i still wanna dance with u (benjamin)

Il y a des signes qui ne trompent pas. Des journées qui commencent mal. Tout démarre avec une migraine. Les anti-douleurs n’ont aucun effet. Mais alors aucun. Tu souffres, serres les dents et masses tes tempes. Ça tambourine. Comme si un concert de heavy-metal se déroulait dans ta cervelle. Il n’y a jamais de moment où cela cesse. Et pourtant, malgré cette fatigue que tu traînes, tu as décidé de sortir en boite de nuit. Peut-être qu’en combattant le mal par le mal, ta migraine finira par se taire. Bien pomponnée, tu débarques dans le cosmos. La musique gronde déjà. Tu le remarques d’emblée au bar, mais tu baisses les yeux et tu zappes cette attraction. T’es pas fabriquée pour les relations humaines. Parfois, tu rêves d’être une ermite, tout au fond de la forêt, à se laver dans la rivière et manger des racines. Mais non, t’as choisi de vivre dangereusement. Et alors que tu ondules sur la piste de danse, tu remarques que tu n’as plus ta bande de potes autour de toi et c’est à cet instant que ton cerveau te lâche. Tu t’écroules autour des corps dansants et les convulsions démarrent. Ton coeur pompe lourdement et rapidement. Tu salives et tu gesticules au sol. Tu vois des tas de points lumineux et puis ta conscience est subitement altérée. La notion du temps n’existe plus, mais lorsque tu reviens parmi le commun des mortels, tu n’es plus où tu étais. Tu es allongée sur une banquette, peut-être celle de la boite ou d’une voiture. En fait, t’es totalement désorganisée. Tu clignes des yeux et fronces les sourcils en l’apercevant. Tu rêves où t’es sur ses genoux ? « J’ai fait une crise ? Bordel, la honte » Les mains qui calfeutrent ton visage, tu respires bruyamment, totalement épuisée.

Tout a disparu. Il n’y avait plus vraiment de couleurs. Juste des points lumineux. Un néant abyssal. Une froideur monstre. Tu as sombré dans la crise. Tu as disparu dans les méandres de ton cerveau. Tu es son esclave. Il suffit d’un peu trop de stimulations et tu pars en vrille. Il y a eu des signes, mais tu as préféré les ignorer, voilà le résultat. Les connexions se refont. La conscience reprend le contrôle. Tu te redresses lentement et attrapes le verre insipide que l’on te propose, c’est certain que c’est pas d’la vodka. Essuyant ta bouche d’un revers de manche, tu détailles le jeune homme qui a pris d’son temps pour s’assurer que tu ne crèves pas. Heureusement, il y en a un qui a un minimum d'empathie. Personne d’autre ne te calcule. Ils ont tous repris la fête. Tant mieux, qu’ils fassent leur vie. « Non, n’inquiète personne, en même temps, je suis pas sûre que quelqu’un puisse s’en faire pour moi » Tes sourcils se froncent et bien évidemment, tu as quelques potes, mais la preuve, ils sont plus là. Ils ont filé et ont laissé la fille « bizarre ». T’es pas fâché. Tu comprends bien pourquoi ils t’ont lâché. Tu ne te confies jamais vraiment. Ils croient sans doute que tu ne leur fais pas confiance, mais c’est pas ça. T’as pas envie de pourrir l’ambiance avec les drames que tu traînes. « Je m’appelle euh … Attends que tout se rallume, mh, Darlene, Darlene Deschanel même » Ton index droit debout, tu souris et te rassieds correctement sur le banc qui a accueilli ta mince dépouille lorsque tu étais du côté obscur. « Et toi c’est quoi ? On te dit souvent que tu es trop gentil et tout mignon ? Tu es étudiant ou bien tu es juste un actif qui a envie de se vider la tête devant un dj ? »