L'histoireUne citation icit’es née à brisbane dans une famille d’apparence toute à fait normale. t’es l’mélange de deux cultures, mélange d’origine. ton père débarque en australie il y a vingt ans avec ses parents, tout droit venus d'taipei. ta mère est d’ici, australienne, un peu d’sang djabukay dans les veines qui font d’sa mère une femme à part.
chez ton père, y a différents codes qui collent pas trop à ceux d’l’australie. mais c’est important, l’éducation est comme ça alors tu l’as accepté pendant toute ton enfance, toute ton adolescence.
discours formel, poli, on oublie pas l’vouvoiment, c’est important. habituée à s’incliner pour dire bonjour, pour quitter un lieu, ça peut paraître étrange d’voir quelqu’un qui s’soumet d’la sorte dans un pays où on en a pas forcément l’besoin mais la pression sur tes épaules est grande, ton père t’lâche pas la grappe, surtout quand vous allez dans sa famille. il veut montrer qu’il a bien éduqué sa fille, malgré une mère un peu trop libérée à leurs yeux. à chaque fois, c’pas un moment de plaisir les visites, parce que même si tu t’enrichis d’ta culture, tu l’sais à chaque fois la pression est à son comble, ça pèse lourd pour une gamine d’ton âge.
avant ta mère, avant toi, y a eu une autre femme, une autre fille. d’presque 7 ans ton aînée, une grande soeur avec qui tu voudrais entretenir une véritable relation. pourtant, tu l’sais, les contacts qu’elle entretien avec ton père sont houleux, faut dire qu’il fait pas trop d’efforts. des fois les réactions d’ton paternel sont étranges, t’as du mal à comprendre pourquoi il a certaines d'ses réactions mais c'est comme ça, ça reste ton père. ton père qui pourrait faire quelques petits efforts parfois. ouais, il pourrait, elle pourrait aussi, ça s’rait bien. mais tu juges pas, toi t’voudrais juste que tout l’monde soit uni, ensemble, ça serait cool, joli tableau.
au plus grand regret d’ta famille paternelle, t’as jamais vraiment aimé les études. ils préfèreraient qu’tu mettes en pratique tes capacités plutôt qu’les gâcher dans tes boulots pourris qu’t’enchaînes. pourtant toi c’est c’qui t’vas le mieux, des fois t’es tombée sur des trucs hardcore, c’est clair, tu t’en rappelles encore.
avide d’liberté, d’sentir l’air tout autour de toi, le vent dans tes cheveux, l’fait de glisser, d’dévaler les pentes sur ton skateboard. ton premier moyen d’transport après tes pieds. t’as une bagnole pourtant, elle est garée devant mais tu t’en sers qu’en cas d’nécessité. c’pas question de pollution, même si t’y es sensible, ici et partout dans l’monde t’vois bien les dégâts. ou alors peut-être qu’si, que c’est une des raisons, mais ça t’parais tellement logique ce genre de trucs, qu’parfois tu t’rends même pas compte d’ton comportement qui frôle l'écolo.
ça s’voit sur ton visage, petite poupée, pupilles noires dans lesquelles on peut lire toute ta fragilité. pourtant au fur et à mesure que les années passent, qu’les déceptions s’enchaînent, ton coeur s’habille d’une carapace aussi dure que l’acier. il est rare d’te voir pleurer, des difficultés à t’lier aux autres, à t’ouvrir à eux autrement qu’en surface, toujours peur qu’on puisse fendre ton armure. t’apprend pourtant à t’ouvrir avec les années qui passent, à t’dire que tout l’monde n’est pas mauvais, t’en vois plein autour d’toi. puis la vie c’est ça, s’prendre des murs, tomber, se relever, se soigner, repartir. alors t’l’acceptes doucement. t’vas pas t’casser si tu tombes. t’peux pas t’casser, petite mais solide la gamine.
t’as toujours aimé l’idée d’être libre d’penser, libre d’être qui on veut être, d’la façon qu’on a choisi. t’trouves les jugements illégitimes. une fois on t’as dit « c’pas parce que ton voisin d’restau prend un plat qu’t’aimes pas qu’tu vas lui hurler dessus ? » et p’tain c’est tellement ça.
ta recherche d’liberté, elle s’joue aussi par cette folie qui t’anime. besoin d’te sentir vivante, d’pas gâcher un seul moment d’ta vie. t’sais pas quand elle peut s’arrêter alors autant profiter.
t'as tellement la bougeote, qu'y a trois ans, t'as fait tes bagages, t'as quitté l'australie, t'as cherché un boulot, t'as chopé ta carte verte. depuis tu découvres un autre mode de vie, le froid, la neige aussi. l'australie c'bien, ça te manque, mais ici t'en prends plein les mirettes. tonnes d'images que tu t'étais imaginé et qu'tu visualises enfin. besoin d'voir le monde, d'pas rester statique.
bien rare qu’tu passes une soirée chez toi, les videurs d’ta boîte de nuit préférée t’connaissent par coeur, presque tous devenus des potes à force de les croiser chaque soir. t’es sympa, t’es rigolote quand tu t’amuses, encore plus quand t’as un bu un verre de trop, pris la petite pillule rose du bonheur. à ce moment là tout devient plus facile. puis les lumières éteintes on s’libère mieux, une fois qu’la nuit tombe, y a la véritable molly qui sort. l’petit démon, celui qu’on arrête pas.
t’viens tout juste de sortir d’une relation compliquée, y avait d’l’amour, c’est sur ouais y en avait. mais y avait aussi tout l’reste, l’alcool, la drogue, pas un soir ensemble où vous étiez sobre, toujours l’état second qui vous détruisait à petit feu. les disputes et tout l’reste qui s’y mêlait. plus possible d’vous crier dessus de la sorte, de vous insulter aussi violemment.
tu t’rappelles encore de tout vos mots, de tout vos maux, tu t’dis alors que c’était du gâchis.
finalement faut croire qu’la relation n’est pas saine, que la destruction est inévitable. alors t’as fuit, lâche, t’voulais pas te battre jusqu’au point d’non retour, la douleur serait tellement plus grande. le coeur s’en serait peut-être jamais remis. partir avant qu’le chaos s’empare de votre relation.
ça fait plus d'six mois que t'as fait ton entrée dans la prestigieuse université du massachusetts, c'tait pas ça le but au départ. petite molly perdue au milieu d'ce monde qu'tu connais pas, l'cinéma, comme toutes ces activités "calmes" c'pas ton délire d'habitude. toi t'préfères les gros coups de vent dans l'visage qui t'font ressentir à quel point tu vis, à quel point t'es vivante. petite gamine qui regarde tout autour d'elle, qui commence à s'sentir intriguée par ses grands titres, grandes affiches, grands acteurs. les avant-premières, tout c'monde là, tu l'imaginai pas. la vérité c'est qu'petit à petit t'adore ça.
t'es une gamine intelligente, t'perds ton temps derrière la caisse, c'd'ailleurs pas la première fois qu'on t'dis ça.
t'dois plus perdre ton temps à encaisser, l'argent comme les humeurs, surtout quand tout l'bif ne va pas dans ta poche, t'dois plus perdre ton temps, on t'la dit bien souvent. alors dans un coin, loin des avis d'tout les autres, t'as fait ton dossier d'inscription. t'es plutôt maline, tu cogites assez, t'pas du genre à rester inactive cérébralement, besoin d'se sentir stimulée. tu t'dis qu't'étais pas si mauvaise au lycée, plutôt des bonnes notes, disons juste que ton comportement posait l'seul véritable souci. aujourd'hui t'as grandi, t'es intéressée, puis au pire, t'reprendras ta vie d'avant sans regrets.