(Rose) sound of the underground

Le week-end à Miami ne s’est pas si bien passé que prévu vu le stress que les évènements du TD Garden ont causé. Ne pas savoir ce qu’il se passait réellement était tout sauf idéal et n’avoir que des bouts d’informations ? Clairement terrorisants. J’ai beaucoup pleuré et eu peur, peur de perdre ma famille, de voir mon téléphone s’allumer pour me prévenir du décès de quelqu’un… Ce soir, je n’arrive pas à dormir et je décide de me diriger vers la plage. Peut-être que la brise marine m’aidera à reprendre pieds, à ne pas penser au pire sachant que je ne sais pas encore réellement ce qu’il s’est passé avec Maxime. On ne peut être qu’un à la fois pour aller le voir et je laisse sa famille et Maxyne y aller avant moi. Les pieds dans le sable, le visage fermé, je soupire doucement me recroquevillant sur moi même. La tête sur les genoux, je ferme les yeux quelques minutes parce qu’un cri me sort de ma rêverie. Tous mes sens sont en éveil et je me dirige vers la demoiselle en détresse. Ça va ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Vous avez mal quelque part ? Et puisqu’elle ne répond pas, je m'accroupis à son niveau et pose une main sur son épaule. @Selena Suarez

Je suis assise dans le sable et essaye de calmer mon coeur et les pensées intrusives qui polluent mon esprit. Je n’étais pas là, je fais partie des chanceuses et n’ai donc pas vraiment le droit de broyer du noir. Je sais que près de dix-neuf milles personnes ne peuvent pas en dire autant et je me sens coupable d’avoir ces drôles de sentiments qui prennent toute la place dans mon cœur. Je ne peux rien y faire - voilà ce que ma psychologue m’a dit plus tôt dans la journée. Il n’y a rien à faire si ce n’est aider, tendre la main et se rendre disponible pour les gens qui ont été traumatisés d’une manière ou d’une autre par cet évènement. Je ne sais pas si c’est le cas de la jeune femme vers laquelle je me dirige mais si je peux soulager la peine de quelqu’un ne serait-ce que deux minutes, je le fais. Après tout, ce sera mon métier plus tard… Accroupie à son niveau, je détaille son visage baigné de larmes et souffle T’es sûre ? Ce n’est pas toujours facile de s’ouvrir, d’accepter de se montrer vulnérable. Qu’est-ce qu’il se passe ? Le ton de ma voix n’a pas changé, c’est peut-être la surprise qui l’a fait monter le ton, pas autre chose. Mon pouce frotte doucement son épaule, comme pour lui prouver qu’elle n’a rien à craindre.

Ma main sur son dos, je ne sais pas si cela va aider ou non pour calmer sa crise de larmes mais je tente le tout pour le tout. Je ne peux définitivement pas la prendre dans mes bras comme ça - ça ne se fait pas - alors j’attends qu’elle s’ouvre doucement à moi. Et quand je comprends la raison de sa tristesse, mon coeur se serre doucement. Merde. Moi qui me morfondait dans mon coin il y a encore quelques minutes, je me rends bien compte que je suis une idiote ingrate. Je vais bien, je n’ai rien perdu, au contraire d’elle - je n’ai donc aucune raison d’être mal. Pourtant, mon corps réagit tout de même à tout cela. Je suis tellement désolée… Des mots que je prononce un peu plus fort, ne sachant même pas si elle m’entend. Je me demande ce que ça serait si je perdais l’audition ou une partie de cette dernière… Je crois que je deviendrais folle. Je m’assois à ses côtés et dis - sûrement trop fort pour le commun des mortels mais pas assez pour elle. Comment tu te sens ? Il y a quelque chose que je peux faire pour toi ? Des fois, le meilleur moyen d’aider est de demander ce que la personne veut…

J’aimerais tellement pouvoir l’aider et même si ce qu’elle propose est impossible, je dis Si on pouvait faire moitié moitié, je le ferais avec joie. Parce que je suis comme ça et que c’est un sens important mais, en même temps, sur les plus de quinze heures où je suis debout, je pourrais bien me séparer de cela pendant quelques heures. Je le vivrais mal mais je saurais que c’est temporaire. Elle, elle n’a pas l’air de le savoir. Qu’est-ce que je ferai si ma vie changeait comme ça une nouvelle fois ? La disparition d’Orphea a été traumatisante et je ne crois pas que j’arriverais à me relever si quelque chose m’arrivait ou arrivait à quelqu’un que j’aime. Non, j’étais en Floride mais des amis y étaient… Et j’attends encore de leurs nouvelles. Cela ne fait que trois jours que c’est arrivé et certains sont dans un sale état, incapable de marcher pour le moment et peut-être pour toujours. J’imagine pas ce que vous avez vécu… T’as réussi à sortir rapidement ? Que je demande, inquiète de ce qu’elle pourrait me dire. Si tu n’as pas envie d’en parler, je comprendrais. Parler de ses traumatismes est difficile et requiert une énorme force mentale. Je comprendrais qu’elle veuille éviter le sujet.