sleepy eyes, busy mind (deniss)

La semaine vient d’se terminer. Pas le moral. T’as un coup d’blues, ou un truc du genre. T’es pas en forme, pas que tu couves une sale maladie, mais t’es pas dans l’excitation de tes camarades. Les fêtes sont derrière toi, mais il y a encore des restes de ton vague-à-l’âme propre à cette période. Cette période festive où elle a rejoint les anges. Cela fait maintenant des années, mais la douleur n’a pas bougé d’un iota. Elle n’a pas diminué, toujours pas. Il n’y a aucune pilule magique qui n’a réussi à atténuer ton chagrin. Rien. Tu peux pas rester dans ta chambre à écouter de vieux groupes d’rock. Mamie va capter qu’un truc n’ira pas et elle montera, ce que tu veux éviter avec son arthrose. Alors tu décides de sortir. Tu embrasses ta grand-mère et tu jettes ton lourd manteau sur tes épaules. Le col remonté afin de protéger ton cou, tu pars sillonner le quartier jusqu’à ce que tu captes la chaleur de ce bar. Tu sens presque l’odeur du houblon qui forge une bonne bière. Le géant qui s’infiltre dans la caverne, tu t’assieds derrière le comptoir et commandes dans les minutes suivantes. Soufflant sur l’écume, tu trempes tes lèvres et aspires un peu d’la potion. Tu sors ensuite ton calepin de ta profonde poche et le stylo qui l’accompagne. Le pied qui remue nerveusement, tu inspectes les personnes accrochées au bar. Il y en a une qui t’inspire dès que tes yeux l’examinent. Ce sera elle, cette femme. La pointe bave sur le papier et les courbes de son profil s’esquissent. Discrétion à son maximum, tu termines son portrait alors qu’elle a descendu quelques verres. Ta chope est vide. Ta vessie est pleine. Détour par les chiottes et lorsque tu prends le chemin de la sortie, tu glisses la feuille devant elle tout en poursuivant ta route. Y a pas ton numéro, ni ton profil meet. C’est un cadeau, comme t’aimes en faire tous les jours. Le carillon qui sonne, tu t’arrêtes sur le trottoir où la cigarette s’invite. T’espères qu’une seule chose, que tu as pu respecter toute sa beauté. #rplibre

vu la fraîcheur de la nuit en ce moment, elle aurait préférée se lover dans un plaid, devant une série en venant engloutir une pizza ou un truc du style. mais ses copines l'ont traînée hors de sa tanière. elle aime ça deniss, sortir, boire un verre de temps en temps, profiter de sa jeunesse qui s'évapore au fil des années, des mois, des jours. alors la voilà, à une table du lord hobo accompagnée de ses fidèles acolytes. elle en est à son troisième verre, la chaleur lui monte aux joues et elle sait qu'elle doit se stopper, rentrer pas trop tard parce que demain il y a ses parents qui débarquent le temps d'un week-end. c'est pas qu'elle n'est pas heureuse de les voir, c'est qu'elle aurait préféré occuper ses deux jours off à des révisions, du repos, des trucs basiques à faire un samedi et un dimanche. elle est donc là, attablée, avec ses copines, à rire un peu trop fort, comme si elles étaient les seuls dans l'établissement, se racontant les ragots de la semaine qui vient de passer, les dernières conquêtes de l'une, le dernier exploit d'une autre, elle aime ces moments deniss, comme si rien n'était grave, arrêter le temps l'espace d'une soirée, profiter comme si les soucis n'étaient qu'utopique, avant de revenir à la réalité une fois la sortie passée. elle n'est pas trop du genre à observer la brune, et d'ailleurs elle ne l'avait pas vu, ce jeune homme qui en dépassant leurs table, dépose subtilement un bout de papier où elle découvre avec surprise son portrait, c'est beau, ça la touche, parce que c'est la première fois en fait, alors elle veut le remercier ce gars. à peine le temps de capter, qu'en se retournant, il avait disparu, c'est le petit carillon au dessus de la porte qui lui fait comprendre qu'il vient de partir. et sans trop réfléchir, elle termine son verre d'un trait, récupère ses affaires à la hâte, pose un billet sur la table pour payer ses consommations, embrasse en coup de vent ses amies et se presse jusqu'au trottoir, sans grand espoir de retrouver le mystérieux dessinateur. et pourtant, en passant la porte de sortie il est là, clope en bouche. "hmm, hey, c'est toi qui a fait le dessin ?" qu'elle lance timidement.  

@Melchior Lindberg (je me suis permise de répondre, j'espère que ça ne te dérange pas, et surtout que ça te convient ? )

Il est l’heure de rentrer. Tu n’as pas trouvé autre muse dans les parages. Elle seule a capté ton attention, toute ton attention. Les traits se sont succédé avec délicatesse. Elle a un sourire qui tue, mais c’est plus son aura qui t’a hypnotisé et qui t’a conduit à prendre le stylo. Ce n’est ni plus ni moins qu’une esquisse, celle d’un inconnu qui a pu entrevoir une partie de sa beauté, à distance, tapi dans l’ombre. T’aurais pas pu l’approcher, même si elle était venue seule. Elle est une menace pour ton seul amour. Une rencontre qui pourrait éventuellement bouleverser tout ton quotidien. T’en as trop peur. C’est pour ça que tu as fui dès que le morceau de papier a embrassé le bois d’la table. Tu pouvais pas t’incruster dans ce groupe de filles. Le carillon qui lance sa musique, tu disparais à l’extérieur, avaler par la pollution résiduelle. Fumeur de soirée, tu grilles une cigarette et inspires profondément la première bouffée. La fumée qui ressort, tu te fais interpeller par la voix d’une demoiselle. Ça parle de dessin, ça ne peut être qu’elle ou une de ses potes qui a eu le cran de venir t’affronter. Le corps qui pivote vers la source sonore, tu approches à nouveau ta clope de tes lèvres avant de prononcer quoique ce soit. « C’est moi, j’voulais pas te défigurer autant, tu es mieux en vrai » Tu souris, poursuivant de réduire ta cigarette. Poumons qui s’encrassent, tu l’examines, soutenant son regard et t’interdisant d’aller plus au sud de sa silhouette. Elle est élancée, si bien que tu n’as pas vraiment à baisser ton regard verdâtre. « T’en veux ? » Tu lui tends alors ton bras avec le rouleau de tabac au bout de tes doigts. « Y a que toi qui m’a tapé dans l’oeil ce soir, je veux dire, d’un point de vue artistique tu vois » Tu grattes aussitôt ta gorge, évitant de t’enfoncer davantage. Elle est pas teubé, elle a bien pigé que t’avais eu un coup d’coeur pour elle, sinon, pourquoi perdre des minutes à faire son esquisse ? @Deniss Walters