- Transperce les rayons + scoby

Foule absente. Eparse est l’hôtel. On le voit qu’on approche de la fin du spring break. Les lunettes de soleil sur l’ovale, il se cache des rayons fulgurants. Eux qui transpercent ses émeraudes. Il est tôt. Beaucoup trop tôt pour lui, mais le voilà. A se diriger vers la salle du petit déjeuner. Près de la baie vitrée, il s’installe. Commande un café. Et puis, ses iris la captent. Ruby. A une table de lui. Seule. Repense à l’une de leur dernière conversation le brun. Comment est-ce qu’elle allait réagir quand il lui annoncerait ? Est-ce qu’elle lui en voudrait ? En règle générale, il en aurait eu rien à foutre, mais c’était Ruby. Ça faisait des années qu’elle l’accompagnait. Avant même qu’elle soit un nom. De sa chaise, la carcasse se déplie. Parcourt les quelques mètres qui le sépare d’elle pour tirer une chaise. Grincement. Sur le sol crisse les pieds. « Voyez-vous ça. » L’ombre s’assoit. Tire  sur les branches des lunettes pour la regarder pleinement. Transperce sa rétine verte le soleil. « J’me demandais quand est-ce que j’allais t’croiser.»

Le sourire. Il fend les lèvres de la blonde. Et il en est presque sûr, elle ne sait rien. N’a pas lu veritas. Julia. Le prénom prononcé, valide ses pensées. Mettant une pause sur son appréhension, un serveur vient lui déposer sa commande, avant de s’éclipser à nouveau. « T’as pas lu veritas. » C’est tout ce qu’il trouve à balancé. Pour lui, Ruby c’est pas juste la pote d’à côté. C’est celle qui le connaît depuis ses quinze ans. Celle qui sait comment c’était difficile pour lui. Chez lui. De devoir gérer son petit frère quand sa mère était trop occupée à parcourir le monde. Parfois, ils restaient seuls pendant des semaines avec de temps en temps la visite de ses grands-parents. Dans ces cas-là, ils mentaient à leur paternel qui aurait pu demander leur garde. Et ça, personne ne le voulait. Comment aussi, il subissait l’humiliation d’un père qui n’a toujours ressenti que de la déception pour sa personne. Tout ça, elle le savait. Mieux que personne. Alors, lui dire qu’il avait tendance à ce comporté comme son paternel. C’était difficile. Pas ses actes. Ça il assumait. Mais c’est ce qu’elle penserait de lui qui le blesserait, mais ça, il est trop fier pour se l’admettre. Alors, il reprend la conversation comme si de rien n’était. Ne sachant pas très bien pourquoi un nœud s’était formé dans sa poitrine. « J’te laisse regarder. »

Sur son téléphone, les opales se perdent. S’efface son sourire. Echangé par un soupire. Il l’entend d’ici. Lui prendre la gueule pour ses conneries. Balancé ses vérités pour l’atteindre, mais rien ne vient. A la place, elle darde sur lui un regard qui le met mal à l’aise. Comme si elle était en train de sonder son crâne. Ne disant rien, il se masse la nuque d’une main, tout en s’enfonçant dans le siège. Et puis enfin, c’est une voix calme qui s’élève. Le prend au dépourvu, parce que c’est toujours plus simple de s’embrouiller. De rester en surface sans jamais péter la glace pour y voir en dessous. La gorge sèche, il se redresse machinalement. Prend une gorgée de café. « Elle est venu m’rendre un truc que j’avais oublié l’autre soir. »[/color] D’un geste de la main, il balaie le détail. « Trop long à raconter, mais j’étais avec un pote. » Nerveux, il marque une pause. « T’veux que j’te dise quoi ? Ça a dérapé. On a pas baiser à proprement parlé. » Toujours classe Scott. « Mais c’pareil. »