my fate is cursed. ( - judika )

☾ Face à ton geste de désespoir, ton père a tenu à t’avoir un rendez-vous en urgence chez un psychologue. Toi qui pensais t’en occuper toute seule. Tu ne faisais que d’en parler mais tu ne sais pas si tu aurais été vraiment capable de t’en charger. En chemin, tu as pensé faire demi- tour plusieurs fois, effrayée et stressée à la simple idée de devoir dévoiler ce qui ne te donne plus envie d’exister. Heureusement, il ne s’agit que de la première séance et le psychologue t’a fait comprendre que vous iriez progressivement. Pour le moment, établir un lien de confiance entre lui et toi est le plus important et même si tu ne l’étais pas au départ, il a réussi à te mettre à l’aise afin que tu puisses parler facilement de toi. La séance terminée, tu es ressortie en soufflant, redoutant déjà le prochain rendez - vous. Tu as les mains moites et la tension dans les genoux. Besoin de quelque chose de sucrée pour remonter tout ça alors tu as une barre de chocolat dans le distributeur et tu l’as mangé tout en te dégourdissant les jambes en marchant dans les couloirs de la clinique. Le panneau qui indique le service pédiatrie a attiré ton attention et tu t’es arrêtée en fixant la flèche, te demandant curieusement si Jude est dans le coin. Tu n’es pas certaine qu’il ait envie de te voir mais par simple curiosité, tu peux juste vérifier s’il se porte bien. Tu continues ton chemin, entrant dans la salle d’attente qui semble bien vide. Tu jettes un coup d'œil à l’heure sur ton téléphone, il est bientôt midi alors peut-être est-il déjà parti en pause déjeuner ? Au lieu de t’en aller, tu as préféré vérifier par toi - même, tu n’as pas osé toquer à la porte de son bureau alors tu as collé ton oreille contre la porte pour essayer de distinguer un bruit ou des bribes de conversation. Tu es complètement concentrée jusqu’à ce que la porte ne s’ouvre et que tu te redresses brusquement, tombant nez à nez avec Jude. « Oh… Salut , Jude. » Que tu bégaies, prise sur le fait. Un pas en arrière et tu continues : « Je passais par là et j’ai vu ta plaque … » Mensonge crédible si tu n'étais jamais venue auparavant et que ton psy ne se trouvait pas de l’autre côté. « Tu vas bien ?  » Tu demandes, une main dans la poche de ta veste et l'autre serrant la la lanière de ton sac à main.

Mon été se passe plutôt bien. Disons qu'il n'y a pas de vague et que je me laisse porter par la vie sans vraiment me poser de questions, ennuyé dans la routine dans laquelle je me suis laissé embarquer mais qui me permet de ne pas broyer du noir. Ouais, le passage d'Erika dans ma vie a fait pas mal de dégâts, mais trop fier pour le reconnaître, j'ai préféré me noyer dans le travail que dans les idées noires qui ont rapidement envahis mon esprit après notre rupture. Pas forcément lié à la jeune femme elle même, mais à un nouvel échec sentimental qui commence à faire mal. Moi qui veut avoir une famille unie, qui aimerait ne pas me réveiller tous les matins seul et surtout, ne pas finir ma vie solo, je commence un peu à désespéré à l'idée de retrouver l'amour à nouveau. J'aime être amoureux, j'aime avoir une moitié et du haut de mes trente quatre ans, je me dis que je devrais peut-être arrêter de chercher car ça n'est pas pour moi, tout simplement. Je me concentre sur ma clinique, dont la deuxième devrait ouvrir fin septembre à New York et sur mes enfants quand je les ai avec moi une semaine sur deux. Pas de vacances, parce que pour quoi faire ? Partir seul et être envahit par mes pensées ? Très peu pour moi. Assis à mon bureau, je ferme mon ordinateur alors que je sens mon ventre qui grogne. Le regard vers l'horloge me confirme que je devrais faire une pause, je n'ai pas de nouveau patient avant quatorze heures, de quoi me permettre de faire un break bien mérité. La blouse blanche sur le porte-manteau à l'entrée de mon bureau, j'ouvre la porte, prêt à partir quand je tombe nez à nez sur une tête blonde que je ne m'attendais pas à voir ici. Je regarde Erika bégayer et soulève les sourcils quand elle dit "passer par là". "Tu.. passais dans le service pédiatrique ?", que je lui demande avant d'afficher un petit sourire, faisant un pas en avant pour fermer la porte de mon bureau. "Ça va oui. Tu as été chez le psy ?", que je demande, concluant que c'était probablement la seule explication logique de sa présence à la clinique. Je regarde ma montre et j'ajoute, "J'allais déjeuner, tu veux te joindre à moi ?" J'aurais été incapable de faire ça il y a quelques mois, mais j'ai fait la paix avec ce qu'il s'est passé entre nous. Faut dire que ses messages de l'autre jour m'ont aussi un peu inquiétés, parce que je suis passé par là et que je sais que c'est pas facile. Demander de l'aide, c'est déjà un pas énorme dans ce genre de situation, mais le chemin de la guérison va être encore long.

☾ Même si tu as l’impression que votre rupture était hier, tu es soulagée à l’idée que Jude ne te déteste pas ou plus et que vous puissiez enfin échanger ensemble par meetsa sans vous prendre la tête. Tu regrettes encore du mal que vous vous êtes fait ou que tu lui as fait, parce qu’avec tout ce qu’il se passe dans ta vie actuellement, tu prends conscience que tu es le problème à régler et que tu as blâmé les autres à tort et à travers. Il va te falloir un certain temps pour digérer ce constat. Tu te sens minuscule mais tu as promis de faire des efforts alors tu comptes bien essayer de remonter la pente, bien que ton moral ne soit pas au beau fixe. Sourire gêné qui se dessine sur ton visage lorsque tu tombes sur Jude alors que tu écoutes à la porte de son bureau. Tu as l’impression que tu ne l’as pas vu depuis une éternité. A l’époque, il te considérait comme un soleil et puis aujourd’hui, tu n’es devenue que l’ombre de toi - même. « C’est grand ici, on se perd vite. » Dis -tu en haussant les épaules. Au moins, il n’a pas appelé la sécurité pour te virer d’ici, c’est déjà une bonne chose. Tu hoches la tête alors qu’il te demande si tu as été chez le psy : « Oui, c’était… un peu stressant…» Tu ris nerveusement. Dans le fond, tu as l’impression que c’est la fin du monde de devoir te faire suivre et rien qu’en y pensant, tu as envie de pleurer. Chassant l’idée de ta tête, tu reportes ton attention sur la proposition de Jude : « Avec plaisir, je propose qu’on aille manger un truc bien gras et réconfortant … J’ai l’impression d’avoir perdu 20 kg avec tout ce stress.   » Plaisantes -tu en passant une main dans tes cheveux tout en marchant à côté de Jude : « Alors ? Tu es toujours décidé à ne pas aller en vacances ? Tu ne veux pas de bronzage parfait comme le mien ? » Taquine, tu lui montres ton bras pour vanter ta peau parfaitement hâlée.

C'est exactement ce qu'il arrive quand on grandit avec certains traumas dont on ne parle pas et qu'on ne traite pas. C'est après tout nos traumas du passé qui nous ont pas mal rapprochés, Erika et moi quand on s'est rencontrés. On se comprenait, dans nos passés un peu compliqués et on ne se jugeait pas, aussi. La fin de notre relation n'a vraiment pas été belle à voir et il était clair à l'époque que Erika avait des problèmes irrésolus dans sa vie et son geste a été la confirmation que quelque chose n'allait vraiment pas. Je suis passé par là, alors je compatis et je ne le souhaite à personne, même pas à mon pire ennemi. Et quand on parle de dépression, c'est encore plus compliqué car on en sort jamais. On peut aller mieux, bien entendu, mais le nuage est toujours au dessus de la tête, prêt à cacher le soleil à n'importe quelle occasion. Je souris à Erika quand elle me dit que sa première séance a été pas mal stressante et j'hoche la tête alors que je ferme la porte de mon bureau à clef. "Ouais, la première séance est toujours un peu particulière. Le plus important, c'est que tu arrives à te sentir en confiance" Le premier psy n'est pas toujours le bon et il ne faut pas hésiter à changer de physicien si on ne se sent pas confiant. Je lui propose de venir manger avec moi et je ris un peu. J'ai aussi l'impression qu'elle a perdu du poids mais je ne lui dirai pas, parce que je n'ai pas envie d'apporter un commentaire négatif dans son esprit ; je sais que ça ne fera rien de bon pour elle. "Y'a un resto qui fait du super poulet à la coréenne si tu veux"  Petit sourire, "Il fait même du poulet Sweet & Spicy" Et je sais comme elle aime tout ce qui est un peu sucré. Je soulève les sourcils à sa question et je montre mes deux bras tendus devant moi, "Est-ce que c'est la peau de quelqu'un qui a été en vacances ça ?", que je demande avant de rire et j'hausse les épaules. "J'ai pas besoin d'être bronzé" C'est pas comme si j'avais quelqu'un dans ma vie qui pourrait le remarquer. Je m'arrête devant l'ascenseur que j'appelle en appuyant sur le bouton et je me tourne vers elle, "Ça a été tes exams ? T'as déjà eu les résultats ?" Je sais que ses études sont importantes, mais je ne me fais pas de soucis sur le fait qu'elle a du gérer.

☾ Tu n ‘aurais jamais cru que Jude et toi puissiez vous adresser de nouveau la parole un jour. Tu te sens toujours aussi coupable de lui avoir fait autant de mal puisque désormais, tu sais que le problème vient de toi. Personne ne peut te comprendre mieux que lui parce qu’il est passé par là lui aussi et tu lui es reconnaissante de bien vouloir mettre sa rancune de côté pour t’écouter et lire ton calvaire sur meetsa. Jude ne te doit rien, c’est plutôt toi qui lui doit mille et une excuses pour t’être comportée comme une hystérique avec lui. Il vaut mieux ne pas ressasser le passé. Tu le laisses derrière toi et l’écoute attentivement en acquiesçant. « Tu as raison. Je crois qu’il a réussi. » Et le plus difficile pour toi, c’était surtout de te dire que quelque chose cloche chez toi et que tu n’as fait que blâmer les autres sans même t’en rendre compte. Ton sourire s’étire de nouveau à l’entende ce que propose Jude. « Mmh Spicy tout ce que j’aime ! Si tu m’avais proposé un truc pas bon, je t’aurais laissé te sacrifier en premier mais ça va je suis rassurée que tu te souviennes de ce que j’aime.. D’ailleurs, toujours amoureux du chocolat blanc ?  » Petite grimace de dégoût alors que tu lui adresses un regard amusé. Tu le taquines évidement. Il te montre ses bras à son tour et tu ris légèrement en demandant : « Vous êtes tout blanc Monsieur Montgomery, vous êtes sûr que vous n’êtes pas malade ?  » Léger petit coup d’épaule qui accompagne tes paroles. Tu continues ton chemin à ses côtés. Il appelle l’ascenseur et te demande des nouvelles de tes examens alors tu réponds sérieusement : « De justesse… Réviser a été très difficile avec … tout ce qu’il s’était passé mais ça va. On va dire que j’ai mieux géré que la soirée du bal. » Tu te mords la lèvres inférieure. Tu avais planifié d’inviter Jude mais vous aviez rompu avant. Les portes de l’ascenseur s'ouvrent et tu y entres avec Jude en appuyant sur le bouton rez - de chaussée : « Quand… On s'est quittés, j’avais tellement peur d’être seule que j’ai pris de mauvaises décisions et ce sont les mêmes décisions qui ont fait que je me sentais misérable au point d’plus vouloir exister.  » Tu soupires en baissant le regard. Les regrets t'étouffent et si tu pouvais retourner en arrière, tu le ferais.

Malgré nos différents et la rupture pas très jolie de notre relation, je me suis senti vraiment touché par les aveux d'Erika par message. Jamais je ne tendrais pas la main à quelqu'un qui me dit avoir eu des pensées suicidaires - encore pire lorsqu'on parle d'une tentative de suicide. Je suis quelqu'un de très empathique et il est hors de question que j'ai ce genre de catastrophe sur la conscience. Je vois bien que cela surprend Erika, quand je lui propose de venir manger avec moi, mais maintenant qu'elle est là, si je peux l'aider à lui faire sentir qu'elle est sur le bon chemin, alors ça me va. Je suis devenu médecin pour aider les gens et les sauver après tout. Je souris en coin quand elle me fait la petite pique sur le chocolat blanc et je souffle longuement, "Faut croire que t'as toujours pas de goût...", que je dis en la regardant. "Bien sûr que je suis malade", que je lui dis en riant. Oui, j'en ris, parce que je vis avec la maladie depuis que je suis gosse, donc j'ai l'habitude. Je préfère lui demander comment se sont passés ses examens et je l'écoute parler. "Il s'est passé quoi au bal ?", que je demande, curieux. J'en ai été à plus d'un de ces bals et je sais à quel point il peut y avoir un bon nombre de dramas pendant ce genre d'évènement. Je croise les bras alors que je regarde les étages défiler, "Quels genres de mauvaises décisions ?", que je demande en la regardant alors que l'ascenseur se stoppe au rendez-de-chaussé afin que nous sortions pour quitter la clinique et aller vers le restaurant que j'ai mentionné et qui se trouve seulement au coin de la rue.