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Pour apprivoiser un cygne, il faut du temps...
L'hôpital était un point de passage régulier pour moi. C'était loin d'être une partie de plaisir car à chaque fois, le constat était le même : Que ce soit sensitif ou moteur, mes jambes ne répondaient plus. C'était pas faute d'essayer de m'accrocher - même si c'était très compliqué - et d'essayer tout un tas de chose avec les kinésithérapeutes. Rien. Les médecins restaient pourtant confiant au vu des résultats. Pour eux, j'avais une chance de pouvoir remarcher un jour et je devais seulement me montrer patiente. C'était bien beau de me dire ça! D'accord, j'étais en vie mais je ne pouvais pas marcher. J'étais clouée dans ce fauteuil depuis des mois alors que tout mes efforts de ballerine étaient sur le point de porter leur fruit. Le Lac des Cygnes, c'était mon rêve. Et il n'y aura eu qu'une seule représentation, aussi belle que douloureuse, et le rideau était définitivement tombé pour moi.
Après les rendez-vous, j'étais en général abattue. Je n'avais aucune idée du temps que ça prendrait pour me tenir à nouveau debout : des semaines? Des mois? Des années? Je donnerai tout pour marcher, même avec des béquilles. Je rêvais parfois de danser à nouveau, même sans être danseuse étoile, mais ma passion me manquait terriblement. Les rendez-vous à l'hôpital ne servaient qu'à me faire réaliser que 8 mois après mon agression, j'étais toujours dans ce fauteuil à attendre un miracle.
Là où il n'y avait pas de miracle par contre, c'était dans ma gestion de mon fauteuil. J'étais devenue une pro, capable de faire des courses s'il le fallait mais j'étais une maladroite née. En quittant le service des consultations pour me diriger vers la sortie, mon sac mal posé sur mes genoux se faisait la malle. En tentant un geste désespéré pour le rattraper, je n'avais fais qu'aggraver la chute et le contenu de mon sac - portefeuille, agenda, stylo, clés, mini-vaporisateur de parfum et autre accessoires que l'on peut trouver dans un sac de fille - s'étalait sur le sol.
"Et mer..."
Je ne perdais pas de temps, faisais deux ou trois petites manœuvre mais si je parvenais à attraper mon sac, le reste des affaires était bien plus compliqué à ramasser. Je détestais ce fauteuil, je détestais être obligée de galérer pour ramasser quelque chose. Aujourd'hui, je n'avais pas la patience de supporter les mauvais côté et j'étais au bord de la crise de nerf pour quelques malheureux effets personnels étalés par terre. A fleur de peau, je crois que j'étais prête à tout laisser sur place pour m'en aller.
Y'a des jours comme ça, où on a l'impression que l'on aurait du rester chez soi...
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