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Une main sur l’épaule d’Aloysius, un sourire faux sur des visages maquillés à l’extrême. Le jeune homme aussi adoptait ce rictus étrange et tout sauf sincère. Ils avaient passés la journée tous ensemble, la famille Kitzens et la famille Lewingstone. Les quatre adultes étaient proches, du moins proches comme peuvent l’être des bourgeois … L’hypocrisie était leur maître mot. La mère d’Aloysius avait passé la journée entière à complimenter son fils, à le couvrir de baisers et à lui prouver à maintes et maintes reprises qu’elle l’aimait. Elle lui avait acheté une montre Swarovski, un pendentif de la même marque ainsi qu’un nouveau téléphone. C’était sa manière à elle de lui dire qu’elle l’aimait … Elle avait toujours été franchement nulle pour les démonstrations d’affection. Aloysius s’y était fait, trouvant de l’amour ailleurs que dans les bras de sa mère. Le blond n’appréciait pas de passer la journée avec ses parents ! Et encore moins avec la famille Lewingstone ! Pourquoi ? Parce que lorsque ses parents étaient là, Silas devenait vraiment une enflure.
Toute la journée, il avait joué au gros macho pour impressionner son papa chéri ! Et vas-y que je reluque exagérément les fesses de la blonde qui vient de passer ! Et vas-y que je te glisse des sous-entendus homophobes à chaque fin de phrases. Aloysius trouvait son comportement à la fois puéril et hypocrite. Exactement comme leur monde en fait ! Oui, Silas était un vrai petit fils de bourgeois. Lui aussi cela dit, lui aussi faisait semblant d’être quelqu’un qu’il n’était pas. Ses géniteurs étant persuadés qu’il était en couple avec Cora … Or elle n’était que sa meilleure amie ! Seulement voilà, Alo faisait ça pour aider son amie ! Pas pour se voiler la face. Et puis lui, c’était un comédien alors le mensonge, c’était sa vie.
« Oh mon chéri, pourquoi ne nous invites-tu pas plus souvent ici ? Harvard est un endroit merveilleux ! »
Sa mère et ses grands airs … Finalement ce n’était pas étonnant qu’Aloysius se soit tourné vers le théâtre ! Avec une mère comme la sienne, il avait ça dans le sang. Son père par contre, se montrait beaucoup plus distant. Effectivement, il n’avait jamais été présent durant l’enfance de son fils et aujourd’hui, Aloysius lui paraissait suspect. Déjà, ce tatouage en forme d’éléphant sur l’intérieur de son poignet, ça l’avait franchement alarmé ! Ensuite, l’allure de son unique fils l’inquiétait. Ses jeans serrés, ses cheveux qui partaient dans tous les sens, cet air rebelle. Le patriarche craignait fortement que son fils adoré ne devienne un petit drogué de pacotilles ou pire … Un bon-à-rien qui rêve de décrocher les étoiles.
Son père lui administra une légère tape dans le dos, c’était là la seule marque affective dont l’homme était capable ! Alo n’avait jamais connu l’étreinte d’un paternel envers son fils. Non pour lui, ça avait toujours été : Quand tu seras grand, tu seras comme papa. Point final. Sa mère ? Des étreintes, de-ci de-là pour dire de passer pour une bonne mère aux yeux de tous mais en fait, elle ne l’avait jamais serré dans ses bras pour le réconforter, le calmer ou juste lui prouver qu’elle l’aimait. Aloysius n’allait pas s’en plaindre, il ne voulait pas jouer le vilain petit canard en manque d’affection ! Mais il ne s’appelait pas Silas non plus … Il n’allait pas jouer au fils modèle devant papa maman et enlever son masque dès qu’ils auraient le dos tourné.
« Venez, je vais vous montrer la Eliot House ! »
C’était sa confrérie, sa fraternité si vous voulez … Aloysius faisait partie de la Eliot House autrement dit, de l’élite de Harvard. Avec des parents comme les siens, ce n’était pas étonnant. Ici tout n’était que luxe et design raffiné. Bien sûr, les étudiants d’ici comme de partout adoraient se changer en petits fêtards dès qu’ils en avaient l’occasion ! Mais là, en pleine journée, tout le monde endossait son rôle de fifils ou de fifille à maman papa. Gentillesse et politesse obligent. Alo montra sa chambre à ses parents, ses colocataires étant sortis. Son regard se porta sur Silas, c’était vraiment ironique comme situation ! Ils se retrouvaient à nouveau ici tous les deux … Avec leurs parents. Que diraient ce cher Monsieur et cette chère Madame Lewingstone s’ils apprenaient que leur petit chéri macho et hypocrite à souhait avait fait monter Alo au septième ciel de nombreuses fois dans ce lit qu’ils avaient là juste sous leurs yeux. Le blond esquissa un sourire carnassier, il mourait d’envie de le leur dire !
« C’est assez calme par ici … Exceptés certains soirs ! N’est-ce pas Silas ? »
Son petit air mesquin et sournois ne quittait plus son visage. Aloysius pouvait vraiment devenir cruel quand il s’y mettait ! Mais n’inversons pas les rôles, toute la journée, Silas avait été infâme avec Alo ! Bien sûr, il n’avait jamais fait allusion à la bisexualité du blond … Sinon il aurait été certain de passer à la trappe lui aussi. Mais les remarques avaient fusés et Aloysius s’en était pris plein la tête, il venait donc de se venger gentiment en glissant un sous-entendu juste sous le nez de leurs parents. Ceux-ci ne comprirent pas, pensant que les deux garçons de Eliot House faisaient la fête avec leurs amis et que c’était à ça que faisait référence Alo. Mais non … Il faisait référence à tout autre chose.
« Vous faîtes la fête ! Tu as raison mon chéri, amuses-toi pendant qu’il en est encore temps mais tu sais ce qu’il se passera si tu échoues scolairement … Mais dis-moi, vous vous amusez bien ici ? »
Aloysius élargit d’autant plus son sourire. Sa mère était une ancienne fêtarde, une ancienne traînée aussi mais ça … Chuuut personne ne devait le savoir. Alo était le digne fils de sa maman ! Aussi facile qu’elle mais aussi détestable par moment qu’elle. Il adressa un regard équivoque à sa chère génitrice, elle comprit instantanément, elle seule pouvait comprendre ça. Ils n’avaient jamais eu de lien très fort tous les deux mais en ce qui concernait la débauche, ils étaient sur la même longueur d’onde. Aloysius avait une réputation de petit ange à Harvard et tout le monde le croyait en couple avec Cora, seulement quelques personnes savait que c’était du bluff ! Silas en faisait partie. Sur un ton amusé, Alo répondit à sa mère :
« On s’éclate ici, maman ! »
Ses yeux se tournèrent vers Silas juste après ses mots, un regard rapide et qui ne dura qu’un instant mais qui en disait cependant très long … Sa mère l’embrassa, le serra fort dans ses bras, caressa ses cheveux blonds et embrassa sa joue une dernière fois. Son père se contenta une brève tape sur l’épaule et d’un sourire contraint. Une minute plus tard, les quatre adultes étaient sortis de la pièce et la porte venait de se refermer. Aloysius se laissa tomber sur le lit et poussa un profond soupir … Des journées comme ça, il n’en voulait pas milles !
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