weirdo (raggy)

opales qui s'attardaient sur le ciel. sur les gens heureux, à vouloir voler leur bonheur. à vouloir comprendre leur malheur. c'était un jeu qu'elle jouait depuis petite sans comprendre les règles .à tenter deviner ce que les gens racontaient. solitude plus présente que twiggy pouvait l'imaginer, à la suivre comme une ombre , se calant sur un cycle routinier. l'heure d'aller acheter son café sur le bord de la mer.  ça l'avait apaisé la gamine, de venir ici. tous les jours, encore et encore. à prendre le même café à la même heure, se calquant sur cette horloge si bien réglé. habitude qu'elle avait commencé à prendre quand son monde avait vrillé, à se raccrocher à la normalité.  le parfum de la mer calmant ses troubles les plus profonds.les vagues emmenant dans l'écume tous ses problèmes.  et depuis trois ans à entamer le même trajet  à oublier quand tout ça avait commencé. à en dessiner des jolis souvenirs pour oublier les plus mauvais.  regard qui s'attarde violemment sur cette silhouette qu'elle avait tant admiré. indécise sur ce qu'il fallait faire. pouvant entendre la voix de sa mère lui maugréer les règles de politesse. c'était encore plus bizarre depuis qu'ils avaient commencé à se reparler. rafaël. son histoire la plus belle. un soir il l’avait regardé intensément , il lui  avait souris un peu trop fort et il avait  fini par lui transpercer le cœur à se noyer dans ses yeux comme dans une pluie étoilée; elle avait enfin compris ce que c'était d'avoir des papillons dans le bide.  twiggy pensait que la vie s’arrêtait à lui, à eux. puis elle a appris qu’après, il y n’y avait plus rien, seulement un horizon de tristesse, de vide, de poussières de sentiments et d’anéantissement. et l'ingénue avait eu  raison. à trop s’aimer, ils se sont quittés. à trop s’aimer, ils se sont détestés. et là , à l'observer elle ressentait que le néant, coeur amorphe. à vouloir ressentir quelque chose de tout le tréfonds de son âme, même les mots peinaient à sortir de sa bouche. c'était plus facile de lui parler de loin, sur son téléphone à être là sans exister. le voir de chair et d'os le rendait réel, leur histoire aussi.  moue qui se dessine sur ses lèvres tentant d'esquisse un pauvre sourire qui peinait à atteindre ses prunelles . "hello" qu'elle articule essayant de teinter  sa voix de bonne humeur. rictus qui s’élargit  "va pas croire que je te suis c'est juste devenu mon café préféré force de l'habitude j'imagine ." qu'elle soulignait dans un vague haussement d'épaule gênée.

@Rafael Juàrez
gêne presque palpable dans l'air, alors qu'elle tentait de replacer une mèche rebelle derrière son oreille. l'envie de dire une connerie, peur de dire des mots trop gentils. tout un contraste. émotions qu'elle peinait à gérer. "c'est vrai , j'crois qu'à l'époque je les aimais bien car c'était toi qui les préparait? " qu'elle offre songeuse perdue dans des souvenirs usés à forcer de les ressasser. maintenant c'était son seul remède café noir et cigarettes,à aiguiser son cœur naufragé. de cet espoir de réchauffer son corps pour que cette chaleur l'aide à ressentir à nouveau. c'était putain de triste, c'était tout twiggy. "heu ok? pourquoi t'as acheté un jean chelou?" qu'elle s'amuse en tentant de cacher le sourire qui commençait à pousser sur lèvres. opales qui le détaillaient de la tête au pied. il n'avait pas changé, pourtant tout chez lui sonnait quelque chose de différent. elle avait toujours été trop faible avec lui, à sourire pour tout pour rien. ils pouvaient s'insulter que sa présence suffisait simplement pour tout oublier. et ça l'énervait l'ingénue, elle n'avait jamais été aussi faible que pour lui. ce sourire dans lequel on pouvait voir tellement de failles, tellement de douleur, tellement de doutes que ça lui faisait peur à la gamine. "pourquoi tu le voudrais lire c'est ça? " journal intime bien trop précieux à ses prunelles, pages qui renfermaient tous ses démons, tous les petits bouts de son palpitant brisé. elle avait jamais eu assez de scotch pour tout recoller . non ça n'avait jamais été un amour de conte de fées, ça avait toujours été un amour de condamnés aux accents de douloureuse réalité. ça avait été un amour imparfait qui était bel et bien destiné à finir conjugué à l'imparfait. un amour qui se foutait du passé, et qui ne prévoyait aucun futur. "ouai c'est un des endroits que j'utilise tu vois là juste entre deux cacas de mouettes" qu'elle pointe du doigt un banc qui donnait face à la mer. à maintenant un visage imperturbable. parce que le sarcasme c'était la seule arme qui lui restait face à lui.

coeur qui semblait battre dans sa poitrine aussi rapidement que les mots se formulaient sur sa langue. avec quelques ratés. sur meets tout était si simple, dans la vie tout était plus difficile. peut-être parce qu'ils se connaissaient trop bien. peut-être parce qu'ils avaient tous les deux échoués.  à jouer à ce jeu d'enfant: le premier  qui vient parler à l’autre à perdu, eux deux aimaient gagner alors ils se sont perdus, vérité un brin plus compliquée.  moue timide qui ne disparaissait pas de son visage, ne sachant pas quoi faire de ses bras, de ses mains. "de toute façon j'te le ferai pas lire ça serait trop gênant, tu découvrirais des rafael+ twiggy= pour la vie avec des petits coeurs partout" que l'ingénue souffle dans ce mensonge au teinte de réalité. parce que ces pages là n'existaient plus. de rage et de peine twiggy avait tout déchiré lorsqu'il l'avait abandonné. elle avait eu les lèvres bleus à cause du froid, et les yeux rouges à cause de lui. à tout arracher en petit morceau à l'image de chaque coup que son âme avait absorbé. à se dire qu'il n'avait plus le droit d'exister ni dans ses pensées, ni dans son passé. puis elle avait regretté. à comprendre que c'était la seule trace qui lui restait de ( l u i ). l'unique preuve que leur amour avait été pendant un instant indéniable que putain tout ça n'avait pas été que dans sa tête à la gamine. la folie qui avait dansé avec elle, alors qu'elle avait tenté de tout recoller. mais elle avait un livre tout entier pour raconter leur histoire. rictus empli de malice alors qu'elle tentait de cacher à travers ses sourires factices toute la peine causée. "il est vrai que je suis trop bien pour ce banc" qu'elle concède. à une époque ça l'aurait gênée qu'on la prenne ainsi pour une princesse; mais maintenant tout ça n'avait plus d'importance. elle s'en foutait de la saleté, de la pluie, de l'orage. "t'as bonne mémoire juarez,  avoue c'est parce que tu passais ta journée à me regarder" qu'elle s'exclame telle une évidence, alors qu'elle passait sa main dans ses cheveux. "ouai j'lai toujours mon stylo à plume rose, si tu veux je te le donne il pourrait bien aller avec ton jean" vague haussement d'épaule. à se demander comment elle en était arrivée là. il lui avait détruit le coeur, et elle faisait comme si rien ne s'était passé à discuter de merdes de mouettes.  c'était ça devenir adulte? souffrir en silence.