(Bo & Becca) rock this movie.

J'avais besoin de me changer les idées. J'avais donc proposé à Bohème de m'accompagner voir le film qui passait ce soir à l'extérieur. Faisant même pas attention à la météo. Je trouvais juste l'idée sympa. Et j'avais envie de passer du temps avec mon ami. Avant de sortir, je pris une bouteille de coca, du sucre et des barres céréalieres. Juste au cas où. Je devais retrouver le jeune homme sur place et une fois que je le vis, je vins l'embrasser sur ses deux joues avant de lui dire. T'as clairement meilleure mine ce soir ! J'espérais ne pas devoir lui donner tout ce sucre dans mon sac. Ni même l'embrasser comme on avait pu en rire. Je ne savais pas si j'en serais capable, excepté si c'est vraiment en cas d'urgence vitale. Le jeune homme reste tout de même jeune pour moi. Je ne suis plus intéressée par ces coups d'un soir. J'ai clairement besoin de stabilité. D'un homme sur qui compter. La vie de couple commençait à me manquer. Du coup c'est quoi le film de ce soir ? J'ai meme pas regardé. @Bohème Chatelain

Une invitation de mon mentor, ça ne se refuse pas. Bien qu'en l'occurrence, mon goût pour le septième art est, jusqu'ici, été relégué aux oubliettes. Je ne crois pas avoir mis le pied dans une salle obscure depuis des lustres, et serais bien incapable de dire quel est le dernier film que j'ai vu. Mon métier ne m'en laisse tout bonnement pas le temps, ni l'envie à vrai dire. Mais ce soir... c'est particulier. J'ai accepté ladite invitation sans même réfléchir, une façon comme une autre de remercier Rebecca pour son aide de la fois passée. Je me suis même vêtu d'un costume sans fioritures et d'une veste, mais aussi armé d'une jolie rose rouge. Quelques minutes à peine que j'attends lorsque cette voix, que je reconnaîtrait entre mille, s'élève dans l'atmosphère sonore. Il faut dire que je me suis armé pour, pas de crise à l'horizon ce soir que je lance d'un ton léger en lui rendant ses bises, non sans lui tendre la rose achetée un peu plus tôt pour elle. Je sais que je n'ai pas été très coopératif la fois dernière, ni ne t'aie remerciée comme il se doit. Je te présente mes plus sincères excuses pour mon manque de tact, et te remercie du fond de mon cœur pour ton aide. Je penche légèrement la tête afin de ponctuer mes paroles, non sans attraper la programmation que l'on m'a donnée à l'entrée du cinéma en plein air afin de répondre à sa question. Une bluette ou un film d'action... tu es plutôt dans quelle humeur ? Romantique ou adrénaline ?

Une soirée avec Bohème allait me faire du bien. S’il se décidait à ne pas me refaire une crise comme la dernière fois. Mais au moins cette fois-ci j’étais préparée. Une munition de sucres dans mon sac, j’étais prête pour aller voir un quelconque film avec mon ancien élève. Je n’avais pas regardé ce qui passait, parce que je m’en fichais pas mal. Le plus important étant d’être en bonne compagnie et passer un bon moment.  Puis ce n’était pas n’importe quel cinéma, c’était un cinéma d’extérieur. Chose qui se fait rare. Alors autant en profiter tant qu’il est là. « Je me suis préparée aussi. » Lui dis-je tout en lui montrant l’intérieur de mon sac. « Si ça se trouve, c’est moi qui risque de faire une crise de diabète à la fin de la soirée. » Si je venais à ingurgiter tout cela. Heureusement ça n’allait pas être le cas. J’allais surement seulement me contenter d’un petit coca et de pop-corn (sucrés evidemment). « T’arrêtes tes bêtises ? T’as pas besoin de me remercier. D’autant plus que je n’ai rien fais de spécial à part te crier dessus et te gifler. » Et ça n’avait rien d’excitant. « Je dirais que je suis plutôt en manque d’amour en ce moment. » Mais est ce que j’avais vraiment envie de voir ce que les autres ont et moi non ? Non, ça risque de me déprimer davantage. « Oublie le romantisme, je préfère tout sauf ça. Je préfèrerais même un film d’horreur. » Or s’il me connaissait assez, il devait savoir que je détestais ce genre de films. Ne trouvant aucun plaisir à ressentir de la peur volontairement.

@Bohème Chatelain

Fallait-il que j'ai laissé un souvenir impérissable dans l'esprit de Rebecca pour que le contenu de son sac se transforme en véritable plan B pour crise diabétique aiguë. Mon premier réflexe est d'en être amusé, car cela prouve l'attention que me porte mon ancien mentor, et dans un second temps, j'en suis attristé. Tu es au courant que tu n'es pas obligée ? que je lance d'une voix douce, sans trace de culpabilisation. Ça me touche, ne crois pas le contraire. Je n'ai juste... pas l'habitude. Mon ton s'est fait sérieux, presque murmurant avant de m'étonner que la jolie brune soit en mal d'amour. Étant donné sa beauté et sa classe, mais également cette gentillesse profonde qui l'habite, je ne peux qu'être surpris à l'écoute de tels propos. Et moi qui pensais que tu croulais sous les rancards ! Mon trait d'humour ne m'empêche pas de la prendre dans mes bras, tout simplement. Un câlin sous teinte de réflexe, auquel je refuse de réfléchir. Je le lui offre, tout bonnement, avec la même sincérité que l'inquiétude étant la sienne depuis ma crise de la fois dernière. Tu m'as peut-être crié dessus et giflé, mais ça m'a permis de revenir sur terre ! que je ris en caressant doucement ses cheveux. Film d'horreur ? Pour que t'en cauchemarde pendant trois semaines ? Que nenni ! On va tabler sur le bon film d'action pan pan boum boum de derrière les fagots. Pas de prise de tête, pas de réflexion à avoir, juste à profiter. Qui sait, l'acteur principal aura peut-être des abdos de rêve ? L'idée, pour la remercier de son élan de gentillesse et d'intérêt, est de lui offrir une bonne soirée. Toute simple. Sans fioritures.

Il fallait que je me reprenne en main. L’alcool en moins, je pouvais maintenant d’aller de l’avant. J’avais compris que je devais trouver quelqu’un sur qui me poser. Terminé les coups d’un soir. Terminé ma crise de la quarantaine. Je voulais redevenir la Rebecca d’avant. L’avocate dont les gens avaient peur. Or, j’étais tout sauf cela en ce moment. J’étais juste un détritus qui enchainait les conneries. « Ca me fait plaisir. Je ne me sens pas forcé… » Je le regardais et lui souris le plus sincèrement possible. « Par contre, il va falloir que tu bouffes tout parce que le sac fait son poids quand même. » Rajoutais-je tout en riant. Non, je n’allais pas nous obliger à tout manger, sinon on devrait rouler pour rentrer chez nous. « Les rencards … Pas vraiment. Je me suis fais plaisir oui. Mais ce n’est pas ce qui me convient. » Après avoir été en couple durant un énorme temps, me retrouver seule n’avait pas été facile. Je ne m’étais pas sentie capable d’aimer à nouveau, d’oublier mon mari. Alors j’avais préféré donner mon corps, pour assouvir mes désirs sexuels. Oubliant totalement mon besoin d’amour. Je l’écoutais maintenant. « Va pour le film d’action ! » Il avait terminé de me convaincre en parlant des tablettes de l’acteur principal. « Par contre si je vois pas de torse nu, je te demanderais de me montrer le tien. » Dis-je tout en marchant pour nous trouver une place. Avant de me tourner vers lui et rire. « Je rigole ! » Ou pas. Je ne savais plus trop, ayant encore ce comportement d’aguicheuse que j’avais eu pendant quelques mois maintenant. Mais Bohème ce n’était pas une bonne idée. C’était le meilleur ami de Kassim. C’était un ancien élève… Un collègue. Non, que des excuses tout ça.

@Bohème Chatelain

L'air faussement effrayé face au poids du sac de bouffe, je roule soigneusement les yeux tel un gamin insupportable. Tout ??? Et mon régime bordel ? Théâtralement je plaque une main contre mon front, alors que je suis l'opposé en vérité. Pas de comptage de calories, pas de stress avec le sport, non. Mon diabète dictait bien suffisamment sa loi pour que je m'assomme avec d'autres obligations du genre. Si t'en faisais péter justement, de la bouffe au lieu de la couver ? Mes cils longs et recourbés papillonnent afin d'offrir à Rebecca autre chose qu'un moment de stress où il faut qu'elle pense contrôle. Non. Je veux l'entendre rire à mes conneries, qu'elle ait envie de me frapper, de m'étrangler pour finalement me rejoindre dans lesdites conneries. C'était ça, le but. Je ne peux pas te jeter la pierre... autant Mia me poussait à me bouger les fesses pour sortir, elle m'a même inscrit à un speed dating une fois - horreur de ma vie - autant depuis qu'elle est dans le coma je me partage surtout entre le taff et l'hosto. Pas envie d'autre chose, et encore moins l'envie de trouver le temps d'autre chose. Je sais, à vingt-cinq ans on ne peut pas prétendre avoir tout vécu et en être blasé... mais ce peu d'envie d'enchaîner les coups d'un soir juste pour que le corps exulte n'est simplement pas dans mon ADN. Tous les mecs ne sont pas des chaudards incontrôlables, ou en tout cas je ne me place pas franchement dans cette catégorie. J'étais sûr qu'à un moment donné je deviendrais une sorte d'objet sexuel ! Nouvel élan dramatique avant que je n'éclate purement et simplement de rire. Moi aussi je déconne, frappez pas chef !!

Le sac à mon épaule je sentais le poids de toutes ces sucreries, mais je ne m’attendais pas à ce que l’on mange tout. Au pire, j’en donnerais un peu aux gens autour de nous. Ou tout simplement je les ramènerais à ma fille après cette soirée. Je savais que ça ne serait pas perdu. « Ca va, je suis sûr que tu fais du sport pour entretenir ce corps. » Chose que je ne faisais pas de mon côté. Mais il semblerait que j’ai une bonne génétique et que je n’ai pas forcément besoin de cela pour avoir un corps de jeune femme. Il faut dire que je fais aussi attention à ce que je mange. Même si cela ne se voyait pas forcément en cette soirée, où j’avais surement quarante kilos de sucre dans mon sac. « Du coup, tu préfères tout simplement … Profiter ? » Je comprenais. Et il avait raison de le faire. D’autant plus s’il n’avait pas trouvé l’amour de sa vie. C’était quelque chose que je n’avais pas vécu : la jeunesse et les amours, les coups d’un soir, l’amusement. Non. J’avais connu mon mari assez tôt et j’avais su que c’était lui. Je n’avais pas ressenti le besoin de connaitre le corps d’autre homme. Et maintenant j’en avais assez profité, pour vouloir enfin me poser peut-être de nouveau. Sans forcément chercher à 100%. Surement encore trop fragilisée par tout ce qui s’était passée ces dernières années. « Tu es carrément sujet à fantasme, oui. » Puis sans même le regarder, je nous cherchais des places pour nous asseoir. J’aimais laisser planer ce doute du sérieux ou de la blague. A lui de savoir comment il souhaitait prendre ma petite phrase.

@Bohème Chatelain

J'avoue, je suis un joggeur matinal régulier que je lance dans un petit rire, car la course est salvatrice à bien des niveaux me concernant. Ne serait-ce que pour évacuer la pression d'un dossier un peu complexe, combattre la fatigue coûte que coûte, gérer le coma de Mia... tant de choses contre mes épaules que la liste ne peut être énoncée en entier. Aussi, le sujet de l'amour demeure un brin tabou à mes yeux. On peut avoir vingt-cinq ans et la désagréable impression que l'on ne vivra pas autrement qu'à travers le travail et l'accomplissement de ce dernier. Qui aimerait être enchaîné d'une quelconque manière à quelqu'un qui perd le sens commun de jour en jour ? Le compliment de Rebecca m'a provoqué un élan de tendresse, traduit notamment par un franc sourire et une expression lumineuse au fond de mes prunelles sombres, mais cette légèreté prend rapidement fin lorsque je me reconcentre sur le sujet précédent : l'amour. Le partage. Offrir son existence à un autre être humain. Je ne peux pas obliger une femme à devenir mon infirmière à domicile. On parle de ça, tu es au courant ? Alors ouais, j'ai vingt-cinq ans et pas de projet amoureux en vue. Le mariage, les enfants tout ça... ce ne sera jamais pour moi. Va falloir que tu trouves le bonheur pour nous deux histoire d'équilibrer hein ! que je plaisante finalement, tâchant tant bien que mal de ne pas plomber définitivement l'ambiance avec mes conneries sombres.

« Je vais peut-être me mettre à courir tôt le matin aussi alors. » Question de tomber par hasard sur lui, et peut-être passer plus de temps en sa compagnie. « Tu m’as dis que tu courais où déjà ? » Elle savait qu’il ne lui avait rien dit, mais c’était sa façon de demander. Elle ne se cachait pas sur le fait qu’elle lui disait ouvertement que si elle courait, c’était pour tomber sur lui. Elle trouvait ça même plutôt amusant. Et alors qu’ils discutaient tout en riant, la conversation devint un peu plus sérieuse, et morose. Elle écouta son ancien élève, et sentit son désespoir. Même s’il ne voulait pas le montrer. « Tu sais que nous, les femmes, on nous oblige rarement à faire des choses ? Si tu viens à trouver quelqu’un, et qu’elle décide de rester, ça sera parce que, elle, l’aura décidé, et surement parce qu’elle t’aimera. » Elle ne lui disait pas de trouver l’amour tout de suite. Seulement d’y croire si ça venait à lui. De ne pas repousser une gentille fille, surement amoureuse, par simple peur. « On s’assoit là ? » Lui demanda-t-elle en indiquant deux transats l’un à côté de l’autre. Pas trop proche, ni trop loin, et pile au milieu de l’écran. C’était parfait.

@Bohème Chatelain

J'avoue que Rebecca me fait rire, entre ce petit côté maternel qu'elle peine à cacher et cette envie manifeste de passer davantage de temps en ma compagnie. Pas loin de chez moi, Jamaica Plain. Y'a un super parc avec une grande étendue d'eau, spot idéal le matin à l'aube que je rétorque en toute innocence, sachant que je ne cours pas que là, que je me décide souvent à la dernière seconde, porté par l'humeur du moment. Nous nous installons à une distance parfaite de l'écran, et j'éclate de rire. Son petit laïus concernant l'amour en est presque convaincant. Tu sais que tu as une très bonne voie de reconversion : entremetteuse ! Je suis sûr que ça t'irait comme un gant ! que je plaisante d'un ton léger, poursuivant la conversation jusqu'à ce que le film ne commence. Nous commentons quelques petits détails de certaines scènes, et la soirée est juste parfaite.