Ok Lexie, on va mettre les points sur les i tout de suite, c’est juste un café : tu ne t’emballes pas !
Comment dire que, ce conseil, Lexie aurait beau vouloir l’appliquer, elle n’y arrivera pas et le sait. Son coeur bat déjà un rythme beaucoup trop effréné pour que sa simple marche rapide en soit la cause. L’étudiante conçoit bien qu’elle doit contenir cette euphorie qui la gagne, alors qu’elle est proche d’atteindre sa destination, parce que cela risque de se voir et elle s’est promis de museler son attirance, car cette dernière n’a pas lieu d’être. Pourtant, c’est plus fort qu’elle, c’est comme si son corps refusait de répondre à son cerveau, ou à la partie de son cerveau qui gère la sagesse. Et en même temps, comment ne pas ressentir cette allégresse ? Quand bien même elle n’avait pas été attirée par madame Campbell, elle aurait été ravie de cette invitation, parce qu’il lui semble qu’elles partagent pas mal de passions, hobbies sur lesquels, Lex’ en est convaincue, elles pourraient discuter pendant des heures. Et, qu’elle soit honnête envers elle-même : elle a hâte d’en savoir un peu plus sur son enseignante. Quel mal y-a-t-il à ça ? Aucun, si t’étais pas en total crush sur elle…
Mais cela sa professeure ne le sait pas, et ne le saura jamais. Pour leur bien à toutes les deux, vaut mieux. Et puis ça va bien finir par passer non ?
Oui bien sûr ! C’est certain qu’en acceptant, que dis-je, en souhaitant sérieusement ce café, ça va passer tout seul. Y’a que toi qui y crois !
Mais encore une fois, l’étudiante ne peut s’en empêcher…
Elle a quitté le gymnase, pour se diriger vers le café où l’attend donc madame Campbell. Cette dernière est venue en voiture, ce qui veut dire que c’est encore une fois Lexie qui va être en retard. Mais bon, cette fois elle a une bonne excuse : elle marche. Et après une séance de sport qui plus est. Ceci dit à 4h d’entraînement par semaine, y’a belle lurette qu’elle ne ressent plus beaucoup les courbatures. L’étudiante a pris le temps de se changer, elle regarde néanmoins l’heure sur son téléphone et constate qu’elle est pile dans les temps, puisqu’elle arrive devant le café. Elle pénètre dans le lieu, observe l’endroit en cherchant d’un regard avide celle qui l’a si gentiment invitée. Là voilà au fond… la blonde prend une inspiration et s’avance.
Son enseignante ne l’a pas encore remarquée et se mord la lèvre en examinant attentivement le menu. Dans son esprit, son attirance lui murmure à quel point elle trouve ce geste séduisant. La jeune femme repousse cette pensée. Elle refuse de perdre le contrôle et laisser transparaître quoique ce soit. Alors, elle s’approche. Il faut savoir Lexie ne sait pas saluer naturellement les gens. Pour elle, s’introduire dans un groupe ou une conversation ça passe toujours par l’humour, c’est ce qui la rend à l’aise, l’aide à être elle-même.
"Ah je vois, vous êtes arrivée la première et du coup vous avez pris la banquette ! Non mais je comprends hein, c'est la meilleure place..." lance-t-elle théâtralement, un air faussement outré sur le visage. "Mais je veux bien vous la laisser : comme vous avez perdu." et elle lui lance un clin d'oeil, un petit sourire taquin flottant sur ses lèvres.
Son enseignante répond sur un ton sarcastique qui fait s’élargir le sourire enjoué de la blonde. Elle aime quand on lui répond de la sorte ! ça l'amuse beaucoup.
- Très généreux de ta part après m'avoir laminée. Alors... qu'est-ce que tu prends ?
L’étudiante prend place sur la chaise juste en face, tout en scrutant le menu des yeux. Elle retire sa veste en simili cuir verte, se retrouvant en t-shirt noir, arborant le logo de sum41, le groupe de son adolescence et la place sur le dossier, avec son sac.
« Voilà un compliment qu'on me fait pas souvent ça : généreuse. Jvais prendre un déca, si je bois un café je ne vais pas dormir pendant trois jours ; et un truc à grignoter" Elle plisse les yeux sur le menu avant d’ajouter : "Leur menu brunch a l'air pas mal, là, le premier, je vais prendre ça... Enfin si ça vous dérange pas."
- Fais-toi plaisir. Tu le mérites, après tout. Ecoute-t-elle sa professeure dire, alors qu’elle a toujours les yeux sur la carte pour vérifier tout de même si le prix est raisonnable. Lex' renchérit alors : "J'ai surtout la dalle oui !". Elle lève enfin les yeux et remarque le sourire crispé de sa professeure. Elle a peut-être été un peu loin… Noon tu crois ? Ignorant le ton ironique de sa conscience, l’étudiante ajoute " euh nan mais si vous voulez on partage hein... Genre un truc pour deux..."
- Oh ! Euh…, madame Campbell baisse les yeux sur le menu, ils font un plateau avec plusieurs trucs sucrés salés... je suppose que ça peut être sympa.
Un grand sourire étire les lèvres de la blonde, tandis que le serveur s’approche de leur table, afin de prendre leur commande. « Nickel ! Vous buvez un truc ? »
- Un cortado au lait d'amande, merci.
Ta gueule Lex’ ,vraiment ferme là, NE DIS RIEN ! Zéro commentaire sur son choix de boisson, pitié !
Cette fois, la jeune femme consent à écouter la petite voix dans sa tête, admettant que ce serait peut-être pousser un peu loin, les limites qu’elle s’est imposées, que de taquiner son enseignante sur cette commande si… originale ? Même si sa petite boutade lui brûle les lèvres. Elle n’a pas le temps de la déclamer de toute façon, puisque le serveur enchaîne sur un "ce sera tout ?" Avant de repartir vers les cuisines après leur confirmation.
Madame Campbell, alors mains jointes sous le menton lui demande :
- Au fait, je... je voulais te poser une question, mais nous n'avons pas trop eu l'occasion d'en discuter, jusqu'ici.
J’espère qu’elle va pas te demander pourquoi tu lui as proposé de lui donner un cours de basket, pourquoi t’as des étoiles dans les yeux dès qu’elle prononce la moindre phrase, même la plus banale du monde, ou pourquoi tu la regardes beaucoup trop longuement quand elle passe devant toi dans les couloirs, sinon on est foutues.
Lexie plisse les yeux, faussement suspicieuse : "C'est pas moi, j'ai rien fait, j'ai un alibi." puis elle sourit "Je vous en prie, posez, posez. J'ai rien à cacher... enfin je crois."
L’étudiante ne précise pas bien sûr que si, elle cache quelque chose qui concerne de très près son enseignante.
- Je me demandais si ça allait mieux. Je veux dire... pour tes crises de panique.
Le coeur de Lexie fait un bond dans sa poitrine. La gentillesse de madame Campbell la touche, vraiment. Le fait qu’elle se souvienne de ça… ça l’émeut. Mais elle ne doit pas le montrer, ce serait se trahir un peu trop. Néanmoins, elle peut toujours exprimer sa gratitude. Elle hoche alors la tête et répond doucement :
« Ouais ça va mieux. Enfin j'en fais toujours, ça je pense que ça ne me quittera jamais, mais j'arrive mieux à les gérer. Merci en vrai... ça me pourrit clairement moins la vie ! Vous n'imaginez pas à quel point je vous en suis reconnaissante ».
C’est au tour de sa professeure de paraître touchée, une main sur la poitrine, les yeux quelque peu brillants. Lex’ est heureuse de constater que sa gratitude la bouleverse un peu, car elle est sincère.
- Je t'en prie. Je n'ai pas fait grand chose. Et puis... ne dis pas jamais, ok ? Rien n'est impossible.
Si, si… il y a des choses impossibles. Lexie songe à ce qu’elle ressent pour la brune assise en face d’elle, qui la rassure, avec cette bienveillance, cette sincérité dans le regard, qui a toujours su émouvoir l’étudiante, et elle se dit que jamais elle ne pourra lui dire à quel point tout ceci compte énormément pour elle. Mais bon c’est ainsi. Il faut bien se résigner. Concernant ses crises d’angoisse c’est presque la même chose. Lexie rétorque néanmoins en fronçant les sourcils et en se râclant la gorge.
« J’aimerais pouvoir vous dire que je suis d’accord avec vous, mais tant que certaines personnes feront partie de ma vie, les crises d’angoisse continueront de me tenir compagnie. » Et tant que vous ferez partie de ma vie, il me restera quelque chose d'impossible à vous avouer, voudrait-elle du plus profond de son être, admettre à demi mot. Puis elle se reprend. « Mais j’ai pas envie de parler de ça, c’est pas important et puis ça gâcherait notre déjeuner. » De nouveau ce sourire éclatant vient habiller ses lèvres, et elle regarde sa professeure dans les yeux. « Vous dites que vous n’avez pas fait grand-chose, mais ça a changé beaucoup pour moi. Vous avez un don pour ça, c’est comme pour l’enseignement et je dis pas ça parce que je fayotte hein » elle rit doucement « Je le pense vraiment... Comment vous êtes venue cette envie d’enseigner ? »
Et ce talent… Mais Lex n’ajoute rien. Ce serait en faire trop.
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