I wish it came from you ◇ Bo'

Le terme orphelin sonne étrange à mes oreilles, alors que dans le fond, je ne sais que trop bien à quel point je le suis depuis longtemps. La dernière conversation en compagnie de mes deux parents remontant à mes quatorze ans, on ne peut pas dire que le lien était resté. Aussi ai-je décidé, pour le moment du moins, de mettre de côté l'information. Mon cerveau sans repos me le rappellerait bien assez tôt... c'est donc la tête sereine que je pénètre dans mon antre, ce loft pour lequel j'ai eu un coup de cœur instantané et que j'occupe avec So', ma chère So'. L'envie de détente et de calme est aussitôt remplacée par un corps aux courbes délicieuses planté tel un piquet devant mes yeux surpris. Ah... que je réponds l'air ailleurs, non sans soupirer et passer une main dans mes bouclettes en bataille. J'ai le droit de dire que ça n'a rien à voir ? Je ne vois pas pourquoi tu emploies le terme "censé" alors que tu sais très bien le lien que tu occupes dans ma vie. Ma voix est distante, bien malgré moi. Mais le sujet de discussion me hérisse et plus encore que l'on m'attaque bille en tête avec. J'adore cette brune, bien au-delà de ce que les mots peuvent décrire, mais là-dessus... l'amabilité ne sera définitivement pas mon fort.

Un nouveau soupir s'échappe d'entre mes lèvres serrées lorsque je fais face à une réalité implacable : Soraia a raison. Bien sûr qu'elle a raison. En d'autres circonstances la première chose que j'aurais faite c'est attraper mon portable et l'appeler. Lui raconter les moindres détails. Me confier comme si rien d'autre ne comptait. Je sais très bien ce que ce mot veut dire ! Et voilà que je m'emporte. Pas contre elle, non. Mais contre cette situation de merde dans laquelle je me trouve. Mia n'est même pas encore au courant... je redoute de toutes mes forces l'instant où je devrais lui annoncer... Mes parents sont morts pour moi depuis très, très longtemps que je lance froidement en passant une main dans mes boucles sombres. Désolé So'. Mais tu voulais que je te dise comment que mes géniteurs ont été assassinés ? Cela n'avait pas fuité dans la presse. Je m'en étais occupé à la seconde même où j'avais été mis au courant...

La rage gronde tandis que mes prunelles sombres lancent des éclairs. Soraia semble ne pas me croire et cela me tue d'être ainsi contesté par ma meilleure amie adorée. Mâchoires serrées, ongles titillant la sensibilité de la paume de ma main, je soupire afin d'évacuer toute cette colère. Jamais je ne laisserais quiconque être la proie de ma fureur, hormis ma petite personne. Mia est même pas au courant ! que je lance sans ménagement, un peu plus durement que je ne le pensais. Elle vient de faire une overdose bordel de dieu ! Tu crois que si je suis pas rentré depuis trois jours y'avait pas une raison objective ?! Je connais cette brunette sur le bout des doigts. Je ne sais que trop bien à quel point mon silence l'a blessée. D'ailleurs, je ne mens pas et ne me trouve pas particulièrement d'excuse. Elle est en colère et en a bien le droit... seule ma fierté pense le contraire. Excuse bidon... Mon visage se ferme violemment et plus aucune douceur ne transparaît. La froideur de mon regard n'a d'égal que ma rage ; je viens de me confier, et sa réplique me heurte plus que je ne pourrais le décrire. Un seul pas. Mon corps ne m'autorise qu'un seul pas et ce dernier m'éloigne de Soraia. Je me confie et tu me sors excuse bidon... que j'articule d'une voix tranchante comme un sabre. Ah bon, ça t'intéresse maintenant ? Probablement injuste, mais là ce n'est plus ma fierté qui est entrée en jeu... mais ma sensibilité. Et nom d'un tronc cette dernière est surprotégée par de nombreuses sentinelles de hargne.