the sound of silence (cleo)

il était temps de parler de toi, de ce passé qui pourrait l'effrayer, d'expliquer les raisons pour lesquelles on t'a tiré dessus quelques semaines auparavant. parce que rien n'arrive sans rien. parce que le secret devient trop lourd à porter. t'es allée chercher Cleo à la dudley et pendant le trajet, t'es restée drôlement silencieuse comparé aux fois précédentes. culpabilité qui ronge de l'intérieur, la peur des conséquences que cela pourrait avoir à terme de cette soirée. parce que t'es pas forcément fière de tout ce que tu traînes derrière toi. t'es silencieuse parce que t'es pensive, et si le trajet n'est pas si long jusqu'à chez toi, il te semble durer une éternité. tu savais que cette discussion devait avoir lieu à un moment ou un autre. tu n'as fait que repousser l'échéance depuis ta sortie de l'hôpital. mais comme elle a dévoilé une partie du sien, tu te devais d'en faire de même, plutôt que de balancer des miettes d'indices ici et là, sans jamais entrer dans le vif du sujet.
tu n'ouvres la bouche qu'une fois à l'appartement, l'invitant à s'installer dans ta chambre le temps que tu récupères quelques bières dans le frigo. tu sens bien que c'est un élément nécessaire pour la suite des choses. pour te donner du courage, mais surtout pour l'aider à avaler la pilule. parce que celle-ci n'est pas petite. parce qu'elle risque fortement de lui rester en travers de la gorge un moment. tu reviens avec ce liquide précieux près d'elle, t'installant à ses côtés et déposant tes lèvres sur les siennes rapidement. « j'sais pas par où commencer cette histoire. parce qu'elle est longue. mais avant que tu demandes, tout ça c'est derrière moi. » enfin, ça l'était jusqu'à ce type qui t'a fusillée en pleine rue. aujourd'hui tu sais que tu n'agis plus mais tu ne penses pas que les conséquences soient vraiment derrière toi.

@Cleo Salazar

Kahena m’avait annoncé par message qu’elle passait me chercher, après notre petite discussion, je lui avais révélé mon passé secret de danseuse au Nirvana. Alors j’avais pris la place passagère, dans le véhicule étrangement silencieux et, dans un geste rassurant, mes doigts s’étaient doucement glissés sur sa cuisse. J’acceptais ce silence, et je ne forçais pas la parole, parce que ce silence semblait annoncer une discussion beaucoup plus sérieuse.
Je rejoins cette chambre, dans laquelle j’ai déjà passé tant de soirées en sa compagnie et de nuits dans ses bras. Je pose mes chaussures et m’installe sur son lit, en tailleur, le temps qu’elle revienne, des bières dans les mains et s’installe près de moi. Un baiser furtif plus tard, je sens très bien qu'elle est tendue, et j'essaie de rester la plus sereine possible, afin qu'elle ne se tende pas plus. Je comprends bien que c'est quelque chose de compliqué pour elle, en ce moment même, et ne veux pas en rajouter une couche. Un sourire se dessine alors sur mes lèvres, et mes doigts glissent derrière son oreille une de ses mèches de cheveux, pour dégager un peu plus son visage. "Je te fais confiance Kahe, quoiqu'il en soit… Alors commence cette histoire par l'endroit qui te semble être le mieux et… je t'écouterais, tout le temps qu'il faudra…" Elle avait décidé de se confier à moi, alors j'étais prête à l'écouter, et à être là pour elle si elle avait besoin aussi.

@Kahena Malacki

malgré le silence que tu imposes dans l'habitacle, elle se montre présente, montre qu'elle ne t'en veut pas pour ça, pour cette tension que tu essaies de dissimuler comme tu peux, en ne disant aucun mot, tu espères faire taire le vacarme de tes pensées. par moment, ta main vient tout de même se poser sur la sienne, lui montrant que ce n'est pas parce que tu restes muette pour le moment que tu ne veux pas de sa présence. c'est toi qui a parlé de cette discussion, tu ne comptes pas fuir cette réalité qui, dans tous les cas, finirait par te rattraper.
et même une fois dans ta chambre, elle reste sereine, contrairement à toi. parce qu'au fond de ton être, tu as peur que ces révélations créent en fossé entre vous. le cœur de pierre que tu étais il y a quelques mois encore s'est bien ramolli. tu fermes les yeux quand elle dégage cette mèche de cheveux derrière ton oreille, cherchant le courage d'assumer ce qui allait sortir d'un instant à l'autre. le temps de trouver la bonne formulation, surtout, pour débuter tout ce sac de nœuds qu'est ton existence. « d'accord, je... j'vais faire de mon mieux pour garder une certaine chronologie des faits, mais j'risque de dériver parfois, m'en veux pas. » essayer de sourire sincèrement derrière l'angoisse sous-jacente. une grande inspiration pour te lancer. « quand j'étais ado, j'étais une rebelle en carton, j'tranais avec une fille qui n'était pas du même milieu que moi. j'étais la pauvre, c'était la fille de riche, mais on avait cette pulsion en nous pour faire des conneries. au départ, c'était des petits vols à la con, une canette de coca, un t-shirt, tu vois le genre.. puis on a fini par voler des bagnoles. sauf qu'après ça, on s'est retrouvées dans un gang assez puissant et à la fois indétectable. faut savoir aussi que cette fille et moi, on est passées de potes à amantes puis à couple. enfin bref. dans ce gang, j'ai commencé comme braqueuse de voitures et j'ai fini dans la falsification de documents officiels pour la revente des caisses volées par ma copine de l'époque. et un soir, on était sur un gros coup et c'est parti en couilles. elle a été "descendue" et j'insiste bien sur les guillemets, parce qu'elle a réapparu dans ma vie il y a quelques mois avant d'en sortir à nouveau. j'avais 19 ans, j'pensais que la meuf avec qui j'étais venait de mourir sous mes yeux et j'ai cherché à me venger dans l'ombre pendant 4 ans. et l'été dernier j'ai merdé. j'ai aidé un pote à chercher des infos sur sa copine qui a disparu du jour au lendemain de la carte, j'ai posé des questions trop tendues et j'me suis retrouvée avec des mecs qui me surveillaient jour et nuit. pour m'en débarrasser, j'devais payer une somme énorme, donc j'ai dû ramper devant ceux que je haïssais tout en les servant. j'ai dû... faire un truc horrible. en octobre, le gang s'est dissolu de lui-même, et ma coloc en était aussi, à un autre niveau. c'est pour ça que si tu nous regardes, on a le même tatouage. c'était le symbole d'allégeance. » tu soupires. le nombre d'informations est déjà énorme en l'état. « le mec qui m'a tiré dessus, c'était pas arbitraire. c'était ciblé. il m'a dit un truc avant de se barrer. » tu n'oses pas la regarder. tu joues nerveusement avec tes doigts, résistant à la tentation de l'alcool.

Je comprends bien qu’elle est stressée, et je fais tout pour rester la plus calme possible, pour qu’elle n’ait pas à paniquer plus. Elle a déjà bien assez paniqué pour moi dernièrement, sans que j’en rajoute. Alors sentir ses doigts sur les miens de temps en temps me permet aussi de maintenir ce calme. Et j’essaie de montrer ma présence physique, en douceur, pour qu’elle se sente en confiance, qu’elle s’apaise un peu, si c’est possible. Je l’encourage avec un petit sourire à engager son récit et je maintiens toute mon écoute vers elle. Je ne m’attendais pas vraiment à un tel récit, à autant d’épreuves qu’elle a dû traverser. Si seule. Je comprends aussi sa façon d’ouvrir son cœur avec tant de parcimonie, et je ne lui en veux pas de m’avoir caché tout ça. Mais en même temps, je ne sais pas comment lui montrer, après une histoire si dure. Je viens chercher ses mains, stoppant son jeu nerveux et me lance enfin. “T’as fait ce que tu as pu, tout du long Kahe… Et je te remercie de me raconter tout ça maintenant…” Je pose une de mes mains sur sa joue. “J’sais que ça parait superflu, par rapport à tout ce que tu as dû traverser… Mais je suis là pour toi, même si je peux probablement pas te protéger contre ce type qui te veut visiblement quelque chose, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’il ne t’arrive plus rien…” Je marque une pause, cherchant son regard. “Est-ce que tu veux me dire ce que ce gars t’as dit…?” J’essaie de lui laisser du temps, et qu’elle comprenne qu’elle n’est pas obligée de répondre, que ce qu’elle a déjà confié est énorme.

@Kahena Malacki

c'est compliqué pour toi de te livrer sur ta vie, ton passé. t'as toujours fait en sorte de rester vague sur la majorité des sujets, comme la mort de ton père, la fuite de ta mère, ce qu'il s'est passé après ça. t'as toujours gardé ta part d'ombre et ton appartenance pour ce groupuscule secrètes, dans ta famille en dehors de Kassim, seul au courant de ton ancienne activité et pas dans sa totalité, auprès de tes amis. mais ce soir, tu lâches ton plus gros secret à ta copine, signe de ta confiance en elle malgré la peur de la voir filer pour ça, signe de ton amour pour elle, surtout. et à la fin de ton monologue, parce que t'as jamais été aussi éloquente que ce soir, elle est là, ne part pas. au contraire, elle cherche même ton contact, montre à quel point elle est compréhensive et ça te libère d'un poids considérable. ton visage se niche au creux de sa main. « c'est la première fois que j'parle de tout ça avec autant de détails, tu sais... et j'vais surtout veiller à ce qu'il ne te fasse rien pour me toucher de manière indirecte, puisqu'il a réussi à se foirer en le faisant directement. » essayer d'en rire un peu malgré tout, après coup. tu relèves ton regard sur elle, soupirant un peu. « il m'a dit un truc du genre "ça t'apprendra à fouiner dans des histoires qui ne te regardaient pas" avant de tirer deux fois. j'ai pas vu son visage et il s'est sauvé après avoir tiré. d'ailleurs, j'ai retrouvé le mec qui m'a sauvée sur meets. le reste, c'est flou. » tout ce que t'as pu raconter à Devon, tu ne t'en souviens pas. les premiers jours d'hôpital, aucun souvenir. trop shootée, sans doute. « alors tu vois, c'est pas moi qui vais te juger parce que t'as bossé au Nirvana. » tu souris doucement, préférant dévier sur une note plus joyeuse.

Ces révélations n’étaient pas quelque chose dont j’aurais pu me douter en rencontrant Kahena la première fois. Et pourtant, ce passé ne m’effrayait pas, il m’inquiétait peut-être plutôt, après la révélation du contexte des tirs qu’elle a reçu quelques semaines auparavant, mais je devais faire avec, il le fallait. Je n’avais pas la capacité de la protéger contre son passé, mais je pouvais être là, pour elle, maintenant, et si elle s’était confiée, c’est qu’elle le savait. On a tous des choses qu’on cache, pour des raisons différentes. A des niveaux de gravité différents aussi. Et je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir attendu pour m’en parler, loin de là.
Je me rapproche d’elle et embrasse doucement son autre joue. “Jje suis sûre qu’il t’a fallu beaucoup de courage pour raconter tout ça… Et je serais prudente, chat… Je veux pas qu’il puisse t’atteindre à nouveau, quel que soit le moyen..” Je fronce légèrement les sourcils, cette histoire est assez complexe, quand on ignore l’identité de son agresseur, même si l’histoire s’est plutôt bien finie cette fois-ci, notamment grâce à l’intervention de ce sauveur inopiné. “Heureusement que ce gars était là…” Heureusement, oui, parce que jamais je n’aurais supporter de la perdre. Je l’attire dans mes bras, contre moi, et embrasse son front tendrement. “Je savais bien que tu n'allais pas me juger pour ça..” Je souris et appuie ma tête contre la sienne, les yeux clos. “Je t’aime Kahena.. Et je veux encore plus que la merveilleuse femme que tu es rencontre ma famille.”

@Kahena Malacki

tu savais que tu pouvais faire confiance à ta copine, autrement tu n'aurais jamais parlé, elle n'aurait pas été cette exception à ton tableau de conquête, à être la seule et unique depuis quelques mois, n'aurait pas reçu ces mots que tu as pourtant du mal à dire encore, en usant avec parcimonie, voulant leur donner un sens fabuleux. et puis ce n'était pas un sujet léger, au contraire, ton passé est lourd, sombre et des parts d'ombres demeurent encore, pour son bien. mais constater qu'elle n'a aucunement envie de reculer face à ce monstre que tu croyais voir dans le reflet du miroir chaque jour, ça apaise les torrents d'insécurité qui s'étaient réveillés. « j'sais pas si c'était vraiment du courage d'en parler, j'dirais plutôt que c'était.. d'assumer le regard que tu aurais pu avoir sur moi après ça, qui était le plus dur. et je sais que tu seras prudente, ma belle. » tu souris doucement, déposant tes lèvres sur sa joue à ton tour. s'il reste des zones non élucidées quant à l'identité de ce tireur, tu gardes en mémoire son accent, sa façon de parler, et ces détails, Kassim les a en sa possession car tu sais ce dont il est capable pour vous protéger tous. « ouais.. heureusement qu'il a eu les bons réflexes et qu'il m'a maintenue réveillée jusqu'à je ne sais quand.. sûrement jusqu'à l'arrivée des secours. » sans lui, ton existence se serait terminée salement, étendue sur le bitume, sans personne pour s'en rendre compte avant le moment fatidique. tu souris doucement quand elle dit qu'elle savait que tu n'allais pas la juger. « pour ma famille, j'travaillais tard au black sur des voitures pour me faire la main. » tu ris légèrement, parce que l'une comme l'autre, avez un secret en commun sur la nature de vos activités passées. front contre front, tu fermes les yeux à ton tour, sourire qui ne fait que grandir sur ses mots. « Je t'aime aussi. Et je suis toujours d'accord pour qu'on aille les voir quand on sera en vacances pour apprendre le hula à ta grand-mère. » tu ouvres un oeil, curieuse de voir sa réaction. puis tu viens tirer sa main pour l'entrainer avec toi pour s'allonger. t'as envie d'un câlin, après ces montagnes russes émotionnelles.

Je secoue la tête. Je ne voulais pas qu’elle ait l’impression que j’aurais pu lui en vouloir, ou n’importe quoi d’autre. Je voulais juste qu’elle sache que j’étais là, à présent, et que je ne la laisserais pas dans cette situation. Jamais. J’étais même fière de pouvoir partager tout ça avec elle, qu’elle ait assez confiance en moi pour me parler de tout ça, et de ne pas être obligée de rester avec ces secrets. “Je peux pas avoir un autre regard que celui que j’ai tout de suite… Ce serait… pas moi…? Et je ferais au mieux, dans tous les cas.” Je me laisse faire, doucement, quand elle vient embrasser ma joue. Je passe mes doigts sur la sienne, doucement. “Je devrais peut-être moi aussi le remercier alors, d’avoir réagi aussi vite…” Oui, je devrais très probablement le remercier, d’avoir tout fait pour qu’elle puisse encore me serrer dans ses bras comme elle le faisait si souvent. Je souris à l’annonce de son prétexte. Nous avions ce point commun : mentir sur nos activités peu glorieuses, bien que leurs natures soient finalement assez différentes. “Et je saurais tenir ma langue à ce sujet !” Je ris à sa remarque - je l’imagine déjà enseigner cette danse à ma grand-mère, qui est aussi peu disciplinée qu’un enfant de maternelle - et me laisse attirer contre elle. “J’imagine déjà la scène, et je peux déjà te dire qu’elle risque de t’adorer ! Par contre ce ne sera sûrement pas sans un cours sur les coutumes locales…” Peut-être que j’aurais même des difficultés à dérober Kahena à l'effervescence familiale.

@Kahena Malacki

libération psychologique qui fait un bien fou, et sa réaction ne fait que te prouver que tu as eu raison de lui confier ces choses, de lui offrir ton coeur, celui que tu avais gardé prisonnier depuis des années, incapable de le laisser se dérober pour quiconque. ça prouve que tu as évolué, que tu as grandi avec le temps, que tu es vraiment sortie de ce milieu qui remplissait ton âme de haine et de rancoeur, sans doute encore plus de peur de voir une personne que tu aimais perdre la vie une fois de plus, bien que ce n'était qu'une illusion la première fois, tu l'as cru pendant longtemps, et tu étais incapable de subir une nouvelle épreuve de deuil. des bloody guns, ne restent plus qu'Eleanor et toi en ville, ce qui est désormais gage de sécurité de ce côté là, ton gang ne se retournera pas contre toi, puisqu'il s'est dissout. « tu aurais pu être déçue ou j'sais pas.. » ça aurait été compréhensible qu'elle soit déçue de ce que tu as fait de ta vie, même si tu as tout arrêté avant d'être avec elle, ça fait partie intégrante de ta vie, de ton passé, de ta construction en tant qu'adulte et qu'une part de toi a peur tout de même que ton naturel soit là, dans l'illégalité, que ça reviendra. tu souris doucement quand elle dit qu'elle devrait remercier devon de t'avoir sauvé la vie. « je l'ai fait pour toi, t'en fais pas. mais quand j'irai le voir, tu viendras avec moi si tu veux. » garder le secret de vos activités réelles face à celles que vos familles pensent réelles, liées par ces mensonges pieux qui resteront des mensonges pour l'éternité. tu la serres doucement contre toi, l'esprit apaisé, le coeur heureux et le sourire amusé aux lèvres. « ça sera un plaisir d'apprendre les coutumes de chez toi, tu sais ? » une réalité, tu veux vraiment tout connaître de son univers, de ce monde auquel elle appartient, bien différent du tien.