(libre) the sound of silence

T’étais pas au concert. À la place de cela, t’étais ici, sur le campus, à frôler les murs et éviter les connaissances qui pouvaient avoir été victime du pire. T’as fait la morte et personne ne s’est vraiment préoccupé de toi. Tu vis seule et ce n’est pas un drame. Les gens déçoivent souvent et puis ils finissent tous par partir. Alors encore une fois, t’as pas cherché à prendre des nouvelles. T’es restée dans ton monde et t’as fini ici, à la bibliothèque. C’est paisible ce lieu. Il n’y a que des chuchotements. Pas de bruit violent. C’est comme un havre de paix. Il y a l’odeur du papier, le frémissement des feuilles que l’on tourne. Les écouteurs enfoncés dans les oreilles, tu tiens les bretelles de ton sac et contournes les différents rayons pour finalement tomber sur les bouquins d’arts. Tu t’étires sur la pointe des pieds et en sélectionnes un. La tranche semblait intéressante et tu n’es pas déçue par l’ouvrage. La flemme qui se mêle, tu t’assieds dans l’allée, contre une étagère. La bulle est presque opaque. Tu ne vois plus rien et n’entends plus rien. Ce que tu n’avais pas calculé, c’est que le son que tu écoutais finirait par te plonger dans le sommeil. Les minutes se sont bousculées et il était l’heure de vider les lieux pendant que tu roupillais, affalée contre la bibliothèque. Un filet de bave pouvait bien s'enfuir entre tes lèvres, t'étais ailleurs, dans un univers où il n'y avait aucune douleur.