deep in the abyss — hattie

Les verres s'étaient enchainés entre mes doigts, trouvant toujours une place sur le plateau avec lequel je portais toutes les commandes que l'on me passait. Mais je n'avais pas pu m'empêcher de penser à la fin de cette soirée et mon envie d'en finir avec le travail. Épuisée par ma journée de cours, et maintenant par ma soirée de travail, je finissais par venir me poser au comptoir, cherchant le regard de Hattie. Finissant par la trouver, un sourire vint éclairer mon visage alors que je me redressais. Tu finis bientôt, non ? La question se veut, et se fait, innocente alors que je pose mon plateau avec enthousiasme et que je me rapproche un peu plus d'elle. Viens on va manger ou boire un truc après ? Je t'aurais bien invité chez moi mais ma sœur révise pour je ne sais quel examen stupide donc on risquerait de la déranger... Puis, j'avais surtout envie de me retrouver seule avec mon amie, appréciant plus particulièrement sa présence que celle des autres. Je finis maintenant moi, donc je vais aller dans les vestiaires me changer et tu me rejoins ? Je te laissais le choix, bien que je me doutais que tu allais accepter.

Gamine enfermée derrière son comptoir, mains qui trempent dans l’eau savonneuse depuis des heures. Non s’en subtiliser quelques verres que tu oses te remplir toi-même, discrètement. Prête à t’faire virer, sans jamais comprendre pourquoi tu l’serais. Vivre de naïveté et verres brillants ? Interpellé par la voix d’Ayla, ton regard qui se redresse vers elle. Le corps qui se penche en avant pour capter sa voix sous la musique trop bruyante. Okay ouais grave chaude, tu veux manger quoi ? Tu veux boire quoi ? L’ton enjoué, l’âme infatigable. Quand tes pas se croisent encore au rythme des sons derrières vous. Dernier verre posé sur le torchon à côté de l’évier. J’arrive dans cinq minutes j’crois, faut juste que je nettoie ça rapidement. Tu lèves les épaules. Il m’a dit d’faire ça. Quelques minutes plus tard, comptoir rapidement nettoyé, recoins oubliés, tu rentres dans les vestiaires, un long souffle trop bruyant pour être discret. Fiiou. Ok, boire c’est mieux !

Je prenais le temps de réfléchir rapidement, penchée un peu plus sur le comptoir pour te répondre, avant d'ouvrir mes lèvres pour laisser s'en échapper ma réponse. Manger, je sais pas ? Boire, je veux quelque chose d'un petit peu fort. Si j'avais pas encore l'âge légal d'acheter et consommer de l'alcool, je me le permettais depuis quelques semaines maintenant. Surtout en ta compagnie, à vrai dire, me laissant être rassurée quand tu es à mes côtés. Et je viens hocher la tête quand tu me dis que tu me rejoins, ne m'éternisant pas à tes côtés par peur de me faire happer par des client.e.s voulant prendre leur commande. Filant dans les vestiaires destinés aux femmes, je ne me changeais pas de suite, préférant d'abord m'assurer que je n'avais ni messages ni appels de ma sœur ou de quiconque d'autres, comme Kosmo qui semblait être une fois de plus trop occupé pour s'intéresser à moi. Soupirant, je retirais rapidement mon pantalon de travail pour enfiler les collants que je portais en arrivant, faisant de même avec mon haut que je retirais en prenant soin de le ranger correctement dans mon sac d'affaires. Ne sursautant pas quand j'entendis la porte s'ouvrir, je levais le regard vers toi, riant doucement. T'as perdu ton appétit ? Te taquinant doucement, je restais debout devant mon casier. À moitié habillée, je récupérais mon haut, l'enfilant avant de pester parce que la fermeture à l'arrière ne semblait pas vouloir coopérer. Dis, tu crois que tu pourrais m'aider ? Je faisais appel à toi comme un derniers recours, ayant essayé plusieurs fois de le faire seule.

Enfant infatigable et le ventre creux ne cris plus famine mais alcool. Tu veux t’amuser, dégourdir ton gosier qui ne demande qu’à être asséché par l’alcool enflammé. Tu rentres dans ces vestiaires, le cul qui se pose sur ce banc central. Chaussure qui se retirent d’une main rapide. En fait j’ai plus trop faim j’crois que j’veux juste m’amuser pour de vrai. J’peux pas danser derrière le bar. Pantalon glissant le long de tes jambes pour rejoindre le sol, ton jean rapidement enfilé. Boutonné du bout de tes phalanges. Cheveux décoiffés par ce t-shirt passé au-dessus de ton crane. Tu es en sous-vêtements, sans une once de pudeur. Quelques pas en direction de ta collègue, tes mains indiscrètes qui se glissent sur la fermeture pour la remonter sans coincer ses cheveux. La main libre s’est posée sur son épaule, prendre appuie de tes gestes. Ho tu sens bon, c’est quoi ton parfum ? Narine de dobermann qui renifle l’air juste derrière elle.

Me sentant bien à tes côtés, je me permets des choses que j'aurais sûrement pas osé faire avec d'autres, comme te laisser me voir à moitié dénudée. Mais ça me gêne pas, parce que c'est toi. Et que tu m'as déjà vu en sous-vêtements. Et je te demande de l'aide, frissonnant sans m'en rendre compte au contact de tes doigts sur ma peau avant de rire et de hausser les épaules. Actuellement, je porte une brume parfumée à la pêche. Mais merci... Et je me tourne dès que je peux, me retrouvant dos au casier avant de t'observer quelques peu. Et on pourrait peut-être aller dans un bar du coup ? Ou dans une autre boite de nuit mais j'étais pas certaine de pouvoir entrer bien que je faisais plus âgée que mon âge. Tu t'habilles et on y va ? Je me retire, m'échappe pour récupérer ma paire de chaussures et l'enfiler rapidement. Un peu plus grande, plus haute, j'en profites pour me regarder un peu mieux dans le miroir et me recoiffer.

Les sens exacerbés depuis que t’as posé le pieds dans cette ville endiablée. L’odeur enivrante de l’essence ou de la pollution un petit matin d’hiver. Les parfums embrumés de tous les fruits que l’humanité aura pu manger, posés contre les peaux délicates. Elle sent bon Ayla, ton odorat à l’aguet de toutes ces brumes fruitées. Dans un bar ? J’veux danser moi, on danse dans un bar ? Dans l’bar de ta ville c’était plutôt bière et potins masculins, trop loin de pouvoir danser. Elle se faufile sous tes doigts, enfiler ses chaussures, quand tu t’habilles, à ton tour. Quelques minutes le temps de sortir, l’air frais qui écorche vos joues. Ton bras s’enfile dans le sien, dessus dessous. Corps collés, s’avançant dans la même direction. J’te suis moi j’connais pas ici. Mouton à l’aveugle, tu fais confiance. T’es grande ! Comme une girafe.

Ta question me fis sourire doucement alors que je venais rapidement hocher la tête, réfléchissant tout de même à un nouveau lieu où se rendre. Sinon on peut se rendre dans une autre boite de nuit ? Y’en a plein de disponibles, où on peut s’amuser sans problème. Donc faisons cela ? T’abandonnant pour enfiler la paire de chaussures que je porte hors du boulot, je me retrouve rapidement dehors, collée à toi dans le but de conserver une température corporelle convenable. Et un rire quitte mes lèvres au compliment alors que je souris, te montrant rapidement les talons que je porte. C’est grâce à ça que je suis grande. Parce que sinon, je ne le serais pas autant. Te guidant vers une boite de nuit rivale à celle dans laquelle on travaille, je nous faisais glisser dans la file d’attente, ma main venant chercher la tienne tandis que je regarde tout autour de nous. On va peut-être devoir attendre encore un peu je pense mais on pourra entrer au moins.