Quatre mois qu'elle avait quitté Boston. Cette opportunité, elle n'avait vraiment pas pu la manquer. Ce n'était pas vraiment ce vers quoi elle voulait tourner sa carrière professionnelle, mais le projet avait emporté son cœur, quand on l'avait contacté pour son travail d'artiste. Bien sûr, on était assez loin des portraits qu'elle pouvait immortaliser, mais l'univers artistique de l'équipe de réalisation vibrait en elle, et lui faisait écho. Si elle avait tourné le dos à cette opportunité, elle l'aurait probablement regretté toute sa vie : elle ne se présenterait probablement qu'une fois, alors qu'elle avait toute une carrière pour se faire un nom dans la photographie de portrait, auprès des plus grands. Mais ces quatre mois déjà écoulés lui avaient paru long, alors que jamais les journées ne se ressemblaient. Erza subissait l'éloignement familial, et ne vivait pas mieux le fait d'avoir imposé ce choix - même temporaire - à Alyss, qui l'avait pourtant toujours soutenue. Elles se voyaient tout de même dès que leurs emplois du temps respectifs le permettaient, surtout avec la décision d'Alyss de rejoindre le Sud du pays, facilitant les voyages entre l'Amérique centrale - principale région de tournage - et les plateaux de Los Angeles. Malgré tout, Erza avait hâte que ça se finisse, que sa vie reprenne le cours normal des choses. Et définitivement, elle ne se voyait pas faire ça toute sa vie, loin de là même. Quelques longs mois suffiraient bien amplement. Étonnamment, dans toutes ces péripéties, elle avait trouvé un véritable soutien dans les appels téléphoniques réguliers avec son frère - qu'elle obligeait probablement un peu - qui la rattachaient tant à sa famille. C'était aussi une façon pour elle de montrer à William qu'elle tenait à lui, peut-être même beaucoup plus qu'elle ne l'avait jamais pensé. Elle avait donc décidé de venir l'embêter durant ces quatre jours de repos qui se dessinaient devant elle, et qui concordaient également avec son anniversaire. Une visite à Boston, seule. Et elle comptait profiter de ce peu de temps avec le seul membre de sa famille encore en ville. Elle avait pris l'avion jusqu'à l'aéroport de Boston, beaucoup plus pratique pour elle, puis un taxi jusqu'à l'adresse de son frère, un sac de randonnée comme seul bagage, mais bien rempli puisqu'elle avait voulu ramener quelques bricoles pour son frère. Et une fois devant la porte, elle reste quelques instants en suspens devant la sonnette, avant de se décider à appuyer. La porte s'ouvre rapidement, un sourire s'affiche sur le visage d'Erza et, sans se retenir, elle lui adresse une accolade. |
(Cleo Salazar)