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They say they want you to smile and then you cry
Ok, là, comme ça, tout de suite, Joyce a conscience que sa vie n’apparaît pas vraiment comme ce que la plupart des étudiants qualifieraient de “fun”. Se lever à l’aube pour préparer un triathlon, passer trop d’heures entre les quatre murs d’une bibliothèque, ne pas se joindre à ce grand événement qu’est le summer camp… on dirait une ermite. Et si c’est un peu le cas au quotidien, c’est encore plus vrai ces derniers jours– merci la rupture. Mais chacun sa personnalité et si certains trouvent du plaisir dans des jeux à l’autre bout de la terre, elle s’amuse bien plus à vibrer et s’emporter pour sa passion pour la biologie marine. Après tout, c’est ça qui l’année passé lui a permis d’accompagner une équipe d’archéologues sous-marins dans le Nil, et c’était bien plus passionnant que les récits qu’on lui a rapporté du summer camp. Ou peut—être qu’elle est juste une vieille conne blasée. C’est possible aussi.
– C’est pas trop mon truc. Et puis avec le doctorat j’ai bien moins de vacances que quand j’étais étudiante et pas vraiment envie de les utiliser pour ça.
Elle avait imaginé un été plutôt studieux, avec éventuellement quelques semaines en amoureux pour découvrir le monde main dans la main avec Jay – loupé. Elle ne doute pas cependant qu’elle trouvera bien quelque chose à faire, naviguer un peu ou simplement sucrer ces jours de vacances pour continuer à avancer sur sa thèse, quitte à la finir plus tôt que prévu.
– Tu y vas, toi ?
Qui sait, peut-être qu’une rencontre inopportune à la machine à café peut se transformer en binôme pour le triathlon vu qu’elle a perdu celui avec qui elle avait initialement construit ce projet. Ou peut-être pas, peut-être qu’il faut arrêter de s’emballer sur ce genre de choses, les relations humaines sont toujours bien plus compliquées que ce qu’elle a en tête et Joyce a conscience qu’elle aurait été très mauvaise sociologue. Peut-être que les requins autour de Millie pourraient avoir un comportement intéressant, mais ça ne sera certainement pas elle qui le découvrira. La vie sociale en général est déjà une trop grande intrigue pour elle.
– Les gens. Quand tu pendant 8 ans tu passes la majeure partie de ton temps à trois sur un bateau, socialement les curseurs sont… un peu différents. Le premier jour de cours je me suis pris des heures de colle parce que je ne comprenais pas pourquoi il fallait rester assis derrière son bureau même quand on en avait marre de bosser.
La liberté était bien plus grisantes sur les quelques mètres carrés du bateau sur lequel elle avait grandi que sur terre. Étrange paradoxe, mais la société avait tendance à toujours tout mettre dans des petites cases bien rangées ; et il lui avait vite fallu comprendre que ce qui dépassait dérangeait. Un peu comme les bosses sur les nez, laissées là par un mauvais coup ou la génétique, et que les chirurgiens rabotaient.
– Ça doit être un véritable travail d’orfèvre de travailler sur ce genre de partie, qui semble aussi fragile et surtout visible.
Le nez au plein milieu du visage, bonne pouvait pas vraiment se permettre de se louper, sinon ça se voyait directement. Elle n’aurait jamais eu la patience en tout cas. Mais comme bien souvent dans ce genre de but, il fallait être passionné pour se donner les moyens d’arriver là où on le désirait. Le simple talent ne suffisait pas ; il fallait un travail acharné.
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