everything you lose is a step you take (thanom)

Le temps est clément aujourd’hui. Grand soleil sur Boston. Les lunettes sortent de leur pochette et se posent sur ton nez. Tu es une artiste et pour créer, tu as besoin de te gaver de la beauté de cette planète. Le sac sur le dos, tu empruntes un bus et te rends près du littoral. Sur le trajet, t’as pas arrêté de faire la pitre pour une enfant qui doit avoir l’âge de ton petit. Enfin, ton, c’est pas le tien. Tu n’as été que l’instrument qui l’a porté. T’as tellement fait de grimaces que t’as tout le visage qui te fait un mal de chien. La maman t’a pris pour une dingue quand elle s’est rendue compte que tu louchais en tirant la langue. Elle a emporté sa petite contre elle et puis elle a foncé dès que l’autocar vous a relâché sur le front de mer. T’as vraiment une tête d’aliénée ? La gentillesse n’était-elle plus autorisée ? C’est pathétique. Les baskets qui frottent l’asphalte, tu te rapproches de l’océan. L’air marin froisse ta chevelure courte. Tu relèves ensuite ton appareil photo et tu plantes ton oeil dans l’objectif. Tu captures une mouette qui survole la baie et une bourrasque emporte ton bob avec force. Bordel, il est collector ce chapeau, il est dédicacé par un membre d’un boys band que ta mère adoptive adorait plus jeune. « Non, nooooon !!! » Le couvre-chef roule sur le sable et un inconnu court derrière lui jusqu’à l’attraper. Escaladant le muret, tu pars à la rencontre de l’individu qui a capturé ton bob ringard. « C’EST À MOI, À MOIIII ! » que tu t’époumones en braquant tes pouces vers toi. Et puis y a une bosse et tu te vautres à plat ventre. C'est la honte, la méga honte.