(( Rafaden )) turn of events

T’as pris un temps fou sous la douche ce matin. Penser à toi, penser à tout ce qui s’est passé dans ta vie ces derniers jours. Ces prises de tête, cette histoire de mariage qui vraiment était n’importe quoi, cette rupture et maintenant cette rencontre. Tu ne sais plus où donner de la tête ni quoi penser. Te laisser aller et prendre ton temps est la bonne chose à faire. Et c’est exactement ce que tu comptes faire. Une journée sportive, une journée pour te remettre sur les rails. T’es arrivé au point de rendez-vous à 8h45, surpris de vois que Rafael est déjà présent. « Hey! C’est vrai que t’avais hâte de me voir. » dis-tu le regardant tout sourire, d’un ton légèrement moqueur.

Short enfilé, cheveux repoussés en arrière, les phalanges débiles sur le haut d’ton crane. Un dernier regard dans le miroir même si le reflet est déjà oublié. Le couloir, pour rejoindre l’ascenseur, l’entrée d’ton hôtel. Montre en main, probablement en avance de vingt minutes, marge d’erreur de trois minutes selon les montres mal réglées. Toi t’es là, à l’aube matinal. Les passants qui ont l’droit à ton sourire à peine visé, on te dévisages sans oser t’y répondre. Le dos contre ce mur, les yeux sur le téléphone, t’attends qu’il arrive. Le corps qui se décolle de son assurance vie un instant, un pied en avant pour rejoindre la silhouette reconnue. Le bras qui se tend pour checker son poing. Non j’avais deux trois courses à faire avant. A cette heure-ci ? Menteur. Ton poing est resté contre le sien, suspendu quand tes billes analysent son visage. Non j’te reconnais même pas. L’ton taquin. Bien sûr que tu l’as reconnu. Tu sais où faut aller ?

Tu le regardes perplexes à son excuse complètement bidon. Comme si tu allais croire à son prétexte de courses. À cette heure, en plus. « hum hum.. » marmonnes-tu plus à toi-même, haussant un sourcil, l’examinant avec attention faisant mine de vérifier s’il te disait la vérité. Tu le toises du regard, checkant son poing en même temps. Souriant même lorsqu’il te nargue, visiblement amusé de la situation. « Va t’faire. » dis-tu en riant, te retournant pour prendre la direction opposée au même moment où il reprend la parole. « On peut courir n’importe où hein… J’ai repéré un sentier pédestre sur une carte et elle ne mène pas trop loin de l’endroit où les tyroliennes nous attendent. T’es partant ? » Cette journée, allait être un point tournant pour toi. T’allais pouvoir te faire une idée du bonhomme. Voir si tu le laissais emménager chez toi. Voir si vous allez bien vous entendre.

Tu l’connais pas. Simplement croisé d’un regard entre deux échanges de petit sachet transparent. Il est venu à toi, sous le regard d’Adrian qui a filé ton contact. Quelques compliments glissés sur ta propre personne. Tu pourrais te sentir comme un restaurant à déguster, dont on demande l’avis, avant. Tu serais probablement un mexicain trop épicé avec un bordel trop peu professionnel à l’intérieur. Le regard s’est perdu sur lui, l’temps d’une seconde. Ses yeux qui ont réussis à te captiver plus de temps que tu sais te concentrer. Un instant égaré dans les billes bleutées. Les pensées qui reviennent quand la proposition se fait rapide. Tu veux courir pour y aller ? Ok. Les phalanges qui remontent le short comme pour activer le mode sport sur l’automobile. Ça va être pratique de faire connaissance quand j’serais loin devant toi, hein ! L’taquin, dans son excès de confiance. Le genou qui fléchit, pour atteindre les lacets de tes chaussures. J’te laisses de l’avance, pars devant. Le visage s’est redressé vers lui quand tu es encore au sol. Ce sourire d’enfant provocateur.

Tu n’sais pas quoi penser de tout ça en réalité. Tout s’est fait tellement rapidement. Sage te plaque, le soir-même tu voir Rafael, le lendemain tu communiques avec lui, l’invite même à venir occuper la chambre libre dans ton appartement et l’invite maintenant à une activité que tous les deux ? Il y a de quoi te donner le tournis. Qu’est-ce qui te prends, pour le coup ? Tu n’as pas le temps de réfléchir, tu te poseras les questions plus tard. Autant profiter de ce moment, avec lui aujourd’hui, sous ce soleil réconfortant. Impossible, n’empêche de rester sérieux face à lui. Tu le regardes agir comme s’il avait ne serait-ce une petite chance de te battre si vous faites la course. Oui, un gloussement sort de ta gorge. Il te fait rire, c’est un bon point. « J’vais te le faire bouffer ton sourire. » dis-tu en riant. « Ne fait pas sortir le compétiteur en moi. Tu vas chouiner. » C’est à ton tour de le provoquer. De ton côté tu commences quelques mouvements d’échauffement. « J’te propose un truc. On se fixe un objectif. Si tu gagnes, tu me poses une question, n’importe laquelle. Si je gagne, la question, elle est à moi. » Tu relèves un sourcil, satisfait de ce que tu venais de lui proposer. Le pauvre, il n’a aucune chance en ce qui est en lien à la course.

Tu sais maintenant pourquoi Adrian et Tayden sont proches. Le même gout de la répartie et de la compétition qui longe les veines. Et toi, trop loin d’te laisser faire, l’insolence incarnée à se demander si tu l’fais exprès ou si ce n’est que ta naïveté qui tente de parler. Tu te relèves du sol, genoux qui revient à sa position initial quand il commence à s’échauffer, mais toi, tu l’as déjà oublié qui il est. Les souvenirs effacés de cette conversation menée, son passé d’athlète. En réalité, est ce que si tu t’ne serais rappelé, ça aurait changé quelques choses à cette énergie débordante qui s’anime en toi ? T’es ce gamin qui aime tout défier, même quand il le sait au fond, que tout est perdu d’avance. Ok ça me va. Et lui, il ne sait pas qu’il n’a pas besoin d’ça pour t’faire parler. Mais le défie est relevé, sauce pimentée. L’corps qui s’avance d’un coup, une propulsion sans anticipation pour avancer, courir sur la droite, sans même savoir où il faut aller. Dans ton élan tu l’pousses de ton épaule. T’attends quoi ?!! Surement de savoir quel est l’objectif et la direction ? Mais toi t’es parti, déjà, l’oiseau envolé sans même savoir où il met les ailes.

Échauffement pratiquement terminé, tes billes se dépose sur le terrain devant toi pour analyser ton parcours. Tu fus sorti de tes pensées par un coup donné, surpris de cette initiative. Le voilà qui s’élance et toi, ça te fait rire de plus belle. « Tricheur ! » dis-tu à sa suite, lui laissant toutes les chances du monde. Tu ne le dépasses pas, même si c’était facilement réalisable, profitant plutôt doucement de ce spectacle devant tes yeux. Ce petit manège dure encore quelques minutes, avant de finalement perdre patience. Ton corps qui s’élance, le dépassant facilement, lui envoyant même un signe de la main. « T’es trop lent, mon chou. » T’es année dans cette discipline en paie le prix. Tu te sens bien, tu te sens vivant. 500 mètres plus loin, tu arrêtes, te retournant, ne pensant pas qu’il était si près de toi. La collision, le choc de plein fouet. Ton derrière trouve le chemin de la bitume où une fois de plus tu éclates de rire. « C’est par là le chemin. » pointant dans la direction opposée.