d'efforts pour plaire aux autres, pour paraître. Tu étais toujours apparu tel que tu étais, sans fard ni artifices, te moquant éperdument d'appartenir à un groupe parce que ta solitude te convenait. C'était probablement la raison pour laquelle tu ne t'étais jamais intéressé à ces histoires de confréries. Il était hors de question de te soumettre à tout un tas de rites absurdes pour pouvoir faire partie d'un groupe, des élus. Au final c'était une bonne chose que ces bizutages aient été supprimés définitivement. "Pourquoi ça te fait autant flipper?" Tu demandas alors, direct comme à ton habitude. "À quoi ça sert de se rabaisser et de faire tout et n'importe quoi juste pour se faire bien voir? Le jeu n'en vaut pas la chandelle." Tu affirmas, âprement. Tu le toisas, de tes prunelles féroces. Ton visage, lui, restait de marbre. "La seule crainte qu'il faut avoir c'est celle de se perdre soi-même." A tes yeux, il n'y avait rien de pire que tous ces gens qui suivaient bêtement comme des moutons de Panurge, sans jamais se poser de questions. Des gens sans opinions, sans substance, sans intérêt. "Je suis à la Kirkland. " Tu ajoutas, un peu plus doucement. "C'est le royaume des geeks et des nerds, je suis sûr que ça te plairait." Toi en tout cas tu t'y sentais à ta place, puis ça t'avait permis de retrouver Jinx après ces quelques rencontres fugaces ici et ailleurs. Imperturbable malgré la chaleur que tu ressentais quand tu pensais à elle, tu écoutais Émile parler de son lieu de travail. Tu fronças les sourcils, comme si tu étais resté sur ta faim. C'était sans doute le cas en y réfléchissant bien. "Pourquoi Discovery alors? Est-ce qu'il y a des livres, des trucs en rapport avec les sciences ou que sais-je?" Tu serais foutrement déçu si tu apprenais que le nom du café n'avait aucun rapport avec l'ambiance qu'il suggérait. "Ce que je veux dire...moi je bosse au Hocus Pocus. Quand on entend ce nom on pense tout de suite à la sorcellerie, et c'est vraiment le cas, quand on y met les pieds on entre dans un monde parallèle, où on s'attend à voir surgir des choses étranges à tout instant. " Tu ajoutas, comme pour préciser le sens de ta question. Tu l'écoutais ensuite s'excuser de ne pas avoir l'habitude des alcools forts. Tu ricanas. "Personne ne t'a obligé à prendre ça, tu pouvais tout aussi bien prendre une bière, ça n'aurait pas été un crime." Tu lui disais par là qu'il n'y avait pas d'excuses qui tiennent, même si tu étais particulièrement tranchant dans ta manière de t'exprimer. Rien de neuf sous le soleil, en somme.

@Emile Mitchell

(Landon Fabre-Spencer)

❊FAITH

But that was just a dream, that was just a dream.

Je regardais Landon se perdre un peu dans ses pensées -chacun son tour- avant de revenir à lui. Etre assis dans un lieu qui n'était pas mon élément m'avait presque fait oublier que lui et moi nous ne nous connaissions pas plus que cela. Nous nous étions rencontré par hasard, avions sympathisé et de file et en aiguille nous voilà posé à une table, un verre à la main tout en apprenant à se connaître. J'étais partagé dans l'idée de lui dire qu'à peu près tout me faisait peur, même si ce n'était pas de la peur à proprement parlé comme certains ont peur des araignées. C'était quelque chose de plus profond que ça. Mon cerveau aimait se jouer des scénarios plus loufoques les uns que les autres jusqu'à former une grosse boule d'anxiété qui m'empêche de faire certains choix. "J'sais pas trop" fût la réponse la plus simple qui me vint en tête sur le moment plutôt que de lui expliquer quelque chose qu'il ne comprendrait pas. Son air empathique sans état d'âme au premier abord me fit penser qu'il ne comprendrait de toute façon pas mes états d'âme. "C'est assez impressionnant tout ce monde extravertis" Un brin de détails ne me ferait pas de mal, surtout pour ne pas le laisser sur sa fin.

"Tu sais, certaines personnes ont ce besoin d'à tout prix faire parti d'une communauté, se sentir accepté et aimé par les autres, alors ils sont près à faire tout et n'importe quoi juste pour en être" Il pouvait bien penser que c'était pathétique de se rabaisser à un tel comportement, mais tout le monde n'était pas doté de charisme. Le seul point auquel j'étais en accord avec lui était sur le fait, qu'effectivement, c'était une risque de vivre pour les autres et non pour soit et par conséquent se perdre soi-même. Ayant moi-même fait une expérience similaire au sein de ma famille, j'apprenais encore à me découvrir à presque trente ans.

"Etrangement je ne te voyais pas dans le clan des nerds et geek" riais-je. "Je ne connais pas les autres confréries, mais tu n'as pas le profil typique du geek" Ce n'était en rien une critique, mais si je ne l'avais pas croisé dans une bibliothèque, je n'aurais jamais mis le doigt dessus. "J'y penserais si l'envie me vient de reprendre mes études" riais-je. Si surtout je gagnais une grosse sommes d'argent et que j'avais une infime idée de ce que je souhaitais faire le reste de mes jours. Servir des cafés n'étaient pas si mal en soit. Je me forçais à me sociabiliser, mais pas trop, je faisais quelque chose de mes dix doigts et ça m'assurait au minimum une sortie par jour afin de ne pas rester enfermer chez moi attaqué par mes propres pensées. "Ce n'est pas le café de mon père, je ne sais pas pourquoi ils l'ont appelé comme ça" riais-je "Mais tu peux voyager à travers différents cafés tu sais, Pérou, colombie, Mexique" Voyager à travers le Discovery coffee, c'était accrocheur quand même, je devais peut-être proposé cela à mon patron. Je ne sais pas ce qu'il y avait dans cette boisson, mais ça me rendait créatif.

"Je m'étais dit quitte à aller dans un endroit inconnu autant tester des choses que je ne fais jamais" ça se tenait. Quand je me décidais à prendre mon courage à deux mains et sauter dans l'inconnu, je me disais qu'il valait mieux le faire en entier, car cela n'arrive pas souvent -peut-être une fois par an si ce n'est moins- "Je ne suis jamais allé au hocus Pocus" J'avais beau être à Boston depuis six longues années, il y avait encore des lieux qui m'étaient totalement inconnus et en même temps, les bars n'étaient pas mes lieux de prédilections. "ça me fera une excuse pour y aller si tu y travaille" Concrètement, je n'avais aucune bonne raison à y aller sinon.

@Landon Fabre-Spencer

(Invité)

05/08/2023

Cambridge, Massachusetts ☽ Vendredi 11 août 2023 ☽ Soir ☽ TW : alcool

Tu avais toujours eu ta façon bien à toi de vivre tes émotions. D'un point de vue extérieur on pouvait penser que tu n'en avais pas mais c'était faux, les choses, tu les vivais et les ressentais intensément, c'est juste que tu ne laissais rien paraître. Tu gardais ton masque en permanence pour te protéger du monde extérieur, au final tu ne t'ouvrais qu'en présence des personnes dont tu te sentais vraiment proche, en sécurité. Pour le reste du monde, tu paraissais parfaitement inébranlable, d'humeur égal, presque distant, si bien que tu haussas un sourcil surpris quand Émile employa le terme de extraverti. "Parce que tu crois que je le suis, moi, extraverti?" C'était même plutôt tout le contraire, ta carapace était vraiment épaisse, tu te voulais inaccessible, tu cultivais ton mystère. "J'ai dû me faire violence quand je suis rentré dans une confrérie, parce que faire partie d'un groupe ne va pas forcément de soi, à la base." Tu te perdis alors dans tes pensées, une fois de plus. Finalement, en intégrant la Kirkland, tu avais appris à sociabiliser, tu t'étais fait des nouveaux amis. Même si tu songeais parfois à arrêter tes études, faute d'avoir un quelconque intérêt envers ces dernières, tu retiendras surtout la belle aventure humaine que l'université t'avait apporté, et que tu n'aurais sans doute pas connue autrement. "Je peux comprendre le besoin de faire partie d'une communauté, ça a même des bons côtés, mais en ce qui me concerne je peux très bien m'en passer, c'est juste du bonus." Ce n'était pas une fin en soi, juste un moyen de parvenir à un certain niveau d'épanouissement personnel. Dans tous les cas ça ne t'empêcherait pas de dormir si tu n'en faisais pas partie - tu ne comprenais de toute façon pas comment on pouvait regretter une situation que l'on avait jamais connue. Tout en buvant une gorgée de ton verre, tu écoutais ce que Émile avait à dire sur les nerds et les geeks. Il n'avait vraiment pas tort, dans le sens où tu ne correspondais pas aux clichés qui existaient sur la Kirkland. Tu n'étudiais pas dans un domaine en rapport avec l'informatique, tu ne jouais pas aux jeux vidéos, tu n'étais pas non plus adapte des réseaux sociaux. Tu n'étais pas fan de Star Wars ou de Star Trek, tu ne t'intéressais pas à la robotique ou aux sciences en général. Bref, tu ne cochais aucune de ces cases et pourtant..."Ça dépend...si je te dis que j'adore les legos, Donjons et Dragons et Harry Potter, ce sont quand même des trucs de geek, non?" Bon, d'accord, Donjons et Dragons c'était peut-être ringard, de même que les jeux de rôle sur table mais tu assumais complètement ton côté ringard. Dans un sens, il n'y avait pas grand-chose dont tu avais honte, chez toi. Ça te donnait un charme un peu vintage, old school. Tu changeais drastiquement de ta génération hyper connectée, qui avait le portable greffé à la main en permanence, oublieux du monde extérieur. Puis, Émile continua de parler de son lieu de travail, le Discovery Café. Intrigué par ce nom qui promettait monts et merveilles, tu posais des questions très précises sans savoir si Émile saurait te répondre. Comme il venait si bien de le dire, ce n'était pas le café de son père. Par contre, son explication sur les voyages était beaucoup plus intéressante. "Je vois." Tu te contentas de répondre, quand il énuméra tous ces pays. Tu comprenais un peu mieux pourquoi ce nom. Il est vrai que l'on pouvait voyager à travers ce que l'on mangeait et l'on buvait. La conversation s'orienta alors sur le Hocus Pocus. "Il y a une première fois à tout." Tu dis alors en haussant un sourcil. "J'étais moi-même un client régulier quand j'ai vu passer des petites annonces pour recruter. Je me suis dit autant tenter ma chance." Pour être honnête, tu n'y serais pas allé de toi-même si tu ne connaissais pas le lieu, sans doute parce que tu avais une relation assez particulière avec le paranormal mais c'était un autre sujet.

@Emile Mitchell

(Landon Fabre-Spencer)

❊FAITH

But that was just a dream, that was just a dream.

C'est vrai que je m'étais toujours fait une idée très cliché des fraternités sans aller plus loin dans le fond de mes pensées. A mes yeux c'était un monde d'extravertis ou chacun avait sa place, son rôle et savait exactement ce qu'il devait faire. Un peu à la manière d'une fourmilière. Il y a la reine -dans ce cas précis le ou la président(e)- et les autres qui suivent les règles pour le bon fonctionnement de sa maison. "Je pensais" Landon avait l'air quelqu'un de sociable -à mon échelle certes, ce qui n'était pas très difficile de faire plus sociable que moi- et au vu du lieu dans lequel il m'avait entraîné suivi de la découverte de son métier, je n'étais pas passé par quatre chemin pour en faire une conclusion hâtive. "Je vois" fis-je simplement en l'écoutant. Bien que je restais perplexe face à ce choix de ne pas avoir besoin d'une confrérie, s'être fait violence pour y aller, mais quand même avoir choisi d'y entrer, je cernais un petit peu le personnage et comprenait à peu près sa façon de penser et de voir les choses.

Sirotant doucement ma boisson histoire de ne pas être amorphe au bout d'un verre, je prêtais attention a son récit, en riant à l'autodérision qu'il avait. "C'est carrément des trucs de geek !" riais-je "Y'a encore des gens qui jouent à Donjon et Dragon ? Tu me diras ça se trouve qu'ils l'ont peut-être ici." rias-je. Ce n'était carrément pas de mon âge, mais j'avais passé assez d'heure seul dans ma chambre avec pour seul compagnie mon ordinateur et internet pour savoir de quoi il s'agissait. Un jeu que seul les geeks ou les plus âgés pouvaient connaître. Même le nom dans l'endroit dans lequel il bossait faisait presque geek avec la petite référence au film. "Il faut croire que toi aussi tu as besoin de sortir de ta zone de confort" le taquinais-je. Au prime abord j'avais pensé que tout nous opposait, mais plus on discutait et plus j'avais l'impression que nous avions plus de points communs que je ne l'aurais cru.

@Landon Fabre-Spencer

(Invité)

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