TW : violence, mafia, sang, sexe, rageEn regardant la situation comme elle se déroulait actuellement, le surnom d’ange gardien qu’Hélios avait sélectionné n’était peut-être pas aussi mal choisi que ça. Sur le moment, il me correspondait même un peu trop. Il me collait parfaitement à la peau. Quelques minutes plus tôt, je l’avais défendu face à un agresseur osant moi-même frapper cet étranger. Et, à présent, j’étais en train de prendre soin de lui. Je m’occupais de ses blessures l’écoutant parler. Je prenais sur mon temps de travail pour prendre soin de lui conscient que je risquais de devoir rattraper tout ce temps par la suite. Face à Hélios, je ne pouvais m’empêcher d’avoir envie de prendre soin de lui – encore plus vu l’état dans lequel il était après cette espèce de bagarre. Je ne pouvais m’empêcher de lui demander de faire attention à lui et de ne pas hésiter à m’appeler s’il en avait besoin. J’étais bien loin du Mafieux sans cœur qui résidait quelque part en moi. J’étais si éloigné du mec qui torturait sur demande. J’étais si loin du mec qui pouvait en frapper d’autres parfois même sans raison. J’étais si éloigné du meurtrier que j’étais, que je pouvais être. C’était presque comme s’il y avait deux personnalités si distinctes à l’intérieur de mon être. Je comprenais parfaitement pourquoi Hélios avait voulu m’appeler ange gardien et je ne pouvais pas réellement lui en vouloir pour cela. Ça collait à ma peau en quelque sorte. À ses yeux en tout cas et, sans doute même, aux yeux de tant d’autres. J’étais persuadé que je pouvais trouver une longue liste de personnes qui viendraient dire la même chose. J’étais certain que beaucoup n’hésiteraient pas à dire que j’étais un ange gardien. Néanmoins, la majorité de ces personnes ne savaient pas que j’étais un mafieux. La réponse d’Hélios me tirait bien vite de mes pensées. Les mots se faisaient entendre déclenchant un soupir. Marmonnant « Mon mari s’en occupera… », je ne venais pas totalement refuser les soins. Je les refusais là sur l’instant parce que ça me convenait de sentir la douleur de mes doigts. Je les refusais là parce qu’Hélios était plus important que moi. Cependant, je finirais pas subir des soins. Mon mari ne me laisserait pas le choix je le savais. Continuant à désinfecter l’arcade du jeune homme, je l’écoutais attentivement quand il continuait de parler. Je me concentrais sur les mots soufflés plus que sur la proximité que nous avions. Je me concentrais plus sur ce qu’il disait que sur les envies qui pouvaient toujours s’éveiller dans mon être. Lorsque le silence s’invitait, je finissais par souffler « Je… J’parle pas de te baby-sitter vingt-quatre heures sur vingt-quatre… Mais, cela ne m’empêche pas d’être disponible pour toi si tu en as besoin… » Ouais, clairement, je ne pouvais pas être disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre et je n’avais aucune envie de jouer au baby-sitter. Néanmoins, j’étais présent dans son existence. Je pouvais être là au moindre appel, à la moindre demande. Je pouvais être là comme un ami. Comme un putain d’ange gardien. Je secouais bien vite la tête à cette pensée.
La bêtise était commis. Je finissais par m’installer à califourchon sur Hélios un peu trop conscient du jeu dangereux auquel je commençais à jouer. Ça pouvait mal finir. Pour moi. Pour ma promesse de fidélité. Alors, je me concentrais totalement sur les soins à donner pour ne pas penser à cette proximité des corps. Ça me tendait encore plus. Ça me mettait toujours plus sur les nerfs au point où je ne pouvais m’empêcher de réagir vivement quand nous parlions encore de ma blessure à moi. J’étais prêt à foutre du désinfectant comme ça sur ma main. J’étais prêt à supporter cette douleur sans la moindre hésitation. Si ça pouvait pousser Hélios à cesser de m’en parler, j’étais totalement prêt ouais. Il riait à mes mots disant qu’il savait que c’était exactement ce que j’allais faire. Il abandonnait soudainement le combat haussant juste les épaules et je fronçais les sourcils. Il n’était pas si directif et dominant que ça en vérité. Appliquant le pansement sur son arcade, je laissais mes prunelles sombres observer sa joue un bref instant. Il y aurait sans doute une marque, mais il n’y avait rien à faire sur l’instant. Les soins étaient faits. J’aurai donc pu en rester là. J’aurai pu simplement m’éloigner de lui. J’aurai dû simplement prendre mes distances, lui trouver un taxi pour rentrer et retourner sagement à mon poste pour la fin de la soirée. Cependant, je ne bougeais pas. Le fait qu’il ait abandonné si aisément le combat avec moi me déplaisait foutrement d’autant plus qu’il avait su allumer une flamme quelques minutes plus tôt. Une flamme agréable qui brûlait dans le corps. Ma main non blessée glissait alors sur lui. Elle glissait lentement sur son torse avant de s’arrêter sur son entrejambe. Sa main gauche contre moi, j’aurai pu lui demander quelque chose là tout de suite. J’aurai pu lui demander de commettre une quelconque faute. Pourtant, ce n’était pas ce que je faisais. Je restais droit. Je demeurais sage. Je me contentais de le question sur une possible autre blessure et je faisais bien. Bien trop rapidement, sa main droite apparaissait ensanglantée et le murmure lui échappait. Le « Merde » glissait entre mes lèvres tandis que je me relevais en vitesse. J’hésitais un bref instant sur la marche à suivre. J’hésitais quelques secondes sur ce qu’il fallait faire avant de finalement balancer un « Allonge-toi ! » qui ne laissait pas place à la discussion. Je venais l’aider à basculer sur le banc. Ce n’était clairement pas des plus confortable, mais nous n’avions pas mieux pour le moment. Sans perdre une seconde supplémentaire, j’ouvrais sa chemise laissant mes iris sombres se poser sur sa plaie. La litanie de « Merde ! Merde ! Merde ! » s’échappait d’entre mes lèvres. La blessure n’avait pas l’air si profonde que ça. J’avais déjà vu tellement pire. Je savais que je pouvais me débrouiller pour les soins, même avec juste la trousse de secours du Lord Hobo. Néanmoins, je n’étais pas censé avoir ces connaissances. Je n’étais pas censé savoir me débrouiller. Choppant un linge propre, je venais l’appuyer contre la plaie avant d’annoncer « Faut que j’appelle les secours. » C’était la seule possibilité pour que cette blessure soit soignée sans soulever de questions. C’était la seule chose à faire ce soir..
@Hélios Grimaldi