DATE ✧ HYPOTREMPE & BASILIC

@gigi desrosiers | Le coeur tambourine dans la poitrine. C'est l'instant de vérité, celui-ci que j'attends depuis ce week-end. C'est la St-Valentin, et si habituellement, cette fête me laisse un peu de marbre, je sais que cette soirée pourrait changer la donne. Une fois n'est pas coutume, j'ai un date ce soir, et pas juste un plan pour passer la nuit - ou du moins quelques heures - dans les bras d'un.e inconnue. Pas de plus belle robe ce soir, comme bien d'autres personnes dans les rues, mais bel et bien mon plus beau uniforme, promis à mon date dans la capsule, ce qui lui permettra en plus de me reconnaître avec facilité. Elle ne sait pas à quoi je ressemble, je ne sais pas à quoi elle ressemble mais je suis assurément la seule demoiselle en uniforme d'étudiante à des kilomètres à ronde. Un uniforme pour le moment dissimulé sous un long manteau pour me protéger du froid, ce qui me fait dire que la patinoire n'était vraiment pas une bonne idée dans cette tenue.

Arrivée au lieu de rendez-vous, les battements du myocarde s'accélère un peu plus. Il est encore temps de faire demi-tour crie l'ancienne moi qui ne voulait pas prendre le risque de s'attacher, ne laisse pas la peur gâcher une nouvelle expérience crie la nouvelle moi. Je pousse la porte du bâtiment, donne mon nom avant d'être rapidement conduite à une petite table, pour le moment encore vide. Je défais mon manteau et m'installe, les yeux rivés sur l'entrée pour surveiller toute arriver jusqu'à l'apercevoir, plus rayonnante que je ne l'imaginais. Je me lève, par politesse, mais aussi pour qu'elle puisse constater que j'ai tenue parole, sourire aux lèvres. " Bonsoir ! Et je peux enfin le dire désormais, Elvira, ravie de pouvoir faire ta connaissance et surtout, de pouvoir te voir cette fois. " Je suis pas  déçue d'être venue, et j'espérais maintenant que elle non plus.

Au téléphone avec celle qui me remplace ce soir au Nirvana, je souffle Écoutes Lola, si t’es dans mon bureau au lieu de moi, y a une raison. Tu vas gérer alors respires et bois un coup. Je tire sur la fermeture éclair de ma robe et regarde mon reflet dans le miroir. J’ai choisi la petite robe noire qui met toutes mes formes en valeur : de la poitrine à mes hanches parce que je n’ai pas oublié la confession de ma binôme lors de notre rendez-vous capsulaire il y a quelques jours de cela. Je passe un collier et ajoute rapidement S’il y a vraiment un gros problème, appelles moi. Mais je ne souhaite pas être dérangée. Je veux que tout se passe bien ce soir des deux côtés de ma vie et pour cela, j’ai besoin que mon assistante prenne un peu plus de responsabilités et au pire, je gèrerai demain. Je raccroche rapidement et finis de me préparer. Le maquillage met mes yeux en valeurs, je laisse mes cheveux lâchés et après un dernier check dans le miroir, j’enfile mes talons hauts, ma veste et passe mon sac à main sur mon épaule. Je sais que j’ai rendez-vous au Navigator 22 et suis vraiment toute excitée à l’idée de rencontrer Basilic. J’ai passé ces derniers jours à me l’imaginer, à tout faire pour essayer de la trouver sur les réseaux sociaux mais je n’ai pas réussi. Je n’ai jamais été douée pour cela de toute façon. J’arrive rapidement et laisse un billet supplémentaire pour le chauffeur Uber en guise de pourboire. Je n’ai jamais mis les pieds dans ce lieu mais c’est plutôt classe. Les yeux sur la décoration, je pense être la première arrivée alors je prends mon temps avant de me présenter et quand la serveuse m’amène à ma table, mes yeux tombent sur la demoiselle. Wow. Mes yeux glissent sur elle, sur son visage, son uniforme, son corps et je souris largement. Enchantée Elvira. Que je souffle doucement en ôtant ma veste que je pose vulgairement sur ma chaise. Moi c’est Gigi. Je la regarde droit dans les yeux et souffle L’uniforme te va à merveilles. Je suis toujours debout face à elle, subjuguée par la beauté de cette jeune femme. Je peux te faire la bise ? Je ne voudrais pas entrer dans son espace personnelle sans lui en demander l’autorisation, je suis mieux élevée que ça. @Elvira S. Kaine

@gigi desrosiers | Je lui avais sans difficultés imaginé mille physique à la demoiselle en face de moi, et pourtant, aucun n'avait vraiment cerné celle qu'elle semblait être. Je prends le temps de la détailler, l'expérience des capsules ayant été assez frustrante sur ce point. Elle est sublime, grande, brune et il semblerait, un peu plus âgée que moi, ce qui m'avait un peu inquiétée quand elle m'avait demandé mon âge pendant l'expérience. Beaucoup de choses semblent nous opposées, et pourtant, nous voilà sur le point de partager une soirée ensemble. Une soirée que j'imagine agréable, sans trop de difficultés. Il y avait eut un bon feeling dans la capsule qui n'avait aucune raison de disparaître ici, et en plus, elle ne me laissait pas indifférente physiquement. J'en regretterais presque de porter mon uniforme qui était loin de me mettre le plus en valeur, même si j'avais pris le temps de me coiffer et de me maquiller. Dans l'ensemble, ma tenue faisait très sobre, que ce soit par ses teintes ou sa structure qui ressemblaient sans difficulté à n'importe quel uniforme qu'on pourrait imaginer d'une école étasunienne, le logo d'Harvard en plus. Mais j'aime être une personne qui tient ses engagements, malgré la myriade de défauts que je peux avoir.

Mon sourire se fait plus franc quand elle s'approche. Après tout, c'était comme un soulagement que de pouvoir enfin la voir, être en contact avec elle. Je me présente, banalement, malgré le fait que nos identités viennent très tard dans cette conversation. « Merci Gigi ! Et l'avantage, c'est que je n'ai pas perdu de temps à savoir quoi mettre ce soir. Je te le conseille à l'occasion. » Je ris doucement. Il n'est pas possible pour tout le monde d'avoir un uniforme à porter lors d'un date, mais ça permettait de répondre facilement à cette éternelle question de : quoi porter pour un premier rdv. « Bien sûr  ! » Je ne suis pas réticente à ce genre de contact, et j'apprécie encore plus qu'elle le demande. Pour lui confirmer que je suis ok avec ça, je fais moi-même un pas vers elle et laisse mon visage s'approcher du sien, la saluant à la "française" comme j'ai tendance à voir les choses. « Installe toi ! » Je l'invite à prendre place, et retourne à la mienne, le coeur moins paniqué. Je commençais à me sentir à l’aise. « Prête à faire semblant d’être une experte en oenologie ? » Je ris doucement, on était deux néophytes dans le domaine, mais moins, l’activité nous permettrait de continuer ce que nous avions commencé dans la capsule. « Alors Gigi, que peux-tu me dire sur toi que tu ne pouvais me dire dans la capsule ?»

Quelque soit l’occasion, je suis toujours partante pour de nouvelles rencontres. J’ai toujours aimé me mêler aux gens, en apprendre plus sur eux, les laisser voir une partie de ma personnalité avant d’aller plus loin ou d’arrêter les choses. C’est peut-être bien pour cela que j’ai autant adoré participer à ce jeu. C’était vraiment agréable comme principe. Discuter sans se voir, c’est pas ce que je préfère mais ça permet de se lâcher et de faire le tri dans ceux qui jugent facilement ma vie. J’avais pas perdu trop de temps avec Hermione Granger, une petite vingtaine de minutes de discussions et puisque scandaleuse, j’avais vite mis fin à la capsule. Je ne prenais pas le jeu aussi sérieusement que certaines personnes mais j’avais mes limites quand même. Mon temps est précieux de toute façon. Alors j’espère que ce soir, je vais bien profiter de ma binôme qui est tout simplement merveilleuse. Le Basilic, créature que je déteste dans la saga - que j’ai vu grâce au cadeau de Noël de la ville - mais elle, elle est tout ce que j’aime. Franchement, ça fait rêver. Il faudra que tu me le prêtes. Ou que je m’arrange avec Esmée pour récupérer le sien et voir ce que ça donne. Je me demande si ça ne pourrait pas nous aider au Nirvana, il y a des hommes que ça ferait carrément flancher et plus ils claquent de billets, mieux ce sera pour nous tous. Il faudra que je propose l’idée à l’étudiante mais pour le moment, je me concentre sur Elvira qui m’autorise à lui faire la bise, ce que je ne manque pas de faire, embrassant légèrement ses deux joues et en profitant pour humer son parfum de manière totalement discrète. Je n’ai rien de Joe dans YOU, qu’on se le dise. Ma main sur son avant-bras, je finis par rompre le contact pour m’asseoir. Le dos bras, les jambes croisées, je la regarde et l’étudie encore un peu. Ses yeux sont merveilleux et sa chevelure… J’en serais presque jalouse ! Ne t’inquiètes pas, c’est pas si dure que ça. Il suffit de faire tourner le vin dans le verre, de le sentir et le tour est joué. Je suis une professionnelle maintenant. Normalement, il faut le faire glisser le long du palais et le cracher afin de ne pas finir ivre mais c’est souvent l’issue rechercher, surtout quand c’est la ville qui régale. Je compte aussi prendre note de tout cela pour pouvoir en proposer au Nirvana. Les pupilles sur les couples qui se retrouvent autour de nous, je me dis que j’ai vraiment gagné le jackpot ce soir. Sa voix m’appelle, telle une sirène et je me concentre à nouveau sur la jolie blonde. Je suis la propriétaire du Nirvana. Ça aurait pu me griller en un quart de secondes et je ne le voulais pas. Parce que ça peut être rédhibitoire pour bon nombre de personne, ce que je trouve tout particulièrement ridicule. Et mon âge. Mais je ne sais pas si tu as envie de savoir. Que je finis par dire. Elle a tout particulièrement demandé à ce que je ne dise rien. Tu as peur du jugement en cas de grand écart d’âge ? J’essaye toujours de savoir ce qu’il y a eu là-dessous. Et taquines comme toujours, j’ajoute Et que tu es vraiment… sexy. Eh bah oui, je ne la voyais pas dans la capsule, impossible de lui dire cela du coup.

@Gigi Desrosiers | On ne va pas se mentir, j'avais gagné un temps inconsidérable à me préparer avant le début du date en sachant que ma tenue était déjà choisie. J'aurais pu changer d'avis en cours de route, mais je n'en voyais pas l'intérêt. Après tout, si Gigi n'avait pas de gêne à s'afficher avec moi dans une telle tenue, ce n'est pas à moi que ça allait poser problème. « Avec plaisir, mais à condition que je puisse te voir le porter. » Après tout, il n'y avait pas de raison que je ne puisse pas en profiter aussi, surtout si c'était moi qui lui prêtais. Elle semble plutôt entreprenante comme femme, d'une façon qui me plait bien. De ce côté de l'Atlantique, peu sont celles et ceux qui utilisent la bise pour saluer quelqu'un en dehors des membres de leur famille, mais elle ne se gêne pas de demander. Une façon de faire qui a son charme et qui en dit long sur la façon dont elle traître les autres. A sa place, certain.es ne se seraient pas préoccuper de mon consentement avant d'initier le contact. Elle sait me mettre à l'aise, autant que dans la capsule, ce qui annonce une bonne soirée. Je me réinstalle à ma place, lui demande si elle est prête, comme si une véritable épreuve nous attendait ce soir. Je ne suis pas une grande experte en vin, mais je peux être très douée pour jouer la comédie, alors j'allais tenter de mettre ce talent à contribution ce soir. Après tout, comme elle le souligne, les techniques des œnologues sont particulièrement simples. « Je pense que je peux en être capable. »Je ferais un peu plus semblant sur les notes et les aromes identifiés, mais pour le reste, je devrais pouvoir m'en sortir. Les yeux toujours rivés sur elle - difficile de m'en détacher pour l'heure - je reprends notre discussion d'il y a quelques jours, l'interroge sur ces choses que je ne pouvais savoir dans la capsule. Elle travaille au Nirvana, et plus que ça, elle en est la propriétaire. Je comprenais mieux pourquoi les restrictions imposées par la mairesse en début d'année n'était pas à son goût. Si pour beaucoup, c'était contraignant, pour elle, ça pouvait marquer la fin de son business. « Effectivement, si tu me l'avais dit, ça aurait été un indice énorme. Et pour peu que je laisse la curiosité prendre le dessus, j'aurais surement tout gâché en cherchant des informations sur toi. » Le jeu n'aurait plus eut le même équilibre, ni la même saveur. « Ce n'est pas par peur que je ne voulais pas savoir, mais plutôt pour éviter de me faire de fausses idées. Je voulais te connaitre toi, et pas ce genre de détail auquel on ne peut rien. Maintenant, tu pourrais bien me dire que tu es un vampire de 300 ans, ça ne changerait plus rien. » Je ris doucement, qu'importe son âge elle me plaisait, et c'est ça dont je voulais prendre conscience avant de prendre en compte d'autres éléments. « Je peux te retourner le compliment, tu es magnifique aussi. » Et je ne regrettais pas d'avoir accepté son invitation.

Les yeux sur la jeune femme, je suis incapable de détourner le regard pendant quelques longues secondes. Je souris à ses mots et souffle Pas de soucis là-dessus. Tu auras probablement même le droit de m’aider à la retirer. Le sourire en coin qui naît sur mon visage est tout sauf sage. Il trahit tellement toutes les pensées que j’ai et celles que je ne m’autorise même pas à avoir aussi tôt dans la soirée. C’est de la folie mais c’est celle que je suis. Je ne crois pas au prince charmant - ou à la princesse charmante dans son cas - et pars vraiment du principe que la vie se joue sur le coup. Il n’y a rien à attendre à part une jolie rencontre. Celle des âmes mais aussi celle des corps. J’avais commencé à fonctionner ainsi en arrivant aux États-Unis et n’avais jamais décidé de changer. Mais oui… Au pire, on est là pour profiter, pas pour se la jouer professionnelle. Je voulais les goûter réellement, tous ces vins, je voulais les apprécier et décider de celui - ou ceux - qui trouveront une place sur le menu du Nirvana. D’une pierre deux coups, voilà aussi quelque chose qui me ressemblait énormément. J’espère qu’elle ne cherche pas quelque chose de trop sérieux parce que ça, ça ne me ressemble pas. Oui et tu n’aurais pas eu trop de mal à trouver mon profil meetsa. Je suis fière de mon parcours et ne regrette absolument aucun choix que j’ai pu faire, je l’affiche un peu partout. C’est classe d’être propriétaire à trente-et-un ans et encore plus d’un club comme le Nirvana. J’y ai commencé en tant que danseuse et puis suis partie vers la côte Ouest et ses péripéties. Promis, je ne suis pas un vampire. Que je souffle en riant légèrement. Ce serait pourtant quelque chose qui me plairait énormément. La beauté éternelle, mon plus grand rêve, aussi superficiel soit-il. Mais je vis la nuit du coup, ce qui pourrait porter à confusion. Je ne suis pas une grosse dormeuse non plus mais ça, c’est un autre sujet. Je souris à son compliment et laisse le serveur nous apporter les premiers mets. Charcuterie, fromage et le premier vin. Et du coup, ton tatouage, il représente quoi, si ce n’est pas trop indiscret ? Que je demande en piquant un bout de jambon fumé, la vue du plateau ouvrant carrément mon estomac. Je place le bout de viande séchée dans ma bouche et me tiens prête à me lever pour aller voir, si elle m’y autorise bien entendu. Je ne sais pas où cela va nous mener mais je veux faire les choses biens. Qui sait, peut-être que tout ira parfaitement bien…