Poison in our veins // Théodore

20 mai 2023, 21h34.

Perdue dans la contemplation du liquide mordoré dans ton verre, tu essaies tant bien que mal de recoller les pièces de cette... mystérieuse toile que te peint Théodore.

— Nous étions tous les deux en colère. Il semblerait que sa confiance en moi connaisse des limites assez rigides et elle ne supportait pas l’idée que je puisse avoir un rendez-vous avec Eowyn. Une histoire de trahison amicale avec son ex-copain… J’apprécie moyennement devoir solder les erreurs des autres.

Honnêtement, tu n'es même pas sûre de savoir de quoi il parle. Trahison amicale ? Ça pourrait être le titre d'un épisode de Beverly Hills, non ? Tu aspires une délicieuse gorgée avant de lui répondre, laissant le poison infuser un peu plus tes veines et faire luire un éclat de malice à la surface de tes pupilles. Redressant le dos, tu inspectes ton acolyte d'un œil suspicieux.

— Théodore... tu ne te ressembles pas.

— Hm.. ? Comment ça ?

Tu reposes ton verre devant toi, comme une avocate présenterait son dossier au juge.

— Tu vas te faire tabasser pour une histoire à la con, tu minaudes en parlant de Princesse, tu sembles prêt à tout pour satisfaire ses moindres désirs... tu ne serais pas amoureux, quand même, hm ?

Il ose détourner le regard, avalant une longue gorgée de sa boisson.

— Serait-ce un problème ? Je déteste quand les évènements ne se déroulent pas selon mes désirs, se dépêche-t-il d'ajouter.

Un rire sec, bref et moqueur vibre entre tes lèvres alors que ton attention reste bien fixe sur son visage, analysant la moindre contraction de sa mâchoire.

— Ce n'est pas un problème, c'est... pathétique. Tu te souviens ? L'amour, c'est une faiblesse. Es-tu faible, Théodore ?

Tu remontes ton pied le long de son mollet, allant titiller ce flegme factice que tu souhaites voir fondre sous l'influence de tes provocations. Un petit sourire vient égayer ses traits mélancoliques.

— Nous savons très bien que tu es incapable de jouer à ce jeu là, Silver... dit-il en levant les yeux au plafond. Tu vas te couvrir de ridicule. Comment se porte ton petit oisillon ?

De quoi parle-t-il ? Ah, du fait que tu refuses de coucher avec lui ? Mais... ça ne t'empêche pas de jouer. Ni de le provoquer. C'est même là tout l'intérêt du jeu.

— Tu interprètes mal mes intentions, mon cher. Quant à l'oisillon... il me donne du fil à retordre. Même si nous avons quand même fini par conclure... d'une certaine manière. Il est un peu old-school, vois-tu. Ne se donne pas à n'importe qui.

Tu ponctues ton explication d'un haussement d'épaules nonchalant, car tu estimes déjà avoir gagné la bataille... ce n'est qu'une question de temps. Qui pourrait ne pas te succomber, hm ?

Tu sens qu'il t'échappe, le petit Théo. Et ça ne te plaît pas. Pas. Du. Tout. En désignant cette proie, tu as envie de le tester un peu. En temps normal, il aurait sauté sur l'occasion. Il ne t'aurait certainement pas répondu quelque chose d'aussi ridicule que « je te la laisse ». Mais tu n'es pas disposée à le laisser s'en sortir si facilement. Tu veux retrouver ton Théodore... celui qui se moque de l'amour et de toutes ces conneries. Ton acolyte qui ne dit jamais non à un challenge pour t'impressionner.

Croisant les bras sur ta poitrine, verre toujours en main, tu balaies la salle du regard en essayant de lui trouver une beauté plus susceptible de lui plaire. C'est quoi son style, déjà ? Les rousses sataniques et les blondes angéliques ?

— Très bien. Choisis-en une plus à ton goût, alors.

Haussant un sourcil autoritaire, tu patientes. S'il se défile... il sait qu'il avoue là une faiblesse sur laquelle tu te feras un réel plaisir d'appuyer. Le château de cartes tremblote déjà, et tu es prête à y enfoncer ton talon d'un coup de pied bien placé. Tes griffes plantées fermement sur ton territoire, tu attends qu'il suive les règles de votre petit jeu. Qu'il accepte le défi.

— À moins que tu ne veuilles plus jouer... et qu'Orphéa t'ait réellement fait un lavage de cerveau.

La petite pique en plus, pour aller titiller son orgueil. Mais est-ce que ce sera suffisant pour le faire réagir ?

Théo joue la comédie pour divertir ton attention, mais tes lasers ne quitte pas sa silhouette une seule seconde.

— N'importe laquelle, oui, ripostes-tu avec l'assurance de celle qui sait la victoire à portée de main.

Son dévolu se jettera-t-il sur cette jolie brune aux yeux verts, près du bar ? Ou encore, cette beauté Noire qui sirote un cocktail près de la scène ? Sourcil haussé, tu le vois revenir vers toi et... un frisson désagréable secoue tes épaules lorsqu'il y pose ses pattes audacieuses. Sa proie. Toi. Non... tu n'es quand même pas tombée dans le panneau, Silver ? Pas une seule seconde ne t'es-tu imaginé qu'il te choisirait. Ce Martini a dû brouiller tes connexions. Trop habituée à essuyer ses tentatives d'une réplique sarcastique, tu en as presque oublié celle qu'il convoite réellement depuis toutes ces années. Depuis ce baiser adolescent, risible et maladroit. Baiser qui l'a visiblement laissé sur sa faim.

Tu esquisses un sourire ironique, prenant sa réponse pour une vulgaire boutade destinée à te déstabiliser.

— Allons, sois sérieux.

Ses mains glissent avec une lenteur pénible sur tes épaules, se rapprochant de tes clavicules. À quoi joue-t-il, bon sang ?

— Je suis très sérieux.

Fuck. Est-ce donc là l'unique solution ? Le gâter enfin de ton affection afin de le détourner de cette rivale qui a planté ses crocs dans son myocarde ? Un frémissement de tes narines trahit ton trouble, que tu ravales orgueilleusement en faisant de rapides calculs dans ta tête. Si Théodore obtient ce qu'il veut : tu gagnes... et tu perds à la fois. Des années de persévérance, de résistance. L'issue de l'offrande n'est pas déterminée : une fois satisfait, il pourrait tout à fait se désintéresser de ta personne et tu perdrais alors ton ascendant. Ou alors... ce dernier n'en serait que renforcé. Tu sais que le sexe le motive : c'était ça qui le maintenait sous le joug de Satan, après tout. Théo a un fond toxique ; il a beau endosser le rôle du mec indépendant, il adore être mené à la baguette - littéralement. Si tu lui refuses, encore une fois, ce qu'il désire... tu perds aussi. Il retournera dans les bras d'Orphéa dès la soirée terminée.

Le dilemme te fait bouillir, tergiverser pendant une poignée de secondes. Acculée, coincée, tu n'as d'autre choix que de lever un regard faussement amusé vers son expression narquoise. Tu as envie de gifler ces joues rebondies de satisfaction.

— Pour une fois que tu fais le bon choix.

Le problème avec toi Silver, c'est que tu ne recules devant rien.

tw : sexe (mentions)

C'est presque... trop facile. S'il se désintéresse si rapidement de la blondinette, comment peut-il prétendre l'aimer ? Non pas qu'il l'ait avoué expressément... mais tu le vois dans son regard de petit chiot dès qu'il lui répond sur son portable. C'est si repoussant. Et pourtant... c'est ça qui t'a fait tomber dans son filet tendu. Si tu ne peux pas avoir Devon... il est hors de question que Théo ait Orphéa. Ton sourire s'élargit en voyant le message. Tu voulais qu'il lui précise bien que c'est avec toi qu'il passe la soirée. Qu'elle dégage du podium - elle n'a rien à faire là et tu étais présente bien avant qu'elle ne débarque. Cette situation est inouïe. Jamais survenue auparavant, car Théo n'avait jamais paru s'éprendre véritablement de quelqu'un. Sa fascination pour Wendy n'était pas de l'amour. Ça t'emmerdait qu'il lui accorde autant d'importance et d'attention, oui, mais tu n'aurais pas été prête à la remplacer. Orphéa... Princesse semble avoir frappé au cœur de la cible. Et tu as déjà les mains serrées autour de la fléchette afin de l'extraire du bois.

— Nos projets, Théodore. C'est ce que tu veux, non ? (Tu te lèves à ton tour, glissant une main le long de son torse, vers sa gorge.) Tu veux me faire crier, hm ? Tu veux que je te fasse mal pour te faire du bien...? Je parie qu'elle en est incapable.

— Hm. Tu parles d'elle pour être certaine de provoquer une réaction ? Peur de pas réussir à me filer une érection par toi-même Silver ? (Il s'approche de ton oreille et lâche dans un murmure.) Je vais te faire crier.

Tu te retiens de lever les yeux au ciel, même si sa déclaration allume un brasier dans ton bas-ventre. C'est quoi, ça ? Théo qui te fait de l'effet... c'est vraiment le monde à l'envers. Ou alors, c'est le triomphe imminent qui te rend fébrile.

— Je tiens juste à te rappeler que nous ne jouons pas dans la même ligue, elle et moi. J'ai quitté le bac à sable depuis longtemps.

Ton ongle s'enfonce dans la chair de son torse, juste à l'endroit où sa chemise est déboutonnée. Tu sais ce qu'il veut... ce qu'il aime... sans avoir jamais couché avec lui. À travers ses récits et ses aventures désastreuses, tu as appris à le connaître plus intimement qu'aucune autre fille ne le pourra jamais. Tu appuies un long moment avant d'alléger la pression de ton doigt.

— J'ai peur de rien. Tu devrais le savoir.

— Tu parles beaucoup mais tu ne fais rien. J'attends de voir.

Tu t'es engagée : tu n'as aucune intention de faire demi-tour, malgré l'âcreté toujours perceptible dans ton œsophage. Le jeu en vaut la chandelle. Le sexe et ses multiples expressions et vices ne te font pas peur : au contraire, c'est là ton terrain favori. Tu ne pensais pas un jour y inviter le petit Théodore... mais les dés ne sont pas encore jetés. Il y a encore une chance qu'il se désiste... et tu obtiendras là un double-trophée à ajouter à ta collection.

— Rentrons chez moi. Cécile n'est pas là ce soir... tu pourras crier autant que tu veux.

Sur un nouveau sourire moqueur, tu ramasses ta pochette et la passes autour de ton épaule avant de prendre la direction de la sortie... sans vérifier que Théo te suit. La laisse invisible qui le lie à toi est bien serrée autour de son cou - inutile de vérifier qu'il trottine bien derrière toi.

FIN DU RP

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