I've had enough - Gigi

I've had enough
with @Gigi Desrosiers
warning : vulgarité, colère, violence.
May 2023 London

Le trajet de chez mes parents jusqu'à l'hôtel se fait dans un silence très lourd. Je ne sors pas un seul mot, la mâchoire scellée par cette colère qui n'arrive pas à passer. J'ai pu me contenir et sourire devant ma mère pour ne pas lui donner plus de peine qu'elle endure au quotidien avec cet enfoiré mais dans le véhiculé, tout remonte et mon esprit est rempli de mauvaises pensées comme, retourner chez eux pour lui éclater la tête contre le sol. Ou reproduire la scène culte mais violente d'American History X. Je ne peux pas assouvir ces pulsions parce que tu me tuerai ou tu prendrais peur et je n'ai pas envie que tu me craignes. Je ne veux pas reproduire ce qu'il a fait de son foyer. Quand on entre enfin dans notre chambre, je me demande si je dois rester là ou m'enfermer dans la salle de bain pour attendre que les nerfs passent. Mais l'hésitation est dominée par les images de la soirée, le revoir faire le séducteur avec toi devant sa femme qu'il ne mérite pas. Je crois qu'aller regarder par la fenêtre est une bonne idée pour ne pas croiser ton regard du mien, encore trop noir pour qu'il se pose sur toi. Parce que toi non plus, tu ne mérites pas que ce soit sur toi que ma fureur se fasse. Il réussi à faire ressortir le plus mauvais en moi et à faire voir au monde que les chiens ne font pas des chats.

Je savais qu’il y avait neuf chances sur dix que ça arrive et pourtant, je suis triste que ça soit arrivé, je ne peux le nier. J’espérais que ton père arrête ses conneries et profite de ta présence à Londres mais force est de constater qu’il n’en a rien à foutre. Toute la soirée, j’essaye de désamorcer chaque conflit que je sens pointer le bout de son nez mais c’est un échec cuisant. Les poings ne volent pas mais quand on quitte le logis de tes parents et que j’embrasse ta mère, son étreinte est plus longue, plus forte. Et les mots qu’elle me souffle m’arrachent le cœur. Elle veut que je prenne soin de toi et me dit qu’elle gèrera avec ton père. J’ai peur de la manière dont on va la retrouver demain mais j’espère qu’il sera assez intelligent pour ne pas toucher à elle parce que là, je pense que je te laisserai lui refaire le portrait avant de soigner chacune de tes plaies. L’ambiance dans le taxi est lourde et je n’ose trop rien dire. Je ne sais même pas quoi dire en fait. Et une fois à l’hôtel, j’enlève mes talons hauts, retire mon gilet et me débarrasse de mon soutien-gorge que je ne supportais plus. Si en temps normal, je l’aurais enlevé, quitte à avoir la poitrine un peu plus visible à travers ma chemise verte, il était hors de questions que je fasse plaisir à ton père. Lorsque je me tourne pour te prendre dans mes bras, je te retrouve déjà au balcon, les mains autour de la rambarde et le regard vers l’horizon. Doucement, j’avance vers toi et glisse mes bras autour de ton torse. Je dépose un baiser sur ton omoplate et pose ma tête contre cette dernière. Je suis fière de toi. Que je souffle doucement.

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May 2023 London

Le regard vers l'horizon sans aucune réelle concentration. Je suis trop encombré par des multiples pensées comme l'envie de retourner chez eux pour lui faire regretter toutes les fois où il a posé ses mains sur ma mère et toutes les paroles déplacées ou trop lourdes envers toi. J'ai l'idée d'embarquer ma mère le jour de notre départ mais je sais qu'elle va me dire que sa vie est ici et qu'elle n'a aucune envie d'être un poids dans mon quotidien Bostonien. J'aimerai qu'elle accepte, qu'elle l'abandonne ici comme un vieux clébard parce que c'est ce qu'il est. Un chien de la casse! Mes doigts serrent la rambarde a tel point que j'ai l'impression de pouvoir l'arracher. Et je démarre maintenant le film de demain, les appréhensions de retrouver ma mère couvertes de coups parce qu'il avait envie de passer sa frustration d'une drague sur toi qui n'a pas fonctionné. Une séance que tu viens arrêter quand tes bras passent autour de moi pour coller ton corps au mien. C'est tout ce dont j'ai besoin, même si je ne soupçonnai pas que le remède pouvait être celui-là. Mon visage se baisse à tes mots et mes yeux fixent maintenant le sol, lointain. Que tu sois fière de moi me touche mais j'ai un goût d'amertume J'sais pas si j'le suis.... j'ai l'impression de fermer les yeux et de le laisser gagner. De le laisser faire ce que bon lui semble sur les deux femmes de ma vie. Un soupire pendant que mes doigts lâche le métal pour venir trouver les tiens, la différence de température est agréable Ma mère t'adore ça se voit. Je n'aurai jamais pu espérer mieux, une bonne relation entre vous deux. Qu'est ce qu'elle t'a dit en partant? C'était trop bas pour que je puisse l'entendre mais j'avais les yeux rivés sur vous à cet instant, j'ai bien vu qu'elle a glissé quelque chose à ton oreille et j'ai envie de savoir ce que c'est. Peut-être que ça va continuer à me calmer même si on va surement revenir à parler de mon géniteur et qu'il ne faudra pas plus de deux secondes pour tout relancer.

C’est pas une vie, ce que ta mère vit ni même ce que t’as vécu plus jeune. On a tous les deux été déçus et blessés par nos pères. Moi c’était mentalement et toi aussi bien mentalement que physiquement. Et j’espère que tu sais que même si je joue sur la limite du flirt avec lui, je le fais pour te protéger et la protéger plus qu’autre chose. Je le déteste pour ce qu’il t’a fait et ce qu’il lui fait. Certes, tu ne serais pas le même sans toutes ces épreuves mais je serais tout de même tomber sous ton charme s’il n’y avait pas eu tout ça, je le sais. Ton âme est merveilleuse et personne ne pourra dire l’inverse là-dessus. De retour dans la chambre d’hôtel, débarrassée des accessoires qui me gênaient un peu, je me glisse contre toi, m’imposant dans ton espace. Je devrais peut-être te laisser de la place mais je n’ai pas envie de le faire parce que je sais aussi comme tu vas partir dans tous les sens. Absolument pas. Tout ce qu’il veut, c’est te pousser à bout et te faire réagir pour se faire passer en victime devant ta mère. Pour qu’elle se dise qu’elle a râté l’éducation de son fils et que tout ça, c’est de sa faute. Ton père est un monstre et il n’est pas arrivé à ses fins aujourd’hui. Je souris à tes mots, contente que les idées que je me suis fais sur la façon dont elle me perçoit n’en soient pas. C’est la vérité. Et moi, je l’adore ta maman. Je suis plutôt exceptionnelle ceci-dit. Que je souffle en laissant un léger rire s’échapper de mes lèvres. Elle m’a demandé de prendre soin de toi et qu’elle gèrera avec ton père. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire et implique mais elle est tellement forte. Je vois d’où tu tiens ça. Pas de lui parce que lui, c’est la faiblesse à l’état pur.

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May 2023 London

Papa n'est pas le héros des contes de fée, papa est le méchant des dessins-animés. Je suis Simba c'est Scar, je suis Aladin c'est Jafar, je suis Peter Pan c'est le capitaine crochet... Je n'ai même pas de bon souvenir comme ceux de la plupart des gamins qui apprennent à faire du vélo avec leurs paternels ou à taper du ballon. Je n'ai que les traumatismes des disputes, des coups et de ma mère qui pleure. J'ai été, comme toi, escroqué par la roulette de la vie sur ceux qui occupent un rôle important mais toi comme moi, nous avons réussis à nous en sortir. Regarde qui nous sommes aujourd'hui, le chemin parcouru et tout les itinéraires qui s'offrent à nous. Je deviendrai encore plus fou si elle le prenait en pitié devant moi.... Je retournerai la maison en moins de cinq minutes si ça devait arriver. C'est peut-être ça qu'on a évité ce soir, même si maman n'a jamais eu peur de prendre ma défense en sachant que la pluie de coups tomberait. Notre étreinte me fait du bien, mes mains sur les tiennes je n'ai pas besoin de te voir pour savoir comment est ton sourire à ta bêtise. Et tu actives le mien, furtif mais présent Plutôt oui. Tu l'es mais j'ai peur qu'en l'affirmant tu prennes un peu la grosse tête. Aux mots de ma maman que tu me répètes, j'ai un souffle qui s'échappe, de désespoir et de tristesse même si ton compliment m’atterrit en plein coeur J'aimerai que ça implique qu'elle prévoit de le tuer et finir en prison.... mais j'pense qu'elle va juste continuer à endurer. Et je me retourne en me délivrant un léger instant de tes bras pour venir attraper tes hanches pendant que mon corps se colle à la rambarde. Je peux enfin te fixer dans les yeux J'veux jamais te faire de mal. C'est un élan de sincérité et d'amour qui me fait dire ça mais c'est pensé parce que je ne me le pardonnerai pas.

Mes bras toujours enroulés autour de ta taille, je ferme les yeux quelques secondes. Je me demande si elle serait capable de le faire et je crois bien que oui. Je crois que s’il arrivait à lui mettre dans la tête que ses réactions sont de ta faute, elle te demanderait d’être un peu moins braqué envers ton père. Je suis cependant heureuse qu’elle ne l’ait pas fait parce que si je ne sais pas comment tu aurais réagi, je sais pertinemment comment j’aurais réagi et ‘bien’ ne fait pas partie des options. Je ne préfère même pas y penser parce que c’est quelque chose que je ne comprends pas mais comprend-on vraiment les choses tant qu’on ne les a pas vécues ? Je ne sais pas. Tes mains sur les miennes, j’écarte doucement mes doigts pour que les tiens se glissent entre et je laisse mon pouce caresser le dos de ta main pendant quelques secondes. J’ai toujours été tactile et si je me suis longtemps réfréné avec toi, ce n’est plus du tout le cas. Je crois aussi. Que je souffle tristement. Elle ne lui tiendra pas tête mais elle sait sûrement que la vie pourrait s’arrêter pour elle si elle le faisait. Il y a des moments où il posait sa main sur elle de manière “douce” et où je la voyais se tendre comme une corde à linge. Tu t’écartes de mes bras et je me redresse pour revenir dans tes bras en quelques secondes. Mes bras autour de ton cou, mon regard accroché au tien, je souffle Je sais Charles. L’une de mes mains se glisse dans tes cheveux et je dégage ton front de cette masse capillaire à laquelle j’aime m’accrocher, je dois l’avouer. T’es pas comme lui, t’es pas lui. La violence c’est pas dans les gênes. C’est dans l’éducation et il a eu autant de violence que d’amour, ce qui équilibre le tout. De toute façon, ta mère t’en voudra si tu me faisais du mal et tu veux pas la décevoir. Je t’adresse un clin d’oeil et ris légèrement à ces mots, tentant de détendre l’atmosphère parce que je sais qu’elle va se retendre d’ici peu. Profitons du calme avant la tempête.

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May 2023 London

Maman m'a toujours dit de pleurer parce que ça fait du bien, pas lorsque je me blesse mais seulement quand je me sens mal. Elle disait que les larmes l'évacuait et je ne l'ai jamais écouté. Je gardai tout en moi parce que j'étais persuadé que quand on voit une personne pleurer, on est poussé à l'envie de la réconforter et je ne voulais pas qu'elle me réconforte alors que c'est toujours elle qui a le plus souffert. Et qui continue.... Je ne veux pas que tu aies une vie comme la sienne, je ne veux pas devenir comme lui ni même avoir une infime ressemblance. Sous la peur que ça puisse arriver, je viens te faire face pour t'avouer que je n'ai aucunement le souhait de te blesser. Ta main, où qu'elle passe, me fait du bien. Mes yeux restent dans les tiens pour soutenir toute la sincérité qui peut se dégager de mes gestes ou de mes mots Elle l'est mais je la passe pas sur les gens que j'dis aimer.... je fais beaucoup de sport pour lui éviter de prendre trop de place, il est là le secret. J'ai un sourire à ton insinuation qui n'est pas si mensongère, je crois qu'elle ne me pardonnerait jamais de te faire vivre sa vie Elle me regarde avec tellement de fierté que j'veux jamais changer ça. si elle apprenait que j'ai bossé dans l'escorting il serait déjà un peu plus différent. Et même si je tente de faire passer les nerfs, je n'arrive pas à retenir ce grognement qui s'expulse avant la justification Rrrrr.... j'le revois te mater ce gros porc.... il te disait quoi quand j'suis parti aider ma mère dans la cuisine? est-ce que c'est maintenant que tu vas me dire quelque chose qui va me faire devenir fou de rage? Je te maintiens par le bas du dos et 5 de mes doigts descendent un peu plus bas doucement.

Je te connais assez pour savoir que devenir comme lui serait la pire chose qui puisse arriver. Je crois encore que tu préfèrerais tout perdre et devoir tout recommencer de zéro que de devenir comme lui. Alors, même si tu ne cesses de me rassurer là-dessus, j’espère que tu sais que tu n’en as pas besoin. Un léger sourire sur le visage, je caresse ton visage du bout des doigts et acquiesce. Le pire dans cette histoire, c’est que je crois que ton père aime vraiment ta mère et que c’est sa façon de montrer son amour. Pauvre femme quand même, quand j’y pense. Elle a de quoi être fière. Elle t’a bien élevé et tu lui rends du mieux que tu peux. Que je souffle doucement avec un sourire. S’il y a bien une chose dont je suis sûre c’est que tu n’as jamais manqué de l’amour de cette femme alors qu’elle aurait pu voir des traits de ressemblance entre son bourreau et son fils et te mettre de côté. Cette femme, ta mère, est une force de la nature et j’espère qu’elle se réveillera un jour. J’aimerais pouvoir l’accompagner dans ce chemin mais la méchanceté de ton père est bien trop ancrée pour que ce soit faisable malheureusement. Surtout avec moi, quelqu’un qui n’est personne pour elle. C’est ce que tu risques en ramenant un canon devant ta famille. Que je souffle, comme pour détendre l’atmosphère, pour prendre un peu du comportement de son père sur les épaules. Je ne l’excuse pas, j’essaye juste de relativiser les choses. Il n’y a rien eu de mal là-dedans. Il ne m’a pas touché de la soirée, ayant réussi à l'esquiver dès qu’il s’approchait un peu plus. Il me disait que j’aurais pu faire carrière dans la mode ou le cinéma. Ô s’il savait ! Mais je ne lui ai rien dit là-dessus parce que je sais très bien ce qu’il aurait fait ce soir. Tout comme ma carrière de mini Miss, en tapant mon nom il aurait tout vu avec le minimum de recherche Google. Il m’a proposé de passer plus de temps avec lui demain si tu sortais avec ta mère et je savais très bien à quoi il faisait illusion alors je lui ai dis que c’était gentil mais que la plus belle chose qu’il y avait chez lui, c’était sa femme et son fils donc j’allais plutôt passer du temps avec vous qu’avec lui. J’hausse les épaules, évitant de parler de son regard foudroyant, de la noirceur dans ses yeux et de la manière dont sa lèvre s’est retroussée tel un chien enragé. C’était à prévoir. J’hausse les épaules. Je m’étais préparée au phénomène et je m’en fiche pas mal. J’ai toujours eu du répondant, je m’en suis servie et puis voilà.