Cedric Diggory & Arbok
et que si, à première rencontre,
un inconnu rit d'une manière agréable,
le fond est excellent.
- Fiodor Dostoïevski
Il est agréablement surpris de voir que sa sensation et que son instinct ne s’y étaient pas trompés lorsque Perceval s’ouvre davantage sur sa famille et si le néerlandais fronce légèrement et furtivement les sourcils, devinant la déchirure familiale qui se dissimule, il l’applanit rapidement d’un sourire se voulant autant bienveillant que coquin. “Cygne définitivement alors.” Sur un ton plus bas, il ne peut s’empêcher de commenter quand il lui indique qu’il n’est pas prêt de les rencontrer : “Ca tombe bien : c’est plutôt à leur frère blond et effilé que je m’intéresse. Le destin fait parfois drôlement bien les choses.” Il secoue sa tête d’un air entendu et amusé avant de réaliser qu’un énorme soupir de soulagement s’échappe de sa poitrine. L’entente ressentie dans la capsule 133 se poursuit tout aussi agréablement en personne et il finit par bénir l’annonce paru dans le journal qui l’a incité à s’inscrire à cet évènement. Finalement, ne serait-ce pas la meilleure chose qui lui soit arrivée depuis qu’il a mis les pieds à Boston ? En toute objectivité, c’est en tout cas la seule chose où il ressent un coeur léger et presque des petites ailes sur ses chaussures qui lui permettraient de glisser facilement sur la glace en si bonne compagnie.
Ou presque facilement vu que tant les vieilles habitudes que la fâcheuse gravité de Newton viennent lui mettre des bâtons dans les roues et lui ôtent quelques points en terme d’attitude sexy. Il ne peut s’empêcher de grimacer en voyant son rendez-vous s’effondrer lui également sur le sol, entraîné dans sa chute mais avec bien plus de grâce et de maîtrise. Oui, son orgueil décuplé est blessé mais hors de question de le reconnaître pour perdre encore davantage la face. Puis, ce n’était pas comme il ne s’y attendait pas et qu’il ne l’avait pas prévenu qu’il n’avait aucun point commun avec les manchots empereurs ou les pingouins. Il n’arrivait jamais à en faire la différence. “C’était pour vérifier de plus prêt qu’il n’y avait pas de baleine sous la glace. Mais ça va.” Il secoua la tête, le regard brillant et se donna une petite tape sur les fesses en tentant de se redresser, entraînant une légère larme de douleur qui était cependant agréable en un sens. “Y a de la matière pour amortir heureusement.” plaisante-t-il avant de s’inquiéter plus sérieusement pour son chevalier servant. “Mais toi, tu ne t’es pas fait trop mal à cause de mes deux pieds gauches ?”
Il secoue négativement la tête lorsqu’il lui propose de regagner la terre ferme. “Je ne suis pas du genre à abandonner.” C’était le moins que l’on puisse dire même si son obstination n’était pas nécessairement récompensée. Doucement, avec attention et en prenant garde aux patineurs et son rendez-vous galant, il se releva avec une certaine appréhension. Jouer les gars sûrs de lui devrait rentrer dans ses cordes mais pour le coup, le corps ne suivait pas réellement. Une fois debout à nouveau, en équilibre précaire, il se frotta le pantalon et les paumes de main très superficiellement écorchées par le choc avec la glace. “Un tour, ce n’est pas suffisant.” Il était hors de question que ce date sur glace se termine aussi tôt. Il pourrait évidemment s’installer dans les gradins et continuer de discuter, de se découvrir. Mais glisser sur la glace lui permettait de disposer d’un prétexte tout trouver pour pouvoir le toucher, même innocemment et sagement au regard du lieu public. Prenant appui à nouveau sur la rampe, il attendit que Perceval le rejoigne avant de reprendre les tours de l’arène, gagnant progressivement en confiance. “Du coup, pourquoi Boston et pas ailleurs ? La qualité de leurs infrastructures sportives ?” engage-t-il la conversation, une fois qu’il devient suffisamment à l’aise sur ses patins pour se concentrer sur son bel allemand.
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(Kristofer Vermeer)
❝ I thought I needed space to find my balance. ❞ But I might need a hand and If you could be that I might need some help to find my balance.