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J'ai quelque chose d'important à te dire
Et voilà ! L’heure était arrivée. J’allais devoir dire à Calhen la vérité, celle qu’il ne voudrait surement pas entendre, mais qu’il devait connaître. J’avais fait mes recherches ces derniers temps et savais qu’il appartenait à la Dunster House, à Harvard. C’est là-bas que j’avais dit à mon chauffeur de me déposer, pile devant la résidence. Durant tout le trajet, j’avais réfléchi à comment aborder le sujet avec Calhen, comment lui annoncer que j’étais enceinte. Mais, il fallait se dire la vérité : c’était loin d’être la chose la plus aisée au monde. Serrant les poings sur ma robe blanche, j’avais mes écouteurs dans les oreilles et mon portable diffusait en boucle Under d’Alex Hepburn. Non pas que je sois une grande fan, loin de là. Mais je trouvais que la musique collait parfaitement à mon état d’esprit du moment. Alors était arrivé le moment crucial. Celui qui pouvait faire basculer toute notre relation – ou du moins, notre semblant de relation – en quelques secondes à peine. Angoissée à mort quand le chauffeur ouvrit la portière, ce fut tremblante que je descendis du véhicule. Il était dix-huit heures et j’espérais vraiment qu’il allait être là. Je n’avais pas envie de tomber sur quelqu’un d’autre, même s’il y avait très peu de chances que ce soit lui qui vienne m’ouvrir. Les pas jusqu’à la porte furent un véritable chemin du condamné. Je n’en pouvais plus. J’avais envie de mourir sur place. Dans ma main, le test de grossesse positif. Oui, je savais, c’était extrêmement cliché comme arrivée. Mais peu importait. J’allais très mal et ne savais pas quoi faire d’autre. Les yeux rivés sur la porte, j’arrivais enfin sur le perron et m’y stabilisais un moment. Oh mon Dieu ! Bon, c’était le moment ou jamais. J’avais peur. Si peur. J’étais terrifiée, comme paralysée. Je ne me sentais même pas la force de frapper à la porte. Dans ma tête repassait en boucle le jour où on s’était revu à l’anniversaire des grands parents de Cal’. Si je n’avais pas insisté pour avoir son numéro de téléphone, ni même pour le revoir, tout cela ne serait jamais arrivé. Mais qu’est-ce qui m’avait pris d’être tombée amoureuse de ce type, bon sang ? Frappant à la porte enfin, je sentis que mon cœur eut un raté. Un raté avant de se remettre à battre si fort qu’il aurait pu me casser deux côtes au passage. Rapidement, je passais une main dans mes cheveux avant que la porte ne s’entrouvre. Ce n’était pas Calhen. Ne laissant même pas le temps à la personne de parler, je lui lançais « Je voudrais voir Calhen Mitchell, s’il vous plait ! ». Ce à quoi il répondit par un hochement de tête avant de s’écarter et de crier « Calhen, y a quelqu’un pour toi ! ». Je soufflais longuement. Oui, il était là. Bon, c’était déjà ça. Tirant sur ma robe comme si je voulais cacher un ventre inexistant, j’attendais qu’il arrive. J’avais envie de pleurer encore. Je pleurais beaucoup depuis la découverte de ce …truc la veille. Je croyais bien n’avoir jamais autant pleuré de ma vie. Enfin, ma vie…S’il décidait qu’on gardait le bébé, je n’allais plus en avoir de vie. Même pas 22 ans et déjà maman. Je n’avais encore pas fait d’études supérieures. M’accoudant au cadran de la porte pour ne pas tomber, je le vis finalement. Ne sachant déjà pas que penser de moi, je n’arrivais pas à savoir que penser de lui en cet instant. Est-ce que me voir lui faisait tout d’abord plaisir ou non ? Cela demeurait un mystère. Je tentais de me redresser pour être plus présentable, mais cela me semblait impossible. « Salut Calhen » Lâchais-je presque dans un murmure, tant ma voix étant faible. Je le fixais droit dans les yeux un instant, comme si cela allait me permettre de paraître plus sûre de moi. Mais en fait, non. Alors, je le baissais sur ses chaussures et pinçais mes lèvres. Alors, ce fut le drame ! Alors qu’il se tenait devant moi, je m’effondrais – encore – en larmes.
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