(adgan) don't wanna go out

C'était difficile de faire face à la situation quand les effluves de cannabis n'étaient pas présentes pour adoucir la réalité. C'était certainement ce qui m'avait manqué lors du concert pour ne pas commencer à panique dès les premières notes de musique. Je m'étais retrouvée seule et pathétique à sangloter dans l'entrée, aveuglée par le nuage de fumée opaque. Ma blessure semblait superficielle à première vue, nettoyée rapidement après être passée dans les derniers aux urgences. Moi qui pensais me sortir d'affaire rapidement, imaginant naïvement que ça allait être derrière nous dès le lendemain. J'étais rattrapée par les nombreux messages inquiets et surtout, par ma blessure anodine qui commençait à être vraiment douloureuse. C'était ma première étape en arrivant à l'hôpital pour régler l'infection avant d'arriver dans ta chambre avec une moue déprimée sur les lèvres. _ Bouge tes grosses fesses bouchon, j'suis fatiguée.

La douleur se propage, titille des parcelles de ton corps dont t'avais ignoré l'existence jusqu'ici et pourtant, tout c'qui taraudait ton esprit encore brouillé c'était l'ennui. L'ennui d'ores et déjà provoquée par tes quelques heures de présence dans ce lit, entre ces quatre murs tournant de plus en plus au jaune à chaque nouveau regard. La douleur, tu t'en foutais, ce n'était que l'histoire de quelques minutes avant que l'infirmière fée ne fasse agir sa magie par la sainte morphine. La douleur, ce n'était qu'un simple passager compagnon dans ce voyage désagréable que ce putain de concert t'a forcé à entreprendre. Serre des dents et elle disparaîtra aussi vite qu'elle ne sera venue. L'ennui et ces flashs qui t'inondent dès que t'avais le malheur de fermer les yeux, c'était une autre histoire. Les jambes te fourmillaient, t'imploraient de se mouvoir, et si ce n'était pas pour les bandages parsemés sur l'entièreté de ton épiderme qui t'immobilisaient, tu les aurais écoutés ces implorations. T'en avais besoin putain. De bouger, de marcher, de courir, d'arrêter d'compter les tâches (56) qui décoraient ces murs jaunâtres. De stimuler ton foutu esprit avant qu'il ne te lâche pour les souvenirs sombres d'la salle de concert. C'qui n'aurait pas tardé à se produire si elle n'avait pas - enfin - débarqué dans la chambre. Soupir de soulagement et ton sourire n'a jamais été aussi solaire. J'ai cru qu'tu n'arriverais jamais. Juste à temps pour te rattraper avant le tourbillon d'anxiété. Le teint incroyablement pâle et le bras mal en point, elle se faufile dans ton lit, s'impose dans ton espace et t'as jamais été aussi content de t'faire piquer la couverture. Qu'est-ce t'as ? T'as été voir un médecin ? Fais voir ton bras. La voix est faible mais l'inquiétude transperce chaque vibrato à la vue de sa petite moue.

Ton large sourire m'inonde quand j'entre dans la pièce et arrive à tes côtés. Je trouve cela assez étrange pour que mes sourcils ne se froncent. Point de sourire sur mon visage aujourd'hui, demain peut-être. La douleur dans mon bras me lance et le manque du quotidien se fait ressentir. _ À ce point ? que je te demande en tirant sur la couverture pour glisser dessous et te la voler au passage. J'ai besoin de repos et que quelqu'un veille sur moi au cas où j'arrêterais de respirer dans mon sommeil. J'deviens parano avec toute cette histoire. _ Sincèrement, tu ne veux pas regarder sous le bandage. Conseil d'ami, comme on dit. La plaie était vraiment moche. _ J'pensais pas qu'une infection serait aussi douloureuse. C'est nul. J'veux une autre blessure. Moue boudeuse sur les lèvres, je m'enfonce dans le matelas ; corps frêle qui prend plus de place qu'on ne l'imagine. _ T'as quoi toi ? Oh attend- Mon humeur change, j'ai presque envie de pleurer de malheur d'un coup. _ Tu as une perfusion à morphine ?

Frôler la mort, c'était une expérience que tu recommandais pas réellement. Un p'tit 2/10 pour les conséquences de l'après. Quand bien même t'étais conscient de ta chance d'avoir été épargné, le vrai sourire depuis le début de ta convalescence apparaît au même moment que Blod, que ta première compagnie. L'humeur solaire n'était cependant pas partagée. Mine déconfite, sourcils froncés, elle se hâte de se réfugier sous tes draps et habitué, tu t'exécutes sous son ordre silencieux, s'écartant pour lui laisser la place adéquate. Doucement et presque automatiquement que l'reste, ton bras s'entoure faiblement de ses épaules et tu laisses échapper un léger rire sans vie face à ses plaintes.  Ils t'ont dit quoi ? Tu vas perdre ton bras ? L'humour p't'être mal convenu vu la situation mais tu pouvais pas t'en empêcher. J'te déconseille l'hémorragie interne, c'pas ouf. Les heures d'opération qui ont suivi l'incident notamment, l'réveil groggy, perdu, solitaire. Pas ouf non plus. Elle s'enfonce davantage dans ton lit, sur ton espace et zieute d'un regard assez misérable ta perfusion.  Vouloir voler la morphine d'un presque mourant : -10pts. Puis à son image, tes sourcils se froncent, d'inquiétude, face à une réalisation. Ils t'ont rien donné ?