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Life for us is never over
Trois semaines. C’est le temps qu’il nous a fallu pour être toutes les deux libres, pour plus de trente minutes, en simultané. La vie d’adulte craint parfois mais la vérité est que j’ai renoncé à mon temps libre à la seconde où je suis entrée à l’université. Cela ne m’a pas empêché de profiter de la vie, de trouver du temps pour mes amis ou pour m’investir dans mes relations sentimentales, mais c’est compliqué, plus encore ces dernières semaines. Parfois j’aimerais avoir un boulot du lundi au vendredi où je passe la porte du bureau à dix huit heures et aie toute la soirée pour faire ce que bon me semble mais je m’ennuierais sans doute au bout de quelques mois. Si ce n’est au bout de quelques semaines. Peu importe. Je chasse les heures éprouvantes passées à l’hôpital de mon esprit parce que nous avons toute la soirée devant nous et quelque chose à fêter - ce qui nous donne une excellente excuse pour ouvrir une bonne bouteille de vin. On aurait carrément pu sortir mais on verra bien la motivation au fil de la soirée car pour l’instant, rester à l’appartement me convient parfaitement. Quand la sonnette retentit, j’ouvre la porte d’en bas depuis mon appartement et attend à l’entrée, Leïa dans les bras, jusqu’à ce que tu sortes de l’ascenseur. Je ne m’autorisais pas à y croire jusqu’à ce que tu sois là. Une soirée de libre ! Dis-je de manière dramatique, avant de t’embrasser sur les deux joues et m’écarter pour te laisser entrer. La porte fermée, je pose le chat par terre car elle s’agite dans mes bras et j’aimerais éviter de finir défigurée ou les bras arrachés. J’ai fait un effort au cas où on se sent pousser des ailes et on décide de sortir. Les cheveux légèrement ondulés, le visage maquillé. Je pense que même si on décide de ne pas quitter l’enceinte de mon appartement, ça me fait plaisir de m’être pomponnée après des jours interminables, rythmé d’opérations et de courtes siestes en salle de repos. Je ne ressemblais plus à rien jeudi dernier, lorsque j’ai enfin pu rentrer dormir chez moi. Là j’ai pris le temps de prendre un bain, de lire, d’écouter un peu de musique et de me faire belle, pour moi-même plus que pour toute autre personne. C’est jour de fête, on oublie les bouteilles à 5$. Celles que je descendais plus ou moins chaque jour lors de mon année à la caserne. Bon peut-être pas la bouteille complète mais je suis bien consciente que j’ai un peu abusé sur le vin (la tequila et le gin) durant cette triste période. Entre ma séparation, le job qui me convenait à moitié, l’annonce du cancer et les conséquences de celui-ci, j’estime que j’avais le droit à une petite aide pour oublier. Je me suis relevée, c’est tout ce qui compte. Comment tu vas? Je demande, tout en nous servant deux verres du placard, dans lesquels je verse une belle quantité de rouge. L’avantage du rouge est que ça ne se boit pas frais!
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