Souffle coupé (Hangel)

L'air agacé, était ancré sur ton visage, quelle idée géniale que tu as eue de monter ses marches interminables en pleine nuit juste pour admirer la ville du haut du phare et te prendre en photo devant la superbe vue qui allait s'offrir à toi. Le regard furtif que balancent tes orbites autour de toi, t'entends des pas, sûrement des curieux comme toi, qui partagent ton idée de venir se couper le souffle sur cette longue virée. Plus tu regardes les marches et plus tu te dis que tu n'y arriveras pas. Manque de bol, tu as terminé ta bouteille d'eau et tu ne vois pas l'ombre d'un marchand qui pourrait t'aider à ce niveau. Le souffle déjà coupé, les jambes qui sont sur le point de te lâcher, tu décides de faire une pause. Pose ton popotin alors sur l'une des dernières marches avant les trentaines d'autres qui t'attendent et t'allonges dos contre la grande marche plate. Fixe le ciel étoilés tentant de reprendre un souffle normal. À ce moment-là, tu dis qu'il devrait y avoir des personnes postées à tout recoin de marche spécialement pour des massages de jambes histoire d'aider les touristes à atteindre leur but et aussi des petits kiosques pour bouffer et boire. Ouais, ça aurait été cool, mais c'est connu que l'on ne pouvait pas avoir tout ce que l'on voulait dans la vie. Et tu allais devoir faire sans Sky. Mais pas question d'abandonner alors que tu es si près du but ! Tu veux le voir ce phare et lorsque tu veux quelque chose, tu n'en démords pas pour l'avoir.

Dès le lendemain, ton tour pour la compétition allait commencer. Tu n’es plus certain que ce soit une bonne idée de te rendre là-bas. Qu’est-ce qui t’as pris d’accepter d’y participer? Tu aurais pu te la couler douce au soleil entouré de petites perruches qui ne veulent que tu les fasses crier, mais non au lieu de tout ça, tu devras suer et donner du tiens pour vous donner une chance de gagner cette putain de compétition. D’ordinaire lorsque tu es contrarié, tu descends dans le sous-sol du magasin général de ton paternel où sont organisés, la plupart du temps, des combats clandestins pour taper à grand coup de poings sur les autres ou alors sur un punching bag. Toutefois aujourd’hui, tu n’as d’autres choix que de trouver une nouvelle façon de te défouler. La seule idée qui t’es venue à l’esprit est d’aller gravir les 444 marches pour rejoindre le phare allumé. Il fait nuit noire, personne à l’horizon outre quelques inconnus de temps à autre. Toi, t’as décidé de tout gravir au pas de course. Du moins, c’était ton but, jusqu’à ce que tu vois une silhouette que tu ne connais que trop bien. Sky! Tu t’approches d’elle, à un rythme normal, sourire aux lèvres et tu vas t’asseoir tout prêt, tout juste avant de prendre la même position qu’elle, une marche plus bas. « Déjà épuisée? Ne me dis pas que j’vais devoir te faire un entraînement plus pousser pour augmenter ton cardio?! » Bon, t’es pas du tout un entraîneur né, mais tu connais un excellent moyen de gagner de l’endurance…

Convaincu d'avoir déjà tout compris du grand orchestre de la vie, tu étais loin de te douter qu'elle aimait bien jouer avec ton âme. Qu'elle aimait bien s'enrichir de tes états d'âmes. Alors allongée sur la marche, le regard perdu dans l'espace, les mille et une pensées qui défilent dans ta tête, une voix te ramène sur terre. Une voix que tu pourrais reconnaître entre mille autres. L'ambiance autour de toi s'évanouit. Tu te redresses soudainement en faisant craquer tes doigts. Le chasse presque dans une sombre toux. Vilaine coïncidence. Pourquoi faut-il toujours qu'un soubresaut de hasard s'incruste dans des moments pareils ? En face de toi, Kosmo. Le digne et preux Kosmo. Qui campe sur une marche plus basse. En quête d'une réaction de ta part pour combler le silence. — Me faire un entraînement ? T'as renoncé à l'idée qu'on se tienne à l'écart ? Je rappelle que t'avais soit disant fait une promesse. Peut-être pas l'accueil qu'il attendait, mais il ne pouvait certainement pas t'en vouloir d'être sur la défensive. — Dis-moi que t'as au moins un peu d'eau à partager ? Opales qui croisent enfin les siennes. Penche la tête par dessus son épaule pour voir s'il avait une bouteille d'eau quelque part. Et dans cette nuit noire, éclairé par les reflets de la lune, tu perçois ce petit rictus. Serait-il véritablement de retour ? Le garçon à l'âme si torturée...

Laisser tomber, ne pas entrer dans sa provocation qu’elle est en train de te faire. Elle te teste, c’est ça ? Elle a envie que vous vous engueuliez de nouveau ? Tu serres les mâchoires une demie seconde avant de retrouver, de te donner une bonne gifle mentale, reprendre contenance et retrouver ce bon vieux sourire narquois qui te représente si bien. « T’as fini oui ? Ou tu comptes répéter le même refrain encore longtemps ? J’te rappelle que c’est TOI qui voulais rester loin d’mon sex-appeal. » Dis-tu en essuyant de la poussière invisible de son ton épaule. Tu n’as fait qu’appuyer ses dires et essayer de la repousser comme elle le désirait. « J’sais pas… Tu la mérites cette gorgée d’eau? » Évidemment que tu comptes la lui donner et te la jouer grand sauveur de cette dame, mais elle est prête à quoi pour l’obtenir. « Rien n’est gratuit dans la vie. » Tu te relèves de ta marche et lui tend ta bouteille, sans toutefois lui donner. « T’es prête à quoi pour te désaltérer ? » Et tu continues à gravir les marches, plus doucement que tout à l’heure tout en riant. T'es de bonne humeur, elle doit en profiter et t'es également d'humeur joueur.  « T'attends quoi ? Viens la chercher ton eau, elle t'attend, elle aussi,. »  Elle aussi ? Qu'as-tu voulu dire par là ?

Lui ou toi, qu'importe qui a lancé les hostilités, la fin ne changera pas. Le fait que vous soyez deux cons qui gardent encore la nuit que vous avez eue en tête et que vous n'êtes pas fichu de céder à d'autres nuits. — Moi ou toi, le plus important ce n'est pas celui qui a commencé, mais c'est la façon dont ça c'est terminé. C'était plus facile de te cacher derrière ma décision. Il évitait d'avoir le rôle du méchant, le sale boulot. Il était d'accord avec chaque mot. — Et la promesse que tu devais tenir ? Elle vient de moi aussi ? Sourcil dressé, qu'avait-il comme réponse à ça ? Parce que ces mots que tu as gardés en tête, ne sortent pas d'entre tes lèvres. Par contre, il joue le garçon. Tu ne sais pas à quoi il joue, mais il ne tient pas plus que ça à sa vie en te provoquant avec sa bouteille. La pavanant sous tes yeux pour te donner encore plus soif. — C'est naze ce que tu fais Siegel, sache le ! Pivote, lui donne ton dos alors qu'il monte quelques marches lentement, te bombardant de mots, mais aussi d'un sous-entendu qui tilte. Te fait bomber la poitrine, cambrer le dos, les oreilles qui captent comme des antennes. Résiste Sky. Résiste. C'est forcément un piège, tu ne dois pas tomber dedans... Mains que tu poses contre tes oreilles faisant taire sa voix... Et puis merde... Chaussures qui tapotent la marche, te rendant à l'évidence qu'il est trop fort et toi, trop curieuse... Tu lèves alors ton popotin en grognant. T'approches du garçon, balayes ton regard sur sa bouteille, puis tu finis par le dépasser. — J'veux plus de ton eau, elle est empoisonnée. C'est une façon de procéder pour éteindre ta soif et ne pas lui donner ce qu'il veut très exactement. — Mais j'avoue que je suis curieuse, t'entendais quoi par "elle aussi" Accent qui appuie bien sûr les dernières connotations. Tu montes les marches, déterminée à arriver le plus haut possible.

Tu n’as aucune envie de parler de cette promesse puérile que tu n’aurais pu tenir, de toute façon. De ce fait, tu ne réponds pas, tu te contente que de commencer à gravir les marches qui vous séparent de ce phare. « C’est pas mon problème, sexy, même l’eau doit être gagnée. » ce sourire narquois ne te quitte plus. T’as bien envie de rire à ses paroles, d’eau empoissonnée. « Ouais t’as raison, tu crois que c’est à cause de ça que j’suis pourri de l’intérieur? » Secouant la tête en souriant, tu continues de monter. « J’ai piqué ta curiosité n’est-ce pas? » dis-tu en la rattrapant, lui donnant même un léger coup de hanche. « Tu verras bien assez tôt à quoi je faisais référence. » Tu as des projets pour vous, une fois votre objectif atteint. Tu l’asperges légèrement d’eau comme si tu voulais la narguer et fini par la prendre dans tes bras en rigolant. Elle se retrouve rapidement sur ton épaule comme un vulgaire sac de pommes de terres et tu te permets même de lui donner quelques tapes sur son joli popotin rebondi. Les dernières marches se montèrent assez rapidement et dès que vous êtes arrivés, tu la déposes. Une fraction de secondes pour la regarder dans les yeux que te voilà déjà en train de la plaquer contre le mur de brique du fard. Tes lèvres se déposent sans ménagement sur les siennes la relevant pour qu’elle passe ses jambes autour de tes hanches.

— Tu es tout sauf pourri de l'intérieur. À mes yeux en tout cas. Derrière ce masque implacable, il y a ce petit garçon, ce petit garçon qui rêve comme tout le monde. Ce petit garçon rongé par la peur de se retrouver, un jour seul. Tu le sais Sky, pour l'avoir côtoyé et observé longtemps, tu sais que ce petit garçon reste enfermé dans cette petite cage au fond de son être. Mais pour tu ne sais quelle raison, il ne laisse personne l'approcher. Tu es persuadée qu'il existe et tu as toujours voulu l'atteindre, mais en vain. Infaillible. Impossible d'élucider le mystère qu'il demeure. Impossible de pouvoir lire en lui. Même là, lorsqu'il suscite ta curiosité, il ne te donne aucune réponse. Laisse planer le suspense. Il n'a jamais été aussi proche, mais aussi loin de toi. Pourquoi ? Que représentes-tu réellement pour lui ? Quel est ton rôle dans son monde ? Pour l'instant celui peut-être d'être son souffre-douleur ? Eau qui tâche soudainement ton haut, reflex de lever les bras dans les airs et baisser la tête pour regarder ta poitrine. Frisson qui parcourt ton épiderme. — Oh p'tain ! Toi tu... N'as même pas le temps de terminer ta phrase que tu sens tes jambes décoller du sol. Tu te retrouves sur son épaule comme un vulgaire sac à pomme de terre... Corps qui s'agite, mais rien à faire, il est plus fort. — Pose-moi tout de suite ! C'est comme ça que tu traites une Queen ? Non mais je rêve ! Des mots lancés avec ton accent prononcé. Tu abandonnes, tu reconnais que c'est lui le king là. Mais ton rire naît sous les étoiles. Un rire sincère. Un rire complice, comme au bon vieux temps. — Va te faire foutre ! Sourire espiègle lorsqu'il te pose enfin. T'as senti tout le sang remonter au cerveau... Presque pris d'un vertige, tu es aussitôt plaquée contre le mur du phare et lorsque t'ouvres la bouche pour balancer un nouveau juron, Kos ferme ta gueule en capturant tes lèvres. Okey, c'est une façon ingénieuse de te faire taire. Portée à nouveau, tes jambes resserrent assez rapidement ton étreinte autour de sa taille, sourire coquin que tu mêles au baiser alors que l'une de tes mains fait glisser quelques mèches rebelles derrière ton oreille. L'autre main se pose dans sa nuque afin d'intensifier votre échange de salive. — T'es... Doué pour retourner la situation... Murmure entre deux baisers. Vos bouches qui s'enlacent, torrides, tu laisses ta langue se promener pour aller danser avec la sienne.