stuck on me like a tattoo
La semaine a été longue, et même si elle a essayé de faire semblant de ne pas être touchée ou bien perturbée par le fait qu’avec Wendy, une énième fois, il a voyagé. Entre le manque, la jalousie et la colère, Haiwee, elle a tenté de ne pas se noyer. De rester égale à elle-même, et d’accepter… Accepter de ne jamais l’avoir en entier. Sans sentir son cœur saigner à force de s’imaginer que c’est surtout avec la rousse incendiaire qu’elle doit le partager. Pourtant, elle a envie de le croire lorsqu’il lui dit qu’il n’a pas visité son lit depuis la nuit dans le jacuzzi. Tout ce qu’elle souhaite maintenant, c’est qu’il rentre, tout simplement. Recevoir un message pour le lui confirmer, et le rejoindre demain, au petit matin.
Elle soupire lorsqu’elle griffonne quelques mots de plus sur son papier, elle s’attèle à relater les brouillons de faits divers qu’on lui a confié. Seulement, son esprit, c’est ailleurs qu’il est. Sa concentration, elle peine à la maintenir si bien que sa paume va accrocher son gobelet de café. Et elle s’écœure de la température de ce dernier. C’est froid, et elle ne s’est pas rendu compte que les heures avaient défilées.
Ses phalanges plaquées sur son front, elle malaxe durant de longues secondes ses traits, jusqu’à ce qu’elle n’entende arriver une présence à proximité. La tête reposée dans sa main, affalée, elle se retourne en un disgracieux mouvement, sa dextre vissée sur son faciès, trahissant la lassitude qu’elle ressent. Mais elle se redresse dans le même instant lorsqu’elle reconnait l’étudiant. Une fois sur pieds, elle croise ses bras contre sa poitrine, le contemplant. « T’as pas le droit d’être là. » puisque dans ce journal, il ne travaille pas. Pourtant, c’est bien un sourire qui fend les lèvres de l’amérindienne, qui traduit combien elle est heureuse de le voir, à quel point elle voudrait accrocher à sa nuque, ses bras. Et parce qu’il n’y a pas longtemps, il y en a donné le droit, elle s’approche de sa silhouette à l’aide de quelques pas. Cède à ses envies de proximité, puisque de toutes les façons, elle a conscience qu’aussi tard, il n’y a souvent plus qu’elle dans les locaux. De sa paume, elle va effleurer au niveau de son profil, le grain de sa peau, avant de l’embrasser avec une parcimonie maitrisée, encore peu habituée à leur nouvelle manière de fonctionner. L’équilibre, elle est toujours en train de le chercher. « Je n’ai pas mangé, on passe prendre un truc avant de rentrer ? » Elle interroge chez lui, chez elle, qu’importe à dire vrai, « Tu me dois des cours de français. » C’est difficile tout de même, de faire comme si elle n’était pas troublée par ses départs répétés.
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(Haiwee Wind River)