(rothsford) le prix du silence.

@Valentin Rothschild | Refuge où  je me cache après une mauvaise journée. Besoin de me concentrer sur les cours et ne plus pensé à ce qui s’est passé ce matin. Nos échanges de sms et cette envie de te montrer que je suis là et que tu me plais. J’avais tellement peur de cette phrase cliché que je l’ai en travers de la gorge. Je suis aimable comme une porte de prison depuis ce matin donc autant que je me cache ici. Je parcours les allées de la bibliothèque et à vrai dire, je ne sais même pas ce que je cherche. J’ai la tête ailleurs quand ma main saisit une main plutôt que le bouquin.« Oups, excuse moi. » Je leve les yeux sur la rangée au dessus pour t’apercevoir. Il manquait plus que ça. Je retire rapidement ma main et j’essaie de vite disparaître vers la table où j’avais laissé mes affaires.

@Maya Wolford | un peu sonné par ce que tu viens de m'apprendre, je me dis que je ferais mieux d'aller faire un tour pour process. ça fait quoi ? des années que nos familles sont amis, à tel point que vous êtes presque comme des frères et soeurs pour moi. on est comme une grande fratrie qui évolue ensemble. c'était déjà le cas en Angleterre et ça l'est encore aujourd'hui, ici. Pia est ma meilleure amie depuis qu'on est gamin, et toi, la copine d'Alix, je t'ai vu grandir. alors quand tu m'annonces que tu me vois pas comme un grand frère, que tu ne me considères pas comme moi je le fait, ça me fou une claque monumentale. alors je décide d'aller me changer les idées. courir pour oublier ? mh ça ne fonctionnera pas, j'aurais trop de temps pour me refaire le scénario de la conversation. alors je décide d'aller à la bibliothèque universitaire pour me plonger dans les livres. là au moins je sais que je vais pouvoir lire d'autres choses et repousser le moment où on devra peut-être avoir une conversation. je slalome dans les allées de la BU, à la recherche d'un bouquin particulier. je vois pas ce que je fais trop occupé à en lire un autre. soudain une main saisi la mienne et quand je lève la tête.. putain. c'est une blague ? je pouffe de rire doucement avant de reculer ma main et de te voir fuir. bordel c'est ridicule. je te suis doucement évitant de faire trop de bruit puis je chuchote. « hey.. hey Maya » j'attrape doucement ton bras. « tu vas me fuir comme ça jusqu'à la fin de ta vie ? » juste pour être au courant.

@Valentin Rothschild | Je suis vraiment stupide, je m’en veux de ne pas avoir pu tenir ma langue. C’est vrai après tout j’ai tenue dix ans sans dire un mot. Jouer la petite sœur de toutes cette bande de joyeux lurons. On a grandit ensemble c’est vrai. Je me souviens même du moment où je t’ai vu pour de vrai. Plus avec les yeux d’une petite fille qui venait t’embêter avec Pia dans sa chambre. Non, celle qui voyait un garçon qui lui plaisait pour de vrai. Qui essayait de comprendre les changements émotionnels en elle. Les joues qui rougissaient, le cœur qui battait si vite et ce mal au ventre. Je me souviens l’évolution au fil des années et admettre que le crush ne semblait pas vouloir disparaître. J’aurais sans doute pu tenir dix ans de plus. Maintenant, j’ai l’impression d’avoir à nouveau dix ans et d’être qu’une idiote. Regard dans le vide, ma recherche de livre qui se prolonge. Endroit où je pensais rester cacher. Seulement, tu es là toi aussi, même pensée, même refuge qui sait ? Je te fuis, j’assume pas. Pas face à toi qui me fait me sentir différente. Qui me fait perdre mon assurance. C’est ta main qui saisit mon bras qui me retient. « Val.. » Je trouve assez de courage pour lever la tête et enfin te regarder dans les yeux. Coeur qui s’emballe aussi vite qu’il peut se serrer. Il faut que j’encaisse le coup. Cette phrase est dure à encaisser sûrement plus que les autres. « Je suis même pas capable de ça. » J’ai trop besoin de toi dans ma vie.

@Maya Wolford | j'ai jamais cherché ça. te plaire. non pas que t'aurais pas pu me plaire toi. mais je me souviens de toi quand t'as perdu tes dents. quand tu avais 8 ans et que tu te levais en pyjama harry potter pour venir prendre le petit déjeuner. deux tartines de confiture, un chocolat et un grand jus d'orange. tu vois, je me souviens même de ce que tu prenais au petit dej. je t'ai jamais vu autrement parce que ça sonnait bizarrement dans ma tête. comme la tête étrange que j'ai fait quand j'ai appris que Pia et Sim avaient couchés ensemble. pourtant c'est arrivé pour une bonne et simple raison, quelque chose que j'ai oublié au final : nous ne sommes pas frère et soeur. et avec ta révélation, je me prends cette baffe en pleine tronche moi aussi. toi et Pia n'êtes pas plus mes soeurs que Ugo mon meilleur ami. alors ça devait arriver.

ma main glisse le long de ton bras et j'attrape ton poignet pour te tirer vers moi, t'entrainant dans une des allées presque jamais empruntée de la bibliothèque. « ok maya je suis désolé ok ? » je voulais pas te faire de la peine, ça n'a jamais été mon but. t'es la petite chose que je baladais partout quand on était gosse, loin de moi l'idée de te faire du mal. « hey.. je sais pas comment réagir. je sais pas ce que je peux dire ou faire pour te consoler mais qui ne te ferais pas plus de mal » genre te prendre dans mes bras. j'ose pas. et en même temps j'ai jamais été super tactile. sauf avec Pia. mais elle et moi c'est pas pareil.

@Valentin Rothschild | Peut-être que je suis la seule à avoir toujours eu conscience que nous étions pas frères et sœurs. Tous autant que nous sommes. Peut-être parce que j’ai vu les regards entre Sim et Pia, ou encore écouter Alix me dire combien elle craquait pour Xavi quand on était ados. Ouais j’étais la petite dernière, celle qui n’est jamais loin et qui veille sur les autres. Les histoires de grands. Peinés les uns après les autres, alors que moi je m’interdisais de souffrir, de vivre ce moment qui arrivait sans doute bien trop tard. Peut-être que j’aurais du te le dire plus tôt ? J’en sais rien et je ne peux plus changer le cours de l’histoire. Je peux pas tricher et faire comme si t’étais mon frère, c’est pas moi et je suis même pas sure d’y arriver. Et malgré tout, l’idée me traverse l’esprit comme un moyen de te garder près de moi. Ma réflexion est très vite stopper quand tu m’entraînes dans une allée de la bibliothèque où visiblement on ne risque pas d’être importuner. Je te regarde et je soupire : « Tu devrais même pas t’excuser Valentin, t’as rien fais de mal. » Je te regarde fixement, je n’aime pas ce que j’éprouve à ce moment précis. Me sentir désarmer, impuissante. Incapable de retrouver ma détermination et mon assurance. Tu le vois  le regard que j’ai envers toi, Val. « C’est à moi de me faire a l’idée que je suis le bébé de cette belle et grande famille. Te sent pas responsable, t’as été franc. » J’essaie de te rassurer du mieux que je peux.

@Maya Wolford | je voudrais savoir quoi dire ou quoi faire pour que tu ne sois plus triste. j'ai jamais aimé faire du mal aux gens. je sais que je peux être détestable mais blesser les personnes importantes de ma vie, c'est pas un truc qui me fait kiffer. je savais pas ce que tu ressentais pour moi, je pensais pas une seule seconde que depuis dix ans tu pouvais attendre plus que de l'amitié de ma part. et je crois que je m'en veux un peu de pas l'avoir vu avant.  « bah j'ai rien vu quoi » je sais pas si c'est parce que je fais pas assez attention ou parce que t'es discrète. mon regard est désolé, je sais pas comment faire pour régler la situation. je voudrais que tout redevienne comme avant mais je me rends compte que c'est impossible. et surtout ça voudrait juste dire : quand tu crushais en silence et que moi je voyais rien. pas super comme situation.  « c'est pas que t'es un bébé c'est juste que .. je sais pas ? on est un peu tous comme des frères et soeurs et du coup c'est compliqué de t'envisager différemment alors que je t'ai vu grandir avec Alix tu vois ? »  pourtant Pia, je l'ai jamais vu comme ma soeur. c'est ma confidente, ma meilleure amie, une de mes personnes préféré mais je l'ai jamais vu comme une soeur. peut-être parce que le fait qu'elle ait couché avec Sim fait que j'ai conscience qu'on est pas de la même famille.

@Valentin Rothschild | Je crois que si j’avais su ce qui allait se passer entre nous j’aurais jamais rien dit. La douleur de ton absence, m’a manqué qui s’en suivra. Ouais, j’aurais continuer à vivre comme je l’ai toujours fait. Malheureusement c’est trop tard, tu m’empêches de m’enfuir et tu veux qu’on en parle. Je sais que je ne peux rien te reprocher. Parfois, les choses ne se passent pas comme on le souhaiterais. De nombreuses fois j’ai imaginé ce moment : quand tu saurais. Visiblement j’étais trop loin de la vérité. Je hausse les épaules et grimace. « Ouais, je sais et c’est sans doute que tu me regardais sans me voire en réalité. Tu voyais la petite sœur de Pia. La mini Wolf. » Je laisse ma tête retomber contre le meuble et je me décide à poser les yeux sur toi pour écouter ton explication. C’est tellement difficile pour moi d’écouter toute les raisons pour lesquelles tu ne voudras jamais de moi. Les dix prochaines années ne seront pas si différente que les précédentes finalement à la différence que tu sauras cette fois. « On est pas frères et sœurs. Je crois qu’à partir du moment que Sim et Pia ont couché ensemble ou que Xavi était le coup de cœur d’Alix ça a été évident. Puis Olympia et toi vous êtes meilleurs potes. Moi aussi, je t’ai vu grandir et devenir un homme. Passé du petit garçon, a l’adolescent puis au jeune homme et malgré tout je t’ai jamais vu comme mon frère. » Faut croire que ça ne s’applique qu’à moi d’être la sœur finalement.