Je ne sais honnêtement pas l’attitude à adopter. Dois-je débarquer au bal afin de pouvoir en témoigner de mes propres yeux et mettre William sur le fait accompli, au risque de passer une demeurée auprès d’un tas d’étudiants ? Ou lui rendre la pareille - bien que je m’en sais incapable ? Dois-je laisser ma colère retomber afin d’avoir une conversation calme et posée avec lui, ou au contraire fermer toutes les portes sans lui laisser une chance de s’expliquer ? Gabriel n’a pas eu toutes ces questions à se poser lorsque j’ai déraillé car mon ex-mari m’a, de fait, pris dans les bras d’un autre. Je ne dis pas que je lui ai rendu service, loin de là, mais au moins n’a-t-il pas eu à se poser de question sur l’avenir de notre relation et la sincérité de mes propos. Je n’ai pas cherché à me défendre non plus, parce qu’il n’y avait rien à dire. Il m’a fallut de longues années pour comprendre que la route tourne, que rien ne reste impuni, et bordel, ça fait un mal de chien. Je fais ce que je peux. Et ce n’est visiblement pas suffisant pour combler mon homme et le garder dans le droit chemin. Je me force à sourire à Daisy et lui serre rapidement la main avant de la placer sur le volant à nouveau. Je m’en veux un peu de la traîner dans mes histoires, elle qui a eu son lot d’infidélité et qui, d’une certaine façon, continue de le vivre au jour le jour. Je ne sais pas comment elle fait. De savoir que William est au bras d’une autre ce soit me rend complètement folle, comment laisse-t-elle Cameron retrouver les bras de sa femme chaque soir ? Comment fait-elle pour le partager ? Je me dis que je ne pourrais jamais, mais l’amour fait parfois faire des choses insensées, qui ne s’expliquent pas. Il n’y a pas de comparaison possible, pas de ‘ si j’étais toi ‘ quand on en vient aux sentiments car personne ne peut se mettre à notre place. Certaines personnes peuvent s’en rapprocher parce qu’ils sont dans des situations similaires mais il y a tellement de choses à prendre en compte, à commencer par la personnalité de chacun, que la comparaison n’est pas concevable. Je serre la mâchoire lorsque ma meilleure amie l’insulte, retenant une nouvelle fois mes larmes. Le pire est que j’ai presque envie de le défendre alors que je n’ai aucune raison de le faire, ça me fait juste mal qu’on puisse l’insulter même si c’est littéralement ce que j’ai fait cette dernière heure. J’ai pesté tout le trajet. Non, je n’ai pas envie de régler ça par message. Je veux pouvoir le regarder dans les yeux quand je vais le confronter. J’ai espoir d’être en mesure de déceler le vrai du faux dans son regard, même si je sais aussi qu’il risque de m’embobiner. Moi aussi mais j’ai beau réfléchir, je n’en trouve aucune. Qu’est-ce qu’il fout à un bal étudiant, sans ne l’avoir jamais mentionné, au bras d’une autre ? J’ai pensé à l’une de ses sœurs, puis me suis rappelé que non seulement elles n'étudient plus, et qu’en plus Mery a été assez claire sur leur comportement. J’en ai un haut le cœur. Navigator? Je suis à la ramasse, je ne connais rien. Et puisque c’est là que nous avons passé notre dernière soirée, c’est là dessus que mon choix se porte. Je n’ai pas la tête à réfléchir à autre chose, je veux seulement danser et boire et ces deux choses sont possibles sur le bâteau. Je sais que Mery ne m’en aurait pas parlé si elle n’était pas sûre d’elle mais je n’arrive pas à y croire. On est bien, vraiment bien. Je n’ai rien vu venir. Absolument rien. Si on m’avait exposé la possibilité que William me trompe il y a quelques heures, j’en aurais sans doute rigolé. Alors pourquoi j’y crois dur comme fer à présent ? Je soupire et mets la radio en route. C'est toi qui gère la musique.