Plus tes examens approchaient et plus tu te sentais à cran. Cela ne changeait guère par rapport à d'habitude, tu étais dans une pente descendante depuis plusieurs mois déjà et les récents événements n'ont pas aidé à améliorer ton humeur. Tu te sentais étouffer ici, à Boston, tu en avais marre de voir toujours les mêmes décors et les mêmes gens. Ce n'était pas que tu n'aimais pas tes amis, bien au contraire ils étaient d'une aide précieuse quand tu avais le moral en berne. Cependant, aussi bonnes que puissent être leurs intentions, ils étaient parfois à côté de la plaque. Ils n'étaient pas en mesure d'apaiser tes angoisses existentielles. Tu ne les en blâmais pas vraiment, pour la simple et bonne raison que c'était ton boulot de gérer tes propres insécurités mais toutes ces micro-agressions avaient tendance à te gonfler. Oui, beaucoup de choses arrivaient en même temps, ton enfant à venir, tes ambitions concernant la présidence de ta confrérie pour l'année prochaine où tu comptais postuler, et ton peut-être futur job à la radio pour lequel tu avais un entretien cette semaine, mais dans ta tête tout semblait se goupiller correctement. Quelque part ça t'arrangeait de pouvoir travailler sur Boston, parce que justement tu pourras être là pour la naissance et les premiers mois du bébé, tu ne seras pas obligé de partir en mission à l'étranger comme c'était dans tes plans au départ. Tu avais l'occasion de faire quelque chose qui t'éclatait tout en restant proche de chez toi, tu n'allais quand même pas cracher dessus. Tu comprenais que pour un regard extérieur ça puisse faire beaucoup à gérer d'un coup, mais à tes yeux, rien n'était impossible. Certes, ça te demandera un peu plus de travail et ça te demandera aussi un peu d'organisation mais il n'y avait aucune raison pour que tu échoues, pas plus qu'un autre. Certes tu n'étais pas dans un bon mood en ce moment mais c'était temporaire, tu n'étais pas une petite chose fragile qui allait s'effondrer à la première occasion. C'est là que le bât blesse, tu te sentais piqué parce que cela te renvoyait inévitablement à ton handicap, mais ce n'était pas parce que tu étais infirme que tu avais davantage besoin d'être couvé. Tu savais ce que tu faisais, tu demandais juste qu'on te fasse confiance. Ne supportant plus le bourdonnement incessant de tes pensées, tu avais décidé de chausser tes baskets pour aller courir. C'était tout ce dont tu avais besoin, décrocher de tes bouquins et investir toute ton énergie dans l'effort physique, t'épuiser physiquement pour ne plus avoir à penser. Tu avais embarqué Cooper avec toi et le berger australien était plus que ravi à l'idée d'aller se promener. A petites foulées donc, tu courais le long du sentier, le chien trottinant un peu plus loin devant toi, quand soudain l'animal s'emballa et tira sur la laisse qui le reliait à toi. "Oh, wow, doucement!" Tu t'écrias en pilant brusquement, soulevant un léger nuage de poussière quand tes semelles crissèrent sur le sentier. "Qu'est-ce que tu as vu?" Parce que pour s'exciter autant il avait certainement dû repérer quelque chose - ou bien quelqu'un. "Ça suffit!" Tu t'écrias pour qu'il se calme. "Je t'ai déjà dit qu'on n'aboie pas sur..." les gens mais tu n'eus pas le temps de terminer ta phrase, ton regard venait de s'arrêter sur deux silhouettes familières. "Tonton!" S'écria une petite voix avant de fondre sur toi pour te sauter dessus. Cela ne fit qu'exciter davantage le chien qui se mit à faire des bonds de cabri tout en jappant joyeusement. "Bonjour à toi aussi Loulou." Tu répondis en te baissant un peu pour être à la hauteur de la gamine. Tu t'attendais à voir sa mère avec elle mais tu réalisais qu'elle était avec une toute autre personne. "Rose?" Tu avais reconnu la sœur d'Elias, que tu avais croisée dans une supérette il y a quelques mois de ça, et que tu n'avais pas revue depuis.
@Rose Wertheimer (Rainier de Danemark)
PRINCE RAINIER
(THE PHOTOGRAPH)And I find it kind of funny, I find it kind of sad. The dreams in which I'm dying are the best I've ever had. It's a very mad world.