this bad omens, i look right through them. (hellove)

this bad omens, i look right through them.

w/ @helena walsh

Cet après-midi, c’est la fin. La fin d’un long moment à répéter, à angoisser, à réfléchir à tout ce qui pourrait bien ou mal se passer. Cet après-midi, je suis enfin libre et j’ai hâte que ça arrive. J’ai besoin de souffler parce que je suis en apnée depuis des mois maintenant. Nous donner le heads up, c’était fantastique mais ces mois à attendre, à répéter cette scène qui me retourne toujours autant. Depuis que j’ai été prévenue de l’adaptation de Dirty Dancing, j’ai revu le film des dizaines de fois. La sensibilité de Jennifer quand elle parle à Patrick - enfin à Johnny - de ce qu’elle ressent, quand elle s’excuse pour son père alors qu’elle n’y peut rien s’il est incapable de voir ce qu’elle voit. Cette scène est pleine de force, de douceur, c’est un mélange de vulnérabilité et d’amour - tout ce que nous étions, mon partenaire de scène et moi à l’époque. J’essaye de m’enlever ces pensées de l’esprit alors que je pousse la porte de l’institut dans lequel j’ai réservé une épilation des sourcils mais aussi des aisselles et des jambes. Je le fais toujours toute seule à la maison mais j’ai décidé de grappiller quelques dollars par ci par là et de m’offrir ce petit traitement avant mon audition de cet après-midi. Ce n’est pas que l’état des poils sur mon corps vont changer quoi que ce soit à ma réussite, mais je le prends un peu comme ma ‘clean slate’ dont j’ai besoin pour me vider l’esprit. Bonjour. J’ai rendez-vous pour une épilation à onze heure quinze. Love Thompson. Que je souffle à la jeune femme à l’accueil. Elle me pose quelques questions et m’installe dans une salle privative où je retire rapidement le jeans que j’avais mis pour finir en t-shirt et culotte sur la table. Je m’installe confortablement, ferme les yeux et écoute la musique d’ambiance qui tourne dans la pièce. La musique lounge n’a jamais été ce que j’aime particulièrement, loin de là même. Mais je ne me vois pas leur demander de changer la fréquence histoire que l’on ait autre chose en fond. De toute façon, ça ne devrait pas durer trop longtemps. Les bras croisés au-dessus de mes yeux, je contrôle ma respiration, faisant un exercice pour me détendre et libérer mon esprit de toutes ces petites voix qui me crient que je ne vais pas y arriver, que je vais tout foirer et que de travailler avec Jacob est une terrible idée. Je le sais mais je refuse de lui donner le pouvoir.

this bad omens, i look right through them.
with @Love Thompson & @Helena Walsh
warning : érotomanie.
16.04.2022 Wizzhair'd aesthetic center.

Aujourd’hui, elle n’était pas d’humeur. Même si elle aimait généralement son travail, il y avait des jours où elle avait juste envie de rester sous la couette, de préférence avec Andrew, et de ne rien faire de la journée, sauf se faire cajoler avec Andrew. Mais bon, Andrew était au travail et si son sugar daddy lui payait bien des choses, son loyer n’en faisait pas partie. Et si elle voulait finir par monter sa propre entreprise par la suite, elle devait bien accepter d’être salariée pendant encore un temps. Ayant bien du mal à contenir sa fatigue après la petite sieste improvisée entre deux clientes, la jeune femme s’étira tel un chat avant de se rapprocher de l’accueil où sa collègue de travail lui indiqua que son rendez-vous venait d’arriver. Elle jeta un coup d’oeil tout d’abord sur les prestations sollicitées : sourcils, aisselles et jambes. Rien de bien folichon. Ses yeux sombres glissèrent ensuite sur le nom de la cliente afin de pouvoir s’adresser à elle en pénétrant dans sa cabine et ses sourcils se froncèrent. “Tiens, c’est marrant.” commenta-t-elle. “Elle s’appelle comme l’ex de mon abruti de frère.” Quelles étaient cependant les probabilités que ladite ex soit à Boston dans son salon pour se faire épiler par elle. Des Thompson, il y en avait un paquet. Et même si le prénom était un peu plus rare, il n’en était pour autant pas exceptionnel. Haussant les épaules, elle secoua ses boucles blondes pour se rendre dans la pièce qu’elle avait aménagé à son goût pour y découvrir sa patiente d’ores et déjà allongée et prête à se faire torturer par les doigts de fée de Lena. Celle-ci avait son doigté et des années d’expérience pour ne pas faire souffrir ses clients, raison pour laquelle ils demandaient souvent à l’avoir quand il revenait. Mais mieux valait que Madame White, par exemple, ne passe pas les portes de son salon. “Bonjour Miss Thompson.” la salua-t-elle en entrant d’une voix volontairement douce et réconfortante. “Vous allez bien aujourd’hui ?” Formule de politesse s’il en est puisque c’était la première fois, elle se dirigea vers sa station pour faire fondre la cire et s’emparer d’une serviette chaude pour recouvrir sa cliente, l’enfermant dans un cocon réconfortant. “Jambes, aisselles et sourcils, c’est bien ça ?” Elle venait certes de vérifier mais elle préférait tout de même avoir validation de la jeune femme. “C’est la première fois que vous venez au salon ?” l’interrogea-t-elle tout en se déportant vers ses jambes. Certains clients aimaient papoter ; d’autres préféraient subir en silence. Elle ignorait encore dans quelle catégorie la mettre.

Dire que j’appréhende les auditions de cet après-midi est un euphémisme. J’ai peur que ça ne soit pas positif, que je sois incapable de convaincre l’équipe artistique de ce que je suis capable de faire. Essayer une seconde fois pour le rôle que j’ai déjà eu, c’est un peu coupe gorge quand on y pense. Soit ils connaissent mes performances et s’attendent à un niveau similaire - mais ma vie a tellement changé depuis ! - soit ils ne savent pas de quoi je suis capable et j’ai toutes mes chances de leur faire tourner la tête rapidement. Je ne sais pas trop. La seule chose dont je suis sûre est que là, je tape du pied comme quelqu’un d’impatiente, ce que je ne suis pourtant pas vraiment. Toutes ces pensées se mélangent dans mon esprit et je soupire doucement, tentant de me concentrer sur le moment présent. Je ne peux plus vivre dans la peur du positif ou du négatif, je dois juste vivre. Et arrêter de me faire surprendre aussi facilement. Je sursaute légèrement lorsque l’esthéticienne entre et souris légèrement, ne prenant pas encore le temps de tourner le visage vers la jeune femme. Ce n’est pas que je ne la respecte pas mais juste que je n’aime jamais trop avoir des contacts visuels avec les gens qui s’occupent des poils qui poussent sur mon corps. Bon, ce n’est pas le maillot ni le sillon interfessier mais tout de même. Très bien et vous ? Que je souffle, mentant carrément sur mon état. Elle ne le voit probablement pas mais je transpire des mains et me sens vraiment peu à l’aise. Oui oui c’est bien ça. Que je lance en ouvrant doucement les yeux. Une chevelure blonde me passe sous le nez et je ne vois pas son visage, ce qui n’est pas bien grave. Non. C’est la deuxième ou troisième fois mais j’ai toujours eu des hommes. L’esthétisme n’est pas un métier réservé aux femmes après tout. Mais je n’avais fait que les sourcils. Pour des soucis de budget et parce que si rater l’épilation de mes jambes ou mes aisselles est acceptable - après tout, qui a dit qu’il fallait pouvoir glisser comme un phoque sur la banquise ? - je refuse d’abimer mes sourcils. J’ai un entretien cet après-midi et je voudrais éviter de ressembler à l’épouvantail dans le Magicien d’Oz. Je ris légèrement, tentant d’entretenir la discussion qui pourra peut-être faire passer ce moment plus vite et me faire rencontrer quelqu’un de nouveau ici. Après tout, je n’ai toujours pas énormément d’amis à Boston, ayant trop peu de temps pour ma vie sociale.

this bad omens, i look right through them.
with @Love Thompson & @Helena Walsh
warning : érotomanie.
16.04.2022 Wizzhair'd aesthetic center.

Un sourire ourla ses lèvres de vermeil vêtues quand la cliente l’interrogea en retour. Très bien, ce n’est pas moi qui suis sur le point de se voir arrachée des poils disgracieux. Elle contint cependant sa plaisanterie qui ne ferait que tendre sa cliente et, donc, entraîner de la douleur même psychologique. “Très bien, je vous remercie.” répondit-elle plus simplement tout en préparant joyeusement sa décoction, le coeur léger de celle qui connait bien son travail. On avait toujours des a priori lorsqu’on venait au salon mais la blondinette s’évertuait à les briser dès qu’elle le pouvait. Si le travail était bien fait, aucune souffrance n’avait besoin d’être ressentie. Certes, cela ne restait pas le moment le plus agréable de la journée mais tout au plus une sensation déplaisante. Elle hocha lentement la tête, emmagasinant les informations que la jeune femme lui prodiguait en se demandant lequel de ses collègues de travail elle avait pu rencontrer par le passé. Sur le principe, ils auraient très bien pu s’occuper également de parties plus intimes mais la patronne préférait laisser cela aux doigtés féminins pour le moment. “Ca va chauffer un peu.” la prévint-elle avant de badigeonner les jambes fuselées de la cire collante qui d’ici quelques minutes refroidirait suffisamment pour lui permettre de faire son travail. “D’accord.” poursuivit-elle de sa voix toujours aussi douce avant de froncer les sourcils et de se sentir de la mission divine de l’aider à obtenir le job de ses rêves. Elle rit doucement en jetant un furtif coup d’oeil sur l’autre jambe. “Vous êtes loin de ressembler à un épouvantail mais on va quand même arranger ça.” Même s’il s’agissait d’une brunette, à tout le moins ne possédait-elle pas d’origines latines qui rendraient la tâche plus ardue et dru. Littéralement. “C’est quel type de travail ?” Elle attendit quelques secondes avant de se redresser pour arracher la première bande et y apposer immédiatement une serviette chaude afin d’enterrer toute douleur dans un cocon réconfortant. “Pas trop stressée ?”

Il se passe tellement de choses dans ma tête et mon esprit que j’ai du mal à garder la tête hors de l’eau. J’ai peur que nos différends avec Jacob soient trop importants et que nous soyons incapable de les mettre de côté pour la représentation de cette après-midi. Je sais que beaucoup de retenues viennent de moi mais je sais aussi que les attentes et envies du blond n’aident pas non plus. Il y a cette pseudo pression invisible sur mes épaules et j’ai peur de craquer, de tout foutre en l’air. Je ne dois pas y penser parce que je serais encore bien capable de le faire arriver pour me dire que c’était inévitable. Je compte bien utiliser le temps sur la table de l’esthéticienne pour vider mon esprit et faire le tri. Il y a des choses à garder et d’autres à brûler et je le sais. Un sourire sur le visage, je me détends rapidement puisque j’ai confiance en ce salon et ses employés. Je n’ai jamais eu de surprise alors ça ne devrait pas arriver aujourd’hui. Pas de soucis, je suis résistante. Que je lance plus pour rire qu’autre chose. J’espère que ça sera chaud mais pas au point de me brûler non plus. Le contact de la cire sur mes jambes est désagréable mais ça ne dure que quelques secondes, ce qui me rassure grandement, je ne peux pas le nier. J’attends de recevoir le liquide chaud sur l’autre jambe et ris avec elle. Elle est vraiment sympa et agréable comme esthéticienne, il faudra que je retienne son prénom et la demande pour les prochaines fois aussi. Je suis danseuse et j’ai une audition pour une comédie musicale qui devrait ouvrir à l’été sur Boston. Et rien que de prononcer ces mots, je sens mon coeur se réchauffer. C’est tout ce que j’attendais, quand j’y pense. Ne pas avoir à quitter la ville pour avancer dans la vie mais pouvoir faire ce que j’aime d’ici. Clairement que si. Que j’ajoute rapidement. Je pose mes mains sur mes jambes en attendant que la bande de cire soit arrachée dans le sens inverse de l’implantation de mes poils et souffle C’est un rôle que j’ai déjà joué à Londres alors ça devrait aller mais j’ai peur. Il y a cette boule de stress qui ne cesse de grandir dans mon estomac. Surtout que je sais que si j’ai le rôle, je vais devoir jouer avec mon ex petit-ami et je crois que c’est ce qui m’angoisse le plus. Je me confie facilement parce que j’en ai besoin. Après tout, quelles sont les chances pour que je discute avec quelqu’un qui connait Jacob ? Elles sont minimes. Il n’est pas d’ici et n’y a posé ses valises qu’il y a un peu moins d’un an. Je crois que ça va vraiment être difficile. Je le sais en fait, ça va être la chose la plus difficile que j’ai eu à faire de ma vie. Le quitter ? Élever Rosalia ? Du gâteau à côté !

this bad omens, i look right through them.
with @Love Thompson & @Helena Walsh
warning : érotomanie.
16.04.2022 Wizzhair'd aesthetic center.

A l’instar des barmen, les esthéticiennes recueillaient souvent les confidences de leurs clients. Pourtant, rien ne poussait nécessairement au vague à l’âme ou à la négation des frontières de la bienséance, malgré la nudité partielle de rigueur en ces lieux. Mais il y avait toujours une connexion immédiate dans cette bulle d’intimité qu’était le salon. La souffrance physique ressentie faisait parfois écho à la souffrance mentale ressentie. Tel qu’était le cas aujourd’hui. « Mon but n’est tout de même pas de vous faire souffrir. » plaisanta-t-elle, histoire de détendre l’atmosphère. Même les clientes régulières venaient avec une certaine appréhension à l’idée de se faire arracher les poils que des siècles d’évolution humaine n’étaient pas parvenus à se débarrasser. Lorsque la brunette s’essaie à lever le pan de mystère qui entoure son existence, Helena écoute d’une oreille aussi distraite qu’attentive, son attention se portant à la fois sur ses paroles que son travail qu’elle réalise toujours avec professionnalisme quel que soit son humeur ou l’humeur de la cliente. S’il lui faut ouvrir son propre salon un jour, comme son sugar daddy du moment lui a promis, elle se doit de se forger une solide et excellente réputation. Elle sait se faire miel : on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre après tout et qui sait ? Cette cliente, au vu de sa profession, connaît sans doute d’autres jeunes femmes qui pourraient réclamer ses services. « Oh vraiment ! C’est génial ! » s’exclame-t-elle en retirant avec délicatesse mais rapidité la première bande, appliquant immédiatement un linge en anticipant l’éventuelle douleur qu’elle glisse le long de la jambe pour récupérer les quelques poils encore présents.

« Quelle comédie musicale ? » Elle n’était pas nécessairement fan de ce genre de spectacle. Tout d’abord parce que ça lui rappelait trop son frère et tout ce qui lui rappelait son frère lui donnait la nausée. Et puis, elle n’avait jamais compris le concept d’un spectacle où les gens se mettaient à chanter et danser dans ses situations de la vie quotidienne. C’était d’un ridicule. Mais bon, si cela lui permettait de payer son loyer et d’assouvir son rêve. « Vous avez déjà joué ce rôle à Londres ? » s’exclama-t-elle, surprise. Qu’arrivait-il donc à Boston pour qu’elle attire tous les acteurs rebus de la capitale britannique. S’ils avaient un minimum de talent, ne devraient-il pas plutôt atterrir à Broadway plutôt qu’au sein de la capitale du Massachussets qui était davantage connu pour son cursus universitaire que pour son quartier des théâtres. « Vous devriez récupérer ce rôle sans souci alors ! » l’encouragea-t-elle, consciente que la concurrence ne devait tout de même pas être aussi rude que ça. Tandis qu’elle appliquait à nouveau bandes et cire, elle ne put s’empêcher de tiquer à la suite des propos de la jeune femme. « Oh vraiment ? Il est à Boston aussi ? » Ca commençait à faire beaucoup de choses l’air de rien, même quand on ne connectait pas aussi aisément ses neurones comme la blondinette. Le prénom. Londres. Le milieu du théâtre. « Que s’est-il passé ? » l’interrogea-t-elle, curieuse.