ball gowns and invitations (moraleimer)

Le dos vouté, les yeux fatigués et le crayon en mains, je ne cesse de retoucher ce que je penserai être ma robe de bal. Je ne connais pas encore le thème mais j'ai une idée bien précise de ce que je veux comme forme et puis, une robe ne se créait pas en deux jours, surtout quand il y a des examens à boucler et un job à assurer à côté. Il est vingt deux heures lorsque je tends la main pour attraper ma tasse de café que je finis rapidement et vingt trois heures lorsque je dessine la silhouette d'un homme à côté de la mienne sur le croquis que j'ai commencé. Les traits de cet homme sont marqués et je sais qui j'ai envie d'inviter. Vais-je le faire ? Je n'en ai aucune sombre idée pour le moment. Des bruits se font entendre dans l'atelier et je sursaute, tournant le visage vers les escaliers pour voir à quelle sauce je vais me faire manger. Mourir dans l'atelier Chanel entourée de mes croquis... Ça va, il y a pire comme mort. @Gaspard H. Wertheimer

Quand la lumière de l'atelier est allumée à une heure pareille, c'est parce que j'y suis. Mais si je suis dehors entrain d'observer la lueur dégagée, qui est dedans? Je suis dans les parages parce qu'en travaillant de chez moi je me suis aperçu que mon précieux carnet dans lequel je note mes idées, n'était pas dans mon sac. Si la norme veut que l'on attende le lendemain pour le récupérer, je ne pouvais pas agir comme ça. Je me retrouve alors comme un con à me demander si je vais pas tomber nez à nez avec des voleurs doués pour ne pas déclencher les systèmes de sécurité. Si je dois mourir ici et maintenant, qu'il en soit ainsi. J'entre sans allumer les lumières mais en désactivant les alarmes et je me dirige vers le lieu concerné. Je monte les marches et rapidement ma tête se penche pour braquer mes yeux tels des fusils. Quelle surprise de te voir ici Ô Carmen! Exclamé alors que mon regard change pour devenir plus tendre. Rassuré d'être en sécurité, j'avance vers ton bureau Qu'est ce que tu fais encore là? T'as oublié comment rentrer chez toi? Le ton n'est pas autoritaire mais facétieux. Les yeux sourient autant que mes lèvres qui s'étirent.

J’aurais dû rentrer à la maison il y a plusieurs heures déjà. J’ai besoin de me reposer, de dormir et de combattre le jetlag qui m’assassine doucement mais sûrement. Cependant, je suis incapable de dormir, ce qui n’a aucun sens, on ne va pas se voiler la face. Assise sur le sol, le dos courbé, je continue de dessiner et essaye de tout faire pour que l’idée que j’ai en tête pour ma robe de bal reflète tout ce qu’il y a dans ma tête. Bien entendu, les tissus seront différents selon le thème choisi mais sur la forme, je sais ce que j’aime, ce que je veux mais aussi - voire surtout - ce qui me met en valeur. Si je me vois couronner Reine du Bal, il faut que mon image reste dans la tête de tous les participants jusqu’à l’année suivante. Je suis en plein croquis lorsque j’entends du bruit et sens une légère panique pointer le bout de son nez. Je ne reconnais pas le bruit dans l’escalier mais lorsque je vois mon visage, mon corps se détend. J’étais en plein croquis pour ma tenue du bal, j’ai pas vu l’heure. Que je souffle, mentant au visage de mon boss. Le plat à emporter sur le sol prouve que je sais qu’il est tard et la tasse de café vide - ce que je ne bois normalement jamais - le montre aussi. Et toi ? Un imprévu ? Que je demande en me redressant légèrement, toujours sur mes genoux. J’attrape mon téléphone pour voir si je n’ai pas des messages ou appels manqués. Merde. Putain. Quel boulet ! Absorbée par ma robe et le bal, je n’ai peut-être pas entendu mon téléphone sonner.

La réponse que tu donnes n'est pas en convenance avec ce que mes yeux peuvent voir. Je suis un peu pincé de voir que tu peux me mentir mais je vais donner l'impression de te croire avec un grand sourire J'peux voir à quoi elle va ressembler? Que je puisse voir ton inspiration et ton coup de crayon. Le canapé est confortable.... si t'as besoin de dormir. Je ne sais pas toi mais quand j'ai marqué un silence c'est parce que dans mon esprit la phrase a prise une tournure différente de ce que je voulais pour ma proposition à t'inviter au repos. Nan j'viens chercher mon carnet. J'voulais griffonner dessus chez moi mais je l'ai oublié ici en partant tout à l'heure. Il est où d'ailleurs? Mon regard n'est pas trop entrain de le chercher, mais plutôt sur toi à genoux. Je crois que c'est parce que mon cerveau ne parvient pas à oublier le mensonge prononcé avec facilité. Tout va bien Carmen? Le visage qui penche vers le bas pour capter tes yeux.

Je fuis son regard quelques secondes pour éviter qu’il grille l’ânerie que je suis en train de sortir et me contente d’un sourire. Ça devrait passer crème. Seulement, je n’avais pas prévu qu’il me demande à voir la robe. Merde. J’ai pas honte de ce que j’ai créé mais je sens déjà le rouge me monter aux joues quand je pense à la silhouette que j’ai dessiné à côté. Fuck. Euuuh… Ouai bien sûr ! Et si je me levais brusquement et renversais tout mon reste de café sur le papier ? Maladresse, il est tard, ça pourrait le faire non ? Oh. Oui. Mais je dois rentrer. Si je ne suis pas là pour donner sa pâtée à Sassy, elle va être insupportable demain. Que je dis rapidement en parlant de mon chat. Et comme je n’ai pas envie qu’il pense que je suis instigatrice de violence animale je lance C’est ma chatte. Bien, c’est pas plus embarrassant ça. Enfin, mon chat. Je m’enfonce tellement et sens le rouge me monter aux joues. Putain, je ferais mieux de fermer ma grande bouche. Heureusement qu’il répond à ma question sur sa venue. Je l’ai mis sur le clavier. Que je dis rapidement, toujours à genoux pour cacher le croquis. Peut-être qu’il aura oublié qu’il voulait le voir. Oui oui, tout va bien. Que je souffle en me redressant gracieusement. Juges pas hein, c’est… Que le début. Il ne va pas oublier alors à quoi bon continuer comme ça ? J’attrape la feuille et lui tends. Ça me plait pas totalement mais je trouverai comment la retravailler une fois le thème dévoilé. Que je finis par dire en ramassant le bordel que j’ai laissé au sol pour éviter son regard.

Tu es toute embarrassée et je n'arrive pas à bien saisir la raison mais je vais continuer à faire comme si de rien était. Je te propose même le canapé si tu ressens le besoin de te reposer, parce que ton corps est agité, comme en manque de sommeil. Sassy? Qui s'échappe de mes lèvres entre ouvertes, curieux de savoir à qui tu dois donner à manger. Vu le repas prévu, je pense qu'il ne s'agit pas d'un enfant, je l'espère. Et quand tu me dis qu'il s'agit de ta chatte, c'est moi qui retrouve une âme de gosse parce que j'ai le sourire amusé qui s'affiche dû à mon esprit pervers. Et tu me rejoins dans cette pensée parce que tu cherches à rattraper ça.... ce qui empire le tout, ne nous mentons pas, mais c'est drôle de te voir rougir. Oui ton chat, femelle.... Le corps qui bouge pour aller récupérer le carnet dont tu viens de me préciser la position Merci t'es géniale. mais tu es aussi dans un état qui m'alarme et je dois te demander si ça va. Ce à quoi tu me répond tout en me tendant le papier sur lequel tu as dessiné ta robe de bal. J'suis sur que c'est déjà très bien mais que tu te juges trop cruellement. Le carnet que je venais de prendre termine coincé sous mon bras et mes mains viennent attraper le bout de papier sur lequel je viens poser mes yeux, d'abord sur la robe et ensuite sur la silhouette à coté qui, bizarrement, m'est familière. Je bloque, silencieusement avec les yeux qui se plissent pour être sur de ne pas visualiser quelque chose qui n'est pas réel...

C’est sorti si naturellement que je n’ai pas fait attention à ce que je disais. Je déteste vraiment le fait que la femelle du chat soit la chatte et que cela fasse aussi référence à une partie féminine dans un langage un peu familier. Enfin, les joues rouges de ces pensées, je remarque bien le sourire sur ton visage. Bordel, je crois que notre conversation de la dernière fois rend vraiment la chose plus bizarre qu’elle ne l’est. Oui, voilà ! Que je souffle avec un sourire pincé sur le visage. La honte va passer, je ne suis plus à ça prêt après tout. Ça ne devrait pas être une raison pour m’enfoncer mais pourtant, me voilà à lui tendre le croquis sur lequel je travaillais. Je pourrais faire passer cette silhouette blonde pour n’importe quel homme de la ville mais moi je sais qu’il s’agit de lui et seulement lui. Je soupire et dis Elle est pas ouf, hein ? On a pas encore le thème mais je veux au moins avoir la forme arrêtée pour me faciliter la tâche quand on saura. Je vois ses yeux et son regard changer et commence à marcher dans l’atelier, à tourner en rond comme un lion en cage. Je sais bien que c’est un peu étrange et je comprendrais que tu ne veuilles pas, surtout avec nos précédentes conversations. Séparer l’homme du boss, tout ça, réussir à ne pas tout mélanger… Mais je n’ai pas de cavaliers et je voulais savoir si ça te disait de venir avec moi ? Ça serait aussi une jolie manière de passer la soirée avec sa famille mais aussi de voir ses créations pour les Wolford en action. Et de passer du temps avec lui.