SIXTINE GRACE MOORE ► Meghan Ory

Je suis née en février 1992. J'avais une mère mais pas de père, trop occupé par sa vie. Selon lui je n'aurais été qu'une source perpétuelle de problèmes. C'est donc comme ça que ma mère m'éleva ; seule. Elle ne sut vraiment comment s'y prendre et confondu le fait d'éduquer au fait de frapper. Si je devais décrire mon enfance, je pense que j'en dirais trois mots : peur, faim et manque. Souvent on dit, que ce genre d'histoire est improbable, qu'une mère ne peut lever la main sur son enfant pour lui faire du mal. Eh bien je vous assure que ça arrive beaucoup plus souvent qu'on ne le pense. Seulement, c'est tabou et ceux qui en ont souffert n'en disent rien : par honte pour par peur de se souvenir. Moi même je ne comprends toujours pas pourquoi elle ne m'a jamais aimé d'autant plus que j'étais la seule personne dans si vie qui aurait tout fait pour elle. J'ai grandis dans la peur. La peur du prochain coup. La peur de la retrouver titubant au sol, essayant de la relever de mon maigre gabarit. Je ne lui en voulais pas quand j'étais petite, parce que j'avais toujours été élevée comme ça mais à force de voir mes copines et leurs mères, je me posais souvent des questions. Et quand je les posais à ma mère, celle ci s'en redonnait à cœur joie sur moi. Je me suis toujours demandé comme ça aurait été avec un papa dans ma vie, du genre responsable et qui aurait pu arrêter sa main. Mais il n'a jamais trouvé utile d’apparaître dans ma vie.

Beaucoup de personnes auraient pu mal finir avec un passé comme le mien mais il y a quelque chose qui m'a sauvé si je puis dire. Un jour, à mes 11 ans, je passai devant une boutique de musique pleine d'instruments en allant à l'école. Dans la vitrine était exposé un magnifique violoncelle en érable noir avec des roses rouges dessinées dessus. J'ai honte de le dire mais je n'avais pas d'argent alors je dis la manche pour l'avoir. Haute comme 3 pommes, j'avais un but dans la vie et chaque matin quand je repartais de la maison en voyant ma mère encore malade de la veille, les bouteilles vides, je n'avais plus peur. Je finissais par avoir assez de sous pour le payer et c'est ce que je fis. Je le cacha d'abord chez une amie et en fit à chaque fois que je sortais des cours pour m'exercer. Je devins vite très douée mais je n'en parlai tout de même pas à ma mère de peur qu'elle me prenne la seule chose qui avait du sens dans ma vie.

A mes 18 ma mère n'eut plus assez de sous pour me nourrir elle, ses bouteilles et moi. Elle préféra choisir l'alcool et me demanda de déguerpir. Contre toute attente j'ai eu beaucoup de mal à quitter la maison mais je le fis pour rejoindre harvard, la prestigieuse université de Cambridge. J'eus une bourse et m'intégrai bien. Cela fait maintenant 4 ans que j'étudie le droit et que je n'ai pas délaissé le violoncelle autant.