(billowyn) all the ways we sabotaged it

Ça continue à être compliqué. Le pire dans tout ça, c'est que j'ai mis énormément d'eau dans mon vin par rapport à cette histoire avec Andréa, mais je sais que quand le grand méchant G est dans l'occasion, il n'y a plus rien d'autre qui compte. J'espère qu'on arrivera à se retrouver pendant cette journée passée ensemble au Spring Break. Je me suis sentie assez seule ici toutes les vacances : pas le coeur à faire la fête, Grace n'est pas là, Sofia a fait "plaisir à la petite Sofia" toutes les vacances donc elle était rarement dans la chambre.. c'était assez dépriment et j'ai hâte de pouvoir passer du temps avec Billie. La journée au village de Mano Juan se déroule plutôt bien et quand nous arrivons devant un vendeur de glace, je m'arrête et je lance un regard à Billie, "Oh, la glace que tu m'as promise !", que je dis comme une gosse. Elle a rien promis, j'ai décidé, mais c'est pas grave. Je m'approche pour regarder les différents parfums, "Choisis bien s'te plais" Pas un parfum chelou mais je sais qu'elle saura quoi me prendre.

J’arrive pas à faire partir cette boule dans le ventre. L’impression que n’importe quel mot, même le plus anodin, peut nous faire chuter. J’nous ai jamais senti aussi proche du précipice. Mais, j’garde la face, t’as vu ? Probablement parce que ça me fait du bien, malgré tout ce qui se déroule dans mes entrailles, de passer du temps avec toi. Qu’on arrête de parler de tout ce qui va pas, et qu’on regarde ce qui allait, avant. Avant Gustin et cette emprise à la con qu’il a sur toi. J’préfère me dire que c’est lui qui a tout sali, plutôt que toi qui m’aime moins que prévu. La boule se fait grignoter, elle se compresse, se terre dans un coin et essaye de se faire oublier. Les paysages, ton sourire et le soleil. J’avais probablement pas besoin de grand-chose de plus. Une glace ? Ouais, une glace, ça compte pas. “J’ai promis ça, moi ?” Que j’reprends, avec une petite moue amusée. J’regarde les glaces. Y a de tout, du classique à l’exotique. Y a même un peu de douteux. “Ok, ferme les yeux alors, et tu devines le parfum.” Tu sais que dans la cuisine comme dans la vie, j’suis incapable de prendre la route la plus simple.

Le fait que Billie ait voulu qu'on passe une journée ensemble, c'était bon signe, non ? En tout cas, c'est comme ça que je l'ai pris, même si ça m'a un peu étonnée au début. Est-ce que j'ai peur que cette journée tourne mal ? Oui, clairement. Mais je me dis que si ça tourne mal, peut-être que ça débloquera la situation. Pas dans le sens que j'aimerais, mais on saurait à quoi s'en tenir. Et si ça tourne bien, ça montrerait qu'on peut y arriver. Que malgré les disputes, malgré nos désaccords sur certains sujets, l'amour qu'on éprouve l'une pour l'autre est plus fort que le reste. Je suis persuadée qu'on peut surmonter tout ça, mais je ne vais pas mentir : ces dernières semaines, la distance a commencée à se faire vraiment, vraiment sentir et j'ai commencé à me dire que l'amour ne devrait pas être aussi compliqué et quo'n devrait probablement se faire une raison. Pourtant, quand je suis là, avec elle et que j'entends son rire qui m'avait tellement manqué quand je lui parle des fameuses glaces, tout semble tellement normal et parfait. J'hoche la tête comme une enfant, "Oui oui, tu as promis", que je dis avant de lui offrir un sourire. "Mh.. d'accord, je peux faire ça", que je dis avant de fermer les yeux, me tenant toute droite. L'envie de tricher un peu me vient à l'esprit, mais je décide de lui faire totalement confiance. "Oublie pas que j'aime pas les trucs chimiques et chelou genre bubble gum ou barbe à papa" Elle sait ce genre de chose, mais au cas où, je préfère le redire.

L’avantage, comparé à toi, c’est que j’ai aucune idée de ce que devrait être l’amour. J’ai lu, évidemment, beaucoup, mais les romans à l’eau de rose ne sont pas mes favoris. Je préfère les revues scientifiques, les histoires d’aventure. Les pages qui déblatèrent sur les hauts et les bas d’un couple, j’n’aime ni les lire, et encore moins les vivre. Technique clairement si peu efficace de la tête dans le sable. J’attends. Quoi ? J’en ai pas la moindre idée. Un déclic, sûrement. Dans une direction ou dans une autre. A croire qu’aucune de nous n’est assez solide pour entraîner l’autre, et qu’on reste plantées ainsi, devant ce panneau multidirectionnel, à s’donner de petits coups de coude discrets. A se battre pour un parfum de glace. Enfin, plutôt, à tenter de recoudre, tout aussi discrètement, quelques morceaux de tissus entre nous. On va s’coincer dans notre œuvre. “J’ai pas oublié que t’étais aussi aventurière que ma tante Germaine, ouais.” Répliqué, la malice à la bouche, tandis que je désigne au glacier ma sélection. Une boule framboise en dessous, au cas où la première te fait râler, et, sur le dessus, une boule de glace au sésame noir. “Mais je sais aussi que t’avais grave envie de tester cette glace à la coriandre..” Tuez-moi, le jour où on m’présente ça. Le sourire aux lèvres, la glace qui s’approche des tiennes. Je résiste fort au fait d’éviter le bout de ton nez, qui me nargue. “Allez, goûte.” Et, je crois que dans ce petit test, je demande un peu de ta confiance. Puisque c’est un mot qui nous déchire.

On fait ce qu'on peut, on avance à notre rythme. Le rythme est assez lent, c'est vrai qu'on va pas très vite, mais j'ai peur de faire un faux mouvement et de te faire fuir encore plus. J'ai pas envie que tu penses que je te force la main, parce que le problème qu'on a actuellement est bien plus profond que ceux que nous avons pu avoir les fois précédentes. Billie l'a dit elle même : on ne voit pas du tout les choses de la même manière et ça me fait un peu peur, c'est clair. Le fait qu'elle pense qu'elle n'a rien fait de mal en menaçant Andréa parce qu'elle pensait me protéger en faisant ça. Le fait que j'ai gardé un secret un peu trop important en pensant que ça allait trop entacher notre relation si je lui en parlais. On va devoir bosser sur deux trois trucs, mais j'essaie d'encore croire en nous. Parce que je l'aime et que la perdre ferait beaucoup trop mal. Je ris quand elle parle de mon côté pas du tout aventurière et je roule les yeux vers le ciel, "Comment t'exagère", que je grogne en plissant le nez, lui offrant mon sourire le plus charmeur possible. Je pouffe de rire quand on me parle de glace à la coriandre, osant espérer qu'elle ne soit pas assez cruelle pour me faire goûter un truc pareil mais je lui fais confiance. Les yeux fermés, j'attends le feu vert pour ouvrir la bouche et goûter un morceau du parfum choisit. Les sourcils se haussent par surprise, "Oh wow, c'est super original", que je dis avant de poser ma main par dessus la sienne sur le cornet de l'approcher à nouveau de mes lèvres pour goûter à nouveau. "Je sais pas ce que c'est, mais c'est super bon" J'ouvre les yeux, constate la couleur noire de la glace et je regarde Billie en souriant, "Mh.. ça c'est pas de la réglisse, hein ?", que je demande, encore plus surprise. Ça n'avait pas le goût du réglisse mais qu'est-ce que ça peut être d'autre pour être aussi noir ? J'approche la glace de ses propres lèvres pour qu'elle goûte à son tour, le regard fixé sur ses lèvres pendant quelques secondes.